Texte grec :
[7] Ἰχθύων δὲ θαλαττίων πάντες μὲν οὐ πάντων ἀλλ´
ἐνίων ἀπέχονται, καθάπερ Ὀξυρυγχῖται τῶν ἀπ´ ἀγκίστρου·
σεβόμενοι γὰρ τὸν ὀξύρυγχον ἰχθὺν δεδίασι μή
ποτε τὸ ἄγκιστρον οὐ καθαρόν ἐστιν ὀξυρύγχου περιπεσόντος
αὐτῷ· Συηνῖται δὲ φάγρου· δοκεῖ γὰρ ἐπιόντι
τῷ Νείλῳ συνεπιφαίνεσθαι καὶ τὴν αὔξησιν ἀσμένοις
φράζειν αὐτάγγελος ὁρώμενος. οἱ δ´ ἱερεῖς ἀπέχονται
πάντων· πρώτου δὲ μηνὸς ἐνάτῃ τῶν ἄλλων Αἰγυπτίων
ἑκάστου πρὸ τῆς αὐλείου θύρας ὀπτὸν ἰχθὺν κατεσθίοντος
οἱ ἱερεῖς οὐ γεύονται μὲν κατακαίουσι δὲ πρὸ τῶν θυρῶν
τοὺς ἰχθῦς δύο λόγους ἔχοντες, ὧν τὸν μὲν ἱερὸν καὶ
περιττὸν αὖθις ἀναλήψομαι συνᾴδοντα τοῖς
περὶ Ὀσίριδος καὶ Τυφῶνος ὁσίως φιλοσοφουμένοις, ὁ
δ´ ἐμφανὴς καὶ πρόχειρος οὐκ ἀναγκαῖον οὐδ´ ἀπερίεργον
ὄψον ἀποφαίνων τὸν ἰχθὺν Ὁμήρῳ μαρτυρεῖ μήτε Φαίακας
τοὺς ἁβροβίους μήτε τοὺς Ἰθακησίους ἀνθρώπους νησιώτας
ἰχθύσι χρωμένους ποιοῦντι μήτε τοὺς Ὀδυσσέως
ἑταίρους ἐν πλῷ τοσούτῳ καὶ ἐν θαλάττῃ πρὶν εἰς ἐσχάτην
ἐλθεῖν ἀπορίαν. ὅλως δὲ καὶ τὴν θάλατταν
ἔκφυλον ἡγοῦνται καὶ παρωρισμένην οὐδὲ μέρος οὐδὲ
στοιχεῖον ἀλλ´ οἷον περίττωμα διεφθορὸς καὶ νοσῶδες.
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Traduction française :
[7] Tous les Égyptiens ne s'abstiennent pas de tous poissons
de mer ; mais il en est qu'ils s'interdisent. Ainsi, les
habitants d'Oxyrynque ne mangent aucun de ceux qui ont
été pris à l'hameçon. Dans leur sainte horreur de 1'oxyrynque,
ils craignent que l'hameçon, parce qu'un de ces habitants
des eaux aura eu occasion de tomber sur lui, ne soit
devenu un objet pollué. Ceux de Syène ne touchent point au
pagre, parce qu'on croit que ce poisson se montre sur le Nil
quand le fleuve est près de déborder, et on le regarde comme
un messager apportant l'heureuse nouvelle de la crue. Pour
les prêtres, ils s'abstiennent de toutes espèces de poissons.
Au neuvième jour du premier mois, tandis que chaque
Égyptien devant sa maison mange un poisson rôti, les prêtres
n'en goûtent point, et se contentent d'en faire brûler
sur le seuil de leur porte. Ils ont deux raisons pour en
agir ainsi : l'une est toute religieuse et d'un ordre plus relevé,
attendu qu'elle se rapporte aux croyances philosophiques
et pieuses qu'on a sur Osiris et sur Typhon : j'y reviendrai
ailleurs. Mais l'autre raison est évidente et en
quelque sorte sous la main : c'est que, comme aliment, le
poisson d'une part n'est pas indispensable, et de l'autre
n'a rien d'exquis. C'est ce que confirme le témoignage
d'Homère, quand il présente les Phéaciens, peuple efféminé,
et ceux d'Ithaque, nation insulaire, comme ne faisant point
usage de poisson , et quand il dit que les compagnons
d'Ulysse, même à bord et durant une si longue navigation,
n'en mangèrent qu'après en être venus à la dernière extrémité.
En somme, les Egyptiens supposent que la mer a été
formée par le feu, qu'elle est en dehors de toute classification
déterminée, qu'elle n'est ni une partie du monde ni un
élément : ils n'y voient qu'une sécrétion hétérogène, principe
de corruption et de maladie.
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