Texte grec :
[20] Τοὺς μὲν οὖν Λυδοὺς ἐν τῷ λιμῷ λέγουσι
διαγαγεῖν ἡμέραν παρ´ ἡμέραν τρεφομένους, εἶτα
παίζοντας καὶ κυβεύοντας· φιλόλογον δ´ ἄνδρα
καὶ φιλόμουσον ἐν καιρῷ δεομένῳ βραδυτέρου
δείπνου διάγραμμα παρακείμενον ἤ τι βιβλίδιον
ἢ λύριον οὐ προΐενται τῇ γαστρὶ λεηλατούμενον,
ἀλλ´ ἀποστρέφων συνεχῶς καὶ μεταφέρων ἐπὶ ταῦτα
τὴν διάνοιαν ἀπὸ τῆς τραπέζης ὥσπερ Ἁρπυίας
τὰς ὀρέξεις διασοβήσει ταῖς Μούσαις. οὐ γὰρ ὁ
μὲν Σκύθης, ὅταν πίνῃ, πολλάκις ἐφάπτεται τοῦ
τόξου καὶ παραψάλλει τὴν νευράν, ἐκλυόμενον
ὑπὸ τῆς μέθης ἀνακαλούμενος τὸν θυμόν, Ἕλλην
δ´ ἀνὴρ φοβήσεται τοὺς καταγελῶντας αὐτοῦ,
γράμμασι καὶ βιβλίοις ἀγνώμονα καὶ δυσπαραίτητον
ἐπιθυμίαν ἀνιέντος ἀτρέμα καὶ χαλῶντος; τῶν
μὲν γὰρ παρὰ τῷ Μενάνδρῳ νεανίσκων ὑπὸ τοῦ
πορνοβοσκοῦ παρὰ πότον ἐπιβουλευομένων καλὰς
καὶ πολυτελεῖς εἰσάγοντος ἑταίρας ἕκαστος, ὥς φησι,
κύψας καθ´ αὑτὸν τῶν τραγημάτων ἔφλα,
φυλαττόμενος καὶ φοβούμενος ἐμβλέπειν· οἱ δὲ
φιλόλογοι πολλὰς καὶ καλὰς καὶ ἡδείας ἀπόψεις
καὶ ἀποστροφὰς ἔχουσιν, ἄνπερ ἄλλως μὴ δύνωνται
τὸ κυνικὸν καὶ θηριῶδες τῶν ὀρέξεων κατέχειν
παρακειμένης τραπέζης. ἀλειπτῶν δὲ φωνὰς καὶ
παιδοτριβῶν λόγους ἑκάστοτε λεγόντων ὡς τὸ
παρὰ δεῖπνον φιλολογεῖν τὴν τροφὴν διαφθείρει
καὶ βαρύνει τὴν κεφαλὴν τότε φοβητέον, ὅταν
τὸν Ἰνδὸν ἀναλύειν ἢ διαλέγεσθαι περὶ τοῦ
Κυριεύοντος ἐν δείπνῳ μέλλωμεν. τὸν μὲν γὰρ
ἐγκέφαλον τοῦ φοίνικος, γλυκὺν ὄντα, σφόδρα
κεφαλαλγῆ λέγουσιν εἶναι· διαλεκτικὴ δὲ "τρωγάλιον"
ἐπὶ δείπνῳ "γλυκὺ" μὲν οὐδαμῶς
κεφαλαλγὲς δὲ καὶ κοπῶδες ἰσχυρῶς ἐστιν.
ἂν δ´ ἡμᾶς μὴ ἄλλο τι ζητεῖν ἢ φιλοσοφεῖν
ἢ ἀναγιγνώσκειν παρὰ δεῖπνον ἐῶσι τῶν ἐν
τῷ καλῷ καὶ ὠφελίμῳ τὸ ἐπαγωγὸν ὑφ´ ἡδονῆς
καὶ γλυκὺ μόριον ἐχόντων, κελεύσομεν αὐτοὺς
μὴ ἐνοχλεῖν, ἀλλ´ ἀπιόντας ἐν τῷ ξυστῷ ταῦτα
καὶ ταῖς παλαίστραις διαλέγεσθαι τοῖς ἀθληταῖς,
οὓς τῶν βιβλίων ἐξελόντες καὶ διημερεύειν ἐν
σκώμμασι καὶ βωμολοχίαις ἐθίζοντες, ὡς ὁ
κομψὸς Ἀρίστων ἔλεγε, τοῖς ἐν γυμνασίῳ κίοσιν
ὁμοίως λιπαροὺς πεποιήκασι καὶ λιθίνους. αὐτοὶ
δὲ πειθόμενοι τοῖς ἰατροῖς παραινοῦσιν ἀεὶ τοῦ
δείπνου καὶ τοῦ ὕπνου λαμβάνειν μεθόριον καὶ
μὴ συμφορήσαντας εἰς τὸ σῶμα τὰ σιτία καὶ τὸ
πνεῦμα καταθλίψαντας εὐθὺς ὠμῇ καὶ ζεούσῃ
τῇ τροφῇ βαρύνειν τὴν πέψιν ἀλλ´ ἀναπνοὴν καὶ
χάλασμα παρέχειν, ὥσπερ οἱ τὰ σώματα κινεῖν
μετὰ δεῖπνον ἀξιοῦντες οὐ δρόμοις οὐδὲ παγκρατίοις
τοῦτο ποιοῦσιν ἀλλὰ βληχροῖς περιπάτοις καὶ
χορείαις ἐμμελέσιν, οὕτως ἡμεῖς οἰησόμεθα δεῖν
τὰς ψυχὰς διαφέρειν μετὰ τὸ δεῖπνον μήτε πράγμασι
μήτε φροντίσι μήτε σοφιστικοῖς ἀγῶσι
πρὸς ἅμιλλαν ἐπιδεικτικὴν ἢ κινητικὴν περαινομένοις.
ἀλλὰ πολλὰ μέν ἐστι τῶν φυσικῶν
προβλημάτων ἐλαφρὰ καὶ πιθανά, πολλαὶ δὲ
διηγήσεις ἠθικὰς σκέψεις ἔχουσαι καὶ τοῦτο
δὴ τὸ "μενοεικές," ὡς Ὅμηρος ἔφη, καὶ μὴ
ἀντίτυπον. τὰς δ´ ἐν ἱστορικαῖς καὶ ποιητικαῖς
ζητήσεσι διατριβὰς οὐκ ἀηδῶς ἔνιοι δευτέρας
τραπέζας ἀνδράσι φιλολόγοις καὶ φιλομούσοις
προσεῖπον. εἰσὶ δὲ καὶ διηγήσεις ἄλυποι καὶ
μυθολογίαι, καὶ τὸ περὶ αὐλοῦ τι καὶ λύρας
ἀκοῦσαι καὶ εἰπεῖν ἐλαφρότερον ἢ λύρας αὐτῆς
φθεγγομένης ἀκούειν καὶ αὐλοῦ. μέτρον δὲ τοῦ
καιροῦ τὸ τῆς τροφῆς καθισταμένης ἀτρέμα
καὶ συμπνεούσης τὴν πέψιν ἐγκρατῆ γενέσθαι καὶ
ὑπερδέξιον.
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Traduction française :
[20] On raconte que dans une famine les Lydiens mangeaient
de deux jours l'un, et qu'ils passaient le reste du
temps à se divertir et à jouer aux dés. De même, si un
homme ami de l'étude et des Muses se trouve avoir besoin
de retarder son repas, il fera bien d'avoir devant les yeux
une figure de géométrie, ou un livre, ou un instrument de
musique; cette vue empêchera qu'il ne soit en proie à la
tyrannie de son ventre. Détournant toujours son attention
et la transportant vers ces objets au lieu de penser à la table,
il chassera, avec les secours des Muses, les appétits violents
comme autant de Harpies. Est-ce que le Scythe, quand
il est occupé à boire, ne touche pas à son arc? Est-ce qu'il
n'en fait pas résonner la corde, afin de ranimer son courage
que l'ivresse pourrait engourdir? Et un Grec craindrait de se
voir raillé parce qu'il réprime, parce qu'il dissipe doucement,
grâce aux lettres et à l'étude, des désirs déraisonnables
et obstinés ! Dans Ménandre des jeunes gens sont
l'objet des séductions insidieuses d'un pourvoyeur qui vient,
quand ils sont à table, leur amener de belles courtisanes
richement vêtues ; et chacun d'eux, est-il dit dans ce passage,
"Baisse la tête et croque des bonbons",
tout préoccupé qu'il est, et se faisant scrupule de lever les
yeux. Mais les philosophes n'ont-ils pas d'honnêtes diversions,
des distractions charmantes, en supposant qu'ils ne
puissent pas d'ailleurs en présence d'une table servie contenir
une faim canine et farouche ? Les frotteurs de bains, les maîtres
de gymnastique répètent à chaque instant que parler
études à table gâte le repas et alourdit la tête. De pareils effets
seront à craindre si nous nous proposons dans un dîner
de résoudre quelque sophisme comme celui de l'Indien ou
de disserter sur le Dominant: semblable à la cervelle du
palmier, laquelle, étant d'un goût à la vérité très agréable,
cause, dit-on, des migraines, la logique, régal d'ailleurs
très peu exquis à une table, affecte la tête et la fatigue
considérablement. Mais si ces gens ne permettent pas que dans
le souper nous cherchions autre chose que le souper lui-même,
s'ils nous interdisent à table certaines lectures qui,
en même temps qu'elles sont honnêtes et utiles, offrent
encore l'attrait du plaisir et l'agrément, nous les prierons
de ne pas nous importuner. Retournez, leur dirons-nous, à
vos galeries couvertes, à vos palestres; allez tenir de pareils
propos à vos atlhètes, à qui vous enlevez toute espèce de livres.
Vous les habituez constamment à n'entendre, du matin
au soir, que des railleries, des propos bouffons; enfin,
pour employer les spirituelles paroles d'Ariston, «vous les
rendez aussi luisants que les colonnes de vos gymnases, vous
faites d'eux de véritables pierres.» Nous, au contraire, dociles
à l'avis des médecins qui conseillent de mettre toujours
un intervalle entre le souper et le sommeil, nous nous garderons
de charger notre estomac de nourriture, de comprimer
les esprits animaux et d'alourdir aussitôt la digestion
d'aliments qui sont encore crûs et qui fermentent. Accordons
à cette digestion une sorte de répit et de relâche. Comme
ceux qui veulent qu'on se donne du mouvement après les
repas recommandent de consacrer ce mouvement non à des
courses ou au pancrace mais à des promenades tranquilles
et à des danses modérées, de même nous penserons qu'il
faut après le repas distraire l'esprit, tout en ne l'occupant ni
d'affaires, ni de pensées soucieuses, ni de ces débats de
sophistes dans lesquels la lutte demande de l'apparat et de
l'agitation. N'y a-t-il donc pas dans la physique une foule de
questions aussi faciles qu'intéressantes, dans l'histoire des
traits de morale, des aperçus, qui loin d'avoir rien de fatigant
pour l'esprit, offrent le "charme consolateur" dont parle
Homère? Ces délassements, empruntés à l'histoire et à la
poésie, quelques-uns les appellent agréablement le dessert
des savants et des hommes de lettres. Il y a en outre des
contes amusants, des fables, des propos échangés touchant la
flûte ou la lyre, et qui sont d'une légèreté plus agréable pour
l'oreille que le son de la lyre ou de la flûte même. Mais on
mesurera cette opportunité sur le temps dont les aliments
ont besoin pour se tasser peu à peu, pour conspirer à une
digestion victorieuse et tout à fait propice.
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