HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la superstition

τἄλλα



Texte grec :

[7] Φέρε δὴ πρῶτον ἐν τοῖς ἀβουλήτοις σκόπει τὸν ἄθεον καὶ καταμάνθανε τὴν διάθεσιν, ἂν ᾖ τἄλλα μέτριος, χρωμένου σιωπῇ τοῖς παροῦσι καὶ πορίζοντος αὑτῷ βοηθείας καὶ παρηγορίας, ἂν δὲ δυσφορῇ καὶ περιπαθῇ, πάντας ἐπὶ τὴν τύχην καὶ τὸ αὐτόματον ἀπερειδομένου τοὺς ὀδυρμοὺς καὶ βοῶντος ὡς οὐδὲν κατὰ δίκην οὐδ´ ἐκ προνοίας ἀλλὰ πάντα συγκεχυμένως καὶ ἀκρίτως φέρεται καὶ ταράττεται τὰ τῶν ἀνθρώπων. τοῦ δὲ δεισιδαίμονος οὐχ οὗτος ὁ τρόπος, ἀλλ´ εἰ καὶ μικρότατον αὐτῷ κακόν τι συμπεπτωκός ἐστιν, ἄλλα κάθηται πάθη χαλεπὰ καὶ μεγάλα καὶ δυσαπάλλακτα τῇ λύπῃ προσοικοδομῶν, καὶ προσεμφορῶν αὑτῷ δείματα καὶ φόβους καὶ ὑποψίας καὶ ταραχάς, παντὶ θρήνῳ καὶ παντὶ στεναγμῷ καθαπτόμενος· οὔτε γὰρ ἄνθρωπον οὔτε τύχην οὔτε καιρὸν οὔθ´ ἑαυτὸν ἀλλὰ πάντων τὸν θεὸν αἰτιᾶται, κἀκεῖθεν ἐπ´ αὐτὸν ἥκειν καὶ φέρεσθαι ῥεῦμα δαιμόνιον ἄτης φησί, καὶ ὡς οὐ δυστυχὴς ὢν ἀλλὰ θεομισής τις ἄνθρωπος ὑπὸ τῶν θεῶν κολάζεσθαι καὶ δίκην διδόναι καὶ πάντα πάσχειν προσηκόντως δι´ αὑτὸν οἴεται. Νοσῶν θ´ ὁ ἄθεος ἐκλογίζεται καὶ ἀναμιμνῄσκεται πλησμονὰς αὑτοῦ καὶ οἰνώσεις καὶ ἀταξίας περὶ δίαιταν ἢ κόπους ὑπερβάλλοντας ἢ μεταβολὰς ἀέρων ἀήθεις καὶ τόπων, ἔπειτα προσκρούσας ἐν πολιτείαις καὶ περιπεσὼν ἀδοξίαις πρὸς ὄχλον ἢ διαβολαῖς πρὸς ἡγεμόνα τὴν αἰτίαν ἐξ αὑτοῦ καὶ τῶν περὶ αὑτὸν σκοπεῖ πῆ παρέβην; τί δ´ ἔρεξα; τί μοι δέον οὐκ ἐτελέσθη; τῷ δὲ δεισιδαίμονι καὶ σώματος ἀρρωστία πᾶσα καὶ χρημάτων ἀποβολὴ καὶ τέκνων θάνατοι καὶ περὶ πολιτικὰς πράξεις δυσημερίαι καὶ ἀποτεύξεις πληγαὶ θεοῦ καὶ προσβολαὶ δαίμονος λέγονται. ὅθεν οὐδὲ τολμᾷ βοηθεῖν οὐδὲ διαλύειν τὸ συμβεβηκὸς οὐδὲ θεραπεύειν οὐδ´ ἀντιτάττεσθαι, μὴ δόξῃ θεομαχεῖν καὶ ἀντιτείνειν κολαζόμενος, ἀλλ´ ὠθεῖται μὲν ἔξω νοσοῦντος ὁ ἰατρός, ἀποκλείεται δὲ πενθοῦντος ὁ νουθετῶν καὶ παραμυθούμενος φιλόσοφος. "ἔα με," φησίν, "ἄνθρωπε, διδόναι δίκην, τὸν ἀσεβῆ, τὸν ἐπάρατον, τὸν θεοῖς καὶ δαίμοσι μεμισημένον." Ἔστιν ἀνθρώπου μὴ πεπεισμένου θεοὺς εἶναι λυπουμένου δ´ ἄλλως καὶ περιπαθοῦντος ἀπομάξαι δάκρυον, ἀποκεῖραι κόμην, ἀφελέσθαι τὸ ἱμάτιον· τὸν δὲ δεισιδαίμονα πῶς ἂν προσείποις ἢ πῇ βοηθήσεις; ἔξω κάθηται σακκίον ἔχων καὶ περιεζωσμένος ῥάκεσι ῥυπαροῖς, πολλάκις δὲ γυμνὸς ἐν πηλῷ κυλινδούμενος ἐξαγορεύει τινὰς ἁμαρτίας αὑτοῦ καὶ πλημμελείας, ὡς τόδε φαγόντος ἢ πιόντος ἢ βαδίσαντος ὁδὸν ἣν οὐκ εἴα τὸ δαιμόνιον. ἂν δ´ ἄριστα πράττῃ καὶ συνῇ πράως δεισιδαιμονίᾳ, περιθειούμενος οἴκοι κάθηται καὶ περιματτόμενος, αἱ δὲ γρᾶες "καθάπερ παττάλῳ," φησὶν ὁ Βίων, "ὅ τι ἂν τύχωσιν αὐτῷ περιάπτουσι φέρουσαι καὶ περιαρτῶσι."

Traduction française :

[7] Voyons, examinons d'abord l'athée au milieu des événements qui ne sont pas conformes à ses désirs. Étudions sa conduite. Si c'est d'ailleurs un homme modéré il accepte en silence ce qui lui arrive, et c'est lui-même qui se donne ses secours et ses consolations. Si c'est un esprit impatient et chagrin, c'est sur la fortune, sur le hasard, qu'il fait retomber toutes ses plaintes. Il crie, que rien n'est réglé selon les lois d'une Justice et d'une Providence quelconque, que toutes les affaires humaines sont livrées à la confusion et au désordre, que tout est comme déchiré par lambeaux. Telle n'est pas la façon d'agir du superstitieux. Qu'il lui arrive le plus petit accident, le voilà qui se décourage, se bâtissant sur sa douleur des afflictions pénibles, graves, et dont il ne pourra se défaire; il se remplit lui-même de craintes et de terreurs, de soupçons et de troubles, ne cessant de se lamenter et de gémir. Ce n'est ni un homme, ni un hasard, ni une circonstance, ni lui-même , c'est le Créateur souverain, c'est Dieu qu'il met en cause; c'est de Dieu, à l'entendre, que débordent sur lui avec impétuosité ces flots de la malédiction céleste. A l'entendre, ce n'est pas parce qu'il est malheureux, mais parce que les Dieux le haïssent, qu'il est châtié par eux; c'est à ce titre qu'il subit une expiation ; et il est convaincu que tout ce qu'il souffre il le mérite et le doit à lui-même. Quand l'athée est malade, il calcule et repasse en sa mémoire les conjonctures où il lui est arrivé de manger, de boire avec excès, de n'être pas réglé dans son régime, de se fatiguer outre mesure, de subir des changements insolites et étranges de température. Que si, d'autre part, il a eu des mécomptes en politique, s'il a perdu sa popularité, s'il a été calomnié auprès du souverain, il ne cherche à en trouver la cause que dans sa conduite ou dans la conduite des siens : Quelle est ma faute? Qu'ai-je, ou que n'ai-je pas fait'? Pour le superstitieux, au contraire, les maladies corporelles, les désastres de fortune, les pertes d'enfants, les disgrâces et les échecs politiques sont, à l'entendre, autant de coups de la divinité, autant de traits de la vengeance céleste. De là vient qu'il n'ose ni aider les événements, ni les corriger, ni remédier à son malheur, ni le combattre, de crainte qu'on ne suppose qu'il se révolte contre les dieux et qu'il résiste à leurs châtiments. S'il est malade, il pousse le médecin hors de chez lui ; s'il a du chagrin, il ferme sa porte au philosophe qui pourrait lui prodiguer des avis et des consolations : "Ami, dit-il, "laisse-moi subir le châtiment dû à mon impiété ; je suis une créature maudite , objet du courroux des Dieux et des Génies." Qu'un homme persuadé qu'il n'y a pas de Dieu soit frappé, d'ailleurs, de deuil et d'une vive affliction, on peut lui essuyer ses larmes, lui couper les cheveux, lui ôter son vêtement. Mais au superstitieux comment adresser la parole ? Quel moyen de lui offrir des secours? Il est assis hors de sa maison affublé d'un méchant sac, ou ceint de haillons hideux. Souvent il se roule tout nu dans la boue, confessant à haute voix certaines fautes, certaines négligences qu'il a commises, s'écriant qu'il a bu ceci, qu'il a mangé cela, qu'il a suivi telle route, contrairement à la permission de son Génie. S'il est dans les meilleures dispositions possibles et que sa superstition soit douce, il reste assis dans sa maison, pendant qu'on fait autour de lui des sacrifices, des purifications de toute sorte, pendant que de vieilles femmes viennent, comme s'il était un poteau, (le mot est de Bion), attacher et suspendre après lui tout ce qui leur tombe sous la main.





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Dernière mise à jour : 3/11/2005