HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la face qui paraît sur la lune



Texte grec :

[942] (942a) τοὺς δὲ δαίμονας ἐκείνους περιέπειν καὶ θεραπεύειν τὸν Κρόνον, ἑταίρους αὐτῷ γενομένους, ὅτε δὴ θεῶν καὶ ἀνθρώπων ἐβασίλευε· καὶ πολλὰ μὲν ἀφ´ ἑαυτῶν μαντικοὺς ὄντας προλέγειν, τὰ δὲ μέγιστα καὶ περὶ τῶν μεγίστων ὡς ὀνείρατα τοῦ Κρόνου κατιόντας ἐξαγγέλλειν· ὅσα γὰρ ὁ Ζεὺς προδιανοεῖται, ταῦτ´ ὀνειροπολεῖν τὸν Κρόνον, ἐπειδὰν στασιάσαντα τὰ τιτανικὰ πάθη καὶ κινήματα τῆς ψυχῆς ἐν αὐτῷ παντάπασιν ὁ ὕπνος κατακοιμήσῃ καὶ γένηται τὸ βασιλικὸν καὶ θεῖον αὐτὸ καθ´ ἑαυτὸ καθαρὸν καὶ ἀκήρατον. Ἐνταῦθα δὴ κομισθείς, ὡς ἔλεγεν, ὁ ξένος καὶ θεραπεύων (942b) τὸν θεὸν ἐπὶ σχολῆς, ἀστρολογίας μὲν ἐφ´ ὅσον γεωμετρήσαντι πορρωτάτω προελθεῖν δυνατόν ἐστιν ἐμπειρίαν ἔσχε, φιλοσοφίας δὲ τῆς ἄλλης τῷ φυσικῷ χρώμενος. Ἐπιθυμίαν δέ τινα καὶ πόθον ἔχων γενέσθαι τῆς μεγάλης νήσου θεατής (οὕτως γὰρ ὡς ἔοικε τὴν παρ´ ἡμῖν οἰκουμένην ὀνομάζουσιν), ἐπεὶ δὴ τὰ τριάκοντ´ ἔτη διῆλθεν, ἀφικομένων τῶν διαδόχων οἴκοθεν ἀσπασάμενος τοὺς φίλους ἐξέπλευσε, τὰ μὲν ἄλλα κατεσκευασμένος εὐσταλῶς ἐφόδιον δὲ συχνὸν ἐν χρυσοῖς ἐκπώμασι κομίζων. Ἃ μὲν οὖν ἔπαθε καὶ ὅσους ἀνθρώπους διῆλθεν, ἱεροῖς τε (942c) γράμμασιν ἐντυγχάνων ἐν τελεταῖς τε πάσαις τελούμενος, οὐ μιᾶς ἡμέρας ἔργον ἐστὶ διελθεῖν, ὡς ἐκεῖνος ἡμῖν ἀπήγγελλεν εὖ μάλα καὶ καθ´ ἕκαστον ἀπομνημονεύων· ὅσα δ´ οἰκεῖα τῆς ἐνεστώσης διατριβῆς ἐστιν, ἀκούσατε. Πλεῖστον γὰρ ἐν Καρχηδόνι χρόνον διέτριψεν, ἅτε δὴ παρ´ ἡμῖν μεγάλας τοῦ Κρόνου τιμὰς ἔχοντος, καί τινας, ὅθ´ ἡ προτέρα πόλις ἀπώλλυτο, διφθέρας ἱερὰς ὑπεκκομισθείσας κρύφα καὶ διαλαθούσας πολὺν χρόνον ἐν γῇ κειμένας ἐξευρών, τῶν τε φαινομένων θεῶν ἔφη χρῆναι καί μοι παρεκελεύετο τιμᾶν διαφερόντως τὴν Σελήνην (942d) ὡς τοῦ βίου κυριωτάτην οὖσαν - - - ἐχομένην.» Θαυμάζοντος δέ μου ταῦτα καὶ δεομένου σαφέστερον ἀκοῦσαι «Πολλά» εἶπεν « Σύλλα, περὶ θεῶν οὐ πάντα δὲ καλῶς λέγεται παρ´ Ἕλλησιν. Οἷον εὐθὺς ὀρθῶς Δήμητραν καὶ Κόρην ὀνομάζοντες οὐκ ὀρθῶς ὁμοῦ καὶ περὶ τὸν αὐτὸν ἀμφοτέρας εἶναι τόπον νομίζουσιν. Ἡ μὲν γὰρ ἐν γῇ καὶ κυρία τῶν περὶ γῆν ἐστιν, ἡ δ´ ἐν σελήνῃ καὶ τῶν περὶ σελήνην, Κόρη τε καὶ Φερσεφόνη κέκληται, τὸ μὲν ὡς φωσφόρος οὖσα, Κόρη δ´ ὅτι καὶ τοῦ ὄμματος, ἐν ᾧ τὸ εἴδωλον ἀντιλάμπει τοῦ βλέποντος, ὥσπερ τὸ ἡλίου φέγγος ἐνορᾶται τῇ σελήνῃ, κόρην προσαγορεύομεν. (942e) Τοῖς τε περὶ τὴν πλάνην καὶ τὴν ζήτησιν αὐτῶν λεγομένοις ἔνεστι μέν τι καὶ ἀληθές· ἀλλήλων γὰρ ἐφίενται χωρὶς οὖσαι καὶ συμπλέκονται περὶ τὴν σκιὰν πολλάκις· τὸ δὲ νῦν μὲν ἐν οὐρανῷ καὶ φωτὶ νῦν δ´ ἐν σκότῳ καὶ νυκτὶ γενέσθαι (περὶ) τὴν Κόρην ψεῦδος μὲν οὐκ ἔστιν, τοῦ δὲ χρόνου τῷ ἀριθμῷ πλάνην παρέσχηκεν· οὐ γὰρ ἓξ μῆνας ἀλλὰ παρ´ ἓξ μῆνας ὁρῶμεν αὐτὴν ὑπὸ τῆς γῆς ὥσπερ ὑπὸ τῆς μητρὸς τῇ σκιᾷ λαμβανομένην, ὀλιγάκις δὲ τοῦτο διὰ πέντε μηνῶν πάσχουσαν. Ἐπεὶ τόν γ´ Ἅιδην ἀπολιπεῖν ἀδύνατόν ἐστιν αὐτήν, τοῦ Ἅιδου πέρας οὖσαν· (942f) ὥσπερ καὶ Ὅμηρος ἐπικρυψάμενος οὐ φαύλως τοῦτ´ εἶπεν «Ἀλλά ς´ ἐς Ἠλύσιον πεδίον καὶ πείρατα γαίης» . Ὅπου γὰρ ἡ σκιὰ τῆς γῆς ἐπινεμομένη παύεται, τοῦτο τέρμα τῆς γῆς ἔθετο καὶ πέρας. Εἰς δὲ τοῦτο φαῦλος μὲν οὐδεὶς οὐδ´ ἀκάθαρτος ἄνεισιν, οἱ δὲ χρηστοὶ μετὰ τὴν τελευτὴν κομισθέντες αὐτόθι ῥᾷστον μὲν οὕτως βίον, οὐ μὴν μακάριον οὐδὲ θεῖον ἔχοντες ἄχρι τοῦ δευτέρου θανάτου διατελοῦσι.» «Τίς δ´ οὗτός ἐστιν, Σύλλα;» «Μὴ περὶ τούτων ἔρῃ, μέλλω γὰρ αὐτὸς διηγεῖσθαι.

Traduction française :

[942] (942a) Saturne a pour ministres les génies, qui le servent assidûment. Ils étaient ses courtisans et ses amis dans le temps qu'il régnait sur les dieux et sur les hommes. Comme ils possèdent l'art de la divination, ils annoncent souvent d'eux-mêmes l'avenir; mais les prédictions les plus importantes, et qui roulent sur de plus grands objets, ils les font quand ils sortent d'auprès de Saturne, dont ils racontent les songes, dans lesquels ce dieu voit tous les desseins de Jupiter. Son réveil est marqué par des passions tyranniques et par des troubles violents que son âme éprouve ; mais son sommeil est doux et tranquille, et c'est dans cet état que sa nature divine et sa souveraineté agissent selon toute leur puissance. «L'étranger de qui je tiens ce récit ayant été conduit dans l'île, y servit (942b) paisiblement ce dieu, et s'instruisit, pendant ce temps-là, dans l'astronomie. Il alla dans cette science aussi loin qu'il est possible quand on a fait les plus grands progrès dans la géométrie. Entre les parties de la philosophie, il cultiva particulièrement la physique. Mais il lui prit envie d'aller visiter et connaître par lui-même la grande île, car c'est ainsi qu'ils appellent le continent que nous habitons. Lors donc que ses trente ans furent expirés et que de nouveaux ministres du dieu l'eurent remplacé, il prit congé de ses amis et s'embarqua avec un équipage assez simple; mais il avait, dans des vases d'or, d'abondantes provisions de voyage. Pour vous dire toutes les aventures qu'il eut, toutes les nations qu'il parcourut, (942c) les hiéroglyphes qu'il rencontra et les mystères auxquels il fut initié, un jour entier ne suffirait pas si je voulais vous tout raconter en détail comme il le faisait lui-même ; car il n'avait rien oublié. «Quant à ce qui regarde notre discussion présente, écoutez ce qu'il en disait, je l'ai appris de lui à Carthage, où il demeura longtemps, singulièrement honoré de tout le monde. Il y découvrit des parchemins sacrés qu'on avait transportés secrètement hors de l'ancienne ville lorsqu'elle avait été détruite, et qui étaient restés depuis ce temps-là ensevelis sous terre. Il m'exhortait fort à honorer les dieux qui brillent au ciel, et particulièrement la lune, (942d) comme la divinité qui a le plus d'influence sur notre vie. Comme je parus surpris de ce conseil et que je le priai de s'expliquer plus clairement : «Sylla, me dit-il, les Grecs parlent beaucoup des dieux ; mais tout ce qu'ils en disent n'est pas exact. Par exemple, ils ont raison de reconnaître une Cérès, une Proserpine, mais ils ont tort de réunir dans un même lieu ces deux divinités ; car l'une habite la terre et a l'empire sur toutes les choses terrestres ; l'autre est dans la lune, dont les habitants lui donnent le nom de Coré et de Persephoné. Ce dernier signifie qu'elle porte la lumière. On l'appelle Coré, qui veut dire la prunelle de l'œil, dans laquelle les objets se peignent, comme la clarté du soleil est représentée sur la lune. (942e) Ce qu'ils disent des voyages de ces deux déesses qui se cherchent mutuellement est en partie vrai : elles s'entre-désirent quand elles sont séparées, et s'embrassent souvent dans l'ombre. Que Coré soit tantôt au ciel et éclairée, tantôt dans la nuit et les ténèbres, cela n'est pas absolument faux, il n'y a erreur que dans le calcul du temps ; car nous la voyons, non pas six mois de suite, mais de six en six mois, cachée sous la terre comme sous sa mère, et enveloppée dans l'ombre, ce qui arrive rarement dans les cinq mois d'intervalle, parce qu'il est impossible qu'elle abandonne Pluton, son époux, (942f) comme Homère le donne adroitement à entendre, quoiqu'en termes couverts, lorsqu'il dit : "Aux champs de l'Élysée, aux confins de la terre". Il appelle les confins de la terre l'endroit où son ombre finit. C'est là que nul homme méchant et souillé ne peut parvenir. Les gens vertueux seuls y sont transportés après leur trépas, et y mènent, jusqu'à leur seconde mort, une vie tranquille, mais non entièrement heureuse et divine. «Ne me demandez point, Sylla, quel est ce genre de vie, je vous l'apprendrai bientôt.





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Dernière mise à jour : 24/01/2008