Texte grec :
[390] τρόπον τινὰ καὶ τοῦτον ἐκ πέντε (390a) συγκείμενον κόσμων
καὶ συνηρμοσμένον εἶναι· ὧν ὁ μέν ἐστι γῆς ὁ δ´ ὕδατος,
τρίτος δὲ καὶ τέταρτος ἀέρος καὶ πυρός· τὸν δὲ πέμπτον οὐρανὸν οἱ
δὲ φῶς οἱ δ´ αἰθέρα καλοῦσιν, οἱ δ´ αὐτὸ τοῦτο πέμπτην οὐσίαν, ᾗ τὸ κύκλῳ
περιφέρεσθαι μόνῃ τῶν σωμάτων κατὰ φύσιν ἐστίν, οὐκ ἐξ ἀνάγκης οὐδ´ ἄλλως
συμβεβηκός. Διὸ δὴ καὶ τὰ πέντε κάλλιστα καὶ τελεώτατα σχήματα τῶν ἐν τῇ
φύσει κατανοήσας, πυραμίδα καὶ κύβον καὶ ὀκτάεδρον καὶ εἰκοσάεδρον καὶ
δωδεκάεδρον, ἕκαστον οἰκείως ἑκάστῳ προσένειμεν. Εἰσὶ δ´ οἳ καὶ τὰς τῶν
αἰσθήσεων δυνάμεις ἰσαρίθμους οὔσας τοῖς πρώτοις ἐκείνοις συνοικειοῦσι,
τὴν μὲν (390b) ἁφὴν ὁρῶντες ἀντίτυπον οὖσαν καὶ γεώδη, τὴν δὲ γεῦσιν
ὑγρότητι τῶν γευστῶν τὰς ποιότητας προσιεμένην. Ἀὴρ δὲ πληγεὶς ἐν ἀκοῇ
γίγνεται φωνὴ καὶ ψόφος. Δυεῖν δὲ τῶν λοιπῶν ὀσμὴ μέν, ἣν ὄσφρησις
εἴληχεν, ἀναθυμίασις οὖσα καὶ γεννωμένη θερμότητι πυρῶδές ἐστιν, αἰθέρι δὲ
καὶ φωτὶ διὰ συγγένειαν διαλαμπούσης τῆς ὄψεως γίγνεται κρᾶσις ἐξ ἀμφοῖν
ὁμοιοπαθὴς καὶ σύμπηξις. Ἄλλην δ´ οὔτε τὸ ζῷον αἴσθησιν οὔθ´ ὁ κόσμος ἔχει
φύσιν ἁπλῆν καὶ ἄμικτον· ἀλλὰ θαυμαστή τις, ὡς ἔοικε, διανομὴ γέγονε τῶν
πέντε πρὸς τὰ πέντε καὶ σύλληξις. »
(390c) Ἅμα δέ πως ἐπιστήσας καὶ διαλιπών
« Οἷον » εἶπον « ὦ Εὔστροφε, πεπόνθαμεν, ὀλίγου παρελθόντες τὸν Ὅμηρον
ὡς οὐχὶ πρῶτον εἰς πέντε νείμαντα μερίδας τὸν κόσμον, ὃς τὰς μὲν ἐν μέσῳ
τρεῖς ἀποδέδωκε τοῖς τρισὶ θεοῖς, δύο δὲ τὰς ἄκρας ὄλυμπον καὶ γῆν, ὧν ἡ
μέν ἐστι τῶν κάτω πέρας ὁ δὲ τῶν ἄνω, κοινὰς καὶ ἀνεμήτους ἀφῆκεν.
« Ἀλλ´ ἀνοιστέος » ὁ « λόγος » ὡς Εὐριπίδης φησίν. Οἱ γὰρ τὴν τετράδα
σεμνύναντες οὐ φαύλως διδάσκουσιν, ὅτι τῷ ταύτης λόγῳ πᾶν σῶμα γένεσιν
ἔσχηκεν. Ἐπεὶ γὰρ ἐν μήκει καὶ πλάτει βάθος λαβόντι πᾶν τὸ (390d) στερεόν
ἐστι, καὶ μήκους μὲν προϋφίσταται στιγμὴ κατὰ μονάδα ταττομένη, μῆκος δ´
ἀπλατὲς {ἡ} γραμμὴ καλεῖται καὶ δυάς ἐστιν, ἡ δ´ ἐπὶ πλάτος γραμμῆς
κίνησις ἐπιφανείας γένεσιν ἐν τριάδι παρέσχε, βάθους δὲ τούτοις
προσγενομένου διὰ τεττάρων εἰς στερεὸν ἡ αὔξησις προβαίνει, παντὶ δῆλον,
ὅτι δεῦρο τὴν φύσιν ἡ τετρὰς προαγαγοῦσα, μέχρι τοῦ σῶμα τελειῶσαι καὶ
παρασχεῖν ἁπτὸν ὄγκον καὶ ἀντίτυπον, εἶτ´ ἀπολέλοιπεν ἐνδεᾶ τοῦ μεγίστου.
Τὸ γὰρ ἄψυχον ὡς ἁπλῶς εἰπεῖν ὀρφανὸν καὶ ἀτελὲς καὶ πρὸς οὐδ´ ὁτιοῦν μὴ
χρωμένης ψυχῆς ἐπιτήδειον· ἡ δὲ τὴν (390e) ψυχὴν ἐμποιοῦσα κίνησις ἢ
διάθεσις μεταβολῇ διὰ πέντε γιγνομένη τῇ φύσει τὸ τέλειον ἀποδίδωσι καὶ
τοσούτῳ κυριώτερον ἔχει τῆς τετράδος λόγον, ὅσῳ τιμῇ διαφέρει τοῦ ἀψύχου
τὸ ζῷον. Ἔτι δ´ ἰσχύσασα μᾶλλον ἡ τῶν πέντε συμμετρία καὶ δύναμις οὐκ
εἴασεν εἰς ἄπειρα γένη προελθεῖν τὸ ἔμψυχον, ἀλλὰ πέντε τῶν ζώντων ἁπάντων
ἰδέας παρέσχεν. Εἰσὶ γὰρ θεοὶ δήπου καὶ δαίμονες καὶ ἥρωες, εἶτα μετὰ
τούτους τὸ τέταρτον ἄνθρωποι γένος, ἔσχατον δὲ καὶ πέμπτον τὸ ἄλογον καὶ
θηριῶδες. Ἔτι δ´ εἰ τὴν ψυχὴν αὐτὴν κατὰ φύσιν διαιροῖς, πρῶτον αὐτῆς καὶ
(390f) ἀμαυρότατόν ἐστι τὸ θρεπτικὸν δεύτερον δὲ τὸ αἰσθητικὸν εἶτα τὸ
ἐπιθυμητικὸν εἶτ´ ἐπὶ τούτῳ τὸ θυμοειδές· εἰς δὲ τὴν τοῦ λογιστικοῦ
δύναμιν ἐξικομένη καὶ τελεώσασα τὴν φύσιν ὥσπερ ἐν ἄκρῳ τῷ πέμπτῳ
καταπέπαυται. »
« Τοσαύτας δὲ καὶ τηλικαύτας ἔχοντος τοῦ ἀριθμοῦ δυνάμεις καλὴ καὶ ἡ
γένεσίς ἐστιν, οὐχ ἣν ἤδη διήλθομεν ἐκ δυάδος οὖσαν καὶ τριάδος,
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Traduction française :
[390] il est du moins en quelque sorte composé de cinq mondes : (390a) la
terre, l'eau, l'air, le feu et le ciel, que les uns appellent la lumière,
les autres, l'éther, d'autres enfin, la quintessence. Cette dernière
substance est de tous les corps le seul qui tienne de la nature, et non de
la nécessité ou du hasard, ce mouvement circulaire qui lui est
propre. C'est aussi par analogie aux cinq formes les plus belles et les
plus parfaites qui soient dans la nature, que Platon a assigné à ces cinq
mondes la pyramide, le cube, l'octaèdre, l'icosaèdre et le dodécaèdre, et
qu'il attribue à chacun d'eux la figure qui lui convient.
Il est même des philosophes qui rapportent à ces substances primitives les
sens naturels, qui sont également au nombre de cinq : (390b) le tact à la
terre, parce qu'il est dur et ferme ; le goût à l'eau, parce que son
humidité lui fait discerner les propriétés des saveurs. L'air frappé dans
l'ouïe devient son. Des deux autres sens, l'odorat affecté par les odeurs
qui ne sont que des vapeurs subtiles que la chaleur élève, tient de la
nature du feu. Le brillant des yeux a un rapport sensible avec l'éther et
la lumière, deux substances assez semblables, et qui affectent de la même
manière l'organe de la vue. Les êtres animés n'ont pas d'autres sens que
ceux-là, ni le monde d'autres substances simples et sans mélange; et l'on voit en
toute cette distribution admirable, et, pour ainsi dire, cette association de
cinq à cinq.
(390c) Je m'arrêtai là, et après quelques moments de silence : Eustrophe,
m'écriai-je, qu'allais-je faire? peu s'en est fallu que je n'aie oublié
Homère , comme si ce n'était pas lui qui le premier a divisé le monde en
cinq parties, dont il assigne les trois qui sont situées au milieu à trois
divinités. Les deux autres, l'Olympe et la terre, qui bornent, l'une les
substances inférieures, et l'autre les supérieures, il les laisse en
commun à tous les dieux, et n'en fait point de partage.
Mais, comme dit Euripide, revenons à notre sujet. Ceux qui relèvent les
propriétés du nombre quatre prétendent avec assez de probabilité que c'est
sur son analogie que tous les corps ont été formés. (390d) En effet, tout
solide consiste dans ces trois dimensions : longueur, largeur et
profondeur. Avant la longueur, est le point, qui est comme l'unité entre
les nombres. La longueur conçue sans largeur fait la ligne. Le mouvement
de la ligne en largeur produit la surface, qui est la troisième dimension.
Joignez-y la profondeur, et vous avez le solide fermé sur quatre proportions.
Mais tout le monde voit évidemment que le nombre quatre, après avoir
conduit la nature jusqu'à la formation parfaite des substances assez
solides pour résister à une forte pression, la laisse privée de la faculté
la plus importante ; car tout être privé de sentiment est imparfait, et,
pour ainsi dire, orphelin. (390e) Dès que l'âme ne lui imprime pas de
mouvement, il n'est propre à rien. Mais le mouvement ou l'affection qui
introduit l'âme en lui opère ce nouvel état par l'analogie du nombre cinq,
et donne à la nature toute sa perfection. En sorte que ce dernier nombre
est autant supérieur au nombre quatre, que l'être animé l'est à la
substance privée de vie.
De plus, le nombre cinq portant encore plus loin son harmonie et son
pouvoir, n'a pas laissé croître à l'infini les substances animées ; il les
a bornées à cinq espèces différentes : les dieux, les génies, les héros,
les hommes et les brutes. L'âme elle-même, d'après sa division naturelle,
comprend cinq facultés : la végétative, (390f) qui est la plus grossière
de toutes; la sensible, la concupiscible, l'irascible et la raisonnable, à
laquelle la nature s'est arrêtée, parce qu'elle avait atteint, par cette
cinquième faculté, le dernier degré de perfection.
Outre tant de propriétés si importantes, le nombre cinq a encore une
origine remarquable, non celle dont nous avons déjà parlé, et qui se forme
des nombres deux et trois réunis,
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