Texte grec :
[48] Χαλδαῖοι δὲ τῶν πλανήτων, οὓς θεοὺς γενεθλίους
καλοῦσι, δύο μὲν ἀγαθουργούς, δύο δὲ κακοποιούς,
μέσους δὲ τοὺς τρεῖς ἀποφαίνουσι καὶ κοινούς. τὰ δ´
Ἑλλήνων πᾶσί που δῆλα, τὴν μὲν ἀγαθὴν Διὸς Ὀλυμπίου
μερίδα, τὴν δ´ ἀποτρόπαιον Ἅιδου ποιουμένων, ἐκ δ´
Ἀφροδίτης καὶ Ἄρεος Ἁρμονίαν γεγονέναι μυθολογούντων,
ὧν ὁ μὲν ἀπηνὴς καὶ φιλόνεικος, ἡ δὲ μειλίχιος
καὶ γενέθλιος. σκόπει δὲ τοὺς φιλοσόφους τούτοις συμφερομένους.
Ἡράκλειτος μὲν γὰρ ἄντικρυς ’πόλεμον‘ ὀνομάζει
’πατέρα καὶ βασιλέα καὶ κύριον πάντων‘,
καὶ τὸν μὲν Ὅμηρον εὐχόμενον ’ἔκ τε
θεῶν ἔριν ἔκ τ´ ἀνθρώπων ἀπολέσθαι‘ ’λανθάνειν‘ φησί
’τῇ πάντων γενέσει καταρώμενον ἐκ μάχης καὶ
ἀντιπαθείας τὴν γένεσιν ἐχόντων, ἥλιον δὲ μὴ ὑπερβήσεσθαι
τοὺς προσήκοντας ὅρους· εἰ δὲ μή, Κλῶθάς μιν
Δίκης ἐπικούρους ἐξευρήσειν‘. Ἐμπεδοκλῆς δὲ τὴν
μὲν ἀγαθουργὸν ἀρχήν ’Φιλότητα‘ καὶ ’Φιλίαν‘ πολλάκις,
ἔτι δ´ ’Ἁρμονίαν‘ καλεῖ ’θεμερῶπιν‘, τὴν δὲ χείρονα
’Νεῖκος οὐλόμενον‘ καὶ ’Δῆριν αἱματόεσσαν‘.
καὶ οἱ μὲν Πυθαγορικοὶ διὰ πλειόνων ὀνομάτων
κατηγοροῦσι τοῦ μὲν ἀγαθοῦ τὸ ἓν τὸ πεπερασμένον
τὸ μένον τὸ εὐθὺ τὸ περισσὸν τὸ τετράγωνον
τὸ ἴσον τὸ δεξιὸν τὸ λαμπρόν, τοῦ δὲ κακοῦ τὴν
δυάδα τὸ ἄπειρον τὸ φερόμενον τὸ καμπύλον τὸ ἄρτιον
τὸ ἑτερόμηκες τὸ ἄνισον τὸ ἀριστερὸν τὸ σκοτεινόν, ὡς
ταύτας ἀρχὰς γενέσεως ὑποκειμένας· Ἀναξαγόρας δὲ
νοῦν καὶ ἄπειρον, Ἀριστοτέλης δὲ τὸ μὲν εἶδος τὸ δὲ
στέρησιν, Πλάτων δὲ πολλαχοῦ μὲν οἷον ἐπηλυγαζόμενος
καὶ παρακαλυπτόμενος τῶν ἐναντίων ἀρχῶν τὴν μὲν
ταὐτὸν ὀνομάζει, τὴν δὲ θάτερον· ἐν δὲ
τοῖς Νόμοις ἤδη πρεσβύτερος ὢν οὐ δι´
αἰνιγμῶν οὐδὲ συμβολικῶς, ἀλλὰ κυρίοις ὀνόμασιν οὐ
μιᾷ ψυχῇ φησι κινεῖσθαι τὸν κόσμον, ἀλλὰ πλείοσιν
ἴσως δυεῖν δὲ πάντως οὐκ ἐλάττοσιν· ὧν τὴν μὲν ἀγαθουργὸν
εἶναι, τὴν δ´ ἐναντίαν ταύτῃ καὶ τῶν ἐναντίων
δημιουργόν· ἀπολείπει δὲ καὶ τρίτην τινὰ μεταξὺ φύσιν
οὐκ ἄψυχον οὐδ´ ἄλογον οὐδ´ ἀκίνητον ἐξ αὑτῆς, ὥσπερ
ἔνιοι νομίζουσιν, ἀλλ´ ἀνακειμένην ἀμφοῖν ἐκείναις, |
ἐφιεμένην δὲ τῆς ἀμείνονος ἀεὶ καὶ ποθοῦσαν καὶ διώκουσαν,
ὡς τὰ ἐπιόντα δηλώσει τοῦ λόγου τὴν Αἰγυπτίων
θεολογίαν μάλιστα ταύτῃ τῇ φιλοσοφίᾳ συνοικειοῦντος.
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Traduction française :
[48] Les Chaldéens pensent que les planètes ont des
dieux, parmi lesquels ils en désignent deux comme bienfaisants,
deux comme malfaisants; les trois autres sont intermédiaires
et participent de l'une et de l'autre disposition.
Pour la doctrine des Grecs elle est à peu près connue de
tout le monde : ils donnent à Jupiter Olympien le rôle de
bienfaiteur. Hadès, au contraire, est une divinité dont il faut
redouter l'influence. Ils disent dans leurs fables que de
Vénus et de Mars est née la déesse Harmonie, Mars étant
cruel et querelleur, Vénus, étant douce et féconde. Voyez
comme les philosophes se conforment à ces traditions. Héraclite
dit ouvertement de la guerre, que c'est la mère, la reine,
la souveraine de tout; et que quand Homère souhaite de voir
"De la terre et des cieux la Discorde bannie",
ce poète ne se rappelle plus que c'est là une imprécation
dirigée contre l'ensemble de tous les êtres existants, puisqu'ils
sont le produit d'une lutte et d'une opposition. Héraclite
ajoute, que le soleil ne franchira jamais les limites qui lui
sont assignées; que, sinon, il trouverait des furies vengeresses
disposées à faciliter la punition de sa désobéissance.
Empédocle donne au principe qui produit le bien le nom
d'amour et d'amitié : souvent encore il l'appelle "harmonie
grave" ; et le principe pire, il le nomme
"Rixe féconde en maux, et discorde sanglante".
Les Pythagoriciens procèdent en employant un plus grand
nombre de dénominations. Le principe du bien, ils l'appellent
l'unité, le fini, le stable, le direct, l'impair, le
carré, l'égal, le côté droit, le lumineux. Le principe du mal,
c'est la dyade, l'infini, le mû, le courbe, le pair, l'oblong,
l'inégal, le gauche, le ténébreux : de façon que ce soient là
tous les principes de naissance. Anaxagore ne reconnaît que
l'intelligence et l'infini; Aristote, que la forme et la privation.
Platon, qui souvent parle en quelque sorte d'une
manière énigmatique et voilée, donne à ces deux principes
contraires le nom de « toujours le même » et de
"tantôt l'un tantôt l'autre". Mais dans ses Lois, ouvrage
écrit par lui dans un àge plus avancé, il renonce à
l'énigme et à l'allégorie pour employer les mots propres; et
il dit, que le monde n'est pas dirigé par une seule âme, qu'il
en a peut-être un grand nombre, et à coup sûr deux pour
le moins, dont l'une crée le bien, et dont l'autre, lui étant
opposée, produit aussi des effets opposés. Il laisse encore
une troisième nature intermédiaire, qui n'est privée ni
d'âme, ni de raison, ni d'un mouvement à elle propre,
comme quelques-uns l'ont pensé, mais qui est soumise aux
deux autres principes dont nous avons parlé. Seulement
cette nature se porte toujours vers le meilleur d'entre eux :
elle y aspire, elle le poursuit. C'est ce que montrera la suite
de notre discours, où nous ferons concorder spécialement la
théologie égyptienne avec cette philosophie.
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