HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Le démon de Socrate

ἡμέραν



Texte grec :

[27] Ὡς οὖν ἅπαντες ἔνδον ἦμεν πεντήκοντα δυεῖν δέοντες, ἤδη τοῦ Θεοκρίτου καθ´ ἑαυτὸν ἐν οἰκίσκῳ τινὶ σφαγιαζομένου πολὺς ἦν τῆς θύρας ἀραγμός, καὶ μετὰ μικρὸν ἧκέ τις ἀγγέλλων ὑπηρέτας τοῦ Ἀρχίου δύο κόπτειν τὴν αὔλειον ἀπεσταλμένους σπουδῇ πρὸς Χάρωνα καὶ κελεύειν ἀνοίγειν καὶ ἀγανακτεῖν βράδιον ὑπακουόντων. θορυβηθεὶς οὖν ὁ Χάρων ἐκείνοις μὲν εὐθὺς ἀνοιγνύναι προσέταξεν, αὐτὸς δ´ ἀπαντήσας ἔχων στέφανον ὡς τεθυκὼς καὶ πίνων ἐπυνθάνετο τῶν ὑπηρετῶν ὅ τι βούλοιντο. λέγει δ´ ἅτερος ‘Ἀρχίας καὶ Φίλιππος ἔπεμψαν ἡμᾶς κελεύοντες ὡς τάχιστά ς´ ἥκειν πρὸς αὐτούς.’ ἐρομένου δὲ τοῦ Χάρωνος, τίς ἡ σπουδὴ τῆς τηνικαῦτα μεταπέμψεως αὐτοῦ καὶ μή τι καινότερον, ‘οὐδὲν ἴσμεν’ ὁ ὑπηρέτης ἔφη ‘πλέον, ἀλλὰ τί λέγωμεν αὐτοῖς;’ ‘ὅτι νὴ Δί´’ εἶπεν ὁ Χάρων ‘θεὶς τὸν στέφανον ἤδη καὶ λαβὼν τὸ ἱμάτιον ἕπομαι· μεθ´ ὑμῶν γὰρ τηνικαῦτα βαδίζων διαταράξω τινὰς (595) ὡς ἀγόμενος.’ ‘οὕτως’ ἔφη ‘ποίει· | καὶ γὰρ ἡμᾶς δεῖ τοῖς ὑπὸ πόλιν φρουροῖς κομίσαι τι πρόσταγμα παρὰ τῶν ἀρχόντων.’ ἐκεῖνοι μὲν οὖν ᾤχοντο, τοῦ δὲ Χάρωνος εἰσελθόντος πρὸς ἡμᾶς καὶ ταῦτα φράσαντος ἔκπληξις ἅπαντας ἔσχεν οἰομένους μεμηνῦσθαι, καὶ τὸν Ἱπποσθενείδαν ὑπενόουν οἱ πλεῖστοι κωλῦσαι μὲν ἐπιχειρήσαντα τὴν κάθοδον διὰ τοῦ Χλίδωνος, ἐπεὶ δ´ ἀπέτυχε καὶ συνῆπτε τῷ καιρῷ τὸ δεινόν, ἐξενηνοχέναι πιθανὸν ὄντα τὴν πρᾶξιν ὑπὸ δέους· οὐ γὰρ ἀφίκετο μετὰ τῶν ἄλλων εἰς τὴν οἰκίαν, ἀλλ´ ὅλως ἐδόκει πονηρὸς γεγονέναι καὶ παλίμβολος. οὐ μὴν ἀλλὰ τόν γε Χάρωνα πάντες ᾠόμεθα χρῆναι βαδίζειν καὶ ὑπακούειν τοῖς ἄρχουσι καλούμενον. ὁ δὲ κελεύσας τὸν υἱὸν ἐλθεῖν κάλλιστον ὄντα Θηβαίων, ὦ Ἀρχίδαμε, παῖδα καὶ φιλοπονώτατον περὶ τὰ γυμνάσια, πεντεκαιδεκέτη μὲν σχεδὸν πολὺ δὲ ῥώμῃ καὶ μεγέθει διαφέροντα τῶν ὁμηλίκων, ‘οὗτος,’ εἶπεν ‘ὦ ἄνδρες, ἐμοὶ μόνος ἐστὶ καὶ ἀγαπητός, ὥσπερ ἴστε· τοῦτον ὑμῖν παραδίδωμι πρὸς θεῶν ἅπασι πρὸς δαιμόνων ἐπισκήπτων· εἰ φανείην ἐγὼ πονηρὸς περὶ ὑμᾶς, ἀποκτείνατε, μὴ φείσησθ´ ἡμῶν· τὸ δὲ λοιπόν, ὦ ἄνδρες ἀγαθοί, πρὸς τὸ συμπεσὸν ἀντιτάξασθε, μὴ πρόησθε τὰ σώματα διαφθεῖραι τοῖς ἐχθίστοις ἀνάνδρως καὶ ἀκλεῶς, ἀλλ´ ἀμύνασθε τὰς ψυχὰς ἀηττήτους τῇ πατρίδι φυλάττοντες.’ ταῦτα τοῦ Χάρωνος λέγοντος τὸ μὲν φρόνημα καὶ τὴν καλοκἀγαθίαν ἐθαυμάζομεν, πρὸς δὲ τὴν ὑποψίαν ἠγανακτοῦμεν καὶ ἀπάγειν ἐκελεύομεν τὸν παῖδα. ‘τὸ δ´ ὅλον’ εἶπεν ὁ Πελοπίδας ‘οὐδ´ εὖ βεβουλεῦσθαι δοκεῖς ἡμῖν, ὦ Χάρων, μὴ μεταστησάμενος εἰς οἰκίαν ἑτέραν τὸν υἱόν· τί γὰρ αὐτὸν δεῖ κινδυνεύειν μεθ´ ἡμῶν ἐγκαταλαμβανόμενον; καὶ νῦν ἐκπεμπτέος, ἵν´ ἡμῖν, ἐάν τι πάσχωμεν, εὐγενὴς ὑποτρέφηται τιμωρὸς ἐπὶ τοὺς τυράννους.’ ‘οὐκ ἔστιν’ εἶπεν ὁ Χάρων, ‘ἀλλ´ αὐτοῦ παραμενεῖ καὶ κινδυνεύσει μεθ´ ὑμῶν· οὐδὲ γὰρ τούτῳ καλὸν ὑποχείριον γενέσθαι τοῖς ἐχθροῖς, ἀλλὰ τόλμα παρ´ ἡλικίαν, ὦ παῖ, γευόμενος ἄθλων ἀναγκαίων καὶ κινδύνευε μετὰ πολλῶν καὶ ἀγαθῶν πολιτῶν ὑπὲρ ἐλευθερίας καὶ ἀρετῆς· πολλὴ δ´ ἐλπὶς ἔτι λείπεται, καί πού τις ἐφορᾷ θεῶν ἡμᾶς ἀγωνιζομένους περὶ τῶν δικαίων.’

Traduction française :

[27] Nous étions tous à l'intérieur au nombre de quarante-huit, et Théocritos sacrifiait déjà à part dans une petite salle, quand on entendit de grands coups sur la porte; un instant après, on vint annoncer que deux gardes d'Archias frappaient à la porte de la cour; Archias les avait dépêchés en toute hâte à Charon ; ils ordonnaient qu'on leur ouvrît et s'impatientaient qu'on fût si lent à répondre. Un peu démonté, Charon enjoignit qu'on leur ouvrît aussitôt et, se levant lui-même avec une couronne sur la tête, en homme qui venait de sacrifier et qui était à boire, il demanda aux gardes ce qu'ils voulaient. L'un d'eux lui dit : «Archias et Philippos nous ont envoyé te dire de venir au plus tôt les rejoindre.» A la question de Charon, sur la hâte qui le faisait mander à pareille heure et s'il y avait du nouveau : «Nous n'en savons rien, répondit le garde; mais que devons-nous leur dire?» «Eh ! dit Charon, que je dépose ma couronne à l'instant et prends mon manteau pour vous suivre à quelque distance ; si je marchais avec vous à cette heure, j'en inquiéterais certains qui croiraient qu'on m'arrête.» «C'est cela, dit-il ; aussi bien, (595) nous devons porter aux soldats de garde un ordre de nos chefs.» Ils s'en allèrent donc ; quand Charon fut revenu près de nous et nous eut raconté la chose, l'épouvante nous saisit tous, nous nous crûmes dénoncés ; la plupart soupçonnaient Hipposthénidas, lui qui avait essayé d'empêcher le retour en se servant de Chlidon ; n'était-il pas vraisemblable que voyant l'échec de sa tentative et le danger au point critique, il eût, dans sa frayeur, révélé le complot ? Car il n'était pas venu avec les autres dans la maison, mais semblait de toute manière avoir fait preuve de mauvais vouloir et d'inconstance. Néanmoins, nous étions tous d'avis que Charon devait aller voir et répondre à l'appel des autorités. Il fit alors venir son fils, le plus bel enfant de Thèbes, Archidamos, et le mieux entraîné aux exercices du gymnase, âgé d'environ quinze ans mais plus fort et plus grand que ceux de son âge. «Voici, amis, dit-il, mon fils unique et chèrement aimé, vous le savez ; je vous le livre à tous, en vous en adjurant au nom des dieux et des démons : s'il s'avérait que j'eusse mal agi envers vous, tuez-nous, ne nous épargnez pas; du reste, vous êtes des hommes : faites face aux circonstances. Ne laissez pas, sans vous montrer mâles et fiers, les ennemis massacrer vos corps ; défendez vos vies, gardez-les invaincues à la patrie.» A ces mots de Charon, nous admirâmes sa noblesse et sa grandeur d'âme ; mais, indignés du soupçon, nous lui dîmes d'emmener son fils. «De toute façon, Charon, dit Pélopidas, tu trouves que tu as été imprudent de ne pas renvoyer ton fils dans une autre maison ; pourquoi faut-il qu'il tombe en péril, s'il est trouvé au milieu de nous? Il est encore temps de l'éloigner, afin que, s'il nous arrive quelque malheur, il grandisse, lui, pour nous venger généreusement des tyrans.» «Ce n'est pas possible, dit Charon ; il restera ici et partagera vos dangers, car il ne lui convient pas non plus de tomber aux mains des ennemis ; dépasse ton âge par la hardiesse, mon enfant, en tâtant de cette lutte nécessaire, et partage le danger de tant de valeureux citoyens pour la liberté et pour la vertu ; il reste encore beaucoup d'espoir, et sans doute quelqu'un des dieux contemple-t-il notre combat pour la justice.»





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Dernière mise à jour : 24/08/2005