Texte grec :
[19] Τῶν δ´ ὑγρῶν γάλακτι μὲν οὐχ ὡς ποτῷ
χρηστέον, ἀλλ´ ὡς σιτίῳ δύναμιν ἐμβριθῆ καὶ
πολύτροφον ἔχοντι. πρὸς δὲ τὸν οἶνον ἅπερ
Εὐριπίδης πρὸς τὴν Ἀφροδίτην διαλεκτέον
εἴης μοι, μέτριος δέ πως
εἴης, μηδ´ ἀπολείποις.
καὶ γὰρ ποτῶν ὠφελιμώτατόν ἐστι καὶ φαρμάκων
ἥδιστον καὶ ὄψων ἀσικχότατον, ἂν τύχῃ τῆς πρὸς
τὸν καιρὸν εὐκρασίας μᾶλλον ἢ τῆς πρὸς τὸ ὕδωρ.
ὕδωρ δ´ οὐ μόνον τὸ μιγνύμενον πρὸς οἶνον, ἀλλὰ
καὶ τὸ καθ´ ἑαυτὸ τοῦ κεκραμένου μεταξὺ πινόμενον
ἀβλαβέστερον ποιεῖ τὸ κεκραμένον. ἐθιστέον
οὖν παρὰ τὴν καθ´ ἡμέραν δίαιταν ὕδατος προσφέρεσθαι
καὶ δύο καὶ τρία ποτήρια, τήν τε δύναμιν
τοῦ οἴνου ποιοῦντα μαλακωτέραν καὶ τοῦ σώματος
συνήθη τὴν ὑδροποσίαν, ὅπως, ὅταν ἐν χρείᾳ
γένηται, μὴ ξενοπαθῇ μηδ´ ἀπαναίνηται. συμβαίνει
γὰρ ἐνίους φέρεσθαι μάλιστα πρὸς τὸν
οἶνον ὅταν μάλιστα χρείαν ὑδροποσίας ἔχωσι.
καὶ γὰρ ἡλιωθέντες καὶ ῥιγώσαντες πάλιν καὶ
σφοδρότερον εἰπόντες καὶ συντονώτερον φροντίσαντες
καὶ ὅλως μετὰ τοὺς κόπους καὶ τοὺς
ἀγῶνας οἴονται ποτέον εἶναι τὸν οἶνον, ὡς καὶ
τῆς φύσεως ἀπαιτούσης εὐπάθειάν τινα τῷ σώματι
καὶ μεταβολὴν ἐκ τῶν πόνων. ἡ δὲ φύσις εὐπάθειαν
μέν, εἴ τις εὐπάθειαν καλεῖ τὴν ἡδυπάθειαν,
οὐκ ἀπαιτεῖ, μεταβολὴν δ´ ἀπαιτεῖ τὴν εἰς τὸ
μέσον ἡδονῆς καὶ πόνου καθιστᾶσαν. διὸ καὶ
τροφῆς ὑφαιρετέον ἐν τούτοις, καὶ τὸν οἶνον ἢ
παντελῶς ἀφαιρετέον ἢ προσοιστέον πολλῇ κατακεραννύμενον
διὰ μέσου καὶ κατακλυζόμενον ὑδροποσίᾳ.
πλήκτης γὰρ ὢν καὶ ὀξὺς ἐπιτείνει τὰς
τοῦ σώματος ταραχάς, καὶ τραχύτερα ποιεῖ καὶ
παροξύνει τὰ πεπληγμένα, παρηγορίας δεόμενα
καὶ λειότητος, ἃς μάλιστα τὸ ὕδωρ ἐνδίδωσι.
καὶ γὰρ ἂν οὐ διψῶντες, ἄλλως δὲ θερμὸν ὕδωρ
πίωμεν μετὰ τοὺς κόπους καὶ τὰς διατάσεις καὶ
τὰ καύματα, χαλάσματος καὶ μαλακότητος αἰσθανόμεθα
περὶ τὰ ἐντός· ἤπιος γὰρ ἡ τοῦ ὕδατος
ὑγρότης καὶ ἄσφυκτος, ἡ δὲ τοῦ οἴνου φορὰν ἔχει
πολλὴν καὶ δύναμιν οὐκ εὐμενῆ τοῖς προσφάτοις
πάθεσιν οὐδὲ φιλάνθρωπον. καὶ γὰρ ἃς λέγουσιν
ἔνιοι τῷ σώματι τὴν ἀσιτίαν δριμύτητας ἐγγεννᾶν
καὶ πικρότητας εἴ τις δέδιεν ἢ καθάπερ οἱ παῖδες
δεινὸν ἡγεῖται πρὸ τοῦ πυρέττειν μὴ παρατίθεσθαι
τράπεζαν ἐν ὑποψίᾳ γεγονώς, εὐάρμοστον ἡ
ὑδροποσία μεθόριον. καὶ γὰρ αὐτῷ τῷ Διονύσῳ
πολλάκις νηφάλια θύομεν, ἐθιζόμενοι καλῶς μὴ
ζητεῖν ἀεὶ τὸν ἄκρατον. ὁ δὲ Μίνως καὶ τὸν
αὐλὸν ἀφεῖλε τῆς θυσίας καὶ τὸν στέφανον ὑπὸ
λύπης. καίτοι λυπουμένην ψυχὴν ἴσμεν οὔθ´ ὑπὸ
στεφάνων οὔθ´ ὑπ´ αὐλῶν παθοῦσαν· σῶμα δ´
οὐδὲν οὕτως ἰσχυρόν ἐστιν, ᾧ τεταραγμένῳ καὶ
φλεγμαίνοντι προσπεσὼν οἶνος οὐκ ἠδίκησε.
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Traduction française :
[19] Parlons des liquides. Il faut user du lait, non comme
boisson, mais comme nourriture consistante et bien
substantielle. Quant au vin, on doit lui dire ce que dit
Euripide à Vénus :
"Sois à moi, mais avec mesure,
Tout en ne me manquant jamais".
Car c'est de toutes les boissons la plus utile, de tous les remèdes
le plus agréable, de toutes les friandises celle dont
on se dégoûte le moins. Mais il faut le tempérer, non pas
tant par l'eau que l'on y mêle que par le soin de n'en
user qu'à propos. Non seulement lorsqu'on la mêle au vin,
mais aussi quand on la boit seule, tout en faisant usage de
vin trempé, l'eau possède la propriété de rendre le vin moins
nuisible. Il faut donc s'habituer, dans son régime de chaque
jour, à en boire deux ou trois verres, pour adoucir la force
du vin et pour familiariser notre estomac à l'usage de l'eau,
de façon à ce qu'en un moment de nécessité on ne la trouve
pas trop étrange et qu'on ne la refuse pas. Il arrive en effet
que quelques-uns ont recours au vin lorsqu'ils auraient le
plus besoin de boire de l'eau : par exemple, si l'on a été brûlé
par le soleil, ou, au contraire, transi par le froid, si l'on a
parlé avec trop de véhémence ou médité avec une trop forte
tension d'esprit. En général, lorsqu'on a subi des fatigues et
des luttes considérables on se figure qu'alors il faut boire
du vin, parce que la nature, se dit-on, réclame pour le corps
un certain bien-être et un changement propre à le récréer
de ses travaux. Mais la nature ne réclame point de bien-être,
si par ce mot l'on entend ce qui est pure sensualité.
Elle ne demande qu'une modification tenant le milieu entre
le plaisir et la douleur. Aussi dans ces occasions faut-il
retrancher même sur la nourriture, et supprimer entièrement
le vin , ou ne le boire durant un certain temps que
trempé, et pour ainsi dire noyé d'eau. Comme c'est une
liqueur qui frappe et qui pénètre, il augmente les désordres
de l'économie animale, il aigrit et irrite les parties déjà offensées
quand elles auraient besoin d'être calmées et adoucies :
ce que l'eau produit par-dessus tout. En effet si, même
sans avoir soif d'ailleurs, on boit de l'eau chaude à la suite
de fatigues, de pénibles efforts, d'insolations excessives, on
se sent à l'intérieur détendu et amolli. L'humidité de l'eau
est bienfaisante et ne provoque pas de fréquences dans les
battements du pouls, tandis que l'humidité du vin a une
portée très grande et une violence tout à fait contraire, tout
à fait funeste aux indispositions qui viennent de se former.
Que si l'on craint les aigreurs et les amertumes engendrées,
au dire de quelques-uns, par le manque de nourriture, ou
si l'on est contrarié, comme le seraient des enfants, de ne
se mettre point à table parce qu'il faut prévenir une fièvre
dont on soupçonne l'invasion, l'eau pure est une sorte de
moyen terme parfaitement approprié à la circonstance. En
effet à Bacchus lui-même nous offrons souvent «des sacrifices
de sobriété», prenant la louable habitude de ne pas toujours
avoir besoin de vin pur. Minos, par considération pour le
deuil, supprima dans les sacrifices la flûte et les couronnes,
et pourtant nous savons qu'une âme affligée ne s'affecte
péniblement ni des couronnes ni des flûtes. Au contraire il
n'est pas de corps tellement robuste à qui, dans un état de
désordre et d'inflammation, le vin, s'il s'ajoute en surcroît,
ne devienne tout à fait funeste.
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