Texte grec :
[1,10] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Ι
Διὰ τί τῆς Αἰαντίδος φυλῆς Ἀθήνησιν οὐδέποτε τὸν χορὸν
ἔκρινον ὕστατον.
Ἐν δὲ τοῖς Σαραπίωνος ἐπινικίοις, ὅτε τῇ Λεοντίδι
φυλῇ τὸν χορὸν διατάξας ἐνίκησεν, ἑστιωμένοις ἡμῖν ἅτε
δὴ καὶ φυλέταις οὖσι δημοποιήτοις οἰκεῖοι λόγοι τῆς ἐν
χειρὶ φιλοτιμίας παρῆσαν. ἔσχε γὰρ ὁ ἀγὼν ἐντονωτάτην
ἅμιλλαν, ἀγωνοθετοῦντος ἐνδόξως καὶ μεγαλοπρεπῶς
Φιλοπάππου τοῦ βασιλέως ταῖς φυλαῖς ὁμοῦ πάσαις
χορηγοῦντος. ἐτύγχανε δὲ συνεστιώμενος ἡμῖν καὶ τῶν
παλαιῶν τὰ μὲν λέγων τὰ δ´ ἀκούων διὰ φιλανθρωπίαν
οὐχ ἧττον ἢ φιλομάθειαν.
Προεβλήθη δέ τι τοιοῦτον ὑπὸ Μάρκου τοῦ γραμματικοῦ.
Νεάνθη τὸν Κυζικηνὸν ἔφη λέγειν
ἐν τοῖς κατὰ πόλιν μυθικοῖς, ὅτι τῇ Αἰαντίδι φυλῇ γέρας
ὑπῆρχεν τὸ μὴ κρίνεσθαι τὸν ταύτης χορὸν ἔσχατον·
‘- - - μὲν οὖν’ ἔφη ‘προ- - -ξιν ἱστορίας ὁ ἀνα- - - εἰ δὲ
τοῦτό γ´ οὐ νοθεύει, προκείσθω τῆς αἰτίας ἐν κοινῷ πᾶσιν
ἡ ζήτησις.’ εἰπόντος δὲ τοῦ ἑταίρου Μίλωνος ‘ἂν οὖν
ψεῦδος ᾖ τὸ λεγόμενον;’ ‘οὐδέν’ ἔφη ‘δεινόν’ ὁ Φιλόπαππος
‘εἰ ταὐτὸ πεισόμεθα Δημοκρίτῳ τῷ
σοφῷ διὰ φιλολογίαν. καὶ γὰρ ἐκεῖνος ὡς ἔοικε τρώγων
σίκυον, ὡς ἐφάνη μελιτώδης ὁ χυμός, ἠρώτησε τὴν διακονοῦσαν,
ὁπόθεν πρίαιτο· τῆς δὲ κῆπόν τινα φραζούσης,
ἐκέλευσεν ἐξαναστὰς ἡγεῖσθαι καὶ δεικνύναι τὸν τόπον·
θαυμάζοντος δὲ τοῦ γυναίου καὶ πυνθανομένου τί βούλεται,
’τὴν αἰτίαν‘ ἔφη ’δεῖ με τῆς γλυκύτητος εὑρεῖν,
εὑρήσω δὲ τοῦ χωρίου γενόμενος θεατής·‘ ’κατάκεισο
δή‘ τὸ γύναιον εἶπε μειδιῶν, ’ἐγὼ γὰρ ἀγνοήσασα τὸ
σίκυον εἰς ἀγγεῖον ἐθέμην μεμελιτωμένον‘· ὁ δ´ ὥσπερ
ἀχθεσθείς ’ἀπέκναισας‘ εἶπεν ’καὶ οὐδὲν ἧττον ἐπιθήσομαι
τῷ λόγῳ καὶ ζητήσω τὴν αἰτίαν, ὡς ἂν οἰκείου καὶ
συγγενοῦς οὔσης τῷ σικύῳ τῆς γλυκύτητος.‘ οὐκοῦν μηδ´
ἡμεῖς τὴν Νεάνθους ἐν ἐνίοις εὐχέρειαν ἀποδράσεως ποιησώμεθα
πρόφασιν· ἐγγυμνάσασθαι γάρ, εἰ μηδὲν ἄλλο
χρήσιμον, ὁ λόγος παρέξει.’
Πάντες οὖν ὁμαλῶς ἐρρύησαν πρὸς τὸ τὴν φυλὴν
ἐγκωμιάζειν, εἴ τι καλὸν πρὸς δόξαν αὐτῇ ὑπῆρχεν ἀναλεγόμενοι.
καὶ γὰρ ὁ Μαραθὼν εἰς μέσον εἵλκετο, δῆμος
ὢν ἐκείνης τῆς φυλῆς· καὶ τοὺς περὶ Ἁρμόδιον Αἰαντίδας
ἀπέφαινον, Ἀφιδναίους γε δὴ τῶν δήμων γεγονότας.
Γλαυκίας δ´ ὁ ῥήτωρ καὶ τὸ δεξιὸν κέρας Αἰαντίδαις
τῆς ἐν Μαραθῶνι παρατάξεως ἀποδοθῆναι, ταῖς Αἰσχύλου
τὴν μεθορίαν ἐλεγείαις πιστούμενος,
ἠγωνισμένου τὴν μάχην ἐκείνην ἐπιφανῶς· ἔτι δὲ
καὶ Καλλίμαχον ἀπεδείκνυεν τὸν πολέμαρχον ἐξ ἐκείνης
ὄντα τῆς φυλῆς, ὃς αὑτόν τε παρέσχεν ἄριστον ἄνδρα καὶ
τῆς μάχης μετά γε Μιλτιάδην αἰτιώτατος κατέστη σύμψηφος
ἐκείνῳ γενόμενος. ἐγὼ δὲ τῷ Γλαυκίᾳ προσετίθην,
ὅτι καὶ τὸ ψήφισμα, καθ´ ὃ τοὺς Ἀθηναίους ἐξήγαγεν, τῆς
Αἰαντίδος φυλῆς πρυτανευούσης γραφείη, καὶ ὅτι περὶ
τὴν ἐν Πλαταιαῖς μάχην εὐδοκιμήσειεν ἡ φυλὴ μάλιστα·
διὸ καὶ ταῖς Σφραγίτισι Νύμφαις τὴν ἐπινίκιον καὶ πυθόχρηστον
ἀπῆγον Αἰαντίδαι θυσίαν εἰς Κιθαιρῶνα, τῆς
πόλεως τὸ ἱερεῖον καὶ τὰ ἄλλα παρεχούσης αὐτοῖς. ‘ἀλλ´
ὁρᾷς’ ἔφην ‘ὅτι πολλὰ καὶ ταῖς ἄλλαις φυλαῖς ὑπάρχει,
καὶ πρώτην γε τὴν ἐμὴν | ἴστε δὴ τὴν Λεοντίδα μηδεμιᾷ
δόξης ὑφιεμένην. σκοπεῖτε δή, μὴ πιθανώτερον λέγεται τὸ
παραμύθιον τοῦ ἐπωνύμου τῆς φυλῆς καὶ παραίτησιν
εἶναι τὸ γινόμενον· οὐ γὰρ εὔκολος ἐνεγκεῖν ἧτταν ὁ
Τελαμώνιος, ἀλλ´ οἷος ἀφειδεῖν πάντων ὑπ´ ὀργῆς καὶ
φιλονεικίας· ἵν´ οὖν μὴ χαλεπὸς ᾖ μηδ´ ἀπαραμύθητος,
ἔδοξε τῆς ἥττης ἀφελεῖν τὸ δυσχερέστατον, εἰς τὴν ἐσχάτην
χώραν μηδέποτε τὴν φυλὴν αὐτοῦ καταβαλόντας.’
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Traduction française :
[1,10] QUESTION X.
Pourquoi à Athènes on ne donnait jamais le dernier rang
au choeur de la tribu Aeantide.
PERSONNAGES DU DIALOGUE : PHILOPAPPUS, MARCUS, MILON,
GLAUCIAS, PLUTARQUE, AUTRES ASSISTANTS.
1. Sérapion donnait le festin d'usage, à l'occasion de la
victoire remportée sous sa direction par le choeur de la
tribu Léontide. Nous y avions été invité comme ayant reçu
du peuple le droit de bourgeoisie dans cette tribu. Naturellement
l'entretien tomba sur les brigues qui avaient été
organisées en cette circonstance. La lutte avait été des plus
vives. Elle avait été présidée d'une façon aussi honorable
que magnifique par Philopappus, roi des jeux, qui en avait
fait les frais pour toutes les tribus réunies. Lui-même se
trouvait au nombre des convives; et il prenait part aux
questions d'antiquité, soit comme interlocuteur, soit comme
auditeur, par courtoisie non moins que par désir de s'instruire.
2. Une question fut proposée par le grammairien
Marcus, à propos d'un passage de Néanthès le Cyzicénien
dans son Histoire des temps fabuleux d'Athènes. Il y est
dit, que la tribu Aeantide avait le privilége de ne voir
jamais son choeur placé au dernier rang. «Cet auteur,
ajouta Marcus, a voulu prouver ses connaissances en histoire.
Si vous ne tenez pas pour fausse la donnée de Néanthès,
prenons-la comme sujet de discussion, et occupons-nous
ici, tous en commun, à rechercher la raison de ce
privilége.» - «Mais, dit notre camarade Milon, si le fait
est controuvé? ... «N'importe, dit alors Philopappus,
il n'y aura pas de mal à ce qu'il nous arrive, pour l'amour
de l'étude, ce qui arriva au sage Démocrite. Celui-ci, à ce
qu'on rapporte, mangeait du concombre; et comme il y
trouvait un goût de miel, il demanda à la servante où
elle l'avait acheté. Elle lui indiqua un jardin. Démocrite
se levant aussitôt, voulut qu'elle l'y conduisît et qu'elle lui
désignât l'endroit. La femme était tout étonnée, et lui demanda
ce qu'il prétendait faire: «Il faut, dit-il, que je
trouve la cause de cette douceur; or je la trouverai quand
j'aurai vu et considéré l'endroit.» - «En ce cas remettez-vous
à table, lui dit en riant la servante : c'est moi
qui, sans faire attention, ai placé le concombre dans un
vase où il y avait eu du miel.» - «Tu as piqué ma
curiosité, reprit Démocrite, que cette réponse déconcerta
un moment. Je n'en veux pas moins poursuivre mon idée;
et je chercherai la cause, comme si cette douceur était
naturelle et propre au concombre.» Nous suivrons son
exemple. De la trop grande facilité de Néanthès à accueillir
parfois certains faits nous ne prendrons pas prétexte pour
éviter l'examen de cette question. A défaut d'autre utilité,
ce nous sera matière à exercer notre esprit.»
3. Tous alors se mirent à l'envi à vanter la tribu Aeantide,
et à citer ce qui pouvait être glorieux pour elle. On
mit sur le tapis Marathon, qui est un bourg de cette tribu.
On cita Harmodius, qui était d'Aphidnès, autre bourg de
la tribu Aeantide. L'orateur Glaucias affirma, qu'à la journée
de Marathon l'aile droite avait été donnée à des Aeantides;
et il le prouva par les élégies qu'avait composées sur son
propre bannissement le poéte Eschyle, acteur brillant de
la bataille. Glaucias fit encore remarquer qu'à cette tribu
appartenait le polémarque Callimaque, qui se montra personnellement
homme du plus grand courage, et qui, après
Miltiade dont il avait appuyé les avis dans le conseil, fut le
principal auteur de la victoire. A ce que venait de dire
Glaucias, j'ajoutai, que le décret en vertu duquel Miltiade
fit marcher les Athéniens avait été rendu sous la présidence
de la tribu Aeantide, et que cette même tribu s'était
particulièrement couverte de gloire à la bataille de Platée;
que, pour cette raison, quand on offrait aux nymphes
Sphragitides, en l'honneur de cette victoire, le sacrifice ordonné
par l'oracle d'Apollon, c'étaient les Aeantides qui
allaient le célébrer sur le Cithéron ; et la ville fournissait
la victime ainsi que les autres choses.
«Du reste, continuai-je , vous savez, Glaucias, que les
autres tribus s'honorent de beaucoup de traits glorieux.
Pour citer la mienne en premier, vous n'ignorez pas que
la tribu Léontide ne le cède à aucune en illustration. Demandez-vous
donc tous à vous-mêmes, s'il n'y aurait pas
plus de vraisemblance à dire, que ce privilége fut un adoucissement
et une excuse envers le héros qui donna son nom
à la tribu. Le fils de Télamon, qui n'avait pu supporter
avec résignation sa défaite, était homme à n'épargner personne
dans sa colère et dans sa jalousie. C'est pourquoi,
afin qu'il ne continuât pas à être furieux et implacable, on
jugea bon de suprimer ce qui lui était le plus pénible dans
son échec; et l'on décréta que jamais sa tribu ne serait
placée la dernière.»
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