HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Sur l'éducation des enfants

τὴν



Texte grec :

[5] Περὶ δὲ τροφῆς ἐχόμενον ἂν εἴη λέγειν. δεῖ δέ, ὡς ἐγὼ ἂν φαίην, αὐτὰς τὰς μητέρας τὰ τέκνα τρέφειν καὶ τούτοις τοὺς μαστοὺς ὑπέχειν· συμπαθέστερόν τε γὰρ θρέψουσι καὶ διὰ πλείονος ἐπιμελείας, ὡς ἂν ἔνδοθεν καὶ τὸ δὴ λεγόμενον ἐξ ὀνύχων ἀγαπῶσαι τὰ τέκνα. αἱ τίτθαι δὲ καὶ αἱ τροφοὶ τὴν εὔνοιαν ὑποβολιμαίαν καὶ παρέγγραπτον ἔχουσιν, ἅτε μισθοῦ φιλοῦσαι. δηλοῖ δὲ καὶ ἡ φύσις ὅτι δεῖ τὰς μητέρας ἃ γεγεννήκασιν αὐτὰς τιτθεύειν καὶ τρέφειν· διὰ γὰρ τοῦτο παντὶ ζῴῳ τεκόντι τὴν ἐκ τοῦ γάλακτος τροφὴν ἐχορήγησε. σοφὸν δ´ ἄρα καὶ ἡ πρόνοια· διττοὺς ἐνέθηκε ταῖς γυναιξὶ τοὺς μαστούς, ἵνα, κἂν εἰ δίδυμα τέκοιεν, διττὰς ἔχοιεν τὰς τῆς τροφῆς πηγάς. χωρὶς δὲ τούτων εὐνούστεραι τοῖς τέκνοις γίγνοιντ´ ἂν καὶ φιλητικώτεραι. καὶ μὰ Δί´ οὐκ ἀπεικότως· ἡ συντροφία γὰρ ὥσπερ ἐπιτόνιόν ἐστι τῆς εὐνοίας. καὶ γὰρ τὰ θηρία τῶν συντρεφομένων ἀποσπώμενα ταῦτα ποθοῦντα φαίνεται. μάλιστα μὲν οὖν ὅπερ ἔφην αὐτὰς πειρατέον τὰ τέκνα τρέφειν τὰς μητέρας· εἰ δ´ ἄρ´ ἀδυνάτως ἔχοιεν ἢ διὰ σώματος ἀσθένειαν (γένοιτο γὰρ ἄν τι καὶ τοιοῦτον) ἢ πρὸς ἑτέρων τέκνων σπεύδουσαι γένεσιν, ἀλλὰ τάς γε τίτθας καὶ τροφοὺς οὐ τὰς τυχούσας ἀλλ´ ὡς ἔνι μάλιστα σπουδαίας δοκιμαστέον ἐστί. πρῶτον μὲν τοῖς ἤθεσιν Ἑλληνίδας. ὥσπερ γὰρ τὰ μέλη τοῦ σώματος εὐθὺς ἀπὸ γενέσεως πλάττειν τῶν τέκνων ἀναγκαῖόν ἐστιν, ἵνα ταῦτ´ ὀρθὰ καὶ ἀστραβῆ φύηται, τὸν αὐτὸν τρόπον ἐξ ἀρχῆς τὰ τῶν τέκνων ἤθη ῥυθμίζειν προσήκει. εὔπλαστον γὰρ καὶ ὑγρὸν ἡ νεότης, καὶ ταῖς τούτων ψυχαῖς ἁπαλαῖς ἔτι τὰ μαθήματα ἐντήκεται· πᾶν δὲ τὸ σκληρὸν χαλεπῶς μαλάττεται. καθάπερ γὰρ σφραγῖδες τοῖς ἁπαλοῖς ἐναπομάττονται κηροῖς, οὕτως αἱ μαθήσεις ταῖς τῶν ἔτι παιδίων ψυχαῖς ἐναποτυποῦνται. καί μοι δοκεῖ Πλάτων ὁ δαιμόνιος ἐμμελῶν παραινεῖν ταῖς τίτθαις μηδὲ τοὺς τυχόντας μύθους τοῖς παιδίοις λέγειν, ἵνα μὴ τὰς τούτων ψυχὰς ἐξ ἀρχῆς ἀνοίας καὶ διαφθορᾶς ἀναπίμπλασθαι συμβαίνῃ. κινδυνεύει δὲ καὶ Φωκυλίδης ὁ ποιητὴς καλῶς παραινεῖν λέγων "χρὴ παῖδ´ ἔτ´ ἐόντα καλὰ διδάσκειν ἔργα."

Traduction française :

[5] Vient maintenant la question de la nourriture. Il faut, selon moi, que les mères elles-mêmes nourrissent leurs enfants et leur présentent le sein ; car elles allaiteront avec plus d'amour, avec plus de sollicitude, puisque leur tendresse pour leurs enfants part du coeur et, comme on dit, du fond même de leurs entrailles. Les nourrices et les gouvernantes n'ont qu'une tendresse de convention, une tendresse factice, attendu qu'elle est toute mercenaire. La nature démontre elle-même que les mères doivent allaiter et nourrir les petites créatures qu'elles ont mises au monde. C'est dans ce but qu'à tout animal qui a enfanté elle a fourni le lait dont doit être alimentée la progéniture. C'est encore par une sage prévoyance qu'elle a donné des mamelles doubles aux femmes, afin que si elles ont deux jumeaux elles aient deux sources de nourriture. Indépendamment de ces raisons, les mères deviendront plus affectueuses et plus tendres pour leurs enfants. Et véritablement cela se conçoit, puisque cette communauté de nutrition redouble en quelque sorte l'attachement ; et même, les animaux à qui l'on enlève les petits qu'ils nourrissaient en manifestent des regrets visibles. Il est donc essentiel, comme je l'ai dit, que les mères essayent de nourrir elles-mêmes leurs enfants. Mais si pourtant elles en étaient incapables, soit par faiblesse de complexion, car des circonstances de ce genre peuvent se présenter, soit par leur empressement à en procréer de nouveaux, du moins ne faut-il pas prendre les premières nourrices et les premières gouvernantes venues : autant que possible ce sera sur d'excellentes que le choix se portera. Qu'elles soient, avant tout, élevées comme les femmes grecques. En effet, de même qu'il est nécessaire de façonner chez les enfants les membres du corps dès leur naissance pour qu'ils se produisent bien droits et exempts de la moindre difformité, de même il convient tout d'abord de régler leurs moeurs. C'est chose aisée à façonner, c'est chose molle, que le jeune âge. Quand ces âmes sont encore tendres, les principes s'y impriment ; mais tout ce qui est dur ne s'assouplit que difficilement. Comme les cachets marquent leur empreinte dans la cire tendre, ainsi l'instruction se grave dans l'intelligence des enfants encore tout petits; et je trouve bien judicieuse la recommandation faite aux nourrices par le divin Platon, de ne pas conter aux enfants les premières fables venues, afin qu'elles n'aillent pas tout d'abord leur remplir l'esprit de sottises et de perversité. Très sage également parait être le conseil du poète Phocylide, quand il dit : "Instruisez tout petits les enfants à bien faire."





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Dernière mise à jour : 24/08/2005