Texte grec :
[16] Ἐπεὶ δὲ παντὶ δήμῳ τὸ κακόηθες καὶ φιλαίτιον
ἔνεστι πρὸς τοὺς πολιτευομένους καὶ πολλὰ
τῶν χρησίμων, ἂν μὴ στάσιν ἔχῃ μηδ´ ἀντιλογίαν,
ὑπονοοῦσι πράττεσθαι συνωμοτικῶς, καὶ τοῦτο διαβάλλει
μάλιστα τὰς ἑταιρείας καὶ φιλίας, ἀληθινὴν
μὲν ἔχθραν ἢ διαφορὰν οὐδεμίαν ἑαυτοῖς ὑπολειπτέον,
ὡς ὁ τῶν Χίων δημαγωγὸς Ὀνομάδημος
οὐκ εἴα τῇ στάσει κρατήσας πάντας ἐκβάλλειν τοὺς
ὑπεναντίους "ὅπως" ἔφη "μὴ πρὸς τοὺς φίλους
ἀρξώμεθα διαφέρεσθαι, τῶν ἐχθρῶν παντάπασιν
ἀπαλλαγέντες." τοῦτο μὲν γὰρ εὔηθες· ἀλλ´ ὅταν
ὑπόπτως ἔχωσιν οἱ πολλοὶ πρός τι πρᾶγμα καὶ μέγα
καὶ σωτήριον, οὐ δεῖ πάντας ὥσπερ ἀπὸ συντάξεως
ἥκοντας τὴν αὐτὴν λέγειν γνώμην, ἀλλὰ καὶ δύο
καὶ τρεῖς διαστάντας ἀντιλέγειν ἠρέμα τῶν φίλων,
εἶθ´ ὥσπερ ἐξελεγχομένους μετατίθεσθαι· συνεφέλκονται
γὰρ οὕτω τὸν δῆμον, ὑπὸ τοῦ συμφέροντος
ἄγεσθαι δόξαντες. ἐν μέντοι τοῖς ἐλάττοσι καὶ
πρὸς μέγα μηδὲν διήκουσιν οὐ χεῖρόν ἐστι καὶ
ἀληθῶς ἐᾶν διαφέρεσθαι τοὺς φίλους, ἕκαστον ἰδίῳ
λογισμῷ χρώμενον, ὅπως περὶ τὰ κυριώτατα καὶ
μέγιστα φαίνωνται πρὸς τὸ βέλτιστον οὐκ ἐκ παρασκευῆς
ὁμοφρονοῦντες.
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Traduction française :
[16] Tout peuple a un sentiment de malignité et de défiance
contre ceux qui le gouvernent, et si la plupart des mesures
les plus utiles n'ont pas été précédées de débats orageux
et de luttes, ce même peuple soupçonne qu'elles sont
le résultat d'une connivence. C'est là surtout ce qui rend
suspectes les associations et les amitiés. Les hommes d'État
ne doivent donc laisser subsister aucune haine contre leur
personne, pas plus qu'aucune cause de dissension. Ils se
garderont pourtant d'imiter Onomadème. Les habitants de
Chio l'avaient mis à leur tête, et à la suite d'une sédition
réprimée par lui il ne voulut pas chasser de l'île tous ses
adversaires : « J'aurais peur, disait-il, de commencer à être
en guerre avec mes amis si je me débarrassais complétement
de mes ennemis. » C'était là une sottise. Mais quand on sait
la multitude prévenue défavorablement contre quelque mesure
importante et conservatrice, il ne faut pas laisser tous
ses partisans, comme s'ils obéissaient à un mot d'ordre,
exprimer leur assentiment d'une voix unanime. Deux ou trois
amis opposeront à l'auteur du projet quelques arguments
contraires présentés avec douceur, puis, faisant mine d'être
convaincus., ils se rendront. Car le moyen de rallier le
peuple à soi, c'est de paraître ne se déterminer que par la
considération de l'intérêt public. Toutefois s'il s'agit de
mesures secondaires et de peu d'importance, il ne sera pas
mal d'autoriser ses amis à une résistance véritable où chacun
d'eux agira selon ses convictions personnelles. De cette
manière il sera évident, que s'ils votent ensemble dans les
occasions graves et majeures, c'est en vue du seul bien public
et non pas d'après un plan concerté d'avance.
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