Texte grec :
[12] Αἱρεῖσθαι δὲ δεῖ τὸν ἀρχόμενον πολιτείας
ἡγεμόνα μὴ ἁπλῶς τὸν ἔνδοξον καὶ δυνατόν, ἀλλὰ
καὶ τὸν δι´ ἀρετὴν τοιοῦτον. ὡς γὰρ οὐ πᾶν δένδρον
ἐθέλει προσίεσθαι καὶ φέρειν περιπλεκομένην
τὴν ἄμπελον ἀλλ´ ἔνια καταπνίγει καὶ διαφθείρει
τὴν αὔξησιν αὐτῆς, οὕτως ἐν ταῖς πόλεσιν οἱ μὴ
φιλόκαλοι, φιλότιμοι δὲ καὶ φίλαρχοι μόνον, οὐ
προΐενται τοῖς νέοις πράξεων ἀφορμάς, ἀλλ´ ὥσπερ
τροφὴν ἑαυτῶν τὴν δόξαν ἀφαιρουμένους πιέζουσιν
ὑπὸ φθόνου καὶ καταμαραίνουσιν·
ὡς Μάριος ἐν Λιβύῃ καὶ πάλιν ἐν Γαλατίᾳ πολλὰ διὰ Σύλλα
κατορθώσας ἐπαύσατο χρώμενος, ἀχθεσθεὶς μὲν
αὐτοῦ τῇ αὐξήσει, πρόφασιν δὲ τὴν σφραγῖδα
ποιησάμενος ἀπέρριψεν· ὁ γὰρ Σύλλας, ὅτε τῷ
Μαρίῳ στρατηγοῦντι συνῆν ταμιεύων ἐν Λιβύῃ,
πεμφθεὶς ὑπ´ αὐτοῦ πρὸς Βῶκχον ἤγαγεν Ἰογόρθαν
αἰχμάλωτον· οἷα δὲ νέος φιλότιμος, ἄρτι δόξης
γεγευμένος, οὐκ ἤνεγκε μετρίως τὸ εὐτύχημα,
γλυψάμενος δ´ εἰκόνα τῆς πράξεως ἐν σφραγῖδι
τὸν Ἰογόρθαν αὐτῷ παραδιδόμενον ἐφόρει· καὶ
τοῦτ´ ἐγκαλῶν ὁ Μάριος ἀπέρριψεν αὐτόν· ὁ δὲ
πρὸς Κάτουλον καὶ Μέτελλον ἄνδρας ἀγαθοὺς
καὶ Μαρίῳ διαφόρους μεταστὰς ταχὺ τὸν Μάριον
ἐξήλασε καὶ κατέλυσε τῷ ἐμφυλίῳ πολέμῳ μικροῦ
δεήσαντα τὴν Ῥώμην ἀνατρέψαι. Σύλλας μέντοι
καὶ Πομπήιον ἐκ νέου μὲν ἦρεν ὑπεξανιστάμενος
αὐτῷ καὶ τὴν κεφαλὴν ἀποκαλυπτόμενος ἐπιόντι,
καὶ τοῖς ἄλλοις νέοις πράξεων ἡγεμονικῶν μεταδιδοὺς
ἀφορμάς, ἐνίους δὲ καὶ παροξύνων ἄκοντας,
ἐνέπλησε φιλοτιμίας καὶ ζήλου τὰ στρατεύματα· καὶ
πάντων ἐκράτησε βουλόμενος εἶναι μὴ μόνος ἀλλὰ
πρῶτος καὶ μέγιστος ἐν πολλοῖς καὶ μεγάλοις.
τούτων οὖν ἔχεσθαι δεῖ τῶν ἀνδρῶν καὶ τούτοις
ἐμφύεσθαι, μή, καθάπερ ὁ Αἰσώπου βασιλίσκος
ἐπὶ τῶν ὤμων τοῦ ἀετοῦ κομισθεὶς αἰφνίδιον ἐξέπτη
καὶ προέφθασεν, οὕτω τὴν ἐκείνων δόξαν ὑφαρπάζοντας
αὐτοὺς ἀλλὰ παρ´ ἐκείνων ἅμα μετ´
εὐνοίας καὶ φιλίας λαμβάνοντας, ὡς οὐδ´ ἄρξαι
καλῶς τοὺς μὴ πρότερον ὀρθῶς δουλεύσαντας, ᾗ
φησιν ὁ Πλάτων, δυναμένους.
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Traduction française :
[12] Il faut choisir pour son premier guide dans la carrière
politique un personnage qui ne soit pas simplement
entouré de gloire et de puissance, mais qui doive cette puissance
et cette gloire à la vertu. Car, de même que tout
arbre ne veut pas accepter et soutenir les enlacements de la
vigne, et que quelques-uns d'eux étouffent et arrêtent son
développement; de même, dans les cités, ceux qui n'aiment
point la vertu et qui ne recherchent que les honneurs et
le commandement, ne ménagent pas aux jeunes gent les
occasions de prendre part aux affaires. Il semble que la
gloire soit une nourriture que ces ambitieux se réservent
exclusivement. Ils étouffent les autres par jalousie et les
laissent se dessécher.
Ainsi Marius, après avoir tiré de beaux et bons services
de Sylla en Afrique et plus tard en Gaule, cessa de l'utiliser
parce qu'il s'impatientait de le voir grandir; et prenant
pour prétexte certain cachet il le renversa complétement.
Voici l'histoire. Lorsque dans l'expédition d'Afrique
Sylla eut accompagné Marius en qualité de tribun, le général
l'envoya vers Bocchus, et il ramena Jugurtha prisonnier.
Comme un jeune ambitieux qui n'avait goûté que
depuis peu à la gloire, Sylla ne sut pas soutenir avec modération
un tel succès. Il fit graver une image qui en rappelait
le souvenir : c'était un cachet représentant Jugurtha
remis entre ses mains, et il portait toujours cet anneau.
Marius lui en fit un crime, et l'éloigna de sa personne.
Sylla se rejetant alors vers Catulus et Metellus, deux citoyens
vertueux et ennemis de Marius, souleva une guerre
civile ; et bientôt il eut chassé et renversé Marius, qui avait
mis Rome à deux doigts de sa perte. Ce même Sylla, au
contraire, ménagea l'élévation de Pompée encore jeune
homme : il se levait et se découvrait la tête à son approche.
Aux autres jeunes gens il fournissait aussi des occasions de
se distinguer. Il allait jusqu'à en exciter quelques-uns malgré
eux, et il remplit les armées de beaucoup d'émulation
et d'ardeur. Il assurait ainsi sa supériorité en voulant,
non pas être le seul, mais le premier et le plus grand,
au milieu de beaucoup d'autres, grands eux-mêmes.
Voilà les hommes qu'il faut choisir, et auxquels il faut
s'attacher, au lieu d'imiter le roitelet d'Esope, qui, porté sur
les ailes de l'aigle, prit soudain son vol et arriva avant lui.
Loin de dérober furtivement la gloire à leurs protecteurs,
les débutants doivent l'accepter d'eux avec bienveillance et
dévouement, convaincus qu'il n'est possible de bien com-
mander, Platon l'a dit, que quand on a su d'abord bien obéir.
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