HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur la fortune

Ἠρώτα



Texte grec :

[99] (99a) Ἀλλὰ μὴν καὶ τὰ τεκτόνων δήπου « Πράγματα θνητῶν » ἐστι, καὶ τὰ χαλκοτύπων καὶ οἰκοδόμων καὶ ἀνδριαντοποιῶν, ἐν οἷς οὐδὲν αὐτομάτως οὐδ´ ὡς ἔτυχε κατορθούμενον ὁρῶμεν. Ὅτι γὰρ τούτοις βραχεῖά τις παρεμπίπτει τύχη, τὰ δὲ πλεῖστα καὶ μέγιστα τῶν ἔργων αἱ τέχναι συντελοῦσι δι´ αὑτῶν, καὶ οὗτος ὑποδεδήλωκε Βᾶτ´ εἰς ὁδὸν δὴ πᾶς ὁ χειρῶναξ λεώς, οἳ τὴν Διὸς γοργῶπιν Ἐργάνην στατοῖς λίκνοισι προστρέπεσθε. (99b) Τὴν γὰρ Ἐργάνην καὶ τὴν Ἀθηνᾶν αἱ τέχναι πάρεδρον οὐ τὴν Τύχην ἔχουσι. Ἕνα μέντοι φασὶν ἵππον ζωγραφοῦντα τοῖς μὲν ἄλλοις κατορθοῦν εἴδεσι καὶ χρώμασι, τοῦ δ´ ἀφροῦ τὴν περὶ τῷ χαλινῷ κοπτομένην χαυνότητα καὶ τὸ συνεκπῖπτον ἆσθμα μὴ κατορθοῦντα γράφειν τε πολλάκις καὶ ἐξαλείφειν, τέλος δ´ ὑπ´ ὀργῆς προσβαλεῖν τῷ πίνακι τὸν σπόγγον ὥσπερ εἶχε τῶν φαρμάκων ἀνάπλεων, τὸν δὲ προσπεσόντα θαυμαστῶς ἐναπομάξαι καὶ ποιῆσαι τὸ δέον. Τοῦτ´ ἔντεχνον τύχης μόνον ἱστορεῖται. Κανόσι καὶ σταθμαῖς καὶ μέτροις καὶ ἀριθμοῖς πανταχοῦ χρῶνται, ἵνα μηδαμοῦ (99c) τὸ εἰκῆ καὶ ὡς ἔτυχε τοῖς ἔργοις ἐγγένηται. Καὶ μὴν αἱ τέχναι μικραί τινες εἶναι λέγονται φρονήσεις, μᾶλλον δ´ ἀπόρροιαι φρονήσεως καὶ ἀποτρίμματα ἐνδιεσπαρμένα ταῖς χρείαις περὶ τὸν βίον, ὥσπερ αἰνίττεται τὸ πῦρ ὑπὸ τοῦ Προμηθέως μερισθὲν ἄλλο ἄλλῃ διασπαρῆναι. Καὶ γὰρ τῆς φρονήσεως μόρια καὶ σπάσματα μικρὰ θραυομένης καὶ κατακερματιζομένης εἰς τάξεις κεχώρηκε. Θαυμαστὸν οὖν ἐστι πῶς αἱ μὲν τέχναι τῆς τύχης οὐ δέονται πρὸς τὸ οἰκεῖον τέλος, ἡ δὲ πασῶν μεγίστη καὶ τελειοτάτη τέχνη καὶ τὸ κεφάλαιον τῆς ἀνθρωπίνης εὐφημίας καὶ δικαιώσεως οὐδέν ἐστιν. Ἀλλ´ ἐν ἐπιτάσει μὲν χορδῶν καὶ ἀνέσει εὐβουλία τίς ἐστιν ἣν μουσικὴν καλοῦσι, καὶ περὶ ἄρτυσιν ὄψων ἣν μαγειρικὴν ὀνομάζομεν, καὶ περὶ (99d) πλύσιν ἱματίων ἣν γναφικήν· τοὺς δὲ παῖδας καὶ ὑποδεῖσθαι καὶ περιβάλλεσθαι διδάσκομεν καὶ τῇ δεξιᾷ λαμβάνειν τοῦ ὄψου τῇ δ´ ἀριστερᾷ κρατεῖν τὸν ἄρτον, ὡς οὐδὲ τούτων γιγνομένων ἀπὸ τύχης ἀλλ´ ἐπιστάσεως καὶ προσοχῆς δεομένων· τὰ δὲ μέγιστα καὶ κυριώτατα πρὸς εὐδαιμονίαν οὐ παρακαλεῖ τὴν φρόνησιν, οὐδὲ μετέχει τοῦ κατὰ λόγον καὶ πρόνοιαν; Ἀλλὰ γῆν μὲν οὐδεὶς ὕδατι δεύσας ἀφῆκεν, ὡς ἀπὸ τύχης καὶ αὐτομάτως πλίνθων ἐσομένων, οὐδ´ ἔρια καὶ σκύτη κτησάμενος κάθηται τῇ τύχῃ προσευχόμενος ἱμάτιον αὐτῷ καὶ ὑποδήματα γενέσθαι· χρυσίον δὲ πολὺ συμφορήσας (99e) καὶ ἀργύριον καὶ πλῆθος ἀνδραπόδων καὶ πολυθύρους αὐλὰς περιβαλόμενος καὶ κλίνας προσθέμενος πολυτελεῖς καὶ τραπέζας οἴεται ταῦτα φρονήσεως αὐτῷ μὴ παραγενομένης εὐδαιμονίαν ἔσεσθαι καὶ βίον ἄλυπον καὶ μακάριον καὶ ἀμετάβλητον; Ἠρώτα τις Ἰφικράτην τὸν στρατηγόν, ὥσπερ ἐξελέγχων, τίς ἐστιν; « Οὔτε γὰρ ὁπλίτης οὔτε τοξότης οὔτε πελταστής. » Κἀκεῖνος « Ὁ τούτοις, » ἔφη, « πᾶσιν ἐπιτάττων καὶ χρώμενος. » Οὐ (99f) χρυσίον ἡ φρόνησίς ἐστιν οὐδ´ ἀργύριον οὐδὲ δόξα οὐδὲ πλοῦτος οὐδ´ ὑγίεια οὐδ´ ἰσχὺς οὐδὲ κάλλος. Τί οὖν ἐστι; Τὸ πᾶσι τούτοις καλῶς χρῆσθαι δυνάμενον καὶ δι´ ὃ τούτων ἕκαστον ἡδὺ γίγνεται καὶ ἔνδοξον καὶ ὠφέλιμον· ἄνευ δὲ τούτου δύσχρηστα καὶ ἄκαρπα καὶ βλαβερά, καὶ βαρύνει καὶ καταισχύνει τὸν κεκτημένον. Ἦ που καλῶς ὁ Ἡσιόδου Προμηθεὺς τῷ Ἐπιμηθεῖ παρακελεύεται Μή ποτε δῶρα δέξασθαι πὰρ Ζηνὸς Ὀλυμπίου ἀλλ´ ἀποπέμπειν,

Traduction française :

[99] (99a) Les ouvrages des architectes, des statuaires et de tous les autres artistes, tirent-ils aussi leur perfection du hasard et de la fortune? En admettant qu'ils puissent y avoir quelque légère influence, peut-on nier, du moins, que la plus grande et la plus belle partie de leurs ouvrages ne soit la production de l'art? C'est ce qu'un poète nous fait entendre dans ces vers : "Allez tous, artisans, vous qui par vos offrandes Honorez la mère des arts, Pallas, dont les mortels redoutent les regards". (99b) C'est en effet Minerve, et non la fortune, que les arts reconnaissent pour leur protectrice. On raconte qu'un peintre qui peignait un cheval, content d'ailleurs de son ouvrage, ne pouvait parvenir à bien rendre cette écume épaisse que le cheval fait sortir de sa bouche en rongeant son frein. Après plusieurs essais inutiles, d'impatience il saisit son éponge pleine de couleurs et la jette brusquement sur le tableau. Le hasard fit qu'elle tomba sur la bouche du cheval, et rendit parfaitement l'idée du peintre. C'est le seul trait que je sache où la fortune ait mieux fait que l'art. Dans tous leurs ouvrages, les artistes usent de règle, de mesure et de calcul, pour ne rien (99c) donner au hasard. On regarde même les arts comme des prudences d'un ordre inférieur, ou du moins comme des portions, des ruisseaux de la prudence même, distribués en divers canaux pour les besoins de la vie. Et n'est-ce pas là ce que nous montre l'énigme du feu, qui, divisé par Prométhée, se répandit de tous côtés dans l'univers? Ainsi les parties, et, pour ainsi dire, les fragments de la prudence, ont formé, par leur division, les différentes classes des arts. Ne serait-il pas bien étonnant que, tous les autres arts pouvant se passer de la fortune pour arriver à leur fin, l'art le plus grand et le plus parfait, celui qui renferme tous les devoirs de l'homme et met le comble à sa gloire, eût besoin du secours de cette déesse aveugle ? Pour tendre ou relâcher les cordes d'un instrument, ne faut-il pas une sorte de prudence que nous appelons musique ? N'en est-il pas d'autres pour assaisonner les viandes? (99d) pour laver et blanchir les étoffes? N'enseignons-nous pas aux enfants comment ils doivent s'habiller, se tenir à table et recevoir ce qu'on leur présente ? Les choses même les plus communes ne sont pas l'ouvrage de la fortune ; elles demandent du soin et de l'application ; et les choses les plus importantes, celles qui contribuent le plus au bonheur de l'homme, se feraient sans prudence, sans jugement et sans raison ? Vit-on jamais un ouvrier, après avoir détrempé de la terre avec de l'eau, laisser au hasard à faire ses briques? ou après avoir acheté de l'étoffe ou du cuir, se tenir tranquille, en priant la fortune de lui faire des habits ou des souliers ? Mais combien de gens, après avoir amassé de grandes sommes d'or et d'argent, (99e) acheté une multitude d'esclaves et des maisons magnifiquement meublées, s'imaginent qu'avec ces richesses ils n'ont pas besoin de la sagesse pour être heureux, et que sans elle ils mèneront une vie tranquille, exempte de tout revers ? « Si vous n'êtes ni fantassin, ni archer, ni cavalier, disait-on un jour à Iphicrate, qu'êtes-vous donc ? — Je suis, répondit ce général, celui qui commande à ces différents corps de troupes, et qui les fait agir.» (99f) De même, la sagesse n'est ni l'or, ni l'argent, ni la richesse, ni la gloire, ni la santé, ni la beauté, ni la force. Qu'est-elle donc? Ce qui nous fait bien user de tous ces avantages, qui nous en rend la jouissance douce, utile et honorable. Sans elle ils sont fatigants, infructueux, nuisibles même et déshonorants. Aussi Prométhée, dans Hésiode (Op. et Di., 86), recommande-t-il, avec raison, à son frère Épiméthée, "De ne pas recevoir les dons de Jupiter, Mais de les renvoyer".





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Dernière mise à jour : 8/05/2008