HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Le démon de Socrate

αὐλητήν



Texte grec :

[9] ὁ δὲ Γαλαξίδωρος, ‘ὦ Ἡράκλεις,’ εἶπεν ‘ὡς ἔργον ἐστὶν εὑρεῖν ἄνδρα καθαρεύοντα τύφου καὶ δεισιδαιμονίας. οἱ μὲν γὰρ ἄκοντες ὑπὸ τῶν παθῶν τούτων ἁλίσκονται δι´ ἀπειρίαν ἢ δι´ ἀσθένειαν, οἱ δέ, ὡς θεοφιλεῖς καὶ περιττοί τινες εἶναι δοκοῖεν, ἐπιθειάζουσι τὰς πράξεις, ὀνείρατα καὶ φάσματα καὶ τοιοῦτον ἄλλον ὄγκον προϊστάμενοι τῶν ἐπὶ νοῦν ἰόντων. | (580) ὃ πολιτικοῖς μὲν ἀνδράσι καὶ πρὸς αὐθάδη καὶ ἀκόλαστον ὄχλον ἠναγκασμένοις ζῆν οὐκ ἄχρηστον ἴσως ἐστὶν ὥσπερ ἐκ χαλινοῦ τῆς δεισιδαιμονίας πρὸς τὸ συμφέρον ἀντεπισπάσαι καὶ μεταστῆσαι τοὺς πολλούς· φιλοσοφίᾳ δ´ οὐ μόνον ἔοικεν ἀσχήμων ὁ τοιοῦτος εἶναι σχηματισμός, ἀλλὰ καὶ πρὸς τὴν ἐπαγγελίαν ἐναντίος, εἰ πᾶν ἐπαγγειλαμένη λόγῳ τἀγαθὸν καὶ τὸ συμφέρον διδάσκειν εἰς θεοὺς ἐπαναχωρεῖ περὶ τῆς τῶν πράξεων ἀρχῆς ὡς τοῦ λόγου καταφρονοῦσα, καὶ τὴν ἀπόδειξιν ᾗ δοκεῖ διαφέρειν ἀτιμάσασα πρὸς μαντεύματα τρέπεται καὶ ὀνειράτων ὄψεις, ἐν οἷς ὁ φαυλότατος οὐχ ἧττον τῷ κατατυγχάνειν πολλάκις φέρεται τοῦ κρατίστου. διὸ καὶ Σωκράτης ὁ ὑμέτερος, ὦ Σιμμία, δοκεῖ μοι φιλοσοφώτερον χαρακτῆρα παιδείας καὶ λόγου περιβάλλεσθαι, τὸ ἀφελὲς τοῦτο καὶ ἄπλαστον ὡς ἐλευθέριον καὶ μάλιστα φίλον ἀληθείας ἑλόμενος τὸν δὲ τῦφον ὥσπερ τινὰ καπνὸν φιλοσοφίας εἰς τοὺς σοφιστὰς ἀποσκεδάσας.’ ὑπολαβὼν δ´ ὁ Θεόκριτος ‘τί γάρ,’ εἶπεν ‘ὦ Γαλαξίδωρε; καὶ σὲ Μέλητος πέπεικεν, ὅτι Σωκράτης ὑπερεώρα τὰ θεῖα; τοῦτο γὰρ αὐτοῦ καὶ πρὸς Ἀθηναίους κατηγόρησεν’. ‘οὐδαμῶς’ ἔφη ‘τά γε θεῖα· φασμάτων δὲ καὶ μύθων καὶ δεισιδαιμονίας ἀνάπλεω φιλοσοφίαν ἀπὸ Πυθαγόρου - - - Ἐμπεδοκλέους δεξάμενος εὖ μάλα βεβακχευμένην εἴθισεν ὥσπερ πρὸς τὰ πράγματα πεπνῦσθαι καὶ λόγῳ νήφοντι μετιέναι τὴν ἀλήθειαν.’

Traduction française :

[9] et Galaxidôros prit la parole : «Héraclès ! comme il est difficile de trouver un homme exempt de préjugés et de superstition ! Les uns sont atteints malgré eux de ces maladies par naïveté ou par faiblesse d'esprit ; les autres, pour avoir l'air de gens pieux et supérieurs, prétendent agir par inspiration, en couvrant ce qui leur vient â l'esprit de songes, d'apparitions et de toute sorte de faux-semblants. Peut-être, â des hommes politiques, obligés d'avoir affaire â une foule insolente, débridée, cette façon d'agir n'est-elle pas inutile : ils retiennent ainsi la multitude par le frein de la superstition, la font changer d'idée et la tirent dans le sens de leur intérêt ; mais pareils procédés semblent à la philosophie non seulement indignes, mais encore contraires à sa condition. Elle fait profession d'enseigner rationnellement tout ce qui est bon et utile, et elle va chercher les principes de son action chez les dieux ! Elle a l'air de mépriser la raison, de dédaigner la méthode démonstrative qui fait son prestige, pour se tourner vers les prédictions et les visions nocturnes, où le plus médiocre est souvent porté par le hasard autant que le meilleur. Votre Socrate, Simmias, me paraît adopter une marque plus philosophique de formation rationnelle, en choisissant comme libérale et particulièrement amie du vrai cette simplicité sans fiction, et en rejetant aux sophistes le faux-semblant comme une fumée qui offusque la philosophie.» Théocritos intervint : «Quoi donc ! Galaxidôros, Mélétos t'aurait-il fait croire â toi aussi que Socrate méprisait les choses divines ? Car c'est là ce dont il l'accusait auprès des Athéniens.» «Les choses divines, certes non! répondit-il; mais la philosophie était infestée de visions, de fables, de superstition quand il la reçut de Pythagore et d'Empédocle ; elle délirait â plein, et il l'habitua à se rythmer sur le réel et à poursuivre la vérité par la sobre raison.»





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Dernière mise à jour : 24/08/2005