HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Propos de table, livre IX

προκαταλαμβάνουσαν



Texte grec :

[9,5] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Ε Διὰ τί Πλάτων εἰκοστὴν ἔφη τὴν Αἴαντος ψυχὴν ἐπὶ τὸν κλῆρον ἐλθεῖν. Ταῦτα τοὺς ἄλλους ἅπαντας ἡδίους ἐποίησεν, μόνον δὲ τὸν γραμματικὸν Ὕλαν ὁ ῥήτωρ Σῶσπις ὁρῶν ἀποσιωπῶντα καὶ βαρυθυμούμενον (οὐ πάνυ γὰρ εὐημέρησεν ἐν ταῖς ἐπιδείξεσιν) ἀνεφώνησεν ’οἴη δ´ Αἴαντος ψυχὴ Τελαμωνιάδαο·‘ τὰ δὲ λοιπὰ μεῖζον {ἢ} φθεγγόμενος ἤδη πρὸς ἐκεῖνον ἐπέραινεν ’ἀλλ´ ἴθι δεῦρο, ἄναξ, ἵν´ ἔπος καὶ μῦθον ἀκούσῃς ἡμέτερον· δάμασον δὲ μένος καὶ ἀτειρέα θυμόν.‘ ἔτι δ´ ἀνώμαλος ὢν ὑπ´ ὀργῆς ὁ Ὕλας ἀπεκρίνατο σκαιῶς· τὴν μὲν Αἴαντος ἔφη ψυχὴν εἰκοστὴν λαχοῦσαν ἐν Ἅιδου διαμείψασθαι κατὰ τὸν Πλάτωνα φύσιν λέοντος, αὑτῷ δὲ πολλάκις παρίστασθαι καὶ τὰ τοῦ κωμικοῦ γέροντος ’ὄνον γενέσθαι κρεῖττον ἢ τοὺς χείρονας ὁρᾶν ἑαυτοῦ ζῶντας ἐπιφανέστερον.‘ καὶ ὁ Σῶσπις γελάσας ’ἀλλ´ ἕως μέλλομεν ἐνδύεσθαι τὸ κανθήλιον, εἴ τι κήδει Πλάτωνος, | δίδαξον ἡμᾶς, ᾧτινι λόγῳ τὴν τοῦ Τελαμωνίου ψυχὴν πεποίηκεν ἀπὸ κλήρου βαδίζουσαν εἰκοστὴν ἐπὶ τὴν αἵρεσιν.‘ ἀποσκορακίσαντος δὲ τοῦ Ὕλα (χλευάζεσθαι γὰρ ᾤετο δυσημερῶν) ὑπολαβὼν ὁ ἀδελφὸς ἡμῶν ’τί οὖν;‘ εἶπεν ’οὐ δευτερεῖα μὲν ὁ Αἴας κάλλους καὶ μεγέθους καὶ ἀνδρείας ἀεὶ φέρεται ‘μετ´ ἀμύμονα Πηλείωνα’, τὰ δ´ εἴκοσι δευτέρα δεκάς, ἡ δὲ δεκὰς ἐν τοῖς ἀριθμοῖς κράτιστος, ὡς ἐν τοῖς Ἀχαιοῖς ὁ Ἀχιλλεύς;‘ γελασάντων δ´ ἡμῶν ’ταῦτα μέν‘ ὁ Ἀμμώνιος εἶπεν, ’ὦ Λαμπρία, κείσθω σοι πεπαιγμένα πρὸς Ὕλαν· ἡμῖν δὲ μὴ παίζων ἀλλ´ ἀπὸ σπουδῆς, ἐπεὶ τὸν λόγον ἑκὼν ἐξεδέξω, δίελθε περὶ τῆς αἰτίας.‘ Θορυβηθεὶς οὖν ὁ Λαμπρίας, εἶτα χρόνον οὐ πολὺν ἐπισχὼν ἔφη πολλαχοῦ μὲν ἡμῖν τὸν Πλάτωνα προσπαίζειν διὰ τῶν ὀνομάτων· ὅπου δὲ μῦθόν τινα τῷ περὶ ψυχῆς λόγῳ μίγνυσι, χρῆσθαι μάλιστα τῷ νῷ. τοῦ τε γὰρ οὐρανοῦ τὴν νοητὴν φύσιν ἅρμα καλεῖν πτηνὸν διὰ τὴν ἐναρμόνιον τοῦ κόσμου περιφοράν, ἐνταῦθά τε τὸν αὐτάγγελον τῶν ἐν Ἅιδου Πάμφυλον γένος Ἁρμονίου πατρὸς Ἦρα δ´ αὐτὸν ὀνομάζειν, αἰνιττόμενον ὅτι γεννῶνται μὲν αἱ ψυχαὶ καθ´ ἁρμονίαν καὶ συναρμόττονται τοῖς σώμασιν, ἀπαλλαγεῖσαι δὲ συμφέρονται πανταχόθεν εἰς τὸν ἀέρα κἀκεῖθεν αὖθις ἐπὶ τὰς δευτέρας γενέσεις τρέπονται. ’τί δὴ κωλύει καὶ τὸ ‘εἰκοστὸν’ εἰρῆσθαι πρὸς τὸ μὴ ἀληθὲς ἀλλ´ ‘εἰκὸς’ τοῦ λόγου καὶ πλαττόμενον, ἢ πρὸς τὸν κλῆρον ὡς ‘εἰκῆ’ καὶ κατὰ τύχην γινόμενον; ἀεὶ μὲν γὰρ ἅπτεται τῶν τριῶν αἰτιῶν, ἅτε δὴ πρῶτος ἢ μάλιστα συνιδών, ὅπη τὸ καθ´ εἱμαρμένην τῷ κατὰ τύχην αὖθίς τε τὸ ἐφ´ ἡμῖν ἑκατέρῳ καὶ συναμφοτέροις ἐπιμίγνυσθαι καὶ συμπλέκεσθαι πέφυκε. νῦν δὲ θαυμαστῶς, ἣν ἔχει δύναμιν ἐν τοῖς ἡμετέροις πράγμασιν ἕκαστον, ὑποδεδήλωκεν, τὴν μὲν αἵρεσιν τῶν βίων τῷ ἐφ´ ἡμῖν ἀποδιδούς (ἀρετὴ γὰρ ἀδέσποτον καὶ κακία), τὸ δ´ εὖ βιοῦν τοὺς ὀρθῶς ἑλομένους καὶ τἀναντία τοὺς κακῶς εἱμαρμένης ἀνάγκῃ συνάπτων· αἱ δὲ τῶν κλήρων ἀτάκτως διασπειρομένων ἐπιπτώσεις τὴν τύχην παρεισάγουσιν καὶ τροφαῖς καὶ πολιτείαις, ὧν ἕκαστοι λαγχάνουσι, πολλὰ τῶν ἡμετέρων προκαταλαμβάνουσαν. ὅρα δή, μὴ τῶν κατὰ τύχην αἰτίαν ζητεῖν ἄλογόν ἐστιν· ἂν γὰρ ἔν τινι λόγῳ φαίνηται γεγονὼς ὁ κλῆρος, οὐκέτι γίνεται κατὰ τύχην οὐδ´ αὐτομάτως ἀλλ´ ἔκ τινος εἱμαρμένης καὶ προνοίας.‘ Ἔτι δὲ τοῦ Λαμπρίου λέγοντος ὁ γραμματικὸς ἤδη Μᾶρκος ἐδόκει τι συλλογίζεσθαι καὶ διαριθμεῖν πρὸς αὑτόν· ἔπειτα παυσαμένου ’τῶν Ὁμηρικῶν‘ ἔφη ’ψυ– χῶν, ὅσας ἐν Νεκυίᾳ κατωνόμακεν, ἡ μὲν Ἐλπήνορος οὔπω καταμεμιγμένη ταῖς ἐν Ἅιδου διὰ τὸ μὴ τεθάφθαι τὸν νεκρὸν ὥσπερ ἐν μεθορίοις πλανᾶται· τὴν δὲ Τειρεσίου ταῖς ἄλλαις οὐκ ἄξιον δήπου συγκαταριθμεῖν, ‘ᾧ καὶ τεθνειῶτι νόον πόρε Περσεφόνεια οἴῳ πεπνῦσθαι’ καὶ διαλέγεσθαι καὶ ξυνιέναι τῶν ζώντων, πρὶν ἢ πιεῖν τοῦ αἵματος. ἂν οὖν ταύτας ὑπεξελόμενος, ὦ Λαμπρία, τὰς ἄλλας διαριθμῇς, αὐτὸ συμβαίνει, τὴν Αἴαντος εἰκοστὴν εἰς ὄψιν ἀφῖχθαι τοῦ Ὀδυσσέως· καὶ πρὸς τοῦτο παίζειν τὸν Πλάτωνα τῇ Ὁμηρικῇ Νεκυίᾳ προσαναχρωννύμενον.‘

Traduction française :

[9,5] QUESTION V. Pourquoi Platon a dit «que l'âme d'Ajax était venue la vingtième au sort.» PERSONNAGES DU DIALOGUE PLUTARQUE - HYLAS - SOSPIS - AMMONIUS - LAMPRIAS. 1. Ce que Maxime venait de dire avait charmé tout le monde. Seul Hylas, le grammairien, gardait le silence et il avait l'air accablé : car il n'avait pas du tout réussi dans les exercices publics Le rhéteur Sospis, voyant cette tristesse, s'écria : "Du fils de Télamon l'âme est seule à l'écart ..." et il continua en élevant la voix du côté d'Hylas, jusqu'à ce . qu'il eût achevé tout le passage, qui se termine ainsi : "Pour entendre ma voix, seigneur, approchez-vous; Et calmez un instant votre bouillant courroux". Hylas, encore tout troublé par son mécontentement, répondit, et rien n'était plus gauche, que l'âme d'Ajax étant descendue dans les enfers la vingtième au sort avait, s'il faut en croire Platon, reçu, en échange de sa nature, celle du lion. «Quant à moi, ajouta-t-il, ces vers du vieillard de la comédie se représentent bien souvent à ma pensée : "Mieux vaut être baudet, qu'avoir devant ses yeux De qui ne nous vaut pas le bonheur scandaleux". A quoi Sospis répondit en riant : «Eh bien, en attendant que nous entrions dans la peau d'un baudet, et pour peu que vous preniez à coeur de justifier Platon, apprenez-nous en raison de quoi il avance que l'âme du fils de Télamon arriva, par le sort, la vingtième à faire son choix." Hylas refusait de répondre, croyant qu'on le plaisantait sur sa mauvaise réussite. Mon frère alors prenant la parole : "Eh quoi! dit-il, Ajax n'a-t-il pas constamment, pour la beauté, pour la grandeur et pour la bravoure, le second rang après l'irréprochable fils de Pélée" ? Or, vingt est la seconde dizaine; et parmi les nombres dix est le plus excellent, comme Achille l'était entre tous les Grecs.» Nous éclatâmes de rire. «Mon cher Lamprias, dit alors Ammonius à mon frère, gardez ces arguments pour vos plaisanteries à l'égard d'Hylas, mais nous autres, traitez-nous sans badinage; et, puisque vous avez accepté volontairement la parole discourez avec tout le sérieux possible sur cette question. 2. Lamprias fut d'abord déconcerté ; mais un instant lui suffit pour se recueillir, et il commença : Nous voyons souvent Platon jouer sur les mots; mais c'est lorsqu'il mêle quelque fable à ses réflexions touchant l'âme, c'est alors surtout qu'il exerce son esprit de cette façon. A la nature intelligente du ciel il donne le nom de "char ailé", pour figurer la révolution harmonieuse de l'univers; et dans le passage en question, où un messager apporte des nouvelles de l'enfer, il fait de ce messager un Pamphylien, à qui il donne pour père Harmonius et qu'il appelle Her. Il fait entendre par là, que c'est suivant des lois harmoniques que les âmes sont produites et se combinent avec les corps; qu'une fois détachées de ceux-ci, elles se répandent de tous côtés dans l'air, et que de l'air elles retournent encore à de secondes générations. Or, rien empêche-t-il que ce mot "eicoston" soit mis non dans le sens réel, mais dans celui de vraisemblable», "éicos", et que ce soit une façon de parler, pour dire que les choses se produisent comme par lots, à savoir au hasard, "eikê", et fortuitement'? Platon s'attache toujours aux trois causes efficientes : parce que le premier, ou mieux que personne, il a vu comment la Fatalité se concerte avec la Fortune, et comment, d'un autre côté, notre libre arbitre se mêle et s'arrange avec ces deux principes, séparés ou réunis. Dans le passage dont il est question maintenant, notre philosophe donne merveilleusement bien à comprendre quelle est l'influence exercée par chacune de ces causes sur nos affaires. Il attribue le choix des conditions à notre libre arbitre : car la vertu ne reconnaît point de maître qui la domine, pas plus que ne fait le vice. Que l'on vive bien quand on a fait un choix sage, et mal quand on a mal choisi, Platon en fait une nécessité du destin. Enfin les chances des sorts disséminés sans ordre sont ce qui donne entrée à la Fortune dans les systèmes d'éducation, dans les gouvernements, selon que les choses se rencontrent pour chacun de nous; et, en ce qui nous concerne, cette déesse prend plus d'une fois les devants. C'est le cas de se demander s'il n'y a pas inconséquence à rechercher la cause de ce qui se fait fortuitement : attendu que si l'on attribuait au sort quelque raison, il ne serait plus l'oeuvre de la Fortune, il ne serait plus du hasard, et l'on serait contraint d'y admettre une sorte de Destin et de Providence." 3. Pendant que Lamprias parlait encore, le grammairien Marcus semblait supputer et faire des calculs en lui-même. Il prit la parole dès que mon frère eut cessé : "Entre toutes les âmes dénommées par Homère dans son évocation des ombres, il faut, dit-il, remarquer celle d'Elpénor. Non encore mêlée avec celles de l'enfer, faute de la sépulture de son corps, elle erre comme sur les confins des deux mondes. Pour l'âme de Tirésias, il n'y a nullement lieu de la compter en même temps que les autres; "Car la reine des morts au seul Tirésias Laissa l'intelligence au delà du trépas". Ce fut la seule âme qui pût converser avec les vivants et comprendre leur langage avant d'avoir bu le sang. Si donc, ô Lamprias , ayant retranché ces deux âmes vous comptez les autres, vous arriverez encore à ce résultat, que l'âme d'Ajax fut la vingtième à se présenter devant les yeux d'Ulysse. C'est là ce que Platon fait comprendre en se jouant, et en donnant à cette fantaisie la couleur de l'évocation qui se trouve dans Homère.»





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Dernière mise à jour : 27/01/2006