HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Préceptes d'hygiène

οἷα



Texte grec :

[24] Οὐ γὰρ ἀργίας ὤνιον ἡ ὑγίεια καὶ ἀπραξίας, ἅ γε δὴ
μέγιστα κακῶν ταῖς νόσοις πρόσεστι, καὶ οὐδὲν διαφέρει
τοῦ τὰ ὄμματα τῷ μὴ διαβλέπειν καὶ τὴν φωνὴν
τῷ μὴ φθέγγεσθαι φυλάττοντος ὁ τὴν ὑγίειαν
ἀχρηστίᾳ καὶ ἡσυχίᾳ σῴζειν οἰόμενος· πρὸς οὐδὲν
γὰρ ἑαυτῷ χρήσαιτ´ ἄν τις ὑγιαίνοντι κρεῖττον ἢ
πρὸς πολλὰς καὶ φιλανθρώπους πράξεις. ἥκιστα
δὴ τὴν ἀργίαν ὑγιεινὸν ὑποληπτέον, εἰ τὸ τῆς
ὑγιείας τέλος ἀπόλλυσι, καὶ οὐδ´ ἀληθές ἐστι τὸ
μᾶλλον ὑγιαίνειν τοὺς ἡσυχίαν ἄγοντας· οὔτε γὰρ
Ξενοκράτης μᾶλλον διυγίαινε Φωκίωνος οὔτε
Δημητρίου Θεόφραστος, Ἐπίκουρόν τε καὶ τοὺς
περὶ Ἐπίκουρον οὐδὲν ὤνησε πρὸς τὴν ὑμνουμένην
σαρκὸς εὐστάθειαν ἡ πάσης φιλοτιμίαν ἐχούσης
πράξεως ἀπόδρασις. ἀλλὰ καὶ ἑτέραις ἐπιμελείαις
διασωστέον ἐστὶ τῷ σώματι τὴν κατὰ φύσιν
ἕξιν, ὡς παντὸς βίου καὶ νόσον δεχομένου καὶ ὑγίειαν.
Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τοῖς πολιτικοῖς ἔφη παραινετέον
εἶναι τοὐναντίον οὗ Πλάτων παρῄνει τοῖς νέοις.
ἐκεῖνος μὲν γὰρ λέγειν ἐκ τῆς διατριβῆς ἀπαλλαττόμενος
εἰώθει, "ἄγε, ὅπως εἰς καλόν τι καταθήσεσθε
τὴν σχολήν, ὦ παῖδες"· ἡμεῖς δ´ ἂν τοῖς
πολιτευομένοις παραινέσαιμεν εἰς τὰ καλὰ χρῆσθαι
τοῖς πόνοις καὶ ἀναγκαῖα, μὴ μικρῶν ἕνεκα μηδὲ
φαύλων τὸ σῶμα παρατείνοντας, ὥσπερ οἱ πολλοὶ
κακοπαθοῦσιν ἐπὶ τοῖς τυχοῦσιν, ἀποκναίοντες
ἑαυτοὺς ἀγρυπνίαις καὶ πλάναις καὶ περιδρομαῖς
εἰς οὐδὲν χρηστὸν οὐδ´ ἀστεῖον, ἀλλ´ ἐπηρεάζοντες
ἑτέροις ἢ φθονοῦντες ἢ φιλονεικοῦντες ἢ δόξας
ἀκάρπους καὶ κενὰς διώκοντες. πρὸς τούτους γὰρ
οἶμαι μάλιστα τὸν Δημόκριτον εἰπεῖν ὡς εἰ τὸ
σῶμα δικάσαιτο τῇ ψυχῇ κακώσεως, οὐκ ἂν
αὐτὴν ἀποφυγεῖν. ἴσως μὲν γάρ τι καὶ Θεόφραστος
ἀληθὲς εἶπεν, εἰπὼν ἐν μεταφορᾷ πολὺ τῷ σώματι
τελεῖν ἐνοίκιον τὴν ψυχήν. πλείονα μέντοι τὸ
σῶμα τῆς ψυχῆς ἀπολαύει κακὰ μὴ κατὰ λόγον
αὐτῷ χρωμένης μηδ´ ὡς προσήκει θεραπευόμενον·
ὅταν γὰρ ἐν πάθεσιν ἰδίοις γένηται καὶ ἀγῶσι καὶ
σπουδαῖς, ἀφειδεῖ τοῦ σώματος. ὁ μὲν οὖν Ἰάσων
οὐκ οἶδ´ ὅ τι παθών, "τὰ μικρὰ δεῖν ἀδικεῖν,"
ἔλεγεν, "ἕνεκεν τοῦ τὰ μεγάλα δικαιοπραγεῖν."
ἡμεῖς δ´ ἂν εὐλόγως τῷ πολιτικῷ παραινέσαιμεν
τὰ μικρὰ ῥᾳθυμεῖν καὶ σχολάζειν καὶ ἀναπαύειν
αὑτὸν ἐν ἐκείνοις, εἰ βούλεται πρὸς τὰς καλὰς
πράξεις καὶ μεγάλας μὴ διάπονον ἔχειν τὸ σῶμα
μηδ´ ἀμβλὺ μηδ´ ἀπαγορεῦον ἀλλ´ ὥσπερ ἐν
νεωλκίᾳ τῇ σχολῇ τεθεραπευμένον, ὅπως αὖθις ἐπὶ
τὰς χρείας τῆς ψυχῆς ἀγούσης
ἄθηλος ἵππῳ πῶλος ὣς ἅμα τρέχῃ.


Traduction française :

[24] La santé, en effet, ne doit pas s'acheter au prix de l'inaction et de l'oisiveté, lesquelles sont, au contraire, les plus grands des maux attachés aux maladies. Quelle différence y aurait-il entre l'homme qui pour se conserver les yeux les tiendrait toujours fermés, qui pour ménager sa voix garderait perpétuellement le silence, et celui qui se figurerait avoir besoin, pour rester en bonne santé, de ne rien faire de bon et d'être constamment inactif ? On ne saurait tirer un parti meilleur de la santé que de la consacrer le plus souvent possible à des actes utiles à ses semblables. Il ne faut nullement croire que l'oisiveté soit salutaire, si elle détruit la fin que se propose la santé ; et il n'est pas vrai, non plus, que les gens qui ne font rien soient les gens qui se portent le mieux. Xénocrate n'avait pas une meilleure santé que Phocion, ni Théophraste, que Démétrius; et il ne servit de rien à Épicure et à ses disciples, pour acquérir cet équilibre de la chair dont il est fait tant d'éloges, de s'être dérobés à l'accomplissement de tout acte qui pouvait exciter en eux une noble rivalité. Il y a encore d'autres soins par lesquels le corps peut être entretenu dans ce bon état que la nature demande, attendu que tout genre de vie comporte également et la maladie et la santé. Cependant aux hommes d'État, (c'est toujours cet ami qui parle), il y a lieu de faire une recommandation contraire à celle qu'aux jeunes gens adressait Platon. Celui-ci, quand sa leçon était terminée, disait ordinairement : «Allons, enfants que votre loisir soit employé à quelque chose d'honnête». Nous, à ceux qui s'occupent des affaires publiques nous recommanderons de consacrer leurs travaux à des occupations honnêtes et indispensables, plutôt que de fatiguer leur corps à des choses frivoles et indignes d'eux. Telle est cependant la conduite du plus grand nombre : ils se font du mal pour des frivolités, se consument en veilles, en allées et venues, sans aucun but utile ou honorable, et uniquement pour nuire à autrui, pour satisfaire leur humeur jalouse et querelleuse, ou pour obtenir des succès stériles et vains. C'est précisément à des hommes de cette sorte, je pense, que s'adressent ces paroles de Démocrite : "Si le corps appelait l'âme en justice pour réparation de mauvais traitements, elle ne saurait échapper à une condamnation". Il y a également une grande vérité dans cette parole de Théophraste qui est la contre-partie de la précédente : "que l'âme paye bien cher au corps le logis qu'il lui loue". D'un autre côté cependant la plupart des maux éprouvés par le corps viennent de ce que l'âme ne fait pas de lui un usage raisonnable et ne le soigne pas comme il conviendrait. Quand l'âme se livre aux mouvements qui lui sont spécialement particuliers, à ses luttes, à ses ardeurs, elle n'a aucun ménagement pour le corps. Jason, je ne sais sous l'empire de quel sentiment, disait qu'il faut être injuste dans les petites choses afin d'être juste dans les grandes. Par le même esprit de sagesse nous conseillerions à l'homme d'État d'apporter aux petites choses de l'insouciance, de la légèreté, et d'en faire une occasion de repos, s'il veut pour les affaires d'éclat, pour les négociations importantes, avoir un corps qui, loin d'être fatigué, épuisé, à bout de forces, se soit raffermi par le repos comme un vaisseau retiré sur le chantier; et alors quand l'âme aura besoin de se servir de lui, "Ce sera le poulain nouvellement sevré Qui suit de front sa mère".





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Dernière mise à jour : 6/10/2005