HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Préceptes politiques

οὐδὲ



Texte grec :

[4] Τὸ μὲν οὖν τῶν πολιτῶν ἦθος ἰσχύοντα δεῖ καὶ πιστευόμενον ἤδη πειρᾶσθαι ῥυθμίζειν ἀτρέμα πρὸς τὸ βέλτιον ὑπάγοντα καὶ πράως μεταχειριζόμενον· ἐργώδης γὰρ ἡ μετάθεσις τῶν πολλῶν. αὐτὸς δ´ ὥσπερ ἐν θεάτρῳ τὸ λοιπὸν ἀναπεπταμένῳ βιωσόμενος, ἐξάσκει καὶ κατακόσμει τὸν τρόπον· εἰ δὲ μὴ ῥᾴδιον ἀπαλλάξαι παντάπασι τῆς ψυχῆς τὴν κακίαν, ὅσα γοῦν ἐπανθεῖ μάλιστα καὶ προπίπτει τῶν ἁμαρτημάτων ἀφαιρῶν καὶ κολούων. ἀκούεις γάρ, ὅτι καὶ Θεμιστοκλῆς ἅπτεσθαι τῆς πολιτείας διανοούμενος ἀπέστησε τῶν πότων καὶ τῶν κώμων ἑαυτόν, ἀγρυπνῶν δὲ καὶ νήφων καὶ πεφροντικὼς ἔλεγε πρὸς τοὺς συνήθεις, ὡς οὐκ ἐᾷ καθεύδειν αὐτὸν τὸ Μιλτιάδου τρόπαιον· Περικλῆς δὲ καὶ περὶ τὸ σῶμα καὶ τὴν δίαιταν ἐξήλλαξεν αὑτὸν ἠρέμα βαδίζειν καὶ πράως διαλέγεσθαι καὶ τὸ πρόσωπον ἀεὶ συνεστηκὸς ἐπιδείκνυσθαι καὶ τὴν χεῖρα συνέχειν ἐντὸς τῆς περιβολῆς καὶ μίαν ὁδὸν πορεύεσθαι τὴν ἐπὶ τὸ βῆμα καὶ τὸ βουλευτήριον. οὐ γὰρ εὐμεταχείριστον οὐδὲ ῥᾴδιον ἁλῶναι τὴν σωτήριον ἅλωσιν ὑπὸ τοῦ τυχόντος ὄχλος, ἀλλ´ ἀγαπητόν, εἰ μήτ´ ὄψει μήτε φωνῇ πτυρόμενος ὥσπερ θηρίον ὕποπτον καὶ ποικίλον ἐνδέχοιτο τὴν ἐπιστασίαν. ᾧ τοίνυν οὐδὲ τούτων ἐπιμελητέον ἐστὶ παρέργως, ἦπου τῶν περὶ τὸν βίον καὶ τὸ ἦθος ἀμελητέον ὅπως ᾖ ψόγου καθαρὰ καὶ διαβολῆς ἁπάσης; οὐ γὰρ ὧν λέγουσιν ἐν κοινῷ καὶ πράττουσιν οἱ πολιτευόμενοι μόνον εὐθύνας διδόασιν, ἀλλὰ καὶ δεῖπνον αὐτῶν πολυπραγμονεῖται καὶ κοίτη καὶ γάμος καὶ παιδιὰ καὶ σπουδὴ πᾶσα. τί γὰρ δεῖ λέγειν Ἀλκιβιάδην, ὃν περὶ τὰ κοινὰ πάντων ἐνεργότατον ὄντα καὶ στρατηγὸν ἀήττητον ἀπώλεσεν ἡ περὶ τὴν δίαιταν ἀναγωγία καὶ θρασύτης, καὶ τῶν ἄλλων ἀγαθῶν αὐτοῦ τὴν πόλιν ἀνόνητον ἐποίησε διὰ τὴν πολυτέλειαν καὶ τὴν ἀκολασίαν; ὅπου καὶ Κίμωνος οὗτοι τὸν οἶνον, καὶ Ῥωμαῖοι Σκιπίωνος οὐδὲν ἄλλο ἔχοντες λέγειν τὸν ὕπνον ᾐτιῶντο· Πομπήιον δὲ Μάγνον ἐλοιδόρουν οἱ ἐχθροί, παραφυλάξαντες ἑνὶ δακτύλῳ τὴν κεφαλὴν κνώμενον. ὡς γὰρ ἐν προσώπῳ φακὸς καὶ ἀκροχορδὼν δυσχεραίνεται μᾶλλον ἢ στίγματα καὶ κολοβότητες καὶ οὐλαὶ τοῦ λοιποῦ σώματος, οὕτω τὰ μικρὰ φαίνεται μεγάλα τῶν ἁμαρτημάτων ἐν ἡγεμονικοῖς καὶ πολιτικοῖς ὁρώμενα βίοις διὰ δόξαν, ἣν οἱ πολλοὶ περὶ ἀρχῆς καὶ πολιτείας ἔχουσιν, ὡς πράγματος μεγάλου καὶ καθαρεύειν ἀξίου πάσης ἀτοπίας καὶ πλημμελείας. εἰκότως οὖν Λιούιος Δροῦσος ὁ δημαγωγὸς εὐδοκίμησεν ὅτι, τῆς οἰκίας αὐτοῦ πολλὰ μέρη κάτοπτα τοῖς γειτνιῶσιν ἐχούσης καὶ τῶν τεχνιτῶν τινος ὑπισχνουμένου ταῦτ´ ἀποστρέψειν καὶ μεταθήσειν ἀπὸ πέντε μόνων ταλάντων, "δέκα," ἔφη, "λαβὼν ὅλην μου ποίησον καταφανῆ τὴν οἰκίαν, ἵνα πάντες ὁρῶσιν οἱ πολῖται πῶς διαιτῶμαι"· καὶ γὰρ ἦν ἀνὴρ σώφρων καὶ κόσμιος. ἴσως δὲ ταύτης οὐδὲν ἔδει τῆς καταφανείας αὐτῷ· διορῶσι γὰρ οἱ πολλοὶ καὶ τὰ πάνυ βαθέως περιαμπέχεσθαι δοκοῦντα τῶν πολιτευομένων ἤθη καὶ βουλεύματα καὶ πράξεις καὶ βίους, οὐχ ἧττον ἀπὸ τῶν ἰδίων ἢ τῶν δημοσίων ἐπιτηδευμάτων τὸν μὲν φιλοῦντες καὶ θαυμάζοντες τὸν δὲ δυσχεραίνοντες καὶ καταφρονοῦντες. Τί οὖν δή; οὐχὶ καὶ τοῖς ἀσελγῶς καὶ τεθρυμμένως ζῶσιν αἱ πόλεις χρῶνται; καὶ γὰρ αἱ κιττῶσαι λίθους καὶ οἱ ναυτιῶντες ἁλμυρίδας καὶ τὰ τοιαῦτα βρώματα διώκουσι πολλάκις, εἶτ´ ὀλίγον ὕστερον ἐξέπτυσαν καὶ ἀπεστράφησαν· οὕτω καὶ οἱ δῆμοι διὰ τρυφὴν καὶ ὕβριν ἢ βελτιόνων ἀπορίᾳ δημαγωγῶν χρῶνται τοῖς ἐπιτυχοῦσι βδελυττόμενοι καὶ καταφρονοῦντες, εἶτα χαίρουσι τοιούτων εἰς αὐτοὺς λεγομένων, οἷα Πλάτων ὁ κωμικὸς τὸν Δῆμον αὐτὸν λέγοντα ποιεῖ· λαβοῦ, λαβοῦ τῆς χειρὸς ὡς τάχιστά μου, μέλλω στρατηγὸν χειροτονεῖν Ἀγύρριον· καὶ πάλιν αἰτοῦντα λεκάνην καὶ πτερόν, ὅπως ἐμέσῃ, λέγοντα προσίσταταί μου πρὸς τὸ βῆμα Μαντίας καὶ βόσκει δυσώδη Κέφαλον, ἐχθίστην νόσον. ὁ δὲ Ῥωμαίων δῆμος, ὑπισχνουμένου τι Κάρβωνος καὶ προστιθέντος ὅρκον δή τινα καὶ ἀράν, ἀντώμοσεν ὁμοῦ μὴ πιστεύειν. ἐν δὲ Λακεδαίμονι τινὸς Δημοσθένους ἀνδρὸς ἀκολάστου γνώμην εἰπόντος ἁρμόζουσαν, ἀπέρριψεν ὁ δῆμος, οἱ δ´ Ἔφοροι κληρώσαντες ἕνα τῶν γερόντων ἐκέλευσαν εἰπεῖν τὸν αὐτὸν λόγον ἐκεῖνον, ὥσπερ εἰς καθαρὸν ἀγγεῖον ἐκ ῥυπαροῦ μετεράσαντες, ὅπως εὐπρόσδεκτος γένηται τοῖς πολλοῖς. οὕτω μεγάλην ἔχει ῥοπὴν ἐν πολιτείᾳ πίστις ἤθους καὶ τοὐναντίον.

Traduction française :

[4] C'est donc quand on est déjà fort et que l'on a obtenu de la confiance, qu'il faut entreprendre de réformer insensiblement le caractère de ses concitoyens, et de les ramener avec douceur à une meilleure conduite. C'est chose laborieuse que de changer les dispositions d'une multitude. Vous devez vous-même, comme si vous étiez destiné désormais à vivre sur une scène théâtrale, exposé à tous les yeux, exercer et régler vos propres moeurs. Ou bien, puisqu'il est difficile de complétement extirper les vices de son âme, il faut que vous fassiez disparaître ou que vous comprimiez celles de vos imperfections qui sont les plus apparentes et qui tombent le plus sous les yeux. Vous savez, en effet, que Thémistocle, dès qu'il voulut s'occuper des affaires publiques, s'interdit les parties de table et les orgies. Il veillait, il était sobre, pensif; et il disait à ses amis, « que les trophées de Miltiade l'empêchaient de dormir». Périclès, également, changea son extérieur et son genre de vie. Il marchait gravement, et parlait avec douceur. Il montrait un visage toujours composé. Il tenait sa main sous son vêtement, et ne fréquentait plus qu'une seule rue, celle qui menait à la tribune et au Conseil. Car le peuple est difficile à manier. Il faut savoir prendre bien des ménagements pour lui imposer des entraves qui, pourtant, doivent le sauyer. C'est là une science qui n'est pas donnée à tous. On doit s'estimer heureux si un regard, une parole ne l'a pas effarouché, comme un animal ombrageux, fantasque, et s'il veut bien accepter une direction. Que si donc il ne faut pas négliger ces petits détails, à plus forte raison devra-t-on veiller sur sa propre conduite et sur son caractère, de façon à rester pur de tout blâme et de toute accusation. Ce n'est pas seulement de ses discours et de ses actes publics qu'un homme d'Etat est responsable. Ses repas, son lit, son ménage, ses délassements, ses études, tout est l'objet d'une inquiète curiosité. Ai-je besoin de citer Alcibiade? Personne n'obtenait de meilleurs effets que lui dans les affaires publiques, il n'y avait pas de général plus invincible; mais il se perdit par le désordre, par le scandale effronté de sa vie domestique. Ses précieuses qualités devinrent inutiles à sa patrie à cause de son luxe et de son intempérance. Ces mêmes Athéniens reprochaient à Cimon d'être porté à l'ivrognerie. Les Romains, n'ayant pas d'autre grief à formuler, disaient que Scipion était trop dormeur. De quoi les ennemis du grand Pompée lui faisaient-ils un crime ? De ce qu'ils avaient remarqué qu'il se grattait la tête avec un seul doigt. Comme dans le visage une lentille, une verrue, est plus désagréable que ne le seraient des taches, des balafres ou des cicatrices en toute autre partie du corps, de même les fautes légères prennent de grandes proportions, si on les signale dans la vie des Grands et des hommes d'Etat. La haute opinion qu'inspirent communément le pouvoir et les emplois politiques fait présumer que ces positions considérables doivent être exemptes de toute inconséquence et de tout désordre. On approuva publiquement, et c'était justice, la réponse de Livius Drusus, tribun du peuple. Comme sa maison avait beaucoup de parties où plongeaient les regards des voisins, un architecte lui avait promis de masquer ces vues et de changer les dispositions. "Il n'en coûtera disait-il, que cinq talents." - « Je t'en donnerai dix, répondit Drusus, si tu la rends transparente de telle sorte que tous mes concitoyens voient quelle est ma manière de vivre. » Car Drusus était un personnage plein de sagesse et de modération. Peut-être, du reste, n'avait-il pas besoin de désirer une si grande transparence. Le peuple pénètre au fond des secrets que les hommes d'État croient le mieux dérober aux regards. Il sait leurs moeurs, leurs projets, leurs actes, leur vie entière; et, non moins que leur administration publique, la conduite privée qu'ils tiennent assure aux uns l'amour et l'admiration, attire sur les autres la haine et le mépris. Qu'est-ce à dire? objectera quelqu'un : les cités n'utilisent-elles pas aussi les services des libertins et des voluptueux? On voit bien les femmes enceintes vouloir souvent manger des pierres; ceux qui ont le mal de mer sont avides de saumure et d'autres aliments semblables, sauf à les recracher un moment après et à s'en détourner avec dégoût. Pareillement, tout peuple, par corruption et par dédain, ou faute d'avoir de meilleurs chefs, accepte les services des premiers venus, bien qu'il les déteste et les méprise; et puis après il aime à entendre dire sur leur compte ce que Platon, l'auteur comique, met dans la bouche du peuple lui-même : "Prends ma main, prends, te dis-je, et cela sans tarder : Car pour Agyrrius elle est près de voter". Dans un autre endroit, le peuple demande une cuvette, une plume garnie de ses barbes pour se faire vomir, et il dit; "C'est qu'un vrai pot de chambre occupe la tribune". et ailleurs : "Quoi ! nourrir le puant Céphalus! Quel fléau"! Voyez ce qui se passait à Rome. Carbon faisait au peuple une promesse qu'il accompagnait d'un serment et d'imprécations solennelles. On lui répondit tout d'une voix « qu'on faisait serment de ne pas le croire ». A Lacédémone un certain Démosthène, homme de moeurs décriées, énonçait un avis parfaitement approprié à la circonstance. Le peuple rejeta l'avis, mais les Ephores, ayant désigné au sort un des vieillards, l'invitèrent à formuler la même proposition. C'était la faire passer, en quelque sorte, d'un récipient sali dans un vase propre, afin de la rendre acceptable à la multitude. Tant a d'influence, en matière politique, la confiance qu'inspire la probité du caractère ! Et réciproquement.





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Dernière mise à jour : 3/11/2005