Texte grec :
[8] Τὸν Τιρίβαζόν φασιν ὑπὸ τῶν Περσῶν
συλλαμβανόμενον σπάσασθαί τε τὸν ἀκινάκην,
εὔρωστον ὄντα, καὶ διαμάχεσθαι· μαρτυρομένων
δὲ καὶ βοώντων ὅτι συλλαμβάνουσιν αὐτὸν βασιλέως
κελεύσαντος, αὐτίκα τὸ ξίφος καταβαλεῖν καὶ τὼ
χεῖρε συνδῆσαι παρασχεῖν. ἆρ´ οὖν οὐχ ὅμοιόν ἐστι
τὸ γιγνόμενον; οἱ μὲν ἄλλοι διαμάχονται συμφοραῖς
καὶ διωθοῦνται τὰ πράγματα, φυγὰς ἑαυτοῖς μηχανώμενοι
καὶ παρατροπὰς τῶν ἀβουλήτων· ὁ
δὲ δεισιδαίμων οὐδενὸς ἀκούσας, αὐτὸς πρὸς αὑτὸν
εἰπών "ταῦτα πάσχεις, ὦ κακόδαιμον, ἐκ προνοίας
καὶ θεοῦ κελεύοντος" ἔρριψε πᾶσαν ἐλπίδα, προήκατο
ἑαυτόν, ἔφυγε, διεκρούσατο τοὺς βοηθοῦντας.
Πολλὰ τῶν μετρίων κακῶν ὀλέθρια ποιοῦσιν
αἱ δεισιδαιμονίαι. Μίδας ὁ παλαιός, ὡς ἔοικεν,
ἔκ τινων ἐνυπνίων ἀθυμῶν καὶ ταραττόμενος
οὕτω κακῶς ἔσχε τὴν ψυχήν, ὥσθ´ ἑκουσίως
ἀποθανεῖν αἷμα ταύρου πιών. ὁ δὲ τῶν Μεσσηνίων
βασιλεὺς Ἀριστόδημος ἐν τῷ πρὸς Λακεδαιμονίους
πολέμῳ, κυνῶν λύκοις ὠρυομένων
ὅμοια καὶ περὶ τὴν ἑστίαν αὐτοῦ τὴν πατρῴαν
ἀγρώστεως ἀναβλαστανούσης καὶ τῶν μάντεων
τὰ σημεῖα φοβουμένων, ἐξαθυμήσας καὶ κατασβεσθεὶς
ταῖς ἐλπίσιν αὐτὸς ἑαυτὸν ἀπέσφαξεν. ἦν
δ´ ἴσως καὶ Νικίᾳ τῷ Ἀθηναίων στρατηγῷ
κράτιστον οὕτως ἀπαλλαγῆναι τῆς δεισιδαιμονίας
ὡς Μίδας ἢ Ἀριστόδημος ἢ φοβηθέντι τὴν σκιὰν
ἐκλιπούσης τῆς σελήνης καθῆσθαι περιτειχιζόμενον
ὑπὸ τῶν πολεμίων, εἶθ´ ὁμοῦ τέτταρσι
μυριάσιν ἀνθρώπων φονευθέντων τε καὶ ζώντων
ἁλόντων ὑποχείριον γενέσθαι καὶ δυσκλεῶς ἀποθανεῖν.
οὐ γὰρ γῆς ἀντίφραξις ἐν μέσῳ γενομένης
φοβερόν, οὐδὲ δεινὸν ἐν καιρῷ περιόδων σκιᾶς
πρὸς σελήνην ἀπάντησις, ἀλλὰ δεινὸν τὸ τῆς
δεισιδαιμονίας σκότος ἐμπεσὸν τοῦ ἀνθρώπου συγχέαι
καὶ τυφλῶσαι λογισμὸν ἐν πράγμασι μάλιστα
λογισμοῦ δεομένοις.
Γλαῦχ´, ὅρα, βαθὺς γὰρ ἤδη κύμασιν ταράσσεται
πόντος, ἀμφὶ δ´ ἄκρα Γυρέων ὀρθὸν ἵσταται
νέφος, σῆμα χειμῶνος.
τοῦτ´ ἰδὼν κυβερνήτης εὔχεται μὲν ὑπεκφυγεῖν
καὶ θεοὺς ἐπικαλεῖται σωτῆρας, εὐχόμενος δὲ τὸν
οἴακα προσάγει, τὴν κεραίαν ὑφίησι,
φεύγει μέγα λαῖφος ὑποστολίσας ἐρεβώδεος ἐκ
θαλάσσης.
ὁ Ἡσίοδος κελεύει πρὸ ἀρότου καὶ σπόρου τὸν
γεωργὸν
εὔχεσθαί τ´ Διὶ χθονίῳ Δημήτερί θ´ ἁγνῇ
τῆς ἐχέτλης ἐχόμενον, Ὅμηρος δὲ τὸν Αἴαντά
φησι τῷ Ἕκτορι μέλλοντα μονομαχεῖν εὔχεσθαι
κελεύειν τοὺς Ἕλληνας ὑπὲρ αὐτοῦ τοῖς θεοῖς,
εἶτ´ εὐχομένων ἐκείνων ὁπλίζεσθαι. καὶ ὁ Ἀγαμέμνων
ὅτε τοῖς μαχομένοις προσέταξεν
εὖ μέν τις δόρυ θηξάσθω, εὖ δ´ ἀσπίδα θέσθω,
τότε παρὰ τοῦ Διὸς αἰτεῖ
δός με κατὰ πρηνὲς βαλέειν Πριάμοιο μέλαθρον·
ἀρετῆς γὰρ ἐλπὶς ὁ θεός ἐστιν, οὐ δειλίας πρόφασις.
ἀλλ´ Ἰουδαῖοι σαββάτων ὄντων ἐν ἀγνάμπτοις καθεζόμενοι,
τῶν πολεμίων κλίμακας προστιθέντων
καὶ τὰ τείχη καταλαμβανόντων, οὐκ ἀνέστησαν
ἀλλ´ ἔμειναν ὥσπερ ἐν σαγήνῃ μιᾷ τῇ δεισιδαιμονίᾳ
συνδεδεμένοι.
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Traduction française :
[8] On rapporte que Téribaze, appréhendé au corps par
les Perses, tira son cimeterre, et que, comme il était d'une
force remarquable, il opposa une vive résistance. Mais
quand on lui eut crié, avec protestations, qu'on l'arrêtait
par ordre du Grand Roi, aussitôt il jeta son arme et présenta
ses deux mains à garrotter. N'en est-il pas de même
en ce qui se passe ici ? Les autres combattent les adversités;
ils repoussent les afflictions, ils se ménagent le
moyen de fuir et de détourner ce qu'ils ne voudraient pas
voir leur advenir. Mais le superstitieux n'écoute personne;
c'est lui-même qui se dit : « Tu éprouves ces maux, misérable,
par l'ordre de la Providence et des dieux. » Dès
lors il a rejeté toute espérance ; il s'abandonne lui-même,
il fuit, il repousse ceux qui lui portent secours. La superstition
rend mortels un certain nombre de maux qui par
eux-mêmes sont médiocres. L'ancien Midas, s'il faut en
croire la tradition, étant découragé et troublé à la suite de
certains songes, en vint à un état si fâcheux qu'il se donna
volontairement la mort en avalant du sang de taureau. Aristodème,
roi de Messénie, dans la guerre contre les Spartiates
ayant entendu des chiens hurler comme des loups, et
vu du chiendent qui avait poussé autour de son autel domestique,
présages dont s'étaient effrayés les devins, en fut tellement
découragé que toutes ses espérances s'éteignirent et
qu'il s'égorgea lui-même. Pareillement Nicias, général des
Athéniens, aurait peut-être très bien fait de suivre, en se
livrant à la superstition, la même voie que Midas et Aristodème.
Il ne se serait pas laissé épouvanter par une éclipse
de lune au point d'attendre, sans faire un mouvement, que
les ennemis l'eussent enveloppé; quarante mille Athéniens
n'auraient pas en même temps été tués ou pris vivants ;
enfin, il ne serait pas tombé lui-même entre les mains de
l'ennemi et n'aurait pas succombé sans gloire. En effet il n'y
a rien de redoutable dans une interposition de la terre entre
le soleil et la lune ; et dans un moment où il est à propos
de se servir de ses pieds une rencontre de cette ombre
avec la lune n'a rien de dangereux; mais ce qui est dangereux,
ce sont les ténèbres de la superstition, quand elles
se répandent sur une intelligence et qu'elles aveuglent la
raison dans des circonstances où la raison serait le plus nécessaire.
"Vois, Glaucus: l'océan déjà dans ses abîmes
S'émeut; le promontoire et ses abruptes cimes
Se ceignent d'un bandeau de gros nuages noirs,
Signal de la tempête"
A cette vue le pilote adresse des voeux au ciel pour échapper
de manière ou d'autre, et il invoque les dieux sauveurs.
C'est en ayant la prière à la bouche qu'il dirige le gouvernail,
qu'il abaisse la vergue,
"Qu'il fuit la sombre mer, en repliant sa voile."
Hésiode prescrit au cultivateur avant le labour et les semailles
d'implorer
"Et Jupiter terrestre et la chaste Cérès"
en ayant soin de tenir la main sur la poignée de la charrue.
Homère dit qu'Ajax s'apprêtant à lutter contre Hector en
combat singulier, ordonne aux Grecs de prier les Dieux
en sa faveur, et c'est pendant cette prière qu'il revêt son
armure. Lorsqu'Agamemnon a recommandé aux soldats :
"D'aiguiser bien leur pique et de bien disposer
Leur écu - - - "
c'est alors qu'il adresse au maître des dieux cette prière :
"De Priam par mon bras renverse le palais".
En effet le Dieu devient une espérance pour le combat,
et non pas un prétexte pour la lâcheté. Les Juifs un jour
de sabbat, restaient immobiles dans leurs vêtements de
deuil. L'ennemi appliqua des échelles au pied des remparts
et les escalada sans que les Juifs voulussent se livrer;
ils restèrent pris, comme en un filet unique, dans les entraves
de leur superstition.
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