Texte grec :
[8,0] ΣΥΜΠΟΣΙΑΚΩΝ ΒΙΒΛΙΟΝ ΟΓΔΟΟΝ.
Οἱ φιλοσοφίαν, ὦ Σόσσιε Σενεκίων, ἐκ τῶν συμποσίων
ἐκβάλλοντες οὐ ταὐτὸ ποιοῦσι τοῖς τὸ φῶς ἀναιροῦσιν,
ἀλλὰ χεῖρον, ὅσῳ λύχνου μὲν ἀρθέντος οἱ μέτριοι
καὶ σώφρονες οὐδὲν ἔσονται κακίους, τὸ αἰδεῖσθαι τοῦ
βλέπειν ἀλλήλους μεῖζον ἔχοντες, ἀμαθίας δὲ δὴ καὶ
ἀμουσίας σὺν οἴνῳ παρούσης οὐδ´ ὁ τῆς Ἀθηνᾶς χρυσοῦς
λύχνος ἐκεῖνος εὔχαριν ἂν πότον καὶ κόσμιον παράσχοι.
σιωπῶντας μὲν γὰρ ἐμπίπλασθαι μετ´ ἀλλήλων κομιδῇ
συῶδες καὶ ἴσως ἀδύνατον· ὁ δὲ λόγον μὲν ἀπολιπὼν ἐν
συμποσίῳ, τὸ δὲ τεταγμένως χρῆσθαι λόγῳ καὶ ὠφελίμως
οὐ προσιέμενος πολὺ γελοιότερός ἐστιν τοῦ πίνειν μὲν
οἰομένου δεῖν καὶ τρώγειν τοὺς δειπνοῦντας, ἄκρατον δὲ
τὸν οἶνον αὐτοῖς ἐγχέοντος καὶ τοὔψον ἀνήδυντον καὶ
ἀκάθαρτον παρατιθέντος. οὔτε γὰρ ποτὸν οὐδὲν οὔτ´
ἐδεστὸν οὕτως ἀηδὲς καὶ βλαβερόν ἐστιν μὴ θεραπευθὲν
ὃν προσήκει τρόπον, ὡς λόγος ἀκαίρως καὶ ἀνοήτως ἐν
συμποσίῳ περιφερόμενος. τὴν γοῦν μέθην οἱ λοιδοροῦντες
φιλόσοφοι λήρησιν πάροινον ἀποκαλοῦσιν· τὸ δὲ ληρεῖν
οὐδέν ἐστιν ἀλλ´ ἢ λόγῳ κενῷ χρῆσθαι καὶ φλυαρώδει·
λαλιᾶς δ´ ἀτάκτου καὶ φλυαρίας εἰς ἄκρατον ἐμπεσούσης
ὕβρις καὶ παροινία τέλος ἀμουσότατον καὶ ἀχαριστότατον.
οὐ φαύλως οὖν καὶ παρ´ ἡμῖν ἐν τοῖς Ἀγριωνίοις | τὸν
Διόνυσον αἱ γυναῖκες ὡς ἀποδεδρακότα ζητοῦσιν, εἶτα
παύονται καὶ λέγουσιν ὅτι πρὸς τὰς Μούσας καταπέφευγεν
καὶ κέκρυπται παρ´ ἐκείναις, μετ´ ὀλίγον δέ, τοῦ δείπνου
τέλος ἔχοντος, αἰνίγματα καὶ γρίφους ἀλλήλαις προβάλλουσιν,
τοῦ μυστηρίου διδάσκοντος, ὅτι λόγῳ τε δεῖ χρῆσθαι
παρὰ πότον θεωρίαν τινὰ καὶ μοῦσαν ἔχοντι καὶ λόγου
τοιούτου τῇ μέθῃ παρόντος ἀποκρύπτεται τὸ ἄγριον καὶ
μανικόν, ὑπὸ τῶν Μουσῶν εὐμενῶς κατεχόμενον. ἃ τοίνυν
ἐν τοῖς Πλάτωνος γενεθλίοις πέρυσι καὶ ἀκοῦσαι καὶ
εἰπεῖν συνέτυχεν ἡμῖν, πρῶτα τοῦτο περιέχει τὸ βυβλίον·
ἔστι δὲ τῶν Συμποσιακῶν ὄγδοον.
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Traduction française :
[8,0] LIVRE HUITIÈME. PRÉAMBULE.
Bannir des repas la philosophie, mon cher Sossius Sénécion,
ce n'est pas agir comme ceux qui en ôteraient la
lumière : c'est faire pis encore. Même la lampe étant ôtée,
les hommes qui ont de la mesure et de la retenue n'en seront
pas moins honnêtes, parce qu'ils tiendront plus compte
de la pudeur que de leurs regards mutuels. Mais si l'ignorance
et la grossièreté se joignent au vin, la fameuse lampe
d'or de Minerve ne pourra elle-même maintenir la décence
et l'ordre dans cette réunion de buveurs. Que des humains
se remplissent et se gorgent en face les uns des autres sans
se parler, c'est entièrement le fait de pourceaux, et peut-être
la chose est-elle impossible.D'autre part, laisser à la parole
le droit de se produire dans un festin, et, en même temps,
ne pas faire en sorte qu'elle s'y produise avec mesure et
d'une manière profitable, ce serait là une flagrante inconséquence.
Je trouverais moins ridicule celui qui, regardant
comme nécessaire de donner à boire et à manger à ses convives,
leur verserait du vin pur et leur servirait des viandes
dépourvues de tout assaisonnement et salement apprêtées.
Il n'y a ni boissons ni ragoûts qui soient aussi désagréables
et aussi funestes, n'étant pas préparés comme il faut, que
l'est une conversation jetée sans à-propos et sans réflexion
au milieu d'un repas.
Les philosophes qui veulent décrier l'ivresse, disent que
c'est «un délire du vin». Or délirer n'est autre chose que
tenir des propos vides et déraisonnables; et quand un
bavardage désordonné, quand la frivolité des paroles, se
combinent avec le vin pur, l'insolence et les excès de l'ivresse
en sont l'odieux et triste couronnement. Ce n'est donc
pas mal à propos que chez nous aussi, aux fêtes Agrioniennes,
les femmes font semblant de chercher Bacchus
comme s'il s'était enfui; puis elles cessent leurs poursuites,
en disant qu'il s'est réfugié près des Muses et qu'il se
cache parmi ces déesses. Quelques moments après, quand
le souper tire à sa fin, elles se proposent entre elles des
énigmes et des logogriphes. Cet usage mystérieux nous
donne à entendre, d'abord qu'il faut tenir à table des propos
qui dénotent de l'instruction et de la culture d'esprit;
ensuite, que quand de tels propos se joignent à l'ivresse, ils
dissimulent ce que celle-ci a de sauvage et de furieux, les
Muses la maîtrisant avec bienveillance. Ainsi donc, ce que
nous eûmes occasion d'entendre et de dire nous-mêmes
l'an dernier à l'anniversaire de la naissance de Platon
servira de début aux matières contenues dans ce livre,
lequel est le huitième des Questions de table.
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