Texte grec :
[32] Ταῦτα μὲν οὖν τοιαύτας ὑπονοίας δίδωσιν· ἀπ´
ἄλλης δ´ ἀρχῆς τῶν φιλοσοφώτερόν τι λέγειν δοκούντων
τοὺς ἁπλουστάτους σκεψώμεθα πρῶτον. οὗτοι δ´ εἰσὶν
οἱ λέγοντες, ὥσπερ Ἕλληνες Κρόνον ἀλληγοροῦσι τὸν
χρόνον, Ἥραν δὲ τὸν ἀέρα, γένεσιν δὲ Ἡφαίστου τὴν
εἰς πῦρ ἀέρος μεταβολήν, οὕτω παρ´ Αἰγυπτίοις Νεῖλον
εἶναι τὸν Ὄσιριν Ἴσιδι συνόντα τῇ γῇ, Τυφῶνα δὲ τὴν
θάλασσαν, εἰς ἣν ὁ Νεῖλος ἐμπίπτων ἀφανίζεται καὶ
διασπᾶται, πλὴν ὅσον ἡ γῆ μέρος ἀναλαμβάνουσα καὶ
δεχομένη γίγνεται γόνιμος ὑπ´ αὐτοῦ. καὶ θρῆνός ἐστιν
ἱερὸς ἐπ´ αὐτοῦ {Κρόνου} γενόμενος, θρηνεῖ δὲ τὸν ἐν
τοῖς ἀριστεροῖς γινόμενον μέρεσιν, ἐν δὲ τοῖς δεξιοῖς
φθειρόμενον. Αἰγύπτιοι γὰρ οἴονται τὰ μὲν ἑῷα τοῦ
κόσμου πρόσωπον εἶναι, τὰ δὲ πρὸς βορρᾶν δεξιά, τὰ
δὲ πρὸς νότον ἀριστερά· φερόμενος οὖν ἐκ τῶν νοτίων
ὁ Νεῖλος, ἐν δὲ τοῖς βορείοις ὑπὸ τῆς θαλάσσης καταναλισκόμενος
εἰκότως λέγεται τὴν μὲν γένεσιν ἐν τοῖς
ἀριστεροῖς ἔχειν, τὴν δὲ φθορὰν ἐν τοῖς δεξιοῖς. διὸ τήν
τε θάλασσαν οἱ ἱερεῖς ἀφοσιοῦνται καὶ τὸν ἅλα Τυφῶνος
ἀφρὸν καλοῦσι, καὶ τῶν ἀπαγορευομένων ἕν ἐστιν αὐτοῖς
ἐπὶ τραπέζης ἅλα μὴ προτίθεσθαι· καὶ κυβερνήτας οὐ
προσαγορεύουσιν, ὅτι χρῶνται θαλάττῃ καὶ τὸν βίον
ἀπὸ τῆς θαλάττης ἔχουσιν· οὐχ ἥκιστα δὲ καὶ τὸν
ἰχθὺν ἀπὸ ταύτης προβάλλονται τῆς αἰτίας καὶ τὸ
μισεῖν ἰχθύι γράφουσιν.
ἐν Σάι γοῦν ἐν τῷ προπύλῳ τοῦ ἱεροῦ τῆς Ἀθηνᾶς ἦν
γεγλυμμένον βρέφος, γέρων καὶ μετὰ τοῦτον ἱέραξ, ἐφεξῆς
δ´ ἰχθύς, ἐπὶ πᾶσι δ´ ἵππος ποτάμιος.
ἐδήλου δὲ συμβολικῶς ’ὦ γινόμενοι καὶ ἀπογινόμενοι,
θεὸς ἀναίδειαν μισεῖ‘. τὸ μὲν γὰρ βρέφος γενέσεως σύμβολον,
φθορᾶς δ´ ὁ γέρων· ἱέρακι δὲ τὸν θεὸν φράζουσιν, ἰχθύι δὲ μῖσος,
ὥσπερ εἴρηται, διὰ τὴν θάλατταν, ἵππῳ ποταμίῳ δ´ ἀναίδειαν·
λέγεται γὰρ ἀποκτείνας τὸν πατέρα τῇ μητρὶ βίᾳ μίγνυσθαι.
δόξειε δ´ ἂν καὶ τὸ ὑπὸ τῶν Πυθαγορικῶν λεγόμενον,
ὡς ἡ θάλαττα Κρόνου δάκρυόν ἐστιν, αἰνίττεσθαι τὸ μὴ
καθαρὸν μηδὲ σύμφυλον αὐτῆς.
Ταῦτα μὲν οὖν ἔξωθεν εἰρήσθω κοινὴν ἔχοντα τὴν ἱστορίαν·
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Traduction française :
[32] Telles sont les allégories que renferme cette explication.
Mais remontons à d'autres origines, que justifient des
conjectures mieux raisonnées; et examinons d'abord les
plus simples. Elles ont pour auteurs ceux qui disent, comme
les Grecs, que Saturne est la figure allégorique du Temps,
et Junon, celle de l'Air ; que la naissance de Vulcain est le
symbole du changement de l'air en feu. De même chez les
Egyptiens, Osiris est le Nil qui s'unit avec Isis, ou la terre;
Typhon, c'est la mer, dans laquelle disparaît et se disperse
le Nil en s'y jetant ; toutefois, il y a réserve de la portion
de ses eaux qui, reçue et conservée par la terre, sert à la
féconder. Il existe en l'honneur d'Osiris une complainte
religieuse, et dans cette complainte il est dit qu'étant né à
gauche, Osiris périt à droite. Car les Egyptiens regardent
l'Orient comme la face du monde, le Nord comme en étant
la droite, et le Midi, la gauche. Or le Nil, qui coule en venant
du Midi, est absorbé au Nord par la mer; et il est facile
de concevoir que l'on dise qu'il prend naissance à
gauche et qu'il va se perdre à droite. C'est pour cela que les
prêtres ont la mer en horreur, et qu'ils appellent le sel
"écume de Typhon". Une des interdictions qui leur sont
commandées, c'est de ne point mettre de sel sur la table.
Ils n'adressent jamais la parole à des pilotes, parce que
ceux-ci pratiquent la mer et vivent de la mer. Pour le même
motif ils ont une horreur prononcée contre le poisson, et
le mot "haïr" se formule chez eux par la figure d'un poisson.
Ainsi à Saïs, dans le vestibule du temple d'Athéna,
on voyait gravés un enfant, un vieillard, un épervier ;
immédiatement après était dessiné un poisson, et à la suite
de toutes ces figures, un hippopotame. C'étaient une série
de symboles qui voulaient dire : « ô vous qui naissez à la
vie, ô vous qui allez en sortir, Dieu déteste l'impudence. »
En effet, l'enfant désigne la naissance, le vieillard, la cessation
prochaine de la vie ; l'épervier, c'est Dieu ; le poisson,
c'est la haine, à cause de la mer, comme nous l'avons dit,
et l'hippopotame marque l'impudence: car on dit que cet
animal, après avoir tué son père, s'accouple avec sa mère.
Du reste cette parole des Pythagoriciens : "la mer est une
larme de Saturne", donne également à penser que la mer
est un élément impur et qui ne s'associe pas avec les autres
parties de la création. Ce sont là des explications tirées en
quelque sorte du dehors et empruntées aux traditions vulgaires.
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