HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Propos de table, livre VIII

δρᾶσαι



Texte grec :

[8,5] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Ε Διὰ τί πρὸ ἡμέρας ἐκ τοῦ Νείλου οἱ πλέοντες ὑδρεύονται. Αἰτίαν τις ἐζήτησεν, δι´ ἣν οἱ ναύκληροι τὰς ὑδρείας ἐκ τοῦ Νείλου νυκτὸς οὐχ ἡμέρας ποιοῦνται. καί τισι μὲν ἐδόκουν τὸν ἥλιον δεδιέναι, τῷ προθερμαίνειν τὰ ὑγρὰ μᾶλλον εὔσηπτα ποιοῦντα· πᾶν γὰρ τὸ θερμανθὲν καὶ χλιανθὲν ἀεὶ πρὸς μεταβολὴν ἑτοιμότερόν ἐστιν καὶ προπέπονθεν ἀνέσει τῆς ποιότητος· ἡ δὲ ψυχρότης πιέζουσα συνέχειν δοκεῖ καὶ φυλάττειν ἕκαστον ἐν ᾧ πέφυκεν, ἥκιστα τὸ ὕδωρ· ὕδατος γὰρ ἡ ψυχρότης σχετικόν ἐστι φύσει· δηλοῦσιν αἱ χιόνες, τὰ κρέα δύσσηπτα τηροῦσαι πολὺν χρόνον. ἡ δὲ θερμότης τά τ´ ἄλλα καὶ τὸ μέλι {καὶ} τῆς ἰδίας ποιότητος ἐξίστησι· φθείρεται γὰρ ἑψηθέν· ἂν δ´ ὠμὸν διαμένῃ, καὶ τοῖς ἄλλοις πρὸς τὸ μὴ φθείρεσθαι βοηθεῖ. μεγίστην δὲ τῇ αἰτίᾳ πίστιν παρεῖχεν τὰ λιμναῖα τῶν ὑδάτων· χειμῶνος γὰρ οὐδὲν διαφέροντα τῶν ἄλλων ποθῆναι, τοῦ θέρους γίνεται πονηρὰ καὶ νοσώδη· διὸ χειμῶνι μὲν τῆς νυκτὸς ἀναλογεῖν δοκούσης θέρει δὲ τῆς ἡμέρας, μᾶλλον οἴονται διαμένειν ἄτρεπτον καὶ ἀπαθὲς τὸ ὕδωρ, ἂν νυκτὸς λαμβάνηται. Τούτοις ἐπιεικῶς οὖσι πιθανοῖς ἐπανέκυψεν λόγος ὥσπερ ἀτέχνῳ πίστει ναυτικῇ βεβαιούμενος ἐμπειρίᾳ· νυκτὸς γὰρ ἔφασαν λαμβάνειν τὸ ὕδωρ ἔτι τοῦ ποταμοῦ καθεστῶτος καὶ ἡσυχάζοντος, ἡμέρας δέ, πολλῶν ἀνθρώπων ὑδρευομένων καὶ πλεόντων, πολλῶν δὲ θηρίων διαφερομένων, ἀναταραττόμενον γίνεσθαι παχὺ καὶ γεῶδες· τὸ δὲ τοιοῦτον εὔσηπτον εἶναι. πάντα γὰρ τὰ μεμιγμένα τῶν ἀμίκτων ἐπισφαλέστερα πρὸς σῆψίν ἐστιν· ποιεῖ γὰρ ἡ μῖξις μάχην, ἡ δὲ μάχη μεταβολήν, μεταβολὴ δέ τις ἡ σῆψις· διὸ τάς τε μίξεις τῶν χρωμάτων οἱ ζωγράφοι φθορὰς ὀνομάζουσιν καὶ τὸ βάψαι ’μιῆναι‘ κέκληκεν ὁ ποιητής, ἡ δὲ κοινὴ συνήθεια τὸ ἄμικτον καὶ καθαρὸν ἄφθαρτον καὶ ἀκήρατον. μάλιστα δὲ γῆ μιχθεῖσα πρὸς ὕδωρ ἐξίστησιν καὶ φθείρει τὸ πότιμον καὶ οἰκεῖον· ὅθεν εὔσηπτα μᾶλλόν ἐστι τὰ στάσιμα καὶ κοῖλα, πολλῆς ἀναπιμπλάμενα γῆς, τὰ δὲ ῥέοντα φεύγει καὶ διακρούεται τὴν προσφερομένην· καὶ καλῶς Ἡσίοδος ἐπῄνεσεν ’κρήνης ἀενάου καὶ ἀπορρύτου, ἥ τ´ ἀθόλωτος‘· ὑγιεινὸν γὰρ τὸ ἀδιάφθορον, ἀδιάφθορον δὲ τὸ ἄμικτον καὶ καθαρόν. οὐχ ἥκιστα δ´ αἱ τῆς γῆς διαφοραὶ τῷ λόγῳ μαρτυροῦσιν· τὰ γὰρ ὀρεινὴν διεξιόντα γῆν καὶ λιθώδη στερρότερα τῶν ἑλείων καὶ πεδινῶν ἐστιν, πολλὴν γὰρ οὐκ ἀποσπᾷ γῆν· ὁ δὲ Νεῖλος ὑπὸ μαλθακῆς χώρας περιεχόμενος, μᾶλλον δ´ ὥσπερ αἷμα σαρκὶ κεκραμένος, γλυκύτητος μὲν ἀπολαύει καὶ χυμῶν ἀναπίμπλαται δύναμιν ἐμβριθῆ καὶ τρόφιμον ἐχόντων, συμμιγὴς δὲ φέρεται καὶ θολερός· ἂν δ´ ἀναταράττηται, καὶ μᾶλλον· ἡ γὰρ κίνησις ἀναμίγνυσι τῷ ὑγρῷ τὸ γεῶδες, ὅταν δ´ ἠρεμήσῃ, κάτω ῥέπον διὰ βάρος ἄπεισιν. ὅθεν ὑδρεύονται τῆς νυκτός, ἅμα καὶ τὸν ἥλιον προλαμβάνοντες, ὑφ´ οὗ τὸ λεπτότατον καὶ κουφότατον ἀεὶ τῶν ὑγρῶν αἰρόμενον διαφθείρεται.

Traduction française :

[8,5] QUESTION V. Pourquoi c'est avant le jour que ceux qui naviguent sur le Nil y puisent de l'eau. 1. Quelqu'un demanda pour quelle raison les bateliers font sur le Nil leurs provisions d'eau pendant la nuit, et non pendant le jour. Les uns pensaient que c'était par crainte du soleil, qui, échauffant l'eau par avance, la rend plus facile à se corrompre. Car tout ce qui est chauffé et attiédi est toujours plus près de s'altérer et y a déjà une tendance, par le relâchement de ses qualités constitutives. Au contraire le froid, par cela seul qu'il resserre, semble maintenir et conserver chaque chose dans les conditions où elle est née, et non pas moins l'eau que toute autre substance. Il est certain que sa froideur possède naturellement une vertu conservatrice : on le voit par les neiges, qui maintiennent longtemps les viandes sans qu'elles se corrompent. La chaleur agit à l'inverse sur les objets. Au miel, entr'autres, elle enlève sa qualité propre. Il se gâte quand on le fait bouillir; et, au contraire, s'il reste cru il vient en aide aux autres substances, en empêchant qu'elles ne se corrompent. Rien ne confirme mieux la réalité de cette observation que les eaux des lacs. En hiver elles n'ont aucune différence avec les autres quand il s'agit de les boire; en été elles deviennent mauvaises et malsaines. Voilà qui explique la conduite des bateliers du Nil. La nuit semblant avoir de l'analogie avec l'hiver, et le jour avec l'été, ils croient que l'eau se conserve intacte et sans altération si elle est puisée pendant la nuit. Outre que ces explications sont pleines de vraisemblance, une raison se produit, qui confirme, comme par un argument tout naturel, l'expérience des bateliers. Ils disent qu'ils prennent l'eau la nuit, parce que le fleuve est encore calme et tranquille. Pendant le jour, comme beaucoup de gens y puisent et le traversent, comme beaucoup de bêtes le parcourent en tous sens, la même eau devient épaisse, bourbeuse, et, conséquemment, facile à se corrompre. En effet tout ce qui est mélangé tourne bien plus promptement à la putréfaction que ce qui ne l'est pas. La mixtion détermine un combat; tout combat, un changement; et un changement quelconque est une corruption. Voilà pourquoi les peintres donnent au mélange des couleurs le nom de "corruption"; voilà pourquoi le Poète dit que teindre c'est «souiller» ; voilà, enfin, pourquoi l'usage commun établit une synonymie entre «non mélangée et «pur «, entre "incorruptible" et "inaltérable". C'est surtout la terre qui, en se mêlant à l'eau dont on use habituellement, la décompose et la gâte. De là vient que les eaux stationnaires et placées dans des creux sont plus faciles à se corrompre, parce qu'elles se remplissent abondamment de terre, tandis que les eaux courantes fuient et secouent cette terre à mesure qu'elles l'emportent; et c'est avec raison qu'Hésiode a loué "Une source qui coule abondante et sans trouble" : car ce qui n'est pas corrompu est salubre; et une substance n'est jamais sujette à devenir corrompue, lorsqu'elle est sans mélange et qu'elle reste pure. Les différences de terrain ne témoignent pas médiocrement en faveur de cette opinion. Quand des eaux traversent un pays montagneux et rempli de pierres, elles ont plus de consistance que les eaux de marais et de plaines, parce que celles-là ne charrient pas beaucoup de terre. Le Nil, qui est renfermé dans un lit de terre molle, ou plutôt qui s'y mêle comme le sang à la chair, présente, il est vrai, un goût plein de douceur, et il se remplit de sucs dont la propriété est alourdissante et nutritive ; mais il coule mélangé et bourbeux, et il le devient davantage encore si on l'agite. Car le mouvement mêle à l'eau les parties terreuses, lesquelles, quand le fleuve est devenu paisible, se précipitent au fond en raison de leur pesanteur, et disparaissent. Voilà pourquoi on puise l'eau pendant la nuit; et en même temps on prévient l'influence du soleil, parce que l'on sait que son action, absorbant toujours les parties les plus subtiles et les plus légères de l'eau, ne peut manquer de corrompre celle-ci.





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Dernière mise à jour : 18/01/2006