HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Préceptes politiques

δὲ



Texte grec :

[10] Εἰσβολαὶ δὲ καὶ ὁδοὶ δύο τῆς πολιτείας εἰσίν, ἡ μὲν ταχεῖα καὶ λαμπρὰ πρὸς δόξαν οὐ μὴν ἀκίνδυνος, ἡ δὲ πεζοτέρα καὶ βραδυτέρα τὸ δ´ ἀσφαλὲς ἔχουσα μᾶλλον. οἱ μὲν γὰρ εὐθὺς ὥσπερ ἐξ ἄκρας πελαγίου πράξεως ἐπιφανοῦς καὶ μεγάλης ἐχούσης δὲ τόλμαν ἄραντες ἀφῆκαν ἐπὶ τὴν πολιτείαν, ἡγούμενοι λέγειν ὀρθῶς τὸν Πίνδαρον ὡς ἀρχομένου δ´ ἔργου πρόσωπον χρὴ θέμεν τηλαυγές· καὶ γὰρ δέχονται προθυμότερον οἱ πολλοὶ κόρῳ τινὶ καὶ πλησμονῇ τῶν συνήθων τὸν ἀρχόμενον, ὥσπερ ἀγωνιστὴν θεαταί, καὶ τὸν φθόνον ἐκπλήττουσιν αἱ λαμπρὰν ἔχουσαι καὶ ταχεῖαν αὔξησιν ἀρχαὶ καὶ δυνάμεις. οὔτε γὰρ πῦρ φησιν ὁ Ἀρίστων καπνὸν ποιεῖν οὔτε δόξαν φθόνον, ἢν εὐθὺς ἐκλάμψῃ καὶ ταχέως, ἀλλὰ τῶν κατὰ μικρὸν αὐξανομένων καὶ σχολαίως ἄλλον ἀλλαχόθεν ἐπιλαμβάνεσθαι· διὸ πολλοὶ πρὶν ἀνθῆσαι περὶ τὸ βῆμα κατεμαράνθησαν. ὅπου δ´, ὥσπερ ἐπὶ τοῦ Λάδα λέγουσιν, ὁ ψόφος ἦν ὕσπληγος ἐν οὔασιν, ἔνθα κἀστεφανοῦτο πρεσβεύων ἢ θριαμβεύων ἢ στρατηγῶν ἐπιφανῶς, οὔθ´ οἱ φθονοῦντες οὔθ´ οἱ καταφρονοῦντες ὁμοίως ἐπὶ τοιούτων ἰσχύουσιν. οὕτω παρῆλθεν εἰς δόξαν Ἄρατος, ἀρχὴν ποιησάμενος πολιτείας τὴν Νικοκλέους τοῦ τυράννου κατάλυσιν· οὕτως Ἀλκιβιάδης, τὰ Μαντινικὰ συστήσας ἐπὶ Λακεδαιμονίους. Πομπήιος δὲ καὶ θριαμβεύειν ἠξίου μήπω παριὼν εἰς σύγκλητον· οὐκ ἐῶντος δὲ Σύλλα, "πλείονες" ἔφη "τὸν ἥλιον ἀνατέλλοντα προσκυνοῦσιν ἢ δυόμενον"· καὶ Σύλλας ὑπεῖξε τοῦτ´ ἀκούσας. καὶ Σκιπίωνα δὲ Κορνήλιον οὐκ ἀφ´ ἧς ἔτυχεν ἀρχῆς ὁ Ῥωμαίων δῆμος ἀγορανομίαν μετερχόμενον ἐξαίφνης ὕπατον ἀπέδειξε παρὰ τὸν νόμον, ἀλλὰ θαυμάσας αὐτοῦ μειρακίου μὲν ὄντος τὴν ἐν Ἰβηρίᾳ μονομαχίαν καὶ νίκην, μικρὸν δ´ ὕστερον τὰ πρὸς Καρχηδόνι χιλιαρχοῦντος ἔργα, περὶ ὧν καὶ Κάτων ὁ πρεσβύτερος ἀνεφώνησεν οἶος πέπνυται, τοὶ δὲ σκιαὶ ἀίσσουσιν. νῦν οὖν ὅτε τὰ πράγματα τῶν πόλεων οὐκ ἔχει πολέμων ἡγεμονίας οὐδὲ τυραννίδων καταλύσεις οὐδὲ συμμαχικὰς πράξεις, τίν´ ἄν τις ἀρχὴν ἐπιφανοῦς λάβοι καὶ λαμπρᾶς πολιτείας; αἱ δίκαι τε λείπονται αἱ δημόσιαι καὶ πρεσβεῖαι πρὸς αὐτοκράτορα ἀνδρὸς διαπύρου καὶ θάρσος ἅμα καὶ νοῦν ἔχοντος δεόμεναι. πολλὰ δ´ ἔστι καὶ τῶν παρειμένων ἐν ταῖς πόλεσι καλῶν ἀναλαμβάνοντα καὶ τῶν ἐξ ἔθους φαύλου παραδυομένων ἐπ´ αἰσχύνῃ τινὶ τῆς πόλεως ἢ βλάβῃ μεθιστάντα πρὸς αὑτὸν ἐπιστρέφειν. ἤδη δὲ καὶ δίκη μεγάλη καλῶς δικασθεῖσα καὶ πίστις ἐν συνηγορίᾳ πρὸς ἀντίδικον ἰσχυρὸν ὑπὲρ ἀσθενοῦς καὶ παρρησία πρὸς ἡγεμόνα μοχθηρὸν ὑπὲρ τοῦ δικαίου κατέστησεν ἐνίους εἰς ἀρχὴν πολιτείας ἔνδοξον. οὐκ ὀλίγοι δὲ καὶ δι´ ἔχθρας ηὐξήθησαν, ἐπιχειρήσαντες ἀνθρώποις ἐπίφθονον ἔχουσιν ἀξίωμα καὶ φοβερόν· εὐθὺς γὰρ ἡ τοῦ καταλυθέντος ἰσχὺς τῷ κρατήσαντι μετὰ βελτίονος δόξης ὑπάρχει. τὸ μὲν γὰρ ἀνδρὶ χρηστῷ καὶ δι´ ἀρετὴν πρωτεύοντι προσμάχεσθαι κατὰ φθόνον, ὡς Περικλεῖ Σιμμίας, Ἀλκμέων δὲ Θεμιστοκλεῖ, Πομπηίῳ δὲ Κλώδιος, Ἐπαμεινώνδᾳ δὲ Μενεκλείδης ὁ ῥήτωρ, οὔτε πρὸς δόξαν καλὸν οὔτ´ ἄλλως συμφέρον· ὅταν γὰρ ἐξαμαρτόντες οἱ πολλοὶ πρὸς ἄνδρα χρηστόν, εἶθ´ ὃ γίγνεται ταχέως ἐπ´ ὀργῇ μετανοήσωσι, πρὸς τοῦτο τὴν ῥᾴστην ἀπολογίαν δικαιοτάτην νομίζουσιν, ἐπιτρῖψαι τὸν ἀναπείσαντα καὶ καταρξάμενον. τὸ μέντοι φαῦλον ἄνθρωπον, ἀπονοίᾳ δὲ καὶ δεινότητι πεποιημένον ὑφ´ αὑτῷ τὴν πόλιν, οἷος ἦν Κλέων Ἀθήνησι καὶ Κλεοφῶν, ἐπαναστάντα καθελεῖν καὶ ταπεινῶσαι λαμπρὰν ποιεῖται τὴν πάροδον ὥσπερ δράματος τῆς πολιτείας. οὐκ ἀγνοῶ δ´ ὅτι καὶ βουλήν τινες ἐπαχθῆ καὶ ὀλιγαρχικὴν κολούσαντες, ὥσπερ Ἐφιάλτης Ἀθήνησι καὶ Φορμίων παρ´ Ἠλείοις, δύναμιν ἅμα καὶ δόξαν ἔσχον· ἀλλὰ μέγας ἀρχομένῳ πολιτείας οὗτος ὁ κίνδυνός ἐστι. διὸ καὶ βελτίονα Σόλων ἔλαβεν ἀρχήν, διεστώσης ἐς τρία μέρη τῆς πόλεως, τὸ τῶν Διακρίων λεγομένων καὶ τὸ τῶν Πεδιέων καὶ τὸ τῶν Παραλίων· οὐδενὶ γὰρ ἐμμίξας ἑαυτόν, ἀλλὰ κοινὸς ὢν πᾶσι καὶ πάντα λέγων καὶ πράττων πρὸς ὁμόνοιαν ᾑρέθη νομοθέτης ἐπὶ τὰς διαλύσεις καὶ κατέστησεν οὕτω τὴν ἀρχήν. ἡ μὲν οὖν ἐπιφανεστέρα πάροδος εἰς τὴν πολιτείαν τοσαύτας ἔχει καὶ τοιαύτας ἀρχάς.

Traduction française :

[10] Il y a deux voies pour se jeter dans la carrière politique. L'une, rapide et brillante, conduit à la gloire, mais n'est pas exempte de périls; l'autre est plus terre à terre, plus lente, mais elle offre plus de sûreté. Il en est qui tout d'abord débutent par un acte brillant, considérable, mais audacieux : c'est en quelque sorte un promontoire avancé, d'où ils s'élancent sur cette mer orageuse des affaires publiques. Ils pensent que Pindare a raison de dire : "Il faut, en commençant, éblouir tous les yeux". On se dégoûte, on se lasse en général des gens auxquels on est habitué, et l'on accepte avec avidité un débutant : comme il arrive pour les athlètes dans les jeux. Mais l'envie tombe devant l'éclat et la promptitude de certains débuts, de certaines puissances. De même que le feu qui s'allume soudain ne fait pas de fumée, dit Ariston, de même la gloire n'excite pas la jalousie quand tout d'abord elle brille d'une vive lueur. Ceux qui ne s'élèvent que lentement et à loisir donnent, au contraire, prise de tout côté. De là vient que beaucoup d'hommes d'État ont vu leur gloire se flétrir avant qu'elle se fût épanouie à la tribune. Mais lorsque, comme il est dit de l'athlète Ladas, qui, "La corde du départ retentissant encore, avait déjà gagné la couronne"; lorsque, dis-je, un homme d'État commence par une glorieuse ambassade, un triomphe, une grande expédition militaire, alors ni l'envie, ni le dédain ne peuvent facilement l'atteindre. Ainsi conquirent soudain la gloire Aratus, qui dès son entrée aux affaires renversa le tyran Nicoclès, et Alcibiade qui organisa la coalition des Mantinéens contre Lacédémone. Pompée demandait que les honneurs du triomphe lui fussent accordés avant de s'être présenté au sénat ; et comme Sylla s'y opposait : « Il y a plus d'adorateurs pour le soleil levant, dit Pompée, que pour le soleil couchant ». Ce qu'ayant entendu Sylla, il ne résista pas davantage. Cornélius Scipion ne dut pas à une circonstance fortuite son brillant début dans les charges publiques. Si, quand il briguait seulement l'édilité, le peuple romain l'éleva subitement au consulat contrairement aux lois, c'est que l'on était plein d'admiration pour le jeune général qui, déjà célèbre par un combat singulier et par une victoire en Espagne, avait déployé tant de valeur contre les Carthaginois en qualité de tribun, et avait justifié ce que disait de lui Caton l'Ancien: "Seul il est inspiré; les autres, ombres vaines, S'agitent au hasard". Aujourd'hui que les républiques n'ont pas d'expéditions militaires à diriger, de tyrannies à abattre, d'alliances à ménager, par quel coup brillant, par quelle entreprise d'éclat un jeune homme peut-il signaler son entrée aux affaires ? Il lui reste les procès civils qui s'instruisent devant les tribunaux; il lui reste les ambassades auprès du Prince, lesquelles demandent un homme plein d'ardeur, doué à la fois de hardiesse et de prudence. En outre il est de belles institutions tombées en désuétude dans les villes et que l'on peut relever. Il est des abus, qu'une habitude coupable a introduits et qui sont aussi honteux que nuisibles pour un État : on peut se consacrer à leur réforme. Du reste, un grand procès équitablement jugé, une noble fidélité dans la défense d'un client faible qui lutte contre un puissant adversaire, la franchise déployée au nom de la justice devant un magistrat prévaricateur, ont mis plusieurs hommes d'État à même de débuter glorieusement. Un assez grand nombre encore ont dû leur avancement à leur haine et à leurs tentatives contre des gens en place odieux et redoutés : car tout aussitôt la puissance de celui qu'ils ont abattu devient, en même temps qu'une gloire plus belle, le partage du victorieux. Au contraire, attaquer par jalousie un homme de bien que ses vertus ont placé à la tête de la république, comme Simmias se constituait agresseur de Périclès, Alcméon, de Thémistocle, Clodius, de Pompée, l'orateur Ménéclide, d'Epaminondas, c'est là une conduite qui n'est ni glorieuse, ni surtout profitable. Quand la multitude a manqué à ce qu'elle devait à un homme de bien, et qu'ensuite elle ne tarde pas, comme il arrive, de regretter cette violence, elle estime que la réparatien la plus équitable, qui est aussi la plus facile, consiste à écraser celui qui avait persuadé cet acte d'injustice et qui en avait commencé l'exécution. Mais qu'un pervers, à force d'audace extravagante et de scélératesse, ait mis sous lui toute une cité, comme firent Cléon et Clitophon pour Athènes, si un homme de coeur se lève pour abattre ce téméraire et l'anéantir il se ménage une entrée brillante sur le théâtre des affaires publiques. Je n'ignore pas que quelques-uns, en réprimant aussi les tendances odieuses et oligarchiques d'un sénat, comme Ephialte fit à Athènes et Phormion chez les Éléens, ont acquis à la fois de la puissance et de la gloire, mais en politique un pareil début est très périlleux. Solon, pour commencer, s'y prit bien plus habilement. Comme la ville était partagée en trois factions, la montagne, la plaine et le littoral, il ne s'attacha à aucune de ces trois factions, se montra bienveillant pour toutes. A force de parler et d'agir dans des vues de conciliation il fut choisi pour législateur afin de tout pacifier, et il rétablit ainsi la solidité du gouvernement. Voilà les nombreux et différents moyens de débuter d'une manière brillante dans les affaires publiques.





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Dernière mise à jour : 3/11/2005