HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Le démon de Socrate

οὕτω



Texte grec :

[13] Καὶ ὁ Θεόκριτος ‘πρότερόν γ´’ ἔφη ‘τοὺς εἰσιόντας οἵτινές εἰσιν ἀποσκεψαμένοις, μᾶλλον δὲ τὸν ξένον ὃν ἔοικεν ἡμῖν Ἐπαμεινώνδας ὁδὶ κομίζειν.’ ἀποβλέψαντες οὖν πρὸς τὰς θύρας ἑωρῶμεν ἡγούμενον μὲν τὸν Ἐπαμεινώνδαν καὶ τῶν συνεστώτων φίλων Ἰσμηνόδωρον καὶ Βακχυλίδαν καὶ Μέλισσον τὸν αὐλητήν, ἑπόμενον δὲ τὸν ξένον οὐκ ἀγεννῆ τὸ εἶδος ἀλλὰ πραότητα καὶ φιλοφροσύνην τοῦ ἤθους ὑποφαίνοντα καὶ σεμνῶς ἀμπεχόμενον τὸ σῶμα. καθίσαντος οὖν ἐκείνου μὲν αὐτοῦ παρὰ τὸν Σιμμίαν τοῦ δ´ ἀδελφοῦ παρ´ ἐμὲ τῶν δ´ ἄλλων ὡς ἕκαστος ἔτυχε καὶ γενομένης σιωπῆς ὁ Σιμμίας τὸν ἀδελφὸν ἡμῶν καλέσας ‘εἶεν,’ εἶπεν ‘ὦ Ἐπαμεινώνδα, τίνα χρὴ τὸν ξένον καὶ πῶς καὶ πόθεν προσαγορεύειν; ἀρχὴ γάρ τις ἐντυχίας καὶ γνώσεως αὕτη συνήθης.’ καὶ ὁ Ἐπαμεινώνδας ‘Θεάνωρ,’ εἶπεν ‘ὦ Σιμμία, ὄνομα μὲν τῷ ἀνδρί, γένος δὲ Κροτωνιάτης τῶν ἐκεῖ φιλοσόφων οὐ καταισχύνων τὸ μέγα Πυθαγόρου κλέος· ἀλλὰ καὶ νῦν ἥκει δεῦρο μακρὰν ὁδὸν ἐξ Ἰταλίας ἔργοις καλοῖς καλὰ δόγματα βεβαιῶν.’ ὑπολαβὼν δ´ ὁ ξένος ‘οὐκοῦν’ ἔφη ‘σὺ κωλύεις, ὦ Ἐπαμεινώνδα, τῶν ἔργων τὸ κάλλιστον. εἰ γὰρ εὖ ποιεῖν φίλους καλόν, οὐκ αἰσχρὸν εὖ πάσχειν ὑπὸ φίλων· ἡ γὰρ χάρις οὐχ ἧττον δεομένη τοῦ λαμβάνοντος ἢ τοῦ διδόντος ἐξ ἀμφοῖν τελειοῦται πρὸς τὸ καλόν, ὁ δὲ μὴ δεξάμενος ὥσπερ σφαῖραν εὖ φερομένην κατῄσχυνεν ἀτελῆ πεσοῦσαν. ποίου γὰρ οὕτω σκοποῦ βάλλοντα καὶ τυχεῖν ἡδὺ καὶ διαμαρτάνειν ἀνιαρὸν ὡς ἀνδρὸς εὖ παθεῖν ἀξίου διὰ χάριτος ἐφιέμενον; ἀλλ´ ἐκεῖ μὲν ὁ τοῦ σκοποῦ μένοντος ἀτυχήσας σφάλλεται δι´ αὑτόν, ἐνταυθοῖ δ´ ὁ παραιτούμενος καὶ ὑποφεύγων ἀδικεῖ τὴν χάριν εἰς ὃ ἔσπευκε μὴ περαίνουσαν. σοὶ μὲν οὖν τὰς αἰτίας ἤδη διῆλθον, ὑφ´ ὧν ἔπλευσα (583) δεῦρο, | βούλομαι δὲ καὶ τούτοις διελθὼν χρήσασθαι πρός σε δικασταῖς. ἐπεὶ γὰρ ἐξέπεσον αἱ κατὰ πόλεις ἑταιρεῖαι τῶν Πυθαγορικῶν στάσει κρατηθέντων, τοῖς δ´ ἔτι συνεστῶσιν ἐν Μεταποντίῳ συνεδρεύουσιν ἐν οἰκίᾳ πῦρ οἱ Κυλώνειοι περιένησαν καὶ διέφθειραν ἐν ταὐτῷ πάντας πλὴν Φιλολάου καὶ Λύσιδος νέων ὄντων ἔτι ῥώμῃ καὶ κουφότητι διωσαμένων τὸ πῦρ, Φιλόλαος μὲν εἰς Λευκανοὺς φυγὼν ἐκεῖθεν ἀνεσώθη πρὸς τοὺς ἄλλους φίλους ἤδη πάλιν ἀθροιζομένους καὶ κρατοῦντας τῶν Κυλωνείων, Λῦσις δ´ ὅπου γέγονεν ἠγνοεῖτο πολὺν χρόνον, πρίν γε δὴ Γοργίας ὁ Λεοντῖνος ἐκ τῆς Ἑλλάδος ἀναπλέων εἰς Σικελίαν ἀπήγγελλε τοῖς περὶ Ἄρκεσον βεβαίως Λύσιδι συγγεγονέναι διατρίβοντι περὶ Θήβας. ὥρμησε μὲν ὁ Ἄρκεσος πόθῳ τοῦ ἀνδρὸς αὐτὸς ὡς εἶχε πλεῦσαι, κομιδῇ δὲ διὰ γῆρας καὶ ἀσθένειαν ἐλλείπων ἐπέσκηψε μάλιστα μὲν ζῶντα κομίσαι τὸν Λῦσιν εἰς Ἰταλίαν ἢ τὰ λείψανα τεθνηκότος. οἱ δ´ ἐν μέσῳ πόλεμοι καὶ στάσεις καὶ τυραννίδες ἐκώλυσαν αὐτῷ ζῶντι συντελέσαι τοὺς φίλους τὸν ἆθλον. ἐπεὶ δ´ ἡμῖν τὸ Λύσιδος δαιμόνιον ἤδη τεθνηκότος ἐναργῶς προϋπέφαινε τὴν τελευτήν, καὶ τὰς παρ´ ὑμῖν, ὦ Πολύμνι, θεραπείας καὶ διαίτας τοῦ ἀνδρὸς οἱ σαφῶς εἰδότες ἀπήγγελλον, ὅτι πλουσίας ἐν οἴκῳ πένητι γηροκομίας τυχὼν καὶ πατὴρ τῶν σῶν υἱέων ἐπιγραφεὶς οἴχοιτο μακαριστός, ἀπεστάλην ἐγὼ νέος καὶ εἷς ὑπὸ πολλῶν καὶ πρεσβυτέρων, ἐχόντων οὐκ ἔχουσι χρήματα διδόντων, πολλὴν δὲ χάριν καὶ φιλίαν ἀντιλαμβανόντων. Λῦσις δὲ καὶ κεῖται καλῶς ὑφ´ ὑμῶν, καὶ τάφου καλοῦ κρείττων αὐτῷ χάρις ἐκτινομένη φίλοις ὑπὸ φίλων καὶ οἰκείων.’

Traduction française :

[13] «Oui, dit Théocritos, mais quand nous aurons vu qui sont ces gens qui entrent, ou plutôt quel est l'étranger qu'Epaminondas que voici semble nous amener». Regardant du côté de la porte, nous vîmes entrer d'abord Epaminondas et, parmi les amis qui l'entouraient, Isménodôros, Bacchylidas et le flûtiste Mélissos, puis à leur suite l'étranger. Son extérieur n'était pas sans noblesse et faisait voir de la douceur, de l'amabilité ; il était vêtu avec dignité. Quand donc il se fut assis lui-même près de Simmias, mon frère près de moi et les autres au petit bonheur, et que le silence se fut établi, Simmias interpella mon frère : «Eh bien ! Epaminondas, quel nom faut-il donner à notre hôte, quel titre et quelle origine ? C'est la façon normale de s'aborder et de faire connaissance.» Epaminondas répondit : «Son nom est Théanor, son pays est Crotone, et parmi les philosophes de là-bas il ne déshonore pas la grande gloire de Pythagore ; pour l'instant il arrive ici d'Italie, un long voyage, en corroborant une belle croyance par de belles actions.» L'étranger prit la parole : «Eh bien ! Epaminondas, tu mets obstacle à la plus belle. Car s'il est beau de faire du bien à des amis, il n'est pas honteux d'être obligé par eux; le bon procédé, qui n'a pas moins besoin de son bénéficiaire que de son auteur, aboutit au bien grâce à l'un et à l'autre, et celui qui ne le reçoit pas comme une balle bien envoyée lui fait l'affront d'aller à terre sans résultat. En effet, quel but, lorsqu'on le vise, est-il aussi agréable d'atteindre et pénible de manquer qu'un homme digne d'égards quand on désire le toucher par un bon office ? Et encore, dans ma comparaison, celui qui manque un but immobile ne peut s'en prendre qu'à soi, tandis qu'ici, en déclinant le bon office et en s'y dérobant, on le frustre de l'effet qu'il entendait produire. Je t'ai déjà raconté les motifs de mon voyage en Grèce; je veux les dire aussi à tes amis et faire de ceux-ci tes juges. Quand nos communautés des diverses villes eurent été bannies, par la victoire de la révolution antipythagoricienne, il en resta une à Métaponte ; les Cyloniens mirent le feu à la maison où elle était réunie et en firent périr sur place tous les membres à l'exception de Philolaos et de Lysis encore jeune, qui furent assez vigoureux et assez dégagés pour se frayer un passage à travers l'incendie. Philolaos s'enfuit en Lucanie et de là se sauva auprès de nos autres amis, qui déjà se regroupaient et prenaient l'avantage sur les Cyloniens ; quant à Lysis, on ignora longtemps où il se trouvait, jusqu'à ce qu'enfin Gorgias de Léontium revenant de Grèce en Sicile, put annoncer de façon certaine à Arkésos qu'il avait rencontré Lysis installé à Thèbes. Arkésos alors, dans son désir de le revoir, se disposa à le rejoindre par mer sans autres préparatifs; mais tout défaillant de vieillesse et de faiblesse, il nous recommanda de faire le possible pour ramener Lysis en Italie vivant, ou du moins de rapporter les restes de sa dépouille. Les guerres, les révolutions et les usurpations qui advinrent entre temps empêchèrent ses amis de réaliser de son vivant cette promesse. Cependant, lorsqu'après la mort de Lysis son génie nous eut clairement renseignés sur ce décès, et que les gens bien informés eurent raconté les soins dont cet homme avait été l'objet chez vous, Polymnis, et la façon dont il vivait, comment il vit une maison pauvre entretenir son vieil âge sur le pied de la richesse et, institué père de tes fils, eut une bienheureuse fin, j'ai été dépêché ici, moi jeune et tout seul, par un grand nombre d'hommes âgés, qui donnent, eux qui en ont, de l'argent à qui n'en a pas et reçoivent en retour beaucoup de reconnaissance et d'amitié. Lysis a grâce à vous une sépulture honorable, mais plus honorable encore pour lui qu'une belle tombe est la reconnaissance dont s'acquittent envers ses amis des amis et des proches.»





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Dernière mise à jour : 24/08/2005