HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Sur l'éducation des enfants

οἳ



Texte grec :

[17] Καθόλου δ´ ἀπείργειν προσήκει τοὺς παῖδας τῆς πρὸς τοὺς πονηροὺς ἀνθρώπους συνουσίας· ἀποφέρονται γάρ τι τῆς τούτων κακίας. τοῦτο δὲ παρήγγειλε καὶ Πυθαγόρας αἰνίγμασιν ἅπερ ἐγὼ παραθεὶς ἐξηγήσομαι· καὶ γὰρ ταῦτα πρὸς ἀρετῆς κτῆσιν συμβάλλεται ῥοπὴν οὐκ ἐλαχίστην. οἷον· "Μὴ γεύεσθαι μελανούρων," τουτέστι μὴ συνδιατρίβειν μέλασιν ἀνθρώποις διὰ κακοήθειαν. "Μὴ ζυγὸν ὑπερβαίνειν," τουτέστιν ὅτι δεῖ τῆς δικαιοσύνης πλεῖστον ποιεῖσθαι λόγον καὶ μὴ ταύτην ὑπερβαίνειν. "Μὴ ἐπὶ χοίνικος καθίσαι," ἤτοι φεύγειν ἀργίαν καὶ προνοεῖν ὅπως τὴν ἀναγκαίαν παρασκευάσωμεν τροφήν. "Μὴ παντὶ ἐμβάλλειν δεξιάν," ἀντὶ τοῦ προχείρως οὐ δεῖ συναλλάττειν. "Μὴ φορεῖν στενὸν δακτύλιον," ὅτι δεῖ τὸν βίον ἐπιτηδεύειν καὶ μηδενὶ δεσμῷ προσάπτειν αὐτόν. "Πῦρ σιδήρῳ μὴ σκαλεύειν," ἀντὶ τοῦ θυμούμενον μὴ ἐρεθίζειν· οὐ γὰρ προσῆκεν, ἀλλ´ ὑπείκειν τοῖς ὀργιζομένοις. "Μὴ ἐσθίειν καρδίαν," ἤτοι μὴ βλάπτειν τὴν ψυχὴν ταῖς φροντίσιν αὐτὴν κατατρύχοντα. "Κυάμων ἀπέχεσθαι," ὅτι οὐ δεῖ πολιτεύεσθαι· κυαμευταὶ γὰρ ἦσαν ἔμπροσθεν αἱ ψηφοφορίαι δι´ ὧν πέρας ἐπετίθεσαν ταῖς ἀρχαῖς. "Σιτίον εἰς ἀμίδα μὴ ἐμβάλλειν·" ἐπισημαίνει γὰρ ὅτι εἰς πονηρὰν ψυχὴν ἀστεῖον λόγον ἐμβάλλειν οὐ προσῆκεν· ὁ μὲν γὰρ λόγος τροφὴ διανοίας ἐστί, τοῦτον δ´ ἀκάθαρτον ἡ πονηρία ποιεῖ τῶν ἀνθρώπων. "Μὴ ἐπιστρέφεσθαι ἐπὶ τοὺς ὅρους ἐλθόντας," τουτέστι μέλλοντας ἀποθνήσκειν καὶ τὸν ὅρον τοῦ βίου πλησίον ὄντα ὁρῶντας φέρειν εὐκόλως καὶ μὴ ἀθυμεῖν. Ἀνακάμψω δ´ ἐπὶ τὴν ἐξ ἀρχῆς τοῦ λόγου ὑπόθεσιν· ἁπάντων γὰρ ὅπερ ἔφην τῶν πονηρῶν ἀνθρώπων ἀπάγειν δεῖ τοὺς παῖδας, μάλιστα δὲ τῶν κολάκων. ὅπερ γὰρ πολλάκις καὶ πρὸς πολλοὺς τῶν πατέρων διατελῶ λέγων, καὶ νῦν ἂν εἴποιμι. γένος οὐδέν ἐστιν ἐξωλέστερον οὐδὲ μᾶλλον καὶ θᾶττον ἐκτραχηλίζον νεότητα τῶν κολάκων, οἳ καὶ τοὺς πατέρας καὶ τοὺς παῖδας προρρίζους ἐκτρίβουσι, τῶν μὲν τὸ γῆρας ἐπίλυπον, τῶν δὲ τὴν νεότητα ποιοῦντες, τῶν δὲ συμβουλευμάτων δέλεαρ ἀφύλακτον προτείνοντες τὴν ἡδονήν. τοῖς παισὶ τῶν πλουσίων οἱ πατέρες νήφειν παραινοῦσιν οἱ δὲ μεθύειν, σωφρονεῖν οἱ δ´ ἀσελγαίνειν, φυλάττειν οἱ δὲ δαπανᾶν, φιλεργεῖν οἱ δὲ ῥᾳθυμεῖν, "στιγμὴ χρόνου πᾶς ἐστιν ὁ βίος" λέγοντες, "ζῆν οὐ παραζῆν προσῆκε. τί δὲ φροντιστέον ἡμῖν τῶν τοῦ πατρὸς ἀπειλῶν; κρονόληρος καὶ σοροδαίμων ἐστί, καὶ μετέωρον αὐτὸν ἀράμενοι τὴν ταχίστην ἐξοίσομεν." καθῆκε δέ τις καὶ χαμαιτύπην καὶ προηγώγευσε γαμετήν, καὶ τὰ τῶν πατέρων ἐφόδια τοῦ γήρως ἐσύλησε καὶ περιέκοψε. μιαρὸν τὸ φῦλον, ὑποκριταὶ φιλίας, ἄγευστοι παρρησίας, πλουσίων μὲν κόλακες πενήτων δ´ ὑπερόπται, ὡς ἐκ λυρικῆς τέχνης ἐπὶ τοὺς νέους ἀγόμενοι, σεσηρότες ὅθ´ οἱ τρέφοντες γελῶσι, καὶ ψυχῆς ὑποβολιμαῖα καὶ νόθα μέρη βίου, πρὸς δὲ τὸ τῶν πλουσίων νεῦμα ζῶντες, τῇ τύχῃ μὲν ἐλεύθεροι, τῇ προαιρέσει δὲ δοῦλοι· ὅταν δὲ μὴ ὑβρίζωνται, τόθ´ ὑβρίζεσθαι δοκοῦντες, ὅτι μάτην παρατρέφονται. ὥστ´ εἴ τῳ μέλει τῶν πατέρων τῆς τῶν τέκνων εὐαγωγίας, ἐκδιωκτέον τὰ μιαρὰ ταῦτα θρέμματα, ἐκδιωκτέον δ´ οὐχ ἥκιστα καὶ τὰς τῶν συμφοιτητῶν μοχθηρίας· καὶ γὰρ οὗτοι τὰς ἐπιεικεστάτας φύσεις ἱκανοὶ διαφθείρειν εἰσί.

Traduction française :

[17] Une observation générale, c'est qu'il faut écarter l'enfant de la société des hommes vicieux : car il emporte toujours quelque chose de leur perversité. C'est ce que Pythagore a recommandé, au moyen de préceptes énigmatiques dont je vais donner ici une énumération : la série ne laissera pas d'en offrir quelque encouragement à ceux qui veulent s'assurer la possession de la vertu. Ne pas goûter aux poissons à queue noire : c'est-à-dire, ne pas converser avec des hommes décriés pour leurs mauvaises moeurs. Ne point passer par-dessus la balance : c'est-à-dire, faire le plus grand cas de la justice et ne jamais la transgresser. Ne pas s'asseoir sur le boisseau : c'est-à-dire, éviter le désoeuvrement, et songer par avance à se procurer la nourriture nécessaire. Ne pas mettre dans toute main sa main droite : c'est-à-dire , ne pas se lier avec le premier venu. Ne pas porter un anneau trop étroit : c'est-à-dire, s'assurer une existence libre et ne pas s'imposer de chaînes. Ne pas attiser du feu avec le fer : c'est-à-dire, prendre garde d'irriter mal à propos un homme furieux, et céder momentanément à ceux qui sont en colère. Ne pas se manger le coeur : c'est-à-dire, ne pas accabler son âme en la consumant de soucis. S'abstenir de fèves : c'est-à-dire, ne pas accepter de charges publiques, attendu qu'autrefois les fèves servaient pour les votes qui ratifiaient l'élection aux magistratures. Ne pas jeter son manger dans un pot de nuit : c'est-à-dire, ne pas se servir d'un langage choisi devant des hommes d'une âme dégradée : car le langage est comme la nourriture de l'âme, et c'est le salir que le mettre en contact avec la perversité. Ne point revenir en arrière quand on a touché le but : c'est-à-dire, se résigner courageusement, et ne pas éclater en plaintes lorsqu'on est sur le point de mourir et que l'on se voit près du terme de la vie. Mais je reviens à l'objet premier de mon discours. Il faut, ai-je dit, tenir les jeunes gens loin de tous les hommes vicieux, et principalement loin des flatteurs. Car c'est une vérité que je ne cesse de répéter souvent et à grand nombre de pères, et je la proclamerai encore ici. Il n'est pas de race plus funeste, qui perde la jeunesse plus complétement et plus vite, que les flatteurs. Ils consomment la ruine totale et des pères et des enfants, puisqu'ils rendent pleine d'affliction la vieillesse des premiers aussi bien que la jeunesse des seconds, à qui leurs conseils présentent la volupté sous la forme d'un appât irrésistible. Aux jeunes gens de condition riche leurs pères recommandent d'être sobres, et les flatteurs, de s'enivrer. Les pères disent : « sois chaste », les flatteurs : « sois impudique » ; les pères : « pratique l'économie » ; les flatteurs : « prodigue l'argent »; les pères : « aime à t'occuper", les flatteurs : « ne fais rien » ; et ils ne tarissent pas. « Toute la vie, disent-ils, c'est un point dans l'espace : il faut exister pour soi et non pour le bon plaisir d'un autre". "A quoi bon vous préoccuper des menaces de votre père ? C'est un vieux radoteur : il a déjà un pied dans la tombe ; nous l'enlèverons bientôt de son lit pour le mettre en terre.» Quelques flatteurs vont jusqu'à fournir aux jeunes gens des créatures de mauvaise vie, jusqu'à leur amener des femmes mariées ; et ils les aident à voler, à piller les épargnes qui devaient être une ressource pour la vieillesse de leurs pères. Race infâme, qui joue l'amitié et n'a jamais goûté à la franchise ; qui flatte les riches et méprise les pauvres; qui marche à la ruine de la jeunesse avec l'habileté que des musiciens déploieraient pour exécuter un morceau d'ensemble ! Ils ouvrent une large bouche quand ceux qui les nourrissent se mettent à rire. Espèce de superfétations et d'excroissances vicieuses adhérentes à l'existence des riches, les flatteurs vivent et se règlent sur le geste d'autrui. La fortune les avait faits hommes libres, mais par choix ils sont esclaves. Si l'on n'est pas insolent avec eux, ils croient qu'on les humilie parce qu'on les nourrit inutilement. Aussi, tout père qui prend à coeur de bien élever ses enfants doit bannir loin d'eux cette détestable engeance. Il faut chasser pareillement les compagnons d'étude qui sont vicieux car je les donne pour capables de pervertir les naturels les plus honnêtes.





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Dernière mise à jour : 24/08/2005