HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Propos de table, livre IX

μέγιστος



Texte grec :

[9,1] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Α Περὶ στίχων εὐκαίρως ἀναπεφωνημένων καὶ ἀκαίρως. Ἀμμώνιος Ἀθήνησι στρατηγῶν ἀπόδειξιν ἔλαβεν ἐν τῷ Διογενείῳ τῶν γράμματα καὶ γεωμετρίαν καὶ τὰ ῥητορικὰ καὶ μουσικὴν μανθανόντων ἐφήβων, καὶ τοὺς εὐδοκιμήσαντας τῶν διδασκάλων ἐπὶ δεῖπνον ἐκάλεσεν. παρῆσαν δὲ καὶ τῶν ἄλλων φιλολόγων συχνοὶ καὶ πάντες ἐπιεικῶς οἱ συνήθεις. ὁ μὲν οὖν Ἀχιλλεὺς μόνοις τῶν ἀγωνισαμένων τοῖς μονομαχήσασι δεῖπνον κατήγγειλεν, βουλόμενος, ὥς φασιν, εἴ τις ἐν τοῖς ὅπλοις ὀργὴ πρὸς ἀλλήλους καὶ χαλεπότης γένοιτο, ταύτην ἀφεῖναι καὶ καταθέσθαι τοὺς ἄνδρας ἑστιάσεως κοινῆς καὶ τραπέζης μετασχόντας· τῷ δ´ Ἀμμωνίῳ συνέβαινε τοὐναντίον· ἀκμὴν γὰρ ἡ τῶν διδασκάλων ἅμιλλα καὶ φιλονεικία σφοδροτέραν ἔλαβεν ἐν ταῖς κύλιξι γενομένων· ἤδη δὲ καὶ προτάσεις καὶ προκλήσεις ἦσαν ἄκριτοι καὶ ἄτακτοι. Διὸ πρῶτον μὲν ἐκέλευσεν ᾆσαι τὸν Ἐράτωνα πρὸς τὴν λύραν· ᾄσαντος δὲ τὰ πρῶτα τῶν Ἔργων ’οὐκ ἄρα μοῦνον ἔην Ἐρίδων γένος‘, ἐπῄνεσεν ὡς τῷ καιρῷ πρεπόντως ἁρμοσάμενον· ἔπειτα περὶ στίχων εὐκαιρίας ἐνέβαλεν λόγον, ὡς μὴ μόνον χάριν ἀλλὰ καὶ χρείαν ἔστιν ὅτε μεγάλην ἐχούσης. καὶ ὁ μὲν ῥαψῳδὸς εὐθὺς ἦν διὰ στόματος πᾶσιν, ἐν τοῖς Πτολεμαίου γάμοις ἀγομένου τὴν ἀδελφὴν καὶ πρᾶγμα δρᾶν ἀλλόκοτον νομιζομένου καὶ ἄθεσμον ἀρξάμενος ἀπὸ τῶν ἐπῶν ἐκείνων ’Ζεὺς δ´ Ἥρην ἐκάλεσσε κασιγνήτην ἄλοχόν τε·‘ καὶ ὁ παρὰ Δημητρίῳ τῷ βασιλεῖ ἀπρόθυμος ὢν ᾄδειν μετὰ τὸ δεῖπνον, ὡς δὲ προσέπεμψεν αὐτῷ τὸν υἱὸν ἔτι παιδάριον ὄντα τὸν Φίλιππον, ἐπιβαλὼν εὐθύς ’τὸν παῖδά μοι τόνδ´ ἀξίως Ἡρακλέους ἡμῶν τε θρέψαι‘· καὶ Ἀνάξαρχος ὑπ´ Ἀλεξάνδρου μήλοις βαλλόμενος παρὰ δεῖπνον ἐπαναστὰς καὶ εἰπών ’βεβλήσεταί τις θεῶν βροτησίᾳ χερί.‘ πάντων δ´ ἄριστος Κορίνθιος παῖς αἰχμάλωτος, ὅθ´ ἡ πόλις ἀπώλετο καὶ Μόμμιος ἐκ τῶν ἐλευθέρων τοὺς ἐπισταμένους γράμματα παῖδας εὐσυσκόπων ἐκέλευσε γράψαι στίχον, ἔγραψε ’τρὶς μάκαρες Δαναοὶ καὶ τετράκις, οἳ τότ´ ὄλοντο·‘ καὶ γὰρ παθεῖν τι τὸν Μόμμιόν φασι καὶ δακρῦσαι καὶ πάντας ἀφεῖναι ἐλευθέρους τοὺς τῷ παιδὶ προσήκοντας. ἐμνήσθη δὲ καὶ τῆς Θεοδώρου τοῦ τραγῳδοῦ γυναικὸς οὐ προσδεξαμένης αὐτὸν ἐν τῷ συγκαθεύδειν ὑπογύου τοῦ ἀγῶνος ὄντος, ἐπεὶ δὲ νικήσας εἰσῆλθεν πρὸς αὐτήν, ἀσπασαμένης καὶ εἰπούσης ’Ἀγαμέμνονος παῖ, νῦν ἐκεῖν´ ἔξεστί σοι.‘ Ἐκ δὲ τούτου πολλὰ καὶ τῶν ἀκαίρων ἐνίοις ἐπῄει λέγειν, ὡς οὐκ ἄχρηστον εἰδέναι καὶ φυλάττεσθαι. οἷον Πομπηίῳ Μάγνῳ φασὶν ἀπὸ τῆς μεγάλης ἐπανήκοντι στρατείας τὸν διδάσκαλον τῆς θυγατρὸς ἀπόδειξιν διδόντα βιβλίου κομισθέντος ἐνδοῦναι τῇ παιδὶ τοιαύτην ἀρχήν ’ἤλυθες ἐκ πολέμου· ὡς ὤφελες αὐτόθ´ ὀλέσθαι.‘ Κασσίῳ δὲ Λογγίνῳ λόγου προσπεσόντος ἀδεσπότου, τὸν υἱὸν ἐπὶ ξένης τεθνάναι, καὶ τὸ ἀληθὲς ἔχοντος εἰπεῖν οὐδενὸς οὐδ´ ἀνελεῖν τὸ ὕποπτον, εἰσελθὼν συγκλητικὸς ἀνὴρ πρὸς αὐτὸν ἤδη πρεσβύτερος ’οὐ καταφρονήσεις‘ ἔφη, ’Λογγῖνε, λαλιᾶς ἀπίστου καὶ κακοήθους φήμης, ὥσπερ οὐκ εἰδὼς οὐδ´ ἀνεγνωκὼς τὸ ‘φήμη δ´ οὔ τις πάμπαν ἀπόλλυται’;‘ ὁ δ´ ἐν Ῥόδῳ στίχον αἰτήσαντι γραμματικῷ ποιουμένῳ δεῖξιν ἐν τῷ θεάτρῳ προτείνας ’ἔρρ´ ἐκ νήσου θᾶσσον, ἐλέγχιστε ζωόντων‘ ἄδηλον εἴτε παίζων ἐφύβρισεν εἴτ´ ἄκων ἠστόχησεν. ταῦτα μὲν οὖν παρηγόρησεν ἀστείως τὸν θόρυβον.

Traduction française :

[9,1] QUESTION I. Sur les vers qui sont cités à propos, et sur ceux que l'on invoque à contre-temps. PERSONNAGES DU DIALOGUE : AMMONIUS - PLUTARQUE - ERATON - DES INSTITUTEURS - PLUSIEURS FAMILIERS D'AMMONIUS. 1. Ammonius exerçant à Athènes la première magistrature, avait accepté, pour être agréable à Diogénien, la présidence d'un examen que devaient subir les jeunes élèves de ce dernier sur la littérature, la géométrie, la rhétorique et la musique; et il invita à souper ceux des instituteurs qui avaient le plus de renom. Il s'y trouva aussi un grand nombre d'autres amis des bonnes études, et, tout naturellement, les familiers d'Ammonius. Or Achille ne promettait une invitation à souper qu'à ceux des combattants qui se seraient mesurés corps à corps : voulant, dit-on, que si dans la lutte il s'était élevé entre eux de la colère et du ressentiment, ils pussent s'en défaire et y renoncer en prenant place au même festin et à une table commune. Dans la réunion ménagée par Ammonius il arriva tout le contraire. La rivalité et la jalousie des instituteurs devint plus vive quand ils eurent le verre à la main; et c'étaient des défis, des provocations sans ordre ni jugement. 2. Aussi Ammonius invita-t-il d'abord Ératon à chanter en s'accompagnant de la lyre. Ératon fit alors entendre des vers qui se trouvent au commencement du poème des Travaux et des Jours, "Bien nombreux sont, hélas! les sujets de querelles". Ammonius le complimenta sur l'à-propos avec lequel ce passage avait été choisi. Puis il fit tomber l'entretien sur le talent que l'on peut mettre à produire des citations en vers : ce qui est non seulement agréable, mais encore, parfois, d'une grande utilité. Aussitôt tous les convives eurent à la bouche le nom de ce rhapsode qui, à l'occasion du mariage de Ptolémée avec sa propre soeur, union regardée comme étrange et illicite, avait commencé par ces vers : "S'adressant à Junon, sa soeur et son épouse, Jupiter ...". On parla aussi d'un autre, qui, à la table du roi Démétrius, montrait peu d'empressements à chanter après le repas; et comme le monarque eut envoyé vers lui sa royale progéniture, Philippe, encore tout petit enfant, le rhapsode jeta aussitôt ces vers : "En élevant mon fils sachez le rendre digne Et d'Hercule et de nous ...". On fit encore mention d'Anaxarque, qui, assailli de pommes par Alexandre dans un souper, se leva et dit : "Un dieu sera blessé de la main d'un mortel". Mais ce que l'on trouva de plus excellent ce fut le trait d'un Corinthien tout jeune, fait prisonnier au sac de la ville. Mummius ayant ordonné aux enfants de condition libre qui avaient de l'instruction d'écrire un vers sous ses yeux, le jeune captif traça celui-ci : "Trois fois heureux les Grecs qui périrent alors!" On dit, en effet, que Mummius se sentit ému, qu'il versa des larmes, et renvoya libres tous ceux qui appartenaient à la famille de l'enfant. On mentionna également la femme du tragédien Théodore. Elle n'avait pas voulu le recevoir dans son lit parce que l'époque du concours approchait; et lorsque vainqueur il fut revenu près d'elle, elle l'embrassa en disant : "Tu le peux à cette heure, ô fils d'Agamemnon". 3. A la suite de ces exemples on s'avisa de rappeler aussi, comme n'étant pas inutiles à savoir et à éviter, nombre de citations faites mal à propos. Ainsi, le grand Pompée revenant d'une expédition militaire, on rapporte que l'instituteur de sa fille voulut lui donner un échantillon du savoir de l'enfant. Il fit apporter un livre, et, le présenta à sa petite élève à cet endroit : "Tu reviens des combats: que n'y périssais-tu!" Ln bruit vague, parvenu aux oreilles de Cassius Longinus, lui avait annoncé que son fils était mort à l'étranger. Il ne pouvait ni savoir la vérité, ni dissiper ses inquiétudes, lorsque entra chez lui un sénateur, déjà vieux. «Longinus, lui dit ce personnage, ne mépriserez-vous pas la renommée, cette bavarde mal intentionnée qui ne mérite aucune créance? Est-ce vous qui pouvez ignorer et n'avoir pas lu ce vers : "La renommée est loin d'être en tout lettre morte"? Une autre fois, à Rhodes, un grammairien, qui donnait une représentation sur le théâtre, demanda qu'un vers lui fût proposé. Quelqu'un lui présenta celui-ci : "Fuis de cette ile, ô toi la honte des vivants!" On ne sait si c'était pour l'insulter par une plaisanterie ou si ce fut une maladresse involontaire. La mention de ces diverses anecdotes fut un à-propos fort spirituel, qui apaisa tout le désordre.





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Dernière mise à jour : 27/01/2006