HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Pseudo-Plutarque, Les opinions des philosophes, livre III

τις



Texte grec :

[111] Ἀναγκαίως δ´ ἔχει (111a) βίον θερίζειν ὥστε κάρπιμον στάχυν, καὶ τὸν μὲν εἶναι τὸν δὲ μή. Τί ταῦτα δεῖ στένειν, ἅπερ δεῖ κατὰ φύσιν διεκπερᾶν; Δεινὸν γὰρ οὐδὲν τῶν ἀναγκαίων βροτοῖς. Καθόλου γὰρ χρὴ διανοεῖσθαι πάντα τινὰ καὶ πρὸς αὑτὸν καὶ πρὸς ἄλλον διεξιόντα μετὰ σπουδῆς ὡς οὐχ ὁ μακρότατος βίος ἄριστος ἀλλ´ ὁ σπουδαιότατος. Οὐδὲ γὰρ ὁ πλεῖστα κιθαρῳδήσας (111b) ἢ ῥητορεύσας ἢ κυβερνήσας ἀλλ´ ὁ καλῶς ἐπαινεῖται. Τὸ γὰρ καλὸν οὐκ ἐν μήκει χρόνου θετέον, ἀλλ´ ἐν ἀρετῇ καὶ τῇ καιρίῳ συμμετρίᾳ· τοῦτο γὰρ εὔδαιμον καὶ θεοφιλὲς εἶναι νενόμισται. Διὰ τοῦτο γοῦν τοὺς ὑπεροχωτάτους τῶν ἡρώων καὶ φύντας ἀπὸ θεῶν πρὸ γήρως ἐκλιπόντας τὸν βίον οἱ ποιηταὶ παρέδοσαν ἡμῖν, ὥσπερ κἀκεῖνον Ὃν περὶ κῆρι φίλει Ζεύς τ´ αἰγίοχος καὶ Ἀπόλλων παντοίην φιλότητ´, οὐδ´ ἵκετο γήραος οὐδόν. Τὴν γὰρ εὐκαιρίαν μᾶλλον, οὐ τὴν εὐγηρίαν πανταχοῦ (111c) θεωροῦμεν πρωτεύουσαν. Καὶ γὰρ φυτῶν ἄριστα τὰ πλείστας καρπῶν ἐν βραχεῖ φορὰς ποιούμενα, καὶ ζῴων ἀφ´ ὧν ἐν οὐ πολλῷ χρόνῳ πολλὴν πρὸς τὸν βίον ὠφέλειαν ἔχομεν. Τό τε πολὺ δήπουθεν ἢ μικρὸν οὐδὲν διαφέρειν δοκεῖ πρὸς τὸν ἄπειρον ἀφορῶσιν αἰῶνα. Τὰ γὰρ χίλια καὶ τὰ μύρια κατὰ Σιμωνίδην ἔτη στιγμή τίς ἐστιν ἀόριστος, μᾶλλον δὲ μόριόν τι βραχύτατον στιγμῆς. Ἐπεὶ καὶ τῶν ζῴων ἐκείνων, ἅπερ ἱστοροῦσι περὶ τὸν Πόντον γιγνόμενα τὴν ζωὴν ἔχειν ἡμερησίαν, ἕωθεν μὲν γεννώμενα, μέσης δ´ ἡμέρας ἀκμάζοντα, δείλης δὲ γηρῶντα καὶ τελειοῦντα τὸ ζῆν, οὐχὶ κἀκείνων ἦν ἂν τὸ καθ´ ἡμᾶς πάθος τοῦτο, εἴπερ ψυχή τις ἀνθρωπίνη καὶ λογισμὸς ἑκάστοις ἐνῆν, (111d) καὶ ταὐτὰ δήπου γ´ ἂν συνέπιπτεν, ὥστε τὰ πρὸ μέσης τῆς ἡμέρας ἐκλείποντα θρήνους παρέχειν καὶ δάκρυα, τὰ δὲ διημερεύσαντα πάντως ἂν εὐδαιμονίζεσθαι; Μέτρον γὰρ τοῦ βίου τὸ καλόν, οὐ τὸ τοῦ χρόνου μῆκος. Ματαίους γὰρ καὶ πολλῆς εὐηθείας ἡγητέον εἶναι τὰς τοιαύτας ἐκφωνήσεις « Ἀλλ´ οὐκ ἔδει νέον ὄντα ἀναρπαγῆναι. » Τίς γὰρ ἂν εἴποι ὡς ἔδει; Πολλὰ δὲ καὶ ἄλλα ἐφ´ ὧν ἄν τις εἴποι ὡς « Οὐκ ἔδει πραχθῆναι » πέπρακται καὶ πράττεται (111e) καὶ πραχθήσεται πολλάκις. Οὐ γὰρ νομοθετήσοντες πάρεσμεν εἰς τὸν βίον, ἀλλὰ πεισόμενοι τοῖς διατεταγμένοις ὑπὸ τῶν τὰ ὅλα πρυτανευόντων θεῶν καὶ τοῖς τῆς εἱμαρμένης καὶ προνοίας θεσμοῖς. Τί δ´; Οἱ πενθοῦντες τοὺς οὕτως ἀποθανόντας ἑαυτῶν ἕνεκα πενθοῦσιν ἢ τῶν κατοιχομένων; Εἰ μὲν οὖν ἑαυτῶν, ὅτι τῆς ἀπὸ τῶν τεθνεώτων ἡδονῆς ἢ χρείας ἢ γηροβοσκίας ἐστερήθησαν, φίλαυτος ἡ τῆς λύπης πρόφασις· οὐ γὰρ ἐκείνους ποθοῦντες ἀλλὰ τὰς ἀπ´ αὐτῶν ὠφελείας φανήσονται. Εἰ δὲ τῶν τεθνεώτων ἕνεκα πενθοῦσιν, ἐπιστήσαντες ὅτι (111f) ἐν οὐδενὶ κακῷ τυγχάνουσιν ὄντες, ἀπαλλαγήσονται τῆς λύπης, ἀρχαίῳ καὶ σοφῷ πεισθέντες λόγῳ τῷ παραινοῦντι τὰ μὲν ἀγαθὰ ποιεῖν ὡς μέγιστα, τὰ δὲ κακὰ συστέλλειν καὶ ταπεινοῦν. Εἰ μὲν οὖν τὸ πένθος ἐστὶν ἀγαθόν, δεῖ ποιεῖν αὐτὸ ὡς πλεῖστον καὶ μέγιστον· εἰ δ´, ὥσπερ ἡ ἀλήθεια ἔχει, κακὸν αὐτὸ ὁμολογοῦμεν εἶναι, συστέλλειν καὶ ποιεῖν ὡς ἐλάχιστον καὶ ἐξαλείφειν εἰς τὸ δυνατόν. Ὡς δὲ τοῦτο ῥᾴδιον, καταφανὲς ἐκ τῆς τοιαύτης παραμυθίας.

Traduction française :

[111] (111a) Ils pleurent son trépas. Mais tel est notre sort : Nous sommes tous, hélas! victimes de la mort, Comme on voit tour à tour des épis dans la plaine S'élever et tomber. Non, la loi souveraine Qu'imposent la nature et la nécessité, N'est point un vrai malheur digne d'être pleuré. En général, tout homme doit se dire, et à lui-même et aux autres, que ce n'est pas la plus longue vie qui est la meilleure, mais celle dont la vertu a réglé l'usage. On ne loue pas un homme pour avoir longtemps joué de la lyre, (111b) parlé en public ou gouverné, mais pour l'avoir fait avec succès. Le bien ne se mesure pas sur la longueur du temps, mais sur la vertu, sur l'égalité constante de notre conduite : c'est ce qui fait ici-bas notre bonheur, et nous rend agréables aux dieux. Aussi voit-on dans les poètes que les plus grands héros, ceux qu'ils supposent enfants des dieux, ont quitté la vie avant la vieillesse. Par exemple, celui dont parle Homère, Qui fut l'objet des soins du souverain des cieux, Et du dieu de Délos obtint de leur tendresse De ne point approcher du seuil de la vieillesse. Partout nous voyons préférer à de longs jours une vie bien employée. (111c) Parmi les plantes, nous estimons davantage celles qui durent moins et portent plus de fruits; et parmi les animaux, ceux qui, en moins de temps, nous rendent plus de service. D'ailleurs le plus ou le moins de durée n'est rien, comparé à l'éternité. « Des milliers de siècles, dit Simonide, sont un point imperceptible, ou même la plus petite partie d'un point. » Il y a, dit-on, dans le Pont des animaux qui ne vivent qu'un jour; ils naissent le matin, à midi ils sont dans la fleur de l'âge, et le soir, parvenus à la vieillesse, ils cessent de vivre. Si ces animaux avaient une âme raisonnable, et qu'ils fussent sujets aux mêmes accidents que nous, éprouveraient-ils les mêmes affections? (111d) Pleureraient-ils ceux qui seraient morts avant le milieu du jour? Vanteraient-ils le bonheur de ceux qui auraient vécu la journée entière? La durée de la vie, je le répète, doit être mesurée, non sur la longueur du temps, mais sur le bon usage qu'on en fait. Rien n'est plus inutile et moins sensé que les plaintes qu'on entend faire tous les jours à ce sujet. Fallait-il, s'écrie-t-on, qu'il mourût si jeune? Et qui vous dit qu'il le fallût? Combien de choses dont on pourrait dire qu'elles ne devaient pas arriver, se font, se sont faites et se feront encore à l'avenir? Les dieux ne nous ont pas mis sur la terre pour prescrire des lois à la nature, mais pour en recevoir de leur toute-puissance, pour obéir aux ordres de la Providence et du destin. Après tout, est-ce pour eux ou pour soi-même qu'on pleure les morts? Si c'est pour soi, si c'est à cause du plaisir ou de l'utilité qu'on en retirait et des espérances qu'on en avait conçues, alors notre douleur ne vient que d'amour-propre. Ce n'est pas leur perte, c'est celle de nos avantages personnels que nous pleurons. Est-ce pour eux-mêmes que nous les regrettons ? (111f) Mais notre affliction cessera bientôt, si nous voulons nous souvenir qu'ils ne sentent aucun mal : nous suivrons cette ancienne et sage maxime qui dit, qu'il faut étendre les biens et restreindre les maux. Si le deuil est un bien, à la bonne heure, donnons-lui la plus grande étendue. Mais s'il est mis avec raison au nombre des maux, il faut le resserrer, l'affaiblir le plus qu'il est possible, ou même le faire cesser entièrement. La chose est plus facile qu'on ne pense, et l'exemple suivant va nous en convaincre.





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Dernière mise à jour : 8/10/2009