HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la superstition

Chapitre 13-14

  Chapitre 13-14

[13] Οὐκ ἄμεινον οὖν ἦν Γαλάταις ἐκείνοις καὶ Σκύθαις τὸ παράπαν μήτ´ ἔννοιαν ἔχειν θεῶν μήτε φαντασίαν μήθ´ ἱστορίαν θεοὺς εἶναι νομίζειν χαίροντας ἀνθρώπων σφαττομένων αἵματι καὶ τελεωτάτην θυσίαν καὶ ἱερουργίαν ταύτην νομίζοντας; τί δέ; Καρχηδονίοις οὐκ ἐλυσιτέλει Κριτίαν λαβοῦσιν Διαγόραν νομοθέτην ἀπ´ ἀρχῆς μήτε τινὰ δαιμόνων μήτε θεῶν νομίζειν τοιαῦτα θύειν οἷα τῷ Κρόνῳ ἔθυον; οὐχ ὥσπερ Ἐμπεδοκλῆς φησι τῶν τὰ ζῷα θυόντων καθαπτόμενος μορφὴν δ´ ἀλλάξαντα πατὴρ φίλον υἱὸν ἀείρας σφάζει ἐπευχόμενος μέγα νήπιος, ἀλλ´ εἰδότες καὶ γιγνώσκοντες αὐτοὶ τὰ αὑτῶν τέκνα καθιέρευον, οἱ δ´ ἄτεκνοι παρὰ τῶν πενήτων ὠνούμενοι παιδία κατέσφαζον καθάπερ ἄρνας νεοσσούς, παρειστήκει δ´ μήτηρ ἄτεγκτος καὶ ἀστένακτος. εἰ δὲ στενάξειεν δακρύσειεν, ἔδει τῆς τιμῆς στέρεσθαι, τὸ δὲ παιδίον οὐδὲν ἧττον ἐθύετο· κρότου τε κατεπίμπλατο πάντα πρὸ τοῦ ἀγάλματος ἐπαυλούντων καὶ τυμπανιζόντων ἕνεκα τοῦ μὴ γενέσθαι τὴν βοὴν τῶν θρήνων ἐξάκουστον. εἰ δὲ Τυφῶνές τινες Γίγαντες ἦρχον ἡμῶν τοὺς θεοὺς ἐκβαλόντες, ποίαις ἂν ἥδοντο θυσίαις τίνας ἄλλας ἱερουργίας ἀπῄτουν; Ἄμηστρις δ´ Ξέρξου : γυνὴ δώδεκα κατώρυξεν ἀνθρώπους ζῶντας ὑπὲρ : αὑτῆς τῷ Ἅιδῃ, ὃν Πλάτων φησὶ φιλάνθρωπον ὄντα καὶ σοφὸν καὶ πλούσιον, πειθοῖ καὶ λόγῳ κατέχοντα τὰς ψυχάς, Ἅιδην ὠνομάσθαι. Ξενοφάνης δ´ φυσικὸς τοὺς Αἰγυπτίους κοπτομένους ἐν ταῖς ἑορταῖς καὶ θρηνοῦντας ὁρῶν ὑπέμνησεν οἰκείως. "οὗτοι," φησίν, "εἰ μὲν θεοί εἰσι, μὴ θρηνεῖτε αὐτούς· εἰ δ´ ἄνθρωποι, μὴ θύετε αὐτοῖς." [13] N'aurait-il donc pas été meilleur pour les Gaulois et pour les Scythes de n'avoir absolument aucune idée des dieux, de ne s'en être jamais fait une image, de n'avoir accepté aucune tradition à leur égard, que de croire à des dieux avides du sang de victimes humaines égorgées et regardant ces sacrifices comme la dévotion par excellence? N'eût-il pas été plus utile aux Carthaginois d'avoir, au début de leur république, un Critias ou un Diagoras pour législateur, de ne croire à aucun Dieu, à aucun Génie, que de célébrer des sacrifices tels qu'ils en offraient à Saturne ? Et je ne parle pas de ces immolations d'animaux blâmées par Empédocle, quand il dit : "En implorant le Ciel, Le père immole un fils dont la forme est changée". Non : c'était en connaissance de cause et de propos délibéré que les Carthaginois égorgeaient leurs propres enfants au pied des autels. Ceux qui n'en avaient point achetaient les enfants des pauvres, et les égorgeaient comme on fait des agneaux ou des poulets. La mère assistait au sacrifice sans verser une larme, sans pousser un gémissement. Si elle eût gémi, si elle eût pleuré, il aurait fallu qu'elle perdît le prix convenu, et son enfant n'en aurait pas été moins immolé. Cependant, aux pieds de la statue, toute l'enceinte était remplie de joueurs de flûte et de tambours, afin que les cris et les gémissements des victimes ne pussent pas être entendus. Or si c'étaient des Typhons, des Géants qui, après avoir chassé les dieux, régnassent sur nous, quels sacrifices auraient-ils désirés, quelles expiations auraient-ils réclamées autres que celles-là? Amestris, femme de Xerxès, fit enterrer vivants douze hommes, les offrant, pour conserver sa vie, au dieu des enfers, Hadès ; et Platon nous dit que ce même dieu était nommé Hadès à cause de sa bienveillance pour les hommes, de sa sagesse, de son opulence et de la séduction de manières et de langage avec laquelle il captivait les âmes. Xénophane le physicien, voyant les Égyptiens se frapper la poitrine et pousser des lamentations au milieu de leurs fêtes, leur donna un avis plein de justesse : « Si ce sont des dieux, leur dit-il, ne les pleurez pas; si ce sont des hommes, ne leur sacrifiez point".
[14] Ἀλλ´ οὐδὲν οὕτω πολυπλανὲς καὶ πολυπαθὲς νόσημα καὶ μεμιγμένον ἐναντίαις δόξαις καὶ μαχομέναις μᾶλλον ὡς τὸ τῆς δεισιδαιμονίας. φευκτέον οὖν αὐτὴν ἀσφαλῶς τε καὶ συμφερόντως, οὐχ ὥσπερ οἱ λῃστῶν θηρίων ἔφοδον πῦρ ἀπερισκέπτως καὶ ἀλογίστως περιφεύγοντες ἐμπίπτουσιν εἰς ἀνοδίας βάραθρα καὶ κρημνοὺς ἐχούσας. οὕτω γὰρ ἔνιοι φεύγοντες τὴν δεισιδαιμονίαν ἐμπίπτουσιν εἰς ἀθεότητα τραχεῖαν καὶ ἀντίτυπον, ὑπερπηδήσαντες ἐν μέσῳ κειμένην τὴν εὐσέβειαν. ΠΕΡΙ ΔΕΙΣΙΔΑΙΜΟΝΙΑΣ. [14] Mais il n'est pas de maladie de l'âme qui soit sujette à plus de passions et d'égarements que la superstition. Dans aucune ne se confondent plus d'opinions divergentes et opposées les unes aux autres. On doit donc la fuir, mais par une voie sûre et avantageuse. Il ne faut pas que ce soit avec irréflexion et inconsidérément, comme ceux qui, pour échapper à une attaque de brigands ou à un incendie, se jettent dans des sentiers impraticables, remplis de précipices et d'abîmes. Car c'est de cette manière que quelques-uns, pour éviter la superstition, tombent dans l'athéisme le plus radical, le plus obstiné, sautant à pieds joints sur la véritable piété, laquelle se trouve entre les deux.


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Dernière mise à jour : 3/11/2005