HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la face qui paraît sur la lune



Texte grec :

[935] ἣν ἐμυθολόγει Σωκράτης ὁ παλαιός, (935a) εἴτε δὴ ταύτην αἰνιττόμενος εἴτε δὴ ἄλλην τινὰ διηγούμενος. Οὐ γὰρ ἄπιστον οὐδὲ θαυμαστόν, εἰ μηδὲν ἔχουσα διεφθορὸς ἐν ἑαυτῇ μηδ´ ἰλυῶδες, ἀλλὰ φῶς τε καρπουμένη καθαρὸν ἐξ οὐρανοῦ καὶ θερμότητος οὐ διακαοῦς οὐδὲ μανικοῦ πυρὸς ἀλλὰ νοτεροῦ καὶ ἀβλαβοῦς καὶ κατὰ φύσιν ἔχοντος οὖσα πλήρης κάλλη τε θαυμαστὰ κέκτηται τόπων ὄρη τε φλογοειδῆ καὶ ζώνας ἁλουργοὺς ἔχει χρυσόν τε καὶ ἄργυρον οὐκ ἐν βάθει διεσπαρμένον, ἀλλὰ πρὸς τοῖς πεδίοις ἐξανθοῦντα πολὺν ἢ πρὸς ὕψεσι λείοις προφερόμενον. Εἰ δὲ τούτων ὄψις ἀφικνεῖται διὰ τῆς σκιᾶς ἄλλοτ´ ἄλλη (935b) πρὸς ἡμᾶς ἐξαλλαγῇ καὶ διαφορᾷ τινι τοῦ περιέχοντος, τό γε μὴν τίμιον οὐκ ἀπόλλυσι τῆς δόξης οὐδὲ τὸ θεῖον ἡ σελήνη, γῆ τις - - - ἱερὰ πρὸς ἀνθρώπων νομιζομένη μᾶλλον ἢ πῦρ θολερόν, ὥσπερ οἱ Στωικοὶ λέγουσι, καὶ τρυγῶδες. Πῦρ μέν γε παρὰ Μήδοις καὶ Ἀσσυρίοις βαρβαρικὰς ἔχει τιμάς, οἳ φόβῳ τὰ βλάπτοντα θεραπεύουσι πρὸ τῶν σεμνῶν ἀφοσιούμενοι, τὸ δὲ γῆς ὄνομα παντί που φίλον Ἕλληνι καὶ τίμιον, καὶ πατρῷον ἡμῖν ὥσπερ ἄλλον τινὰ θεῶν σέβεσθαι. Πολλοῦ δὲ δέομεν ἄνθρωποι τὴν σελήνην, γῆν οὖσαν ὀλυμπίαν, ἄψυχον ἡγεῖσθαι σῶμα (935c) καὶ ἄνουν καὶ ἄμοιρον ὧν θεοῖς ἀπάρχεσθαι προσήκει, νόμῳ τε τῶν ἀγαθῶν ἀμοιβὰς τίνοντας καὶ κατὰ φύσιν σεβομένους τὸ κρεῖττον ἀρετῇ καὶ δυνάμει καὶ τιμιώτερον. Ὥστε μηδὲν οἰώμεθα πλημμελεῖν γῆν αὐτὴν θέμενοι, τὸ δὲ φαινόμενον τουτὶ πρόσωπον αὐτῆς, ὥσπερ ἡ παρ´ ἡμῖν ἔχει γῆ κόλπους τινὰς μεγάλους, οὕτως ἐκείνην ἀνεπτύχθαι βάθεσι μεγάλοις καὶ ῥήξεσιν ὕδωρ ἢ ζοφερὸν ἀέρα περιέχουσιν, ὧν ἐντὸς οὐ καθίησιν οὐδ´ ἐπιψαύει τὸ τοῦ ἡλίου φῶς, ἀλλ´ ἐκλείπει καὶ διεσπασμένην ἐνταῦθα τὴν ἀνάκλασιν ἀποδίδωσιν.» Ὑπολαβὼν δ´ ὁ Ἀπολλωνίδης «Εἶτ´, πρὸς αὐτῆς» (935d) ἔφη «τῆς Σελήνης, δυνατὸν εἶναι δοκεῖ ὑμῖν ῥηγμάτων τινῶν ἢ φαράγγων εἶναι σκιὰς κἀκεῖθεν ἀφικνεῖσθαι δεῦρο πρὸς τὴν ὄψιν, ἢ τὸ συμβαῖνον οὐ λογίζεσθε κἀγὼ τουτὶ εἴπω; Ἀκούοιτε δὲ καίπερ οὐκ ἀγνοοῦντες. Ἡ μὲν διάμετρος τῆς σελήνης δυοκαίδεκα δακτύλους ἔχει τὸ φαινόμενον ἐν τοῖς μέσοις ἀποστήμασι μέγεθος. Τῶν δὲ μελάνων καὶ σκιερῶν ἕκαστον ἡμιδακτυλίου φαίνεται μεῖζον, ὥστε τῆς διαμέτρου μεῖζον ἢ εἰκοστοτέταρτον εἶναι. Καὶ μήν, εἰ μόνων ὑποθοίμεθα τὴν περίμετρον τῆς σελήνης τρισμυρίων σταδίων μυρίων δὲ τὴν διάμετρον, κατὰ τὸ ὑποκείμενον οὐκ ἔλαττον ἂν εἴη πεντακοσίων σταδίων (935e) ἐν αὐτῇ τῶν σκιερῶν ἕκαστον. Ὅρα δὴ πρῶτον, ἂν ᾖ δυνατὸν τῇ σελήνῃ τηλικαῦτα βάθη καὶ τηλικαύτας εἶναι τραχύτητας ὥστε σκιὰν ποιεῖν τοσαύτην, ἔπειτα πῶς οὖσαι τηλικαῦται τὸ μέγεθος ὑφ´ ἡμῶν οὐχ ὁρῶνται.» Κἀγὼ μειδιάσας πρὸς αὐτόν « Εὖγ´» ἔφην «ὅτι τοιαύτην ἐξεύρηκας ἀπόδειξιν, Ἀπολλωνίδη, δι´ ἧς κἀμὲ καὶ σαυτὸν ἀποδείξεις τῶν Ἀλωαδῶν ἐκείνων εἶναι μείζονας, οὐκ ἐν ἅπαντι μέντοι χρόνῳ τῆς ἡμέρας ἀλλὰ πρωῒ μάλιστα καὶ δείλης, εἴ γ´ οἴει, τὰς σκιὰς ἡμῶν τοῦ ἡλίου ποιοῦντος ἠλιβάτους, τὸν καλὸν τοῦτο τῇ αἰσθήσει παρέχειν συλλογισμόν, (935f) ὡς, εἰ μέγα τὸ σκιαζόμενον, ὑπερμέγεθες τὸ σκιάζον. Ἐν Λήμνῳ μὲν οὐδέτερος ἡμῶν εὖ οἶδ´ ὅτι γέγονε, τουτὶ μέντοι τὸ τεθρυλημένον ἰαμβεῖον ἀμφότεροι πολλάκις ἀκηκόαμεν «Ἄθως καλύψει πλευρὰ Λημνίας βοός·»

Traduction française :

[935] dont l'ancien Socrate (935a) raconte tant de choses fabuleuses, soit qu'il désigne d'une manière énigmatique celle que nous habitons, soit qu'il parle de quelque autre. Il n'est pas incroyable, il n'est pas même étonnant que la lune, qui n'a en soi rien de corrompu, rien de limoneux, qui reçoit du ciel une lumière pure et toute pénétrée d'une chaleur qui, loin de répandre des feux violents et nuisibles, n'a que des influences naturelles, douces et bienfaisantes, il n'est pas étonnant qu'elle ait sur son globe des lieux d'une beauté ravissante, des montagnes resplendissantes comme la flamme, des bandes couleur de pourpre, des mines abondantes d'or et d'argent non éparses dans l'intérieur de son globe, mais qui se trouvent à fleur de terre dans ses plaines ou le long des collines douces et unies qui sont à sa surface. «L'image de ces divers objets, qui parvient jusqu'à nous à travers l'ombre, tantôt d'une manière et tantôt d'une autre, (935b) les changements et les variations qu'éprouve l'air dont la lune est environnée, ne font rien perdre à cette planète de l'opinion que nous avons de sa divinité ni de la vénération qu'on lui doit ; elle n'en est pas moins estimée par les hommes une terre céleste plutôt qu'un feu trouble et bourbeux, comme le croient les stoïciens. Le feu lui-même reçoit chez les Mèdes et les Assyriens des honneurs barbares. Ces peuples adorent par crainte ce qui peut leur nuire, et lui rendent de plus grands hommages qu'aux êtres qui sont saints de leur nature. Quant au nom de la terre, il est vénérable et cher à tous les Grecs, qui ont reçu de leurs ancêtres l'usage de l'honorer autant qu'aucune autre divinité. Nous sommes aussi bien éloignés de croire que la lune, que nous regardons comme une terre céleste, soit un corps (935c) sans âme et sans esprit, privé de tous les biens dont nous offrons les prémices aux dieux. Au contraire, nos lois nous obligent de nous acquitter envers elle pour tous les bienfaits que nous en recevons, et, par un sentiment naturel, nous adorons ce qui possède une vertu plus parfaite et une plus grande puissance, sans croire manquer au respect que nous devons à la lune, en supposant qu'elle est semblable à la terre. «Quant à cette face qui paraît sur son disque, nous croyons que, comme notre terre contient des vallées profondes, de même la lune est entrecoupée de vastes cavités pleines d'eau ou d'un air très épais, au fond desquelles le soleil ne pénètre jamais, et où ses rayons rompus ne nous renvoient ici-bas qu'une faible réflexion.» Alors, Apollonides prenant la parole: (935d) «Eh quoi ! dit-il, j'en atteste la lune elle-même, croyez-vous possible qu'il y ait dans cette planète des ombres causées par des cavités et des profondeurs dont la vue parvienne jusqu'à nous? Ne sentez-vous pas les conséquences qui suivent de cette opinion? Je vais vous les exposer, quoique sans doute vous ne les ignoriez pas. Écoutez-moi. Le diamètre de la lune, tel qu'il nous paraît dans sa distance moyenne, est de douze doigts : chacune des taches noires et obscures qui sont à sa surface a un peu plus d'un demi-doigt et excède par conséquent la vingt-quatrième partie de son diamètre. Maintenant, si nous supposons que la circonférence de la lune est de trente mille stades, son diamètre, d'après cette supposition, sera de dix mille stades, et chacune de ces taches n'aura pas moins (935e) de cinq cents stades. Considérez donc, en premier lieu, s'il est possible qu'il y ait dans la lune des inégalités et des profondeurs assez considérables pour faire des ombres de cette grandeur ; et en second lieu, comment, étant aussi grandes, il se fait que nous ne les voyons pas. — Je vous sais gré, Apollonides, lui dis-je en souriant, d'avoir trouvé une démonstration qui prouvera que vous et moi nous sommes, non à toute heure du jour, mais principalement le matin et le soir, plus grands que les Aloïdes. Pensez-vous que quand le soleil donne à nos ombres tant de longueur, il nous suggère ce beau raisonnement que, si le corps d'où l'ombre est projetée a une grande masse, (935f) celui qui produit cette ombre doit être excessivement grand ? Je sais que ni vous ni moi nous n'avons été à Lemnos ; mais nous avons souvent entendu, l'un et l'autre, ces vers ïambes : "L'ombre que fait au loin le sommet de l'Athos Couvre le dos du bœuf que l'on voit à Lemnos".





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Dernière mise à jour : 24/01/2008