[827] ὅταν βασιλεία μὲν (827a) ὕβριν ἐντέκῃ καὶ τὸ ἀνυπεύθυνον·
ὀλιγαρχία δ´ ὑπερφροσύνην καὶ τὸ αὔθαδες· δημοκρατία δ´ ἀναρχίαν, ἰσότης
δ´ ἀμετρίαν, πᾶσαι δὲ τὸ ἀνόητον.
Ὥσπερ οὖν ὁ ἁρμονικὸς καὶ μουσικὸς ἀνὴρ παντὶ μὲν ὀργάνῳ χρήσεται προσῳδῷ
τεχνικῶς ἁρμοσάμενος καὶ λόγῳ κρούων ἕκαστον, ὡς πέφυκεν ἐμμελὲς ὑπηχεῖν·
ἤδη μέντοι συμβούλῳ Πλάτωνι χρησάμενος, πηκτίδας, σαμβύκας καὶ ψαλτήρια
πολύφθογγα καὶ βαρβίτους καὶ τρίγωνα παραπέμψας, (827b) τὴν λύραν καὶ τὴν
κιθάραν προτιμήσει· τὸν αὐτὸν τρόπον ὁ πολιτικὸς ἀνὴρ εὖ μὲν ὀλιγαρχίαν
Λακωνικὴν καὶ Λυκούργειον μεταχειριεῖται, συναρμοσάμενος αὑτῷ τοὺς
ἰσοκρατεῖς καὶ ὁμοτίμους ἄνδρας, ἡσυχῇ προσβιαζόμενος· εὖ δὲ πολυφθόγγῳ
καὶ πολυχόρδῳ συνοίσεται δημοκρατίᾳ, τὰ μὲν ἀνιεὶς τὰ δ´ ἐπιτείνων τῆς
πολιτείας, χαλάσας τ´ ἐν καιρῷ καὶ καρτερῶς αὖθις ἐμφύς, ἀντιβῆναι καὶ
ἀντισχεῖν ἐπιστάμενος· εἰ δ´ αἵρεσις αὐτῷ δοθείη, καθάπερ ὀργάνων, τῶν
πολιτειῶν, οὐκ ἂν ἄλλην ἕλοιτο πλὴν τὴν μοναρχίαν, Πλάτωνι πειθόμενος, τὴν
μόνην δυναμένην τὸν ἐντελῆ καὶ ὄρθιον ἐκεῖνον ὡς ἀληθῶς (827c) τῆς ἀρετῆς
τόνον ἀνασχέσθαι καὶ μήτε πρὸς ἀνάγκην μήτε πρὸς χάριν ἁρμόσαι τοῦ
συμφέροντος. Αἱ μὲν γὰρ ἄλλαι πολιτεῖαι τρόπον τινὰ κρατούμεναι κρατοῦσι
καὶ φερόμεναι φέρουσι τὸν πολιτικόν, οὐκ ἔχοντα τὴν ἰσχὺν βέβαιον ἐπὶ
τούτους, παρ´ ὧν ἔχει τὸ ἰσχῦον, ἀλλὰ πολλάκις ἀναγκαζόμενον τὸ Αἰσχύλειον
ἀναφωνεῖν, ᾧ πρὸς τὴν τύχην ἐχρῆτο Δημήτριος ὁ πολιορκητὴς ἀποβαλὼν τὴν
ἡγεμονίαν
« Σύ τοί με φυσᾷς, σύ με καταίθειν μοι δοκεῖς. »
| [827] La première a lieu lorsque la monarchie (827a) devient une autorité
arbitraire qu'aucun frein ne modère; la seconde, quand le petit nombre de
ceux qui gouvernent traitent les autres avec mépris et avec fierté ; et la
troisième enfin, quand la démocratie se change en anarchie, et que
l'égalité introduit la licence. Toutes ces espèces de gouvernement sont absurdes.
Un bon musicien se sert de tous les instruments, et il en joue de la
manière la plus analogue à leur nature et la plus propre à rendre des sons
agréables. Mais s'il veut en croire Platon, il laissera les épinettes, les
sambuces, les psaltérions et les autres instruments de ce genre, pour s'en
tenir (827b) à la lyre et à la harpe. De même un sage administrateur
maniera habilement l'oligarchie lacédémonienne établie par Lycurgue ; et
par la douceur de son
administration, il vivra dans un parfait accord avec les citoyens qui lui
sont égaux en pouvoir et en dignité. Il s'accommodera aussi au
gouvernement démocratique, malgré la variété des ressorts qui le font
mouvoir ; il saura les relâcher et les tendre à propos, et employer, quand
il le faudra, une résistance ferme et soutenue. Mais si on lui donnait le
choix entre les différentes formes de gouvernement, comme à un musicien
entre les divers instruments, il ne balancerait pas, sur l'autorité de
Platon, à donner la préférence à la monarchie, parce qu'elle est la seule
qui puisse véritablement (827c) soutenir l'accord juste et parfait de la
vertu, sans jamais sacrifier l'intérêt public à la contrainte ou à la
faveur. Dans les autres formes de gouvernement, l'autorité qui commande
est elle-même commandée, et l'homme d'État y est conduit autant qu'il
conduit lui-même. Il n'a pas un pouvoir assez dominant sur ceux dont il
tient son autorité, et il est souvent dans le cas de s'appliquer ces
vers d'Eschyle, que Démétrius Poliorcète adressa à la Fortune lorsqu'il
eut perdu son royaume :
« Je te dus ma grandeur, et tu fais ma ruine. »
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