Texte grec :
[928] (928a)
οὐδέ γε πάλιν τὸ θερμὸν ὑπὸ κουφότητος εἰς τὴν ἄνω χώραν ἀποπτάμενον οἴχεται,
μέμικται δέ πως πρὸς ἄλληλα καὶ συντέτακται κατὰ τὴν ἑκάστου φύσιν.
Ὥσπερ εἰκὸς ἔχειν καὶ τὸν κόσμον, εἴ γε δὴ ζῷόν ἐστι, πολλαχοῦ γῆν ἔχοντα
πολλαχοῦ δὲ πῦρ καὶ ὕδωρ καὶ πνεῦμα, οὐκ ἐξ ἀνάγκης ἀποτεθλιμμένον ἀλλὰ
λόγῳ διακεκοσμημένον. Οὐδὲ γὰρ ὀφθαλμὸς ἐνταῦθα τοῦ σώματός ἐστιν ὑπὸ
κουφότητος ἐκπιεσθείς, οὐδ´ ἡ καρδία τῷ βάρει ὀλισθοῦσα πέπτωκεν εἰς τὸ
στῆθος, ἀλλ´ ὅτι βέλτιον ἦν οὕτως ἑκάτερον τετάχθαι. Μὴ τοίνυν μηδὲ τῶν
τοῦ κόσμου μερῶν νομίζωμεν (928b) μήτε γῆν ἐνταῦθα κεῖσθαι συμπεσοῦσαν διὰ
βάρος, μήτε τὸν ἥλιον, ὡς ᾤετο Μητρόδωρος ὁ Χῖος, εἰς τὴν ἄνω χώραν ἀσκοῦ
δίκην ὑπὸ κουφότητος ἐκτεθλῖφθαι, μήτε τοὺς ἄλλους ἀστέρας ὥσπερ ἐν ζυγῷ
σταθμοῦ διαφορᾷ ῥέψαντας ἐν οἷς εἰσι γεγονέναι τόποις· ἀλλὰ τοῦ κατὰ λόγον
κρατοῦντος οἱ μὲν ὥσπερ «Ὄμματα φωσφόρα» τῷ προσώπῳ τοῦ παντὸς «
ἐνδεδεμένοι» περιπολοῦσιν, ἥλιος δὲ καρδίας ἔχων δύναμιν ὥσπερ αἷμα καὶ
πνεῦμα διαπέμπει καὶ διασκεδάννυσιν ἐξ ἑαυτοῦ θερμότητα καὶ φῶς, γῇ δὲ καὶ
θαλάσσῃ χρῆται κατὰ φύσιν ὁ κόσμος, ὅσα κοιλίᾳ καὶ κύστει ζῷον. (928c)
Σελήνη δ´ ἡλίου μεταξὺ καὶ γῆς ὥσπερ καρδίας καὶ κοιλίας ἧπαρ ἤ τι
μαλθακὸν ἄλλο σπλάγχνον ἐγκειμένη τήν τ´ ἄνωθεν ἀλέαν ἐνταῦθα διαπέμπει
καὶ τὰς ἐντεῦθεν ἀναθυμιάσεις πέψει τινὶ καὶ καθάρσει λεπτύνουσα περὶ
ἑαυτὴν ἀναδίδωσιν. Εἰ δὲ καὶ πρὸς ἄλλα τὸ γεῶδες αὐτῆς καὶ στερέμνιον ἔχει
τινὰ πρόσφορον χρείαν, ἄδηλον ἡμῖν. Ἐν παντὶ δὲ κρατεῖ τὸ βέλτιον τοῦ
κατηναγκασμένου. Τί γὰρ οὐχ οὕτως λάβωμεν, ἐξ ὧν ἐκεῖνοι λέγουσι, τὸ
εἰκός; Λέγουσι δὲ τοῦ αἰθέρος τὸ μὲν αὐγοειδὲς καὶ λεπτὸν ὑπὸ μανότητος
οὐρανὸν γεγονέναι, τὸ δὲ πυκνωθὲν καὶ συνειληθὲν ἄστρα· τούτων δὲ τὸ
νωθρότατον εἶναι τὴν σελήνην καὶ θολερώτατον. (928d) Ἀλλ´ ὅμως ὁρᾶν
πάρεστιν οὐκ ἀποκεκριμένην τοῦ αἰθέρος τὴν σελήνην, ἀλλ´ ἔτι πολλῷ μὲν τῷ
περὶ αὐτὴν ἐμφερομένην, πολλὴν δ´ ὑφ´ ἑαυτὴν ἔχουσαν ἀνέμων - - - δινεῖσθαι
καὶ κομήτας. Οὕτως οὐ ταῖς ῥοπαῖς σεσήκωται κατὰ βάρος καὶ κουφότητα τῶν
σωμάτων ἕκαστον, ἀλλ´ ἑτέρῳ λόγῳ κεκόσμηται.»
Λεχθέντων δὲ τούτων κἀμοῦ τῷ Λευκίῳ τὸν λόγον παραδιδόντος ἐπὶ τὰς
ἀποδείξεις βαδίζοντα τοῦ δόγματος, Ἀριστοτέλης μειδιάσας «Μαρτύρομαι»
εἶπεν «ὅτι τὴν πᾶσαν ἀντιλογίαν πεποίησαι πρὸς τοὺς αὐτὴν μὲν (928e)
ἡμίπυρον εἶναι τὴν σελήνην ὑποτιθεμένους, κοινῇ δὲ τῶν σωμάτων τὰ μὲν ἄνω
τὰ δὲ κάτω ῥέπειν ἐξ ἑαυτῶν φάσκοντας· εἰ δ´ ἔστι τις ὁ λέγων κύκλῳ τε
κινεῖσθαι κατὰ φύσιν τὰ ἄστρα καὶ πολὺ παρηλλαγμένης οὐσίας εἶναι τῶν
τεττάρων, οὐδ´ ἀπὸ τύχης ἦλθεν ἐπὶ μνήμην ἡμῖν, ὥστ´ ἐμέ τε πραγμάτων
ἀπηλλάχθαι καὶ - - - Λεύκιος «Ἥκιστα, ὠγαθέ» εἶπεν, «ἀλλὰ τὰ ἄλλα μὲν
ἴσως ἄστρα καὶ τὸν ὅλον οὐρανὸν εἴς τινα φύσιν καθαρὰν καὶ εἰλικρινῆ καὶ
τῆς κατὰ πάθος ἀπηλλαγμένην μεταβολῆς τιθεμένοις ὑμῖν καὶ κύκλον ἄγουσιν
ἀιδίου καὶ ἀτελευτήτου περιφορᾶς - - -
(928f) Οὐκ ἄν τις ἔν γε τῷ νῦν διαμάχοιτο, καίτοι μυρίων οὐσῶν ἀποριῶν·
ὅταν δὲ καταβαίνων ὁ λόγος οὕτω θίγῃ τῆς σελήνης, οὐκέτι φυλάττει τὴν
ἀπάθειαν ἐν αὐτῇ καὶ τὸ κάλλος ἐκείνου τοῦ σώματος· ἀλλ´ ἵνα τὰς ἄλλας
ἀνωμαλίας καὶ διαφορὰς ἀφῶμεν, αὐτὸ τοῦτο τὸ διαφαινόμενον πρόσωπον πάθει
τινὶ τῆς οὐσίας ἢ ἀναμίξει πως ἑτέρας ἐπιγέγονε· πάσχει δέ τι καὶ τὸ
μιγνύμενον· ἀποβάλλει γὰρ τὸ εἰλικρινές, βίᾳ τοῦ χείρονος ἀναπιμπλάμενον.
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Traduction française :
[928] (928a) Cependant ni cette croûte aussi dure et aussi pesante que la
pierre, ainsi placée sur leur dos, ne les accable de son poids; ni leur
chaleur ne s'envole par l'effet de sa légèreté naturelle, et ne se perd
dans les airs ; ces substances différentes sont mêlées les unes avec les
autres, et disposées chacune selon leur nature.
Il est donc vraisemblable que si le monde est un animal, il contient en
plusieurs endroits de la terre, et en plusieurs autres, de l'eau, du feu et
de l'air, et que ces éléments n'y ont pas été poussés par la nécessité,
mais disposés par l'intelligence ;
car dans le corps humain l'il n'a pas été porté où il est par sa légèreté
naturelle, ni le cur déprimé dans la poitrine par sa pesanteur; mais l'un
et l'autre ont été placés ainsi parce que cet ordre était le meilleur. Ne
croyons pas non plus qu'entre les parties qui composent le monde, (928b)
la terre soit assise où elle est parce que sa gravité l'y a précipitée ;
que, suivant l'opinion de Métrodore de Chio, le soleil, comme une outre
remplie de vent, soit monté par sa légèreté naturelle dans le lieu qu'il
occupe ; que les autres astres, comme placés sur une balance, aient pris
leurs places actuelles selon leur degré de pesanteur ou de légèreté.
Mais une raison souveraine ayant présidé à l'organisation du monde, les astres,
comme des yeux destinés à répandre la lumière, ont été attachés au ciel,
qui est comme le front de l'univers, et ils y font leur révolution. Le
soleil, qui remplit les fonctions du cur, envoie partout sa lumière et sa
chaleur, qui sont comme le sang et les esprits. La terre et la mer sont
pour le monde ce que l'estomac et la vessie sont pour l'animal. (928c) La
lune, placée entre le soleil et la terre, comme le foie ou quelque autre
des viscères mous sont situés entre le cur et l'estomac, nous transmet la
chaleur des substances supérieures, et attirant à elle les vapeurs qui
s'élèvent de la terre, elle les atténue et les purifie par la sorte de
coction qu'elle leur fait subir. Si sa substance solide et terrestre lui
donne quelque autre propriété, c'est ce que nous ignorons; mais, en toutes
choses, il est plus sûr de s'en tenir à ce qui est nécessaire. En effet,
que peut-on conclure de vraisemblable de leur opinion ? Ils prétendent que
les parties de l'éther les plus subtiles et les plus lumineuses ont, à
raison de leur rarité, formé le ciel ; que les parties qui se sont
condensées et pressées les unes contre les autres ont fait les astres,
entre lesquels la lune a été produite de la matière la plus trouble et la
plus épaisse ; (928d) mais il est facile de voir qu'elle n'a pas été
séparée de l'air, qu'au contraire elle fait sa révolution à travers celui
qui l'environne, c'est-à-dire dans la région des vents, qui est aussi
celle des comètes. Ce n'est donc pas à raison de sa légèreté ou de sa
gravité naturelle que chaque corps a été ainsi placé : c'est une autre loi
qui a présidé à leur arrangement.
Je m'arrêtai pour laisser parler Lucius, à qui il ne restait plus qu'à
donner les démonstrations de cette doctrine ; mais Aristote prenant la
parole : «Je suis témoin, dit-il en souriant, que vous avez dirigé tous
vos raisonnements contre ceux qui, (928e) supposant que la lune est à
moitié ignée, affirment que généralement tous les corps tendent
d'eux-mêmes, les uns en haut et les autres en bas ; mais il ne vous est
pas même incidemment venu en pensée de nous dire si quelqu'un a cru que
les astres aient un mouvement circulaire qui leur soit naturel, et que
leur substance diffère entièrement de celle des quatre éléments; en sorte
que je ne suis pour rien dans votre réfutation. Certainement, lui dit
Lucius, si vous supposez que les autres astres et le ciel même sont d'une
substance pure et sans mélange qui n'est sujette à aucune altération, et
que, placés sur des cercles, ils y font perpétuellement leur révolution,
peut-être ne trouverez-vous personne qui vous contredise, (928f) encore
que cette supposition laisse subsister un grand nombre de difficultés.
«Mais quand il est question de la lune, on ne peut lui conserver cette
propriété de n'éprouver aucune altération ni lui attribuer une beauté
parfaite. Sans parler de ses autres inégalités, cette face qui paraît sur
son disque ne peut venir que de quelque affection de sa substance ou du
mélange de quelque autre corps ; car tout mélange produit une altération et
fait perdre à une substance sa pureté, en la pénétrant d'une matière moins
bonne.
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