Texte grec :
[9] Οἱ δὲ βασιλεῖς ἀπεδείκνυντο μὲν ἐκ τῶν ἱερέων ἢ
τῶν μαχίμων, τοῦ μὲν δι´ ἀνδρείαν τοῦ δὲ διὰ σοφίαν
γένους ἀξίωμα καὶ τιμὴν ἔχοντος. ὁ δ´ ἐκ μαχίμων
ἀποδεδειγμένος εὐθὺς ἐγίνετο τῶν ἱερέων καὶ μετεῖχε
τῆς φιλοσοφίας ἐπικεκρυμμένης τὰ πολλὰ μύθοις καὶ λόγοις
ἀμυδρὰς ἐμφάσεις τῆς ἀληθείας καὶ διαφάσεις ἔχουσιν,
ὥσπερ ἀμέλει καὶ παραδηλοῦσιν αὐτοὶ πρὸ τῶν ἱερῶν τὰς
σφίγγας ἐπιεικῶς ἱστάντες, ὡς αἰνιγματώδη σοφίαν τῆς
θεολογίας αὐτῶν ἐχούσης. τὸ δ´ ἐν Σάι τῆς Ἀθηνᾶς, {ὃ}
ἣν καὶ Ἶσιν νομίζουσιν, ἕδος ἐπιγραφὴν εἶχε τοιαύτην
’ἐγώ εἰμι πᾶν τὸ γεγονὸς καὶ ὂν καὶ ἐσόμενον καὶ τὸν
ἐμὸν πέπλον οὐδείς πω θνητὸς ἀπεκάλυψεν.‘ ἔτι δὲ τῶν
πολλῶν νομιζόντων ἴδιον παρ´ Αἰγυπτίοις ὄνομα τοῦ Διὸς
εἶναι τὸν Ἀμοῦν (ὃ παράγοντες ἡμεῖς Ἄμμωνα λέγομεν)
. Μανεθὼς μὲν ὁ Σεβεννύτης τὸ κεκρυμμένον
οἴεται καὶ τὴν κρύψιν ὑπὸ ταύτης δηλοῦσθαι τῆς φωνῆς,
Ἑκαταῖος δ´ ὁ Ἀβδηρίτης φησὶ τούτῳ καὶ
πρὸς ἀλλήλους τῷ ῥήματι χρῆσθαι τοὺς Αἰγυπτίους, ὅταν
τινὰ προσκαλῶνται· προσκλητικὴν γὰρ εἶναι τὴν φωνήν.
διὸ τὸν πρῶτον θεόν, ὃν τῷ παντὶ τὸν αὐτὸν νομίζουσιν,
ὡς ἀφανῆ καὶ κεκρυμμένον ὄντα προσκαλούμενοι
καὶ παρακαλοῦντες ἐμφανῆ γενέσθαι καὶ δῆλον αὐτοῖς
Ἀμοῦν λέγουσιν.
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Traduction française :
[9] Les rois étaient désignés parmi les prêtres ou parmi
les guerriers, parce que ces deux classes, l'une en raison de
sa valeur, l'autre en raison de sa sagesse, jouissaient d'une
estime et d'une considération particulière. Si c'était parmi
les guerriers, le nouveau roi appartenait aussitôt à la classe
des prêtres; et on l'initiait à cette philosophie mystique,
composée d'emblèmes et d'allégories, qui ne laissait apercevoir
les traces de la vérité que sous un voile épais. Du
reste, les Egyptiens avouent eux-mêmes cette obscurité; et
c'est à cause de cela, sans doute, qu'en avant des temples
ils placent des sphinx, pour indiquer que la sagesse de leur
philosophie est tout énigmatique. A Saïs, sur le fronton du
temple de Minerve, qu'ils croient être la même qu'Isis, on
lisait cette inscription : "Je suis tout ce qui a été, tout ce
qui est, tout ce qui sera; et nul mortel n'a encore soulevé
mon voile." En outre, plusieurs pensent que le nom propre
de Jupiter en langue égyptienne est Amoun, dont par
réduplication de lettres nous autres Grecs avons fait Ammon. Or
Manéthon le Sébennite croit que ce mot veut dire "chose
cachée, action de cacher". Hécatée d'Abdère dit que les
Égyptiens emploient ce mot pour s'appeler les uns les autres,
attendu qu'il est essentiellement appellatif. C'est pourquoi,
s'adressant au premier Dieu, le même, selon eux, que
l'Univers, comme à un être invisible et caché, ils l'exhortent
avec supplications, en l'appelant "Amoun", à se
faire voir et à se découvrir à eux. Voilà jusqu'à quel point
était grande la réserve qui caractérisait la philosophie religieuse
des Égyptiens.
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