HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Pseudo-Plutarque, Les opinions des philosophes, livre III

ἄριστος



Texte grec :

[108] ὑφ´ ὧν κατασπώμενος ὁ νοῦς τῆς θνητῆς ἀναπίμπλαται φλυαρίας, εὔδαιμόν τι (108a) καὶ μακάριον. « Μυρίας μὲν γὰρ ἡμῖν, » φησὶν ὁ Πλάτων, « ἀσχολίας παρέχει τὸ σῶμα διὰ τὴν ἀναγκαίαν τροφήν· ἔτι δ´ ἐάν τινες νόσοι προσπέσωσιν, ἐμποδίζουσιν ἡμῖν τὴν τοῦ ὄντος θήραν, ἐρώτων δὲ καὶ ἐπιθυμιῶν καὶ φόβων καὶ εἰδώλων παντοδαπῶν καὶ φλυαρίας ἐμπίπλησιν ἡμᾶς, ὥστε τὸ λεγόμενον ὡς ἀληθῶς τῷ ὄντι ὑπ´ αὐτοῦ οὐδὲ φρονῆσαι ἡμῖν ἐγγίγνεται οὐδέποτ´ οὐδέν. Καὶ γὰρ πολέμους καὶ στάσεις καὶ μάχας οὐδὲν ἄλλο παρέχει ἢ τὸ σῶμα καὶ αἱ τούτου ἐπιθυμίαι· διὰ γὰρ τὴν τῶν χρημάτων κτῆσιν πάντες οἱ πόλεμοι (108b) γίγνονται· τὰ δὲ χρήματα ἀναγκαζόμεθα κτᾶσθαι διὰ τὸ σῶμα, δουλεύοντες τῇ τούτου θεραπείᾳ· καὶ ἐκ τούτου ἀσχολίαν ἄγομεν φιλοσοφίας πέρι διὰ ταῦτα πάντα. Τὸ δ´ ἔσχατον πάντων, ὅτι ἐάν τις ἡμῖν καὶ σχολὴ γένηται ἀπ´ αὐτοῦ καὶ τραπώμεθα πρὸς τὸ σκοπεῖν τι, ἐν ταῖς ζητήσεσι πανταχοῦ παραπῖπτον θόρυβον παρέχει καὶ ταραχὴν καὶ ἐκπλήττει, ὥστε μὴ δύνασθαι ὑπ´ αὐτοῦ καθορᾶν τἀληθές. Ἀλλὰ τῷ ὄντι ἡμῖν δέδεικται ὅτι εἰ μέλλομέν ποτε καθαρῶς τι εἴσεσθαι, ἀπαλλακτέον αὐτοῦ καὶ αὐτῇ τῇ ψυχῇ θεατέον αὐτὰ τὰ πράγματα· (108c) καὶ τότε, ὡς ἔοικεν, ἡμῖν ἔσται οὗ ἐπιθυμοῦμεν καὶ οὗ φαμεν ἐρᾶν (ἔστι δὲ φρόνησις), ἐπειδὰν τελευτήσωμεν, ὡς ὁ λόγος σημαίνει, ζῶσι δ´ οὔ. Εἰ γὰρ μὴ οἷόν τε μετὰ τοῦ σώματος μηδὲν καθαρῶς γνῶναι, δυοῖν θάτερον, ἢ οὐδαμοῦ ἔστι κτήσασθαι τὸ εἰδέναι ἢ τελευτήσασι· τότε γὰρ αὐτὴ καθ´ αὑτὴν ἔσται ἡ ψυχὴ χωρὶς τοῦ σώματος, πρότερον δ´ οὔ. Καὶ ἐν ᾧ ἂν ζῶμεν, οὕτως, ὡς ἔοικεν, ἐγγυτάτω ἐσόμεθα τοῦ εἰδέναι, ἐὰν ὅτι μάλιστα μηδὲν ὁμιλῶμεν τῷ σώματι μηδὲ κοινωνῶμεν, ὅτι μὴ πᾶσα ἀνάγκη, μηδὲ ἀναπιμπλώμεθα τῆς τούτου φύσεως, ἀλλὰ καθαρεύωμεν ἀπ´ αὐτοῦ, (108d) ἕως ἂν ὁ θεὸς αὐτὸς ἀπολύσῃ ἡμᾶς. Καὶ οὕτω μὲν ἀπαλλαττόμενοι τῆς τοῦ σώματος ἀφροσύνης, ὡς τὸ εἰκός, μετὰ τοιούτων ἐσόμεθα, δι´ ἡμῶν αὐτῶν πᾶν τὸ εἰλικρινὲς ὁρῶντες· τοῦτο δ´ ἐστὶ τὸ ἀληθές. Μὴ καθαρῷ γὰρ καθαροῦ ἐφάπτεσθαι μὴ οὐ θεμιτὸν ᾖ. » Ὥστ´ εἰ καὶ προσέοικε μετάγειν εἰς ἕτερον τόπον ὁ θάνατος, οὐκ ἔστι κακόν· μήποτε γὰρ καὶ τῶν ἀγαθῶν ἀναφαίνηται, καθάπερ ἀπέδειξεν ὁ Πλάτων. Διὸ καὶ πάνυ δαιμονίως ὁ Σωκράτης πρὸς (108e) τοὺς δικαστὰς τοιαῦτ´ ἔφη· « Τὸ γὰρ δεδιέναι, ὦ ἄνδρες, τὸν θάνατον οὐδὲν ἄλλο ἐστὶν ἢ δοκεῖν σοφὸν εἶναι μὴ ὄντα· δοκεῖν γὰρ εἰδέναι ἐστὶν ἃ οὐκ οἶδεν. Οἶδε μὲν γὰρ οὐδεὶς τὸν θάνατον οὐδ´ εἰ τυγχάνει τῷ ἀνθρώπῳ μέγιστον πάντων ὂν τῶν ἀγαθῶν, δεδίασι δ´ ὡς εὖ εἰδότες ὅτι μέγιστον τῶν κακῶν ἐστιν. » Οὐκ ἀπᾴδειν δ´ ἔοικε τούτων οὐδ´ ὁ εἰπών· Μηδεὶς φοβείσθω θάνατον ἀπόλυσιν πόνων, ἀλλὰ καὶ κακῶν τῶν μεγίστων. Λέγεται δὲ τούτοις μαρτυρεῖν καὶ τὸ θεῖον. Πολλοὺς γὰρ παρειλήφαμεν δι´ εὐσέβειαν παρὰ θεῶν ταύτης τυχόντας τῆς δωρεᾶς. Ὧν τοὺς μὲν ἄλλους φειδόμενος τῆς συμμετρίας τοῦ συγγράμματος παραλείψω· μνησθήσομαι δὲ τῶν ὄντων ἐμφανεστάτων καὶ πᾶσι διὰ στόματος. (108f) Πρῶτα δή σοι τὰ περὶ Κλέοβιν καὶ Βίτωνα τοὺς Ἀργείους νεανίσκους διηγήσομαι. Φασὶ γὰρ τῆς μητρὸς αὐτῶν ἱερείας οὔσης τῆς Ἥρας ἐπειδὴ τῆς εἰς τὸν νεὼν ἀναβάσεως ἧκεν ὁ καιρός, τῶν ἑλκόντων τὴν ἀπήνην ὀρέων ὑστερησάντων καὶ τῆς ὥρας ἐπειγούσης, τούτους ὑποδύντας ὑπὸ τὴν ἀπήνην ἀγαγεῖν εἰς τὸ ἱερὸν τὴν μητέρα, τὴν δ´ ὑπερησθεῖσαν τῇ τῶν υἱῶν εὐσεβείᾳ κατεύξασθαι τὸ κράτιστον αὐτοῖς παρὰ τῆς θεοῦ δοθῆναι τῶν ἐν ἀνθρώποις, τοὺς δὲ κατακοιμηθέντας μηκέτ´ ἀναστῆναι, τῆς θεοῦ τὸν θάνατον αὐτοῖς τῆς εὐσεβείας ἀμοιβὴν δωρησαμένης.

Traduction française :

[108] et la livrent en proie aux désirs les plus insensés? (108a) Les besoins indispensables du corps, dit Platon, nous causent de fréquentes distractions, et les maladies qui lui surviennent nous arrêtent dans la recherche de la vérité. Il nous remplit de passions, de désirs, de craintes et d'une foule d'idées vaines et puériles. On a eu raison de dire qu'il ne nous venait du corps rien de bon ni de sensé. En effet, les guerres, les séditions, les disputes, ne sont-elles pas occasionnées par le corps et par le désir dont il est le principe ? Les richesses, source ordinaire de tous ces maux, pourquoi nous deviennent-elles nécessaires, si ce n'est pour fournir aux désirs du corps? (108b) N'est-ce pas pour satisfaire à ses goûts que nous les recherchons? Et cette recherche ne nous fait-elle pas suspendre l'étude de la philosophie? Lors même que nous profitons du loisir qu'il nous laisse pour vaquer à la contemplation de la vérité, ne vient-il pas nous assaillir, nous troubler au milieu de nos recherches, nous susciter tant d'obstacles que nous ne pouvons rien suivre avec attention? Il résulte évidemment de là que, pour avoir des idées pures et exactes de la vérité, il faut s'affranchir de la dépendance du corps, et contempler les objets des yeux seuls de l'âme. (108c) Ce n'est donc qu'après notre mort que nous pourrons parvenir à cette sagesse qui fait l'objet de nos désirs et le terme de notre amour. La raison elle-même nous le démontre. S'il est impossible, tant que nous sommes esclaves du corps, d'avoir des connaissances sûres et précises, il faut, de deux choses l'une, ou que nous renoncions à jamais rien savoir, ou que nous n'y parvenions qu'après notre mort. C'est alors seulement que l'âme séparée du corps ne vivra plus qu'avec elle-même. Pendant la vie, nous n'approcherons de la connaissance du vrai qu'autant que nous serons indépendants du corps ; que nous n'aurons point de commerce avec lui sans une extrême nécessité ; que loin de nous y trop attacher, nous saurons nous préserver de sa contagion (108d) jusqu'à ce que Dieu lui-même vienne nous en délivrer entièrement. Purifiés alors de toutes nos souillures, nous vivrons avec des êtres aussi purs que nous, et nous verrons, par nous-mêmes la vérité dans tout son éclat ; car un organe souillé ne peut s'appliquer à ce qui est essentiellement pur. Ainsi quand la mort nous transporterait dans des lieux inconnus, elle ne serait pas un mal, puisque ce ne pourrait être que dans un séjour de bonheur, comme Platon l'a démontré. Aussi rien n'est plus beau, ni plus grand que ces paroles de Socrate (108e) à ses juges : « Craindre la mort, Athéniens, c'est se croire faussement sage ; car c'est faire semblant de savoir ce qu'on ignore. Qui sait si la mort n'est pas pour l'homme le plus grand des biens ? Cependant on la craint comme si l'on savait certainement qu'elle fût le plus grand des maux. » Celui qui disait : Ne craignez point la mort, c'est la fin de nos peines, et même de nos plus grands maux, n'en jugeait pas autrement que Socrate. Les dieux eux-mêmes confirment par leur témoignage cette manière de penser. Souvent ils ont récompensé la piété des hommes par la mort, comme étant le don le plus précieux qu'ils pussent leur faire. Je passerais les bornes de cet écrit si je voulais en rapporter tous les exemples : je citerai seulement les plus remarquables et les plus connus, (108f) et je commencerai par celui de Cléobis et de Biton, deux jeunes gens d'Argos. Leur mère était prêtresse de Junon. Un jour qu'il fallait monter en cérémonie au temple de la déesse, les mulets qui devaient tirer son char n'arrivaient pas, et le temps pressait. Alors ses deux enfants s'attelèrent au char et le traînèrent au temple. La mère, ravie de cet acte de piété, pria la déesse de leur donner ce qu'il y avait de meilleur pour les hommes. Ces deux jeunes gens s'endormirent peu de temps après et ne se réveillèrent plus. Ainsi la déesse récompensa leur vertu par le don de la mort.





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Dernière mise à jour : 8/10/2009