HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Pseudo-Plutarque, Les opinions des philosophes, livre III

ἡμέραν



Texte grec :

[115] Μεμηνότος οὖν ἐστι τὸ οὕτως ὑπολαμβάνειν παράμονον (115a) ἕξειν τὸ πένθος. Ἀλλ´ εἰ λογίζοινθ´ ὅτι παύσεταί τινος γενομένου, προσαναλογίσαιντ´ ἂν χρόνου δηλαδή τι ποιήσαντος· τὸ μὲν γὰρ γεγενημένον οὐδὲ θεῷ δυνατόν ἐστι ποιῆσαι ἀγένητον. Οὐκοῦν τὸ νῦν παρ´ ἐλπίδα συμβεβηκὸς καὶ παρὰ τὴν ἡμετέραν δόξαν ἔδειξε τὸ εἰωθὸς περὶ πολλοὺς γίγνεσθαι δι´ αὐτῶν τῶν ἔργων. Τί οὖν; Ἆρά γ´ ἡμεῖς τοῦτο διὰ τοῦ λόγου μαθεῖν οὐ δυνάμεθα οὐδ´ ἐπιλογίσασθαι ὅτι Πλείη μὲν γαῖα κακῶν πλείη δὲ θάλασσα καὶ τά· Τοιάδε θνητοῖσι κακὰ κακῶν ἀμφί τε κῆρες εἰλεῦνται, κενεὴ δ´ εἴσδυσις (115b) οὐδ´ αἰθέρι; Πολλοῖς γὰρ καὶ σοφοῖς ἀνδράσιν, ὥς φησι Κράντωρ, οὐ νῦν ἀλλὰ πάλαι κέκλαυσται τἀνθρώπινα, τιμωρίαν ἡγουμένοις εἶναι τὸν βίον καὶ ἀρχὴν τὸ γενέσθαι ἄνθρωπον συμφορὰν τὴν μεγίστην· τοῦτο δέ φησιν Ἀριστοτέλης καὶ τὸν Σειληνὸν συλληφθέντα τῷ Μίδᾳ ἀποφήνασθαι. Βέλτιον δ´ αὐτὰς τὰς τοῦ φιλοσόφου λέξεις παραθέσθαι. Φησὶ δὴ ἐν τῷ Εὐδήμῳ ἐπιγραφομένῳ ἢ Περὶ ψυχῆς ταυτί. « Διόπερ, ὦ κράτιστε πάντων καὶ μακαριστότατε, πρὸς τῷ μακαρίους καὶ εὐδαίμονας εἶναι τοὺς τετελευτηκότας (115c) νομίζειν καὶ τὸ ψεύσασθαί τι κατ´ αὐτῶν καὶ τὸ βλασφημεῖν οὐχ ὅσιον ὡς κατὰ βελτιόνων ἡγούμεθα καὶ κρειττόνων ἤδη γεγονότων. Καὶ ταῦθ´ οὕτως ἀρχαῖα καὶ παλαιὰ παρ´ ἡμῖν, ὥστε τὸ παράπαν οὐδεὶς οἶδεν οὔτε τοῦ χρόνου τὴν ἀρχὴν οὔτε τὸν θέντα πρῶτον, ἀλλὰ τὸν ἄπειρον αἰῶνα διατελεῖ νενομισμένα. Πρὸς δὲ δὴ τούτοις τὸ διὰ στόματος ὂν τοῖς ἀνθρώποις ὁρᾷς ὡς ἐκ πολλῶν ἐτῶν περιφέρεται θρυλούμενον. » « Τί τοῦτ´; » ἔφη. Κἀκεῖνος ὑπολαβών « Ὡς ἄρα μὴ γενέσθαι μέν, » ἔφη, « ἄριστον πάντων, τὸ δὲ (115d) τεθνάναι τοῦ ζῆν ἐστι κρεῖττον. Καὶ πολλοῖς οὕτω παρὰ τοῦ δαιμονίου μεμαρτύρηται. Τοῦτο μὲν ἐκείνῳ τῷ Μίδᾳ λέγουσι δήπου μετὰ τὴν θήραν ὡς ἔλαβε τὸν Σειληνὸν διερωτῶντι καὶ πυνθανομένῳ τί ποτ´ ἐστὶ τὸ βέλτιστον τοῖς ἀνθρώποις καὶ τί τὸ πάντων αἱρετώτατον, τὸ μὲν πρῶτον οὐδὲν ἐθέλειν εἰπεῖν ἀλλὰ σιωπᾶν ἀρρήτως· ἐπειδὴ δέ ποτε μόγις πᾶσαν μηχανὴν μηχανώμενος προσηγάγετο φθέγξασθαί τι πρὸς αὐτόν, οὕτως ἀναγκαζόμενον εἰπεῖν, ‘δαίμονος ἐπιπόνου καὶ τύχης χαλεπῆς ἐφήμερον σπέρμα, τί με βιάζεσθε λέγειν ἃ ὑμῖν (115e) ἄρειον μὴ γνῶναι; Μετ´ ἀγνοίας γὰρ τῶν οἰκείων κακῶν ἀλυπότατος ὁ βίος. Ἀνθρώποις δὲ πάμπαν οὐκ ἔστι γενέσθαι τὸ πάντων ἄριστον οὐδὲ μετασχεῖν τῆς τοῦ βελτίστου φύσεως (ἄριστον γὰρ πᾶσι καὶ πάσαις τὸ μὴ γενέσθαι)· τὸ μέντοι μετὰ τοῦτο καὶ πρῶτον τῶν ἀνθρώπῳ ἀνυστῶν, δεύτερον δέ, τὸ γενομένους ἀποθανεῖν ὡς τάχιστα.’ Δῆλον οὖν ὡς οὔσης κρείττονος τῆς ἐν τῷ τεθνάναι διαγωγῆς ἢ τῆς ἐν τῷ ζῆν, οὕτως ἀπεφήνατο. » Μυρία δ´ ἐπὶ μυρίοις ἄν τις ἔχοι τοιαῦτα παρατίθεσθαι πρὸς ταὐτὸ κεφάλαιον· ἀλλ´ οὐκ ἀναγκαῖον μακρηγορεῖν. (115f) Οὐ χρὴ οὖν τοὺς ἀποθνῄσκοντας νέους θρηνεῖν ὅτι τῶν ἐν τῷ μακρῷ βίῳ νομιζομένων ἀγαθῶν ἀπεστέρηνται· τοῦτο γὰρ ἄδηλον, ὡς πολλάκις εἴπομεν, εἴτ´ ἀγαθῶν ἀπεστερημένοι τυγχάνουσιν εἴτε κακῶν· πολλῷ γὰρ πλείονα τὰ κακά. Καὶ τὰ μὲν μόγις καὶ διὰ πολλῶν φροντίδων κτώμεθα, τὰ δὲ κακὰ πάνυ ῥᾳδίως· στρογγύλα γὰρ εἶναί φασι ταῦτα καὶ συνεχῆ καὶ πρὸς ἄλληλα φερόμενα κατὰ πολλὰς αἰτίας, τὰ δ´ ἀγαθὰ διεχῆ τε καὶ δυσκόλως συνερχόμενα πρὸς αὐτοῖς τοῦ βίου τοῖς τέρμασιν.

Traduction française :

[115] (115a) Si on compte la calmer un jour, pourquoi ne pas prévenir par la raison ce que le temps doit faire? Il n'est pas au pouvoir de Dieu même de faire que ce qui est arrivé, ne le soit point. Ainsi cet événement que nous n'attendions pas, ne fait que nous rendre personnel ce qui arrive journellement à tout le monde. Eh quoi! les connaissances que nous avons acquises, et nos propres réflexions, ne nous ont-elles pas assez instruits de cette vérité : Que la terre et les mers sont en proie au malheur? Et encore : Que les jours des mortels sont un cercle de peines, (115b) Et que rien ici-bas ne peut les en tirer? « Il y a longtemps, disait Crantor, que des philosophes éclairés ont déploré la condition humaine. Ils regardaient la vie comme une punition, et la naissance comme le plus grand des malheurs. » Silène, au rapport d'Aristote, le déclara de même à Midas, lorsqu'il fut conduit prisonnier devant ce prince. Voici ce qu'en dit ce philosophe dans son livre intitulé Eudémus, et qui traite de l'âme. Je crois devoir rapporter ses propres paroles : « Ô vous, le plus grand et le plus fortuné des hommes, lui dit-il, sachez que nous estimons heureux ceux qui sont morts, (115c) et que nous regardons comme une impiété de mentir ou de médire sur leur compte, maintenant qu'ils sont devenus bien plus parfaits. Cette opinion est si ancienne, que personne ne connaît ni son auteur, ni l'époque de sa naissance : elle est établie parmi nous depuis plusieurs siècles. D'ailleurs vous savez la maxime qui de tous les temps est dans la bouche de tout le monde. Quelle est-elle ? c'est que le plus grand bien est de ne pas naître, (115d) et que la mort est préférable à la vie. Les dieux ont souvent confirmé cette maxime par leur témoignage, et, en particulier, lorsque le roi Midas ayant pris Silène à la chasse, ce prince lui demanda ce qu'il y avait de meilleur et de plus désirable pour l'homme. D'abord ce dieu refusa de répondre, et garda un silence obstiné. Enfin Midas ayant tout mis en œuvre pour le forcer à le rompre, il se fit violence, et proféra ces paroles : Hommes de condition malheureuse, vous dont l'existence éphémère est sujette à tant de peines, pourquoi me contraignez-vous de dire ce qu'il vous serait plus utile de ne pas apprendre? (115e) La vie est moins misérable, quand on ignore les maux qui en sont l'apanage. Les hommes ne peuvent avoir ce qu'il y a de meilleur, et ne sauraient participer à la nature la plus parfaite. Le meilleur serait pour eux de n'être pas nés. Le second bien, après celui-là, et le premier entre ceux dont les hommes sont capables, c'est de mourir promptement. » Silène, comme on voit, jugeait que la condition des morts était meilleure que celle des vivants; et l'on pourrait confirmer cette vérité par des témoignages sans nombre. Mais il faut se borner. (115f) Pourquoi donc donner des larmes à la mort des jeunes gens, sous prétexte qu'elle les prive de ces prétendus biens dont ils auraient joui dans une plus longue vie? N'est-il pas incertain, comme nous l'avons dit plusieurs fois, si les choses dont la mort les prive sont des biens ou des maux? car les maux surpassent de beaucoup les biens. Nous n'obtenons ceux-ci qu'avec beaucoup de peines et de soins : les maux nous viennent avec la plus grande facilité, parce qu'ils sont très mobiles, qu'ils se tiennent tous, et se portent par plusieurs causes les uns vers les autres. Les biens, au contraire, sont séparés entre eux, et ont bien de la peine à se réunir, même sur la fin de notre vie.





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Dernière mise à jour : 8/10/2009