HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Préceptes politiques

δὲ



Texte grec :

[27] Ἡ δὲ φιλοτιμία, καίπερ οὖσα σοβαρωτέρα τῆς φιλοκερδείας, οὐκ ἐλάττονας ἔχει κῆρας ἐν πολιτείᾳ· καὶ γὰρ τὸ τολμᾶν αὐτῇ πρόσεστι μᾶλλον· ἐμφύεται γὰρ οὐκ ἀργαῖς οὐδὲ ταπειναῖς ἀλλ´ ἐρρωμέναις μάλιστα καὶ νεανικαῖς προαιρέσεσι, καὶ τὸ παρὰ τῶν ὄχλων ῥόθιον πολλάκις συνεξαῖρον αὐτὴν καὶ συνεξωθοῦν τοῖς ἐπαίνοις ἀκατάσχετον ποιεῖ καὶ δυσμεταχείριστον. ὥσπερ οὖν ὁ Πλάτων ἀκουστέον εἶναι τοῖς νέοις ἔλεγεν ἐκ παίδων εὐθύς, ὡς οὔτε περικεῖσθαι χρυσὸν αὐτοῖς ἔξωθεν οὔτε κεκτῆσθαι θέμις, οἰκεῖον ἐν τῇ ψυχῇ συμμεμιγμένον ἔχοντας, αἰνιττόμενος οἶμαι τὴν ἐκ γένους διατείνουσαν εἰς τὰς φύσεις αὐτῶν ἀρετήν· οὕτω παραμυθώμεθα τὴν φιλοτιμίαν, λέγοντες ἐν ἑαυτοῖς ἔχειν χρυσὸν ἀδιάφθορον καὶ ἀκήρατον καὶ ἄχραντον ὑπὸ φθόνου καὶ μώμου τιμήν, ἅμα λογισμῷ καὶ παραθεωρήσει τῶν πεπραγμένων ἡμῖν καὶ πεπολιτευμένων αὐξανόμενον· διὸ μὴ δεῖσθαι γραφομένων τιμῶν ἢ πλαττομένων ἢ χαλκοτυπουμένων, ἐν αἷς καὶ τὸ εὐδοκιμοῦν ἀλλότριόν ἐστιν· ἐπαινεῖται γὰρ οὐχ ᾧ γέγονεν ἀλλ´ ὑφ´ οὗ γέγονεν ὡς ὁ σαλπικτὴς καὶ ὁ δορυφόρος. ὁ δὲ Κάτων, ἤδη τότε τῆς Ῥώμης καταπιμπλαμένης ἀνδριάντων, οὐκ ἐῶν αὑτοῦ γενέσθαι "μᾶλλον," ἔφη, "βούλομαι πυνθάνεσθαί τινας, διὰ τί μου ἀνδριὰς οὐ κεῖται ἢ διὰ τί κεῖται." καὶ γὰρ φθόνον ἔχει τὰ τοιαῦτα καὶ νομίζουσιν οἱ πολλοὶ τοῖς μὴ λαβοῦσιν αὐτοὶ χάριν ὀφείλειν, τοὺς δὲ λαβόντας αὑτοῖς καὶ βαρεῖς εἶναι, οἷον ἐπὶ μισθῷ τὰς χρείας ἀπαιτοῦντας. ὥσπερ οὖν ὁ παραπλεύσας τὴν Σύρτιν εἶτ´ ἀνατραπεὶς περὶ τὸν πορθμὸν οὐδὲν μέγα πεποίηκεν οὐδὲ σεμνόν, οὕτως ὁ τὸ ταμιεῖον φυλαξάμενος καὶ τὸ δημοσιώνιον ἁλοὺς δὲ περὶ τὴν προεδρίαν ἢ τὸ πρυτανεῖον, ὑψηλῷ μὲν προσέπταικεν ἀκρωτηρίῳ βαπτίζεται δ´ ὁμοίως. ἄριστος μὲν οὖν ὁ μηδενὸς δεόμενος τῶν τοιαούτων ἀλλὰ φεύγων καὶ παραιτούμενος· ἂν δ´ ᾖ μὴ ῥᾴδιον δήμου τινὰ χάριν ἀπώσασθαι καὶ φιλοφροσύνην πρὸς τοῦτο ῥυέντος, ὥσπερ οὐκ ἀργυρίτην οὐδὲ δωρίτην ἀγῶνα πολιτείας ἀγωνιζομένοις ἀλλ´ ἱερὸν ὡς ἀληθῶς καὶ στεφανίτην, ἐπιγραφή τις ἀρκεῖ καὶ πινάκιον καὶ ψήφισμα καὶ θαλλός, ὡς Ἐπιμενίδης ἔλαβεν ἐξ ἀκροπόλεως καθήρας τὴν πόλιν. Ἀναξαγόρας δὲ τὰς διδομένας ἀφεὶς τιμὰς ᾐτήσατο τὴν ἡμέραν ἐκείνην, καθ´ ἣν ἂν τελευτήσῃ, τοὺς παῖδας ἀφιέναι παίζειν καὶ σχολάζειν ἀπὸ τῶν μαθημάτων. τοῖς δὲ τοὺς Μάγους ἀνελοῦσιν ἑπτὰ Πέρσαις ἔδωκαν αὐτοῖς καὶ τοῖς ἀπ´ αὐτῶν γενομένοις εἰς τοὔμπροσθεν τῆς κεφαλῆς τὴν τιάραν φορεῖν· τοῦτο γὰρ ἐποιήσαντο σύμβολον, ὡς ἔοικε, χωροῦντες ἐπὶ τὴν πρᾶξιν. ἔχει δέ τι καὶ ἡ τοῦ Πιττακοῦ τιμὴ πολιτικόν· ἧς γὰρ ἐκτήσατο χώρας τοῖς πολίταις γῆν ὅσην ἐθέλοι λαβεῖν κελευσθεὶς ἔλαβε τοσαύτην, ὅσην ἐπῆλθε τὸ ἀκόντιον αὐτοῦ βαλόντος· ὁ δὲ Ῥωμαῖος Κόκλης, ὅσην ἡμέρᾳ μιᾷ χωλὸς ὢν περιήροσεν. οὐ γὰρ μισθὸν εἶναι δεῖ τῆς πράξεως ἀλλὰ σύμβολον τὴν τιμήν, ἵνα καὶ διαμένῃ πολὺν χρόνον, ὥσπερ ἐκεῖναι διέμειναν. τῶν δὲ Δημητρίου τοῦ Φαληρέως τριακοσίων ἀνδριάντων οὐδεὶς ἔσχεν ἰὸν οὐδὲ πίνον, ἀλλὰ πάντες ἔτι ζῶντος προανῃρέθησαν· τοὺς δὲ Δημάδου κατεχώνευσαν εἰς ἀμίδας· καὶ πολλαὶ τοιαῦτα τιμαὶ πεπόνθασιν οὐ μοχθηρίᾳ τοῦ λαβόντος μόνον ἀλλὰ καὶ μεγέθει τοῦ δοθέντος δυσχερανθεῖσαι. διὸ κάλλιστον καὶ βεβαιότατον εὐτέλεια τιμῆς φυλακτήριον, αἱ δὲ μεγάλαι καὶ ὑπέρογκοι καὶ βάρος ἔχουσαι παραπλησίως τοῖς ἀσυμμέτροις ἀνδριᾶσι ταχὺ περιτρέπονται.

Traduction française :

[27] L'ambition, pour être plus relevée que l'amour des richesses, n'est pas moins préjudiciable aux gouvernements. . Ce qui la caractérise surtout, c'est l'audace. Elle ne se produit pas dans les âmes basses et indolentes, mais elle suppose une décision singulièrement vigoureuse et une ardeur toute juvénile. Souvent le flot de la popularité soulève l'ambitieux, les éloges le transportent : dès lors on ne peut le maintenir ni le diriger. Aussi, comme Platon recommande de répéter aux jeunes gens dès le bas âge qu'il leur est défendu de porter sur eux à l'extérieur des parures en or et d'en posséder parce que c'est dans leur âme que se trouveront pour eux les bijoux vraiment précieux, et comme le philosophe veut ainsi désigner, je pense, la vertu qui règne en eux par héritage de familles; de même nous devons calmer les ambitieux. Nous leur dirons qu'ils possèdent en eux-mêmes un or incorruptible, d'une merveilleuse pureté, un or dont l'inappréciable éclat, loin d'être altéré par l'envie et la malignité, s'augmentera au contraire aux yeux de quiconque appréciera et contemplera leurs actes politiques. Par conséquent, ajouterons-nous, il n'est pas besoin que la toile, le marbre, le bronze rivalisent pour honorer l'homme d'État : ce n'est là qu'une illustration factice et étrangère. Est-ce le personnage représenté que l'on admire ou bien est-ce l'artiste quand on s'extasie devant le Trompette ou devant le Hallebardier? Caton, à l'époque où Rome regorgeait déjà de statues, ne laissa pas faire la sienne : « J'aime mieux, dit-il, qu'on demande pourquoi je n'ai pas de statue que si l'on demandait pourquoi il m'en a été élevé une. » En effet ces sortes de distinctions excitent l'envie : le peuple se figure qu'il doit savoir gré à ceux qui ne les acceptent pas, et que ceux qui les obtiennent ont pesé sur sa volonté en reclamant une sorte de salaire pour leurs services. Aussi, de même que si après avoir doublé la Syrte on est venu ensuite échouer au port, on se trouve n'avoir rien fait de grand et de remarquable; de même celui qui, resté pur dans l'administration du trésor et dans les fournitures de l'État, se compromet dans une présidence ou dans des fonctions de prytane, celui-là se brise contre un écueil plus élevé, mais ne s'en noie pas moins. Je préfère donc l'administrateur qui, loin d'éprouver le besoin de semblables distinctions, s'y dérobe et les refuse. Cependant s'il est difficile de repousser certaines faveurs d'un peuple jaloux de témoigner à tout prix sa bienveillance, on peut regarder la carrière des charges publiques comme une arène où l'on combat pour obtenir, non pas une pièce d'argenterie ou une gratification, mais l'honneur, véritablement sacré, d'une simple couronne. Dès lors on se contentera d'une inscription, d'un petit tableau, d'un décret, d'une branche d'arbre : comme Épiménide en reçut une cueillie à l'olivier de la citadelle lorsqu'il eut purifié la ville. Anaxagore refusa les honneurs qu'on lui décernait : il demanda seulement que le jour où il mourrait on laissât jouer les enfants et qu'il y eût pour eux vacance. Aux sept Perses qui avaient tué les Mages on conféra ce privilége, maintenu à leur postérité, qu'ils pourraient porter leur tiare en la tenant penchée sur le devant de la tête : ç'avait été, à ce qu'il paraît, le signal dont ils étaient convenus quand ils marchaient à l'exécution de leur complot. La récompense que reçut Pittacus est aussi de celles qui siéent bien à un homme d'État. Du territoire qu'il avait conquis pour la république on l'invita à prendre la part qu'il voudrait : il se contenta de celle au bout de laquelle parvint le javelot lancé par son bras. Le Romain Publius Horatius Coclès n'accepta que le terrrain qu'il put labourer lui-même en un jour : et notons qu'il était boiteux. Ce n'est pas à titre de salaire et pour payer une action qu'un honneur doit être décerné : c'est un témoignage destiné à survivre longtemps, comme subsistèrent ceux que je viens de rapporter. Mais des trois cents statues de Démétrius de Phalère aucune n'eut le temps de se rouiller ou de se salir : toutes furent renversées pendant qu'il vivait encore. Celles de Démade furent fondues, et devinrent des vases de nuit. Autant il en advint de grand nombre d'honneurs que l'indignité de tels ou tels personnages, et aussi la grandeur excessive des dons accordés, avaient rendus odieux. Rien donc ne rehausse et n'assure mieux un honneur que sa simplicité. Les distinctions éclatantes, lorsqu'elles sont exagérées et que l'excès en importune les citoyens, ressemblent aux statues qui manquent de proportions : elles sont bien vite mises à bas.





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Dernière mise à jour : 3/11/2005