HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Préceptes politiques

μηδὲ



Texte grec :

[31] Ἂν δ´ ᾖ τὰ τῆς οὐσίας μέτρια καὶ κέντρῳ καὶ διαστήματι περιγραφόμενα πρὸς τὴν χρείαν, οὔτ´ ἀγεννὲς οὔτε ταπεινὸν οὐδέν ἐστι πενίαν ὁμολογοῦντα ταῖς τῶν ἐχόντων ἐξίστασθαι φιλοτιμίαις, καὶ μὴ δανειζόμενον οἰκτρὸν ἅμα καὶ καταγέλαστον εἶναι περὶ τὰς λειτουργίας· οὐ γὰρ λανθάνουσιν ἐξασθενοῦντες ἢ φίλοις ἐνοχλοῦντες ἢ θωπεύοντες δανειστάς, ὥστε μὴ δόξαν αὐτοῖς μηδ´ ἰσχὺν ἀλλὰ μᾶλλον αἰσχύνην καὶ καταφρόνησιν ἀπὸ τῶν τοιούτων ἀναλωμάτων ὑπάρχειν. διὸ χρήσιμον ἀεὶ πρὸς τὰ τοιαῦτα μεμνῆσθαι τοῦ Λαμάχου καὶ τοῦ Φωκίωνος· οὗτος μὲν γάρ, ἀξιούντων αὐτὸν ἐν θυσίᾳ τῶν Ἀθηναίων ἐπιδοῦναι καὶ κροτούντων πολλάκις "αἰσχυνοίμην ἄν" εἶπεν "ὑμῖν μὲν ἐπιδιδοὺς Καλλικλεῖ δὲ τούτῳ μὴ ἀποδιδούς," δείξας τὸν δανειστήν. Λάμαχος δ´ ἐν τοῖς τῆς στρατηγίας ἀεὶ προσέγραφεν ἀπολογισμοῖς ἀργύριον εἰς κρηπῖδας αὑτῷ καὶ ἱμάτιον· Ἕρμωνι δὲ Θεσσαλοὶ φεύγοντι τὴν ἀρχὴν ὑπὸ πενίας ἐψηφίσαντο λάγυνον οἴνου κατὰ μῆνα διδόναι καὶ μέδιμνον ἀλφίτων ἀφ´ ἑκάστης τετράδος. οὕτως οὔτ´ ἀγεννές ἐστι πενίαν ὁμολογεῖν, οὔτε λείπονται πρὸς δύναμιν ἐν πόλεσι τῶν ἑστιώντων καὶ χορηγούντων οἱ πένητες, ἂν παρρησίαν ἀπ´ ἀρετῆς καὶ πίστιν ἔχωσι. δεῖ δὴ μάλιστα κρατεῖν ἑαυτῶν ἐν τοῖς τοιούτοις καὶ μήτ´ εἰς πεδία καταβαίνειν πεζὸν ἱππεῦσι μαχούμενον μήτ´ ἐπὶ στάδια καὶ θυμέλας καὶ τραπέζας πένητα πλουσίοις ὑπὲρ δόξης καὶ δυναστείας διαγωνιζόμενον· ἀλλ´ ἀπ´ ἀρετῆς καὶ φρονήματος ἀεὶ μετὰ λόγου πειρωμένοις ἄγειν τὴν πόλιν, οἷς οὐ μόνον τὸ καλὸν καὶ τὸ σεμνὸν ἀλλὰ καὶ τὸ κεχαρισμένον καὶ ἀγωγὸν ἔνεστι "Κροισείων αἱρετώτερον στατήρων." οὐ γὰρ αὐθάδης οὐδ´ ἐπαχθὴς ὁ χρηστὸς οὐδ´ αὐθέκαστός ἐστιν ὁ σώφρων ἀνὴρ καὶ "στείχει πολίταις ὄμμ´ ἔχων ἰδεῖν πικρόν", ἀλλὰ πρῶτον μὲν εὐπροσήγορος καὶ κοινὸς ὢν πελάσαι καὶ προσελθεῖν ἅπασιν, οἰκίαν τε παρέχων ἄκλειστον ὡς λιμένα φύξιμον ἀεὶ τοῖς χρῄζουσι, καὶ τὸ κηδεμονικὸν καὶ φιλάνθρωπον οὐ χρείαις οὐδὲ πράξεσι μόνον ἀλλὰ καὶ τῷ συναλγεῖν πταίουσι καὶ κατορθοῦσι συγχαίρειν ἐπιδεικνύμενος· οὐδαμῆ δὲ λυπηρὸς οὐδ´ ἐνοχλῶν οἰκετῶν πλήθει περὶ λουτρὸν ἢ καταλήψεσι τόπων ἐν θεάτροις οὐδὲ τοῖς εἰς τρυφὴν καὶ πολυτέλειαν ἐπιφθόνοις παράσημος· ἀλλ´ ἴσος καὶ ὁμαλὸς ἐσθῆτι καὶ διαίτῃ καὶ τροφαῖς παίδων καὶ θεραπείᾳ γυναικός, οἷον ὁμοδημεῖν καὶ συνανθρωπεῖν τοῖς πολλοῖς βουλόμενος. ἔπειτα σύμβουλον εὔνουν καὶ συνήγορον ἄμισθον καὶ διαλλακτὴν εὐμενῆ πρὸς γυναῖκας ἀνδρῶν καὶ φίλων πρὸς ἀλλήλους παρέχων ἑαυτόν, οὐ μικρὸν ἡμέρας μέρος ἐπὶ τοῦ βήματος ἢ τοῦ λογείου πολιτευόμενος, εἶτ´ ἤδη πάντα τὸν ἄλλον βίον " ἕλκων ἐφ´ αὑτὸν ὥστε καικίας νέφη" τὰς χρείας καὶ τὰς οἰκονομίας πανταχόθεν· ἀλλὰ δημοσιεύων ἀεὶ ταῖς φροντίσι, καὶ τὴν πολιτείαν βίον καὶ πρᾶξιν οὐκ ἀσχολίαν ὥσπερ οἱ πολλοὶ καὶ λειτουργίαν ἡγούμενος, πᾶσι τούτοις καὶ τοῖς τοιούτοις ἐπιστρέφει καὶ προσάγεται τοὺς πολλούς, νόθα καὶ κίβδηλα τὰ τῶν ἄλλων θωπεύματα καὶ δελεάσματα πρὸς τὴν τούτου κηδεμονίαν καὶ φρόνησιν ὁρῶντας. οἱ μὲν γὰρ Δημητρίου κόλακες οὐκ ἠξίουν βασιλεῖς τοὺς ἄλλους προσαγορεύειν, ἀλλὰ τὸν μὲν Σέλευκον ἐλεφαντάρχην τὸν δὲ Λυσίμαχον γαζοφύλακα τὸν δὲ Πτολεμαῖον ναύαρχον ἐκάλουν, τὸν δ´ Ἀγαθοκλέα νησιάρχην· οἱ δὲ πολλοί, κἂν ἐν ἀρχῇ τὸν ἀγαθὸν καὶ φρόνιμον ἀπορρίψωσιν, ὕστερον καταμανθάνοντες τὴν ἀλήθειαν αὐτοῦ καὶ τὸ ἦθος τοῦτον ἡγοῦνται μόνον πολιτικὸν καὶ δημοτικὸν καὶ ἄρχοντα, τῶν δ´ ἄλλων τὸν μὲν χορηγὸν τὸν δ´ ἑστιάτορα τὸν δὲ γυμνασίαρχον καὶ νομίζουσι καὶ καλοῦσιν. εἶθ´ ὥσπερ ἐν τοῖς συμποσίοις, Καλλίου δαπανῶντος ἢ Ἀλκιβιάδου, Σωκράτης ἀκούεται καὶ πρὸς Σωκράτην πάντες ἀποβλέπουσιν, οὕτως ἐν ταῖς ὑγιαινούσαις πόλεσιν Ἰσμηνίας μὲν ἐπιδίδωσι καὶ δειπνίζει Λίχας καὶ χορηγεῖ Νικήρατος, Ἐπαμεινώνδας δὲ καὶ Ἀριστείδης καὶ Λύσανδρος καὶ ἄρχουσι καὶ πολιτεύονται καὶ στρατηγοῦσι. πρὸς ἃ χρὴ βλέποντα μὴ ταπεινοῦσθαι μηδ´ ἐκπεπλῆχθαι τὴν ἐκ θεάτρων καὶ ὀπτανείων καὶ πολυανδρίων προσισταμένην τοῖς ὄχλοις δόξαν, ὡς ὀλίγον χρόνον ἐπιζῶσαν καὶ τοῖς μονομάχοις καὶ ταῖς σκηναῖς ὁμοῦ συνδιαλυομένην, ἔντιμον δὲ μηδὲν μηδὲ σεμνὸν ἔχουσαν.

Traduction française :

[31] Mais si les ressources de votre fortune sont bornées et vous obligent à circonscrire vos dépenses comme avec la règle et le compas, il n'y a point de bassesse et de déshonneur à faire l'aveu de votre pauvreté, à vous interdire ces largesses pour les laisser à ceux qui ont. N'allez pas contracter des dettes ni prendre à votre charge tel ou tel service, si c'est pour provoquer à la fois le rire et la pitié. Les gens n'ignorent pas que vos ressources sont insuffisantes, et qu'ainsi ou bien vous pesez sur vos amis, ou bien vous faites la cour à des usuriers : de sorte qu'au lieu de vous honorer, de vous affermir, de semblables dépenses vous apportent plutôt la honte et le mépris. Il est utile en de pareilles conjonctures de se rappeler les exemples de Lamachus et de Phocion. Ce dernier était sollicité par les Athéniens de contribuer aux frais d'un sacrifice, et l'on revenait souvent à la charge auprès de lui : "Je rougirais dit-il, de vous donner de l'argent et de ne pas rendre celui que je dois à Calliclès que voici" : et il montrait son créancier. Lamachus dans les comptes de son administration militaire ajoutait toujours une somme d'argent, pour achat d'une paire de sandales et d'un manteau. Comme Hermon se dérobait aux magistratures à cause de sa pauvreté, les Thessaliens décrétèrent qu'il lui serait alloué chaque mois certaine mesure de vin et tous les quatre jours un minet de blé. Tant il est vrai qu'il n'y a rien de honteux à faire confession de sa pauvreté, et que dans les gouvernements la prépondérance de crédit ne sera pas en faveur de ceux qui donnent des festins et des jeux publics si les magistrats pauvres professent assez de franchise et de vertu pour inspi- rer la confiance ! Il faut rester surtout maître de soi dans de telles occasions, et ne pas descendre dans l'arène pour combattre à pied contre des gens à cheval. Je veux dire qu'on ne luttera pas, si l'on est pauvre, avec des gens riches, et qu'on ne leur disputera ni la gloire ni la puissance en donnant des jeux publics, des banquets et des fêtes. C'est par l'ascendant de la vertu et de la sagesse unies à l'éloquence que l'on s'efforcera de conduire la ville : ce qui est le moyen non seulement de rester honnête et digne, mais encore de s'assurer la bonne grâce de tous et la confiance. Ce sont là des biens "Préférables cent fois aux trésors de Crésus". Le bon citoyen n'est ni présomptueux ni arrogant, et l'homme sage ne fait point profession d'intolérance. On ne le voit pas "S'avancer en lançant des regards courroucés". Il est, avant tout, affable. Chacun indistinctement peut l'approcher et s'entretenir avec lui. Sa maison, toujours ouverte, est comme un port, un refuge pour ceux qui veulent recourir à lui. Sa sollicitude et sa bienveillance n'assistent pas les citoyens seulement dans leurs besoins et leurs affaires : il s'afflige aussi de leurs adversités, se réjouit de leurs succès. Jamais il ne mécontente et n'indispose la population par une foule d'esclaves qui l'accompagnent an bain, par le nombre de places qu'il accapare dans les théàtres, par un luxe scandaleux et par sa magnificence. Il est simple : il se contente d'être l'égal de tous par ses vêtements, par son genre de vie, par la manière dont il élève ses enfants, par la toilette de sa femme. Il veut rester peuple, il veut rester homme avec ses concitoyens. De plus on trouve en lui un conseiller plein de sens, un avocat désintéressé, un arbitre bienveillant entre les femmes et leurs époux aussi bien qu'entre les amis. Il passe la plus grande partie du jour au tribunal ou au barreau, s'occupant des affaires publiques, et tout le reste du temps, "Comme le Cécias concentre les nuées", de même il attire à lui de toutes parts les affaires et les négociations. Il n'y a pas une de ses pensées qui ne soit pour l'État. L'intérêt public c'est sa vie, c'est son oeuvre. Il n'y voit pas, comme tous les autres, une suite d'occupations pénibles, de services imposés. Par ces manières d'agir et par d'autres du même genre il s'attire et se concilie tous les coeurs. On ne tarde pas à voir quelle grande différence existe entre les caresses fausses, les trompeuses séductions déployées par les autres, et la sollicitude éclairée du véritable homme d'État. Les flatteurs de Démétrius ne jugeaient pas que d'autres que lui dussent être salués du titre de roi : ils appelaient Séleucus chef des Eléphants, Lysimaque gardien du Trésor, Ptolémée amiral, Agathocle gouverneur des îles. Ainsi le peuple, même si dans le commencement il a repoussé un administrateur vertueux et consommé, saura plus tard reconnaître la sincérité de son caractère et dira : « Lui seul est vraiment un homme politique et fait pour conduire le peuple; lui seul est un chef d'État. » Quant à ce qui est des autres, on verra en celui-ci un ordonnateur de fêtes publiques, en celui-là un maître d'hôtel, en un troisième un chef de gymnase, et on leur en donnera les noms. De plus, comme dans les banquets dont la dépense est faite par Caillas ou Alcibiade c'est Socrate que l'on écoute, c'est sur Socrate que sont dirigés tous les regards, de même dans les cités dont l'administration est saine, un Isménias fait les largesses, un Lichas donne les banquets, un Nicératus organise les jeux, mais Épaminondas, Aristide, Lysandre exercent le commandement, administrent l'État, conduisent les armées. C'est ce contraste qu'il faut avoir devant les yeux pour ne pas se résoudre à rester dans une position humble. On ne se laissera pas décourager par les démonstrations éclatantes que la foule prodigue à ceux qui la convient au théâtre, à des galas, à de somptueuses réunions. C'est là une gloire qui survit peu d'instants : elle tombe en même temps que l'estrade des gladiateurs et le plancher des théâtres, ne laissant ni honneur ni considération.





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Dernière mise à jour : 3/11/2005