Texte grec :
[9,2] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Β
Τίς αἰτία, δι´ ἣν τὸ ἄλφα προτέτακται τῶν στοιχείων.
Ἔθους δ´ ὄντος ἐν τοῖς Μουσείοις κλήρους περιφέρεσθαι
καὶ τοὺς συλλαχόντας ἀλλήλοις προτείνειν φιλόλογα
ζητήματα, φοβούμενος ὁ Ἀμμώνιος μὴ τῶν ὁμοτέχνων
τινὲς ἀλλήλοις συλλάχωσι, προσέταξεν ἄνευ κλήρου γεωμέτρην
γραμματικῷ προτεῖναι καὶ ῥητορικῷ μουσικόν,
εἶτ´ ἔμπαλιν ἀναστρέφειν τὰς ἀνταποδόσεις.
Προὔτεινεν οὖν {ὁ} Ἑρμείας ὁ γεωμέτρης Πρωτογένει
τῷ γραμματικῷ πρῶτος αἰτίαν εἰπεῖν, δι´
ἣν τὸ ἄλφα προτάττεται τῶν γραμμάτων ἁπάντων. ὁ δὲ
τὴν ἐν ταῖς σχολαῖς λεγομένην ἀπέδωκε. τὰ μὲν γὰρ φωνήεντα
τῷ δικαιοτάτῳ λόγῳ πρωτεύειν τῶν ἀφώνων καὶ
ἡμιφώνων· ἐν δὲ τούτοις τῶν μὲν μακρῶν ὄντων τῶν δὲ
βραχέων τῶν δ´ ἀμφότερα καὶ διχρόνων λεγομένων, ταῦτ´
εἰκότως τῇ δυνάμει διαφέρειν. αὐτῶν δὲ τούτων πάλιν
ἡγεμονικωτάτην ἔχειν τάξιν τὸ προτάττεσθαι τῶν ἄλλων
δυεῖν ὑποτάττεσθαι δὲ μηδετέρῳ πεφυκός, οἷόν ἐστι τὸ
ἄλφα· τουτὶ γὰρ οὔτε τοῦ ἰῶτα δεύτερον οὔτε τοῦ υ ταττόμενον
ἐθέλειν ὁμολογεῖν οὐδ´ ὁμοπαθεῖν ὥστε συλλαβὴν
μίαν ἐξ ἀμφοῖν γενέσθαι, ἀλλ´ ὥσπερ ἀγανακτοῦν
καὶ ἀποπηδῶν ἰδίαν ἀρχὴν ζητεῖν ἀεί· ἐκείνων δ´ ὁποτέρου
βούλῃ προταττόμενον ἀκολουθοῦντι καὶ συμφωνοῦντι
χρῆσθαι καὶ συλλαβὰς ὀνομάτων ποιεῖν, ὥσπερ τοῦ
’αὔριον‘ καὶ τοῦ ’αὐλεῖν‘ καὶ τοῦ ’Αἴαντος‘ καὶ τοῦ ’αἰ–
δεῖσθαι‘ καὶ μυρίων ἄλλων. | διὸ τοῖς τρισίν, ὥσπερ οἱ
πένταθλοι, περίεστι καὶ νικᾷ τὰ μὲν πολλὰ τῷ φωνᾶεν
εἶναι, τὰ δ´ αὖ φωνάεντα {ἐν} τῷ δίχρονον, ταῦτα δ´ αὐτὰ
τῷ πεφυκέναι καθηγεῖσθαι δευτερεύειν δὲ μηδέποτε μηδ´
ἀκολουθεῖν.
Παυσαμένου δὲ τοῦ Πρωτογένους, καλέσας ἔμ´ ὁ
Ἀμμώνιος ’οὐδέν‘ ἔφη ’σὺ τῷ Κάδμῳ βοηθεῖς ὁ Βοιώτιος,
ὅν φασι τὸ ἄλφα πάντων προτάξαι διὰ τὸ Φοίνικας
οὕτω καλεῖν τὸν βοῦν, ὃν οὐ δεύτερον οὐδὲ τρίτον,
ὥσπερ Ἡσίοδος, ἀλλὰ πρῶτον τίθεσθαι τῶν
ἀναγκαίων;‘ ’οὐδέν‘ ἔφην ἐγώ· ’τῷ γὰρ ἐμῷ πάππῳ
βοηθεῖν, εἴ τι δύναμαι, δίκαιός εἰμι μᾶλλον ἢ τῷ τοῦ Διονύσου.
Λαμπρίας γὰρ ὁ ἐμὸς πάππος ἔλεγεν πρώτην φύσει
φωνὴν τῶν ἐνάρθρων ἐκφέρεσθαι διὰ τῆς τοῦ ἄλφα
δυνάμεως· τὸ γὰρ ἐν τῷ στόματι πνεῦμα ταῖς περὶ τὰ
χείλη μάλιστα πλάττεσθαι κινήσεσιν, ὧν πρώτην ἀνοιγομένων
τὴν ἄνω διάστασιν οὖσαν ἐξιέναι τοῦτον τὸν ἦχον,
ἁπλοῦν ὄντα κομιδῇ καὶ μηδεμιᾶς δεόμενον πραγματείας,
μηδὲ τὴν γλῶτταν παρακαλοῦντα μηδ´ ὑπομένοντ´, ἀλλὰ
κατὰ χώραν ἀποκειμένης {ἐσκειμένης} ἐκείνης ἐκπεμπόμενον·
ᾗ καὶ τὰ νήπια ταύτην πρώτην ἀφιέναι φωνήν,
ὠνομάσθαι δὲ καὶ τὸ ‘ἀίειν’ ἐπὶ τῷ φωνῆς αἰσθάνεσθαι
καὶ πολλὰ τῶν ὁμοίων, ὥσπερ καὶ τὸ ‘ᾄδειν’ καὶ τὸ
‘αὐλεῖν’ καὶ τὸ ‘ἀλαλάζειν’· οἶμαι δὲ καὶ τὸ ‘αἴρειν’ καὶ
τὸ ‘ἀνοίγειν’ οὐκ ἀπὸ τρόπου τῇ τῶν χειλῶν ἀνοίξει καὶ
ἄρσει, καθ´ ἣν οὗτος ἐκπίπτει τοῦ στόματος ὁ φθόγγος,
ὠνομάσθαι. διὸ καὶ τὰ τῶν ἀφώνων γραμμάτων ὀνόματα
πλὴν ἑνὸς ἅπαντα προσχρῆται τῷ ἄλφα καθάπερ φωτὶ
τῆς περὶ αὐτὰ τυφλότητος· τοῦ δὲ πῖ μόνον ἄπεστιν ἡ δύναμις
αὕτη· τὸ γὰρ φῖ καὶ τὸ χῖ τὸ μέν ἐστι πῖ τὸ δὲ
κάππα δασυνόμενον.‘
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Traduction française :
[9,2] QUESTION II.
Pour quelle raison la lettre A est mise la première.
PERSONNAGES DU DIALOGUE :
PLUTARQUE - AMMONIUS - HERMIAS - PROTOGENE.
1. C'était l'usage dans les fêtes consacrées aux Muses, de
colporter des sorts par la ville ; et ceux que le tirage avait
mis ensemble se proposaient mutuellement des questions
littéraires. Ammonius craignit que des gens de même profession
ne se trouvassent appareillés. Il décida que, sans
tirer au sort, le géomètre proposerait une question au grammairien,
le musicien au rhéteur, et qu'ensuite les rôles
seraient réciproquement échangés.
2. En conséquence Hermias, le géomètre, proposa le
premier au grammairien Protogène la question suivante :
pourquoi la lettre A est-elle placée avant toutes les autres?
Protogène en donna pour cause la raison qui a cours dans
les écoles : "Les voyelles, dit-il, ont, à bon droit, le pas
sur les consonnes et les demi-voyelles". Or, parmi les
voyelles les unes étant longues, les autres, brèves, et d'autres,
douteuses et à deux temps, ces dernières ont, de toute
justice, une plus grande importance. Parmi elles, à leur
tour, la priorité appartient à celle qui par nature précède
les deux autres et ne se place jamais derrière elles : c'est
l'A. En effet l'A ne saurait consentir à marcher après l'I ni
après l'U; il ne se subordonne jamais à ces lettres de manière
à former avec elles une seule syllabe; au contraire,
il bondit loin du dernier rang avec une sorte d'indignation,
parce qu'il veut toujours avoir la place qui lui est propre.
Mais du moment qu'il les précède, soit l'une, soit l'autre, à
votre choix, il accepte leur société et leur coopération pour
former des syllabes, comme nous le voyons dans les mots
g-aurion, g-auléin, g-Aïas, g-aideisthai, et une foule d'autres. Ainsi,
comme il arrive aux vainqueurs du pentathle, la supériorité
est acquise à l'A sur les trois autres espèces de lettres. Il
triomphe des plus nombreuses : à savoir des consonnes,
parce qu'il est voyelle; des voyelles, parce qu'il est de celles
qui ont deux temps; et enfin de ces dernières, parce que
de sa nature il les précède, au lieu de jamais marcher derrière
elles et à leur suite.
3. Quand Protogène eut fini, Ammonius m'interpella en
ces termes : «Ne prêterez-vous pas, vous, Béotien, votre
assistance à Cadmus, qui assigna, dit-on, la première place
de toutes à l'A, parce que Alpha est le nom que les Phéniciens
donnent au boeuf, faisant de lui, non pas le second
ou le troisième, comme Hésiode, mais le premier des animaux
indispensables?» - «Non, répondis-je, car mon
devoir est de venir en aide à mon grand-père, si j'ai quelque
pouvoir, plutôt que je ne dois secourir le fils de Bacchus.
Or mon grand-père Lamprias disait, que la première
voix distincte et articulée que l'homme émette, il la prononce
par la puissance de l'A; que l'air prend une forme
dans la bouche, surtout grâce au mouvement des lèvres, et
que quand celles-ci s'écartent, leur ouverture donne naissance
avant les autres sons à celui de l'A, le plus simple de
tous, le plus facile à exécuter; que ce son ne réclame pas le
secours de la langue : qu'il n'attend pas cet auxiliaire, et
qu'il s'émet au dehors sans que la langue sorte de son immobilité;
que pour cette raison c'est la première voix poussée
par les petits enfants, et que pour cette raison encore le
mot g-aiein signifie "entendre" de même que beaucoup
d'autres mots commençant par cette même lettre ont une
signification analogue : g-adein, "chanter", g-auleîn, "jouer
de la flûte", g-alaladzeïn, "pousser des cris de guerre". Je
crois que pareillement les verbes g-aireïn, «hausser», g-anoiguein,
"ouvrir", ont dû, non sans motif, leur composition
à ce fait, que les lèvres se haussent et s'ouvrent quand elles
veulent donner passage au son de l'A dans la bouche. Qui
plus est, les noms des consonnes, à l'exception d'une seule,
ont besoin du concours de l'A pour être prononcés : il semble
que ce soit une lumière indispensable pour les éclairer,
comme autant d'aveugles. Cette consonne unique est le pi,
dans la prononciation duquel la puissance de l'A n'entre
pour rien; car pour le phi et pour le chi, ils ne sont autre
chose qu'un pi et un cappa aspirés.»
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