HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Le délais de la justice divine

Ἀκραγαντίνοις



Texte grec :

[7] ‘Ταῦτα μὲν οὖν ταύτῃ· τὸν δ´ ἐν Αἰγύπτῳ νόμον ἆρ´ οὐκ εἰκότως ὑμῖν ἀπογράψασθαι δοκοῦσιν ἔνιοι τῶν Ἑλλήνων, ὃς κελεύει τὴν ἔγκυον, ἂν ἁλῷ θανάτου, μέχρι τέκῃ, φυλάττειν;’ ‘πάνυ μὲν οὖν’ ἔφασαν. εἶπον οὖν ἐγώ ‘εἰ δὲ παιδία μὴ κύοι τις, ἀλλὰ πρᾶξιν ἢ βουλὴν ἀπόρρητον εἰς φῶς ἡλίου δυνατὸς εἴη προαγαγεῖν χρόνῳ καὶ ἀναδεῖξαι κακόν τι μηνύσας λανθάνον ἢ σωτηρίου γνώμης γενόμενος σύμβουλος ἢ χρείας εὑρετὴς ἀναγκαίας, οὐκ ἀμείνων ὁ περιμείνας τῆς τιμωρίας τὸ χρήσιμον τοῦ προανελόντος; ἐμοὶ μὲν γάρ’ ἔφην ‘δοκεῖ’. ‘καὶ ἡμῖν’ ὁ Πατροκλέας εἶπεν. ‘ὀρθῶς’ ἔφην· ‘σκόπει γάρ, εἰ Διονύσιος ἐν ἀρχῇ τῆς τυραννίδος ἔδωκε δίκην, ὡς οὐδεὶς ἂν Ἑλλήνων ᾤκει Σικελίαν ἀνάστατον ὑπὸ Καρχηδονίων γενομένην, ὥσπερ οὐδ´ Ἀπολλωνίαν οὐδ´ Ἀνακτόριον οὐδὲ τὴν Λευκαδίων χερρόνησον ᾤκουν ἂν Ἕλληνες, εἰ Περίανδρος ἐκολάσθη μὴ μετὰ πολὺν χρόνον. οἶμαι δὲ καὶ Κασάνδρῳ γενέσθαι τῆς δίκης ἀναβολήν, ὅπως αἱ Θῆβαι συνοικῶνται πάλιν. τῶν δὲ τουτὶ τὸ ἱερὸν συγκαταλαβόντων ξένων οἱ πολλοὶ Τιμολέοντι συνδιαβάντες εἰς Σικελίαν, ὅτε Καρχηδονίους ἐνίκησαν καὶ κατέλυσαν τὰς τυραννίδας, ἐξώλοντο κακοὶ κακῶς ὕστερον. ἐνίοις γὰρ ἀμέλει καὶ κολασταῖς ἑτέρων πονηρῶν οἷον δημοκοίνοις ἀπεχρήσατο τὸ δαιμόνιον, εἶτ´ ἐπέτριψε, καθάπερ οἶμαι τοὺς πλείστους τυράννους. ὥσπερ γὰρ ὑαίνης χολὴ καὶ φώκης πυτία, θηρίων | τἄλλα μιαρῶν, ἔχουσί τι πρὸς τὰς νόσους χρήσιμον, οὕτως ἐνίοις δηγμοῦ δεομένοις καὶ κολάσεως ἐμβαλὼν ὁ θεὸς πικρίαν τινὰ τυράννου δυσμείλικτον καὶ τραχύτητα χαλεπὴν ἄρχοντος οὐ πρότερον ἐξεῖλε τὸ λυποῦν καὶ ταράττον ἢ τὸ νοσοῦν ἀπαλλάξαι καὶ καθᾶραι. τοιοῦτο καὶ Φάλαρις ἦν Ἀκραγαντίνοις φάρμακον καὶ Ῥωμαίοις Μάριος. Σικυωνίοις δὲ καὶ διαρρήδην ὁ θεὸς προεῖπε μαστιγονόμων δεῖσθαι τὴν πόλιν, ὅτε Τελητίαν παῖδα στεφανούμενον ἐν Πυθίοις ἀφαιρούμενοι Κλεωναίων ὡς ἴδιον πολίτην διέσπασαν. ἀλλὰ Σικυωνίοις μὲν Ὀρθαγόρας γενόμενος τύραννος καὶ μετ´ ἐκεῖνον οἱ περὶ Μύρωνα καὶ Κλεισθένη τὴν ἀκολασίαν ἔπαυσαν· Κλεωναῖοι δὲ τῆς αὐτῆς οὐ τυχόντες ἰατρείας εἰς τὸ μηδὲν ἥκουσι. καὶ Ὁμήρου δέ που λέγοντος ἀκούετε, ’Τοῦ γένετ´ ἐκ πατρὸς πολὺ χείρονος υἱὸς ἀμείνων παντοίην ἀρετήν·‘ καίτοι λαμπρὸν οὐδὲν οὐδ´ ἐκπρεπὲς ἔργον ἐκεῖνος ὁ τοῦ Κοπρέως παρέσχεν· ἀλλὰ τὸ Σισύφου καὶ τὸ Αὐτολύκου καὶ τὸ Φλεγύου γένος ἤνθησεν ἐν δόξαις καὶ ἀρεταῖς μεγάλων βασιλέων. γέγονε δὲ καὶ Περικλῆς Ἀθήνησιν ἐναγοῦς οἰκίας· καὶ Πομπήιος Μάγνος ἐν Ῥώμῃ Στράβωνος ἦν υἱός, οὗ τὸν νεκρὸν ὁ Ῥωμαίων δῆμος ὑπὸ μίσους ἐξέβαλε καὶ κατεπάτησεν. τί οὖν ἄτοπον, εἰ, καθάπερ γεωργὸς οὐκ ἐκκόπτει τὴν ἄκανθαν ἂν μὴ λάβῃ τὸν ἀσπάραγον οὐδ´ οἱ Λίβυες τὸ φρύγανον ἐπικάουσι πρότερον ἢ τὸ λήδανον ἀπ´ αὐτοῦ συναγαγεῖν, οὕτως ὁ θεὸς ἐνδόξου καὶ βασιλικοῦ γένους ῥίζαν πονηρὰν καὶ τραχεῖαν οὐκ ἀναιρεῖ πρότερον ἢ φῦναι τὸν προσήκοντα καρπὸν ἀπ´ αὐτῆς; μυρίας γὰρ Ἰφίτου βοῦς καὶ ἵππους ἀπολέσθαι κρεῖττον ἦν Φωκεῦσι καὶ πλείονα χρυσὸν ἐκ Δελφῶν οἴχεσθαι καὶ ἄργυρον ἢ μήτ´ Ὀδυσσέα μήτ´ Ἀσκληπιὸν φῦναι μήτε τοὺς ἄλλους ἐκ κακῶν καὶ πονηρῶν ἄνδρας ἀγαθοὺς καὶ μεγαλωφελεῖς γενομένους.’

Traduction française :

[7] «C'en est assez sur cet objet. Il y a une loi d'Égypte que vous estimez, avec raison, avoir été judicieusement adoptée par quelques législateurs de la Grèce : celle qui ordonne de surseoir à l'exécution capitale d'une femme enceinte jusqu'à ce qu'elle soit délivrée.» -"Rien n'est plus juste", répondirent nos interlocuteurs. «Eh bien», repris-je, supposez qu'il s'agisse non pas de créatures à mettre au monde, mais d'un acte, d'un dessein secret qu'un homme pourra un jour, à son moment, produire à la lumière du soleil et divulguer devant tous. Ce sera un mal inconnu dont il constatera l'existence, un conseil salutaire qu'il donnera, une découverte indispensable qu'il aura faite. Ne vaudra-t-il pas mieux avoir différé l'expiation et recueillir l'utilité, que si l'on s'en était privé par un trop prompt châtiment. Du moins, dis-je en terminant, c'est mon avis. «C'est aussi le nôtre,» dit Patroclès. - «Et vous avez raison, repris-je. «Examinez, en effet, lui dis-je, ce qui serait arrivé si Denys eût dès le commencement de son règne subi son expiation. Il ne serait pas resté un seul Grec en toute la Sicile, et les Carthaginois l'auraient bouleversée. De même qu'aussi les villes d'Apollonie, d'Anactorium, et la presqu'île de Leucade ne seraient pas des colonies occupées par des Grecs, si le châtiment de Périandre n'eût été fort longtemps ajourné. Je suis également convaincu que la punition de Cassandre n'éprouva de retard qu'afin que le temps lui fût laissé de rebâtir Thèbes. Parlerai-je des étrangers qui contribuèrent à piller ce temple même où nous sommes? La plupart d'entre eux étant passés en Sicile avec Timoléon aidèrent celui-ci à vaincre les Carthaginois et à détruire les différentes tyrannies; mais ils périrent plus tard misérablement, comme des misérables qu'ils étaient. Quelquefois, n'en doutons pas, les méchants deviennent en quelque sorte des bourreaux publics, que Dieu emploie pour châtier d'autres méchants; puis il les brise : comme il fait, je pense, de la plupart des tyrans. De même que le fiel de l'hyène et la présure du phoque, animaux d'ailleurs malfaisants, sont utiles pour les maladies; de même quand certains peuples ont besoin d'être mordus et châtiés, Dieu suscite quelque tyran farouche et implacable, qui fait peser sur eux un joug de fer; et ils ne sont soustraits à ce régime de douleurs et de vexations que lorsque la maladie n'existe plus, que lorsqu'ils sont régénérés. Phalaris fut ce remède pour les habitants d'Agrigente, et Marius, pour les Romains. A Sicyone l'oracle déclara, en propres termes, aux habitants qu'ils avaient besoin de fouetteurs publics, lorsque, enlevant à ceux de Cléonée le jeune Télétias, couronné dans les jeux Pythiques, ils prétendirent qu'il était leur concitoyen et le mirent en pièces. En effet survint Ortagoras, qui imposa sa tyrannie aux Sicyoniens, et après lui Myron et Clysthène réprimèrent tous les désordres. Quant à ceux de Cléonée, ils ne furent pas soumis à un tel remède; mais où en sont-ils venus? A être anéantis. «Ecoutez encore Homère, disant quelque part : "Né d'un père odieux, le fils est le modèle De toutes les vertus ...." Et pourtant, ce fils de Coprée n'exécuta rien de brillant ou de bien mémorable. Mais les Sisyphe, les Autolycus, les Phlégyas ont laissé des fils qui brillèrent par leur gloire et leurs vertus au milieu des plus grands rois. Périclès était né d'une famille maudite dans Athènes. A Rome le grand Pompée avait eu pour père ce Strabon, de qui le peuple romain, tant on le détestait, jeta le cadavre et le foula sous les pieds. Qu'y a-t-il donc de si étrange? De même qu'un cultivateur n'arrache une plante épineuse qu'après en avoir détaché le fruit, de même que les Libyens ne brûlent pas le branchage du ladanum avant d'avoir recueilli la gomme de cet arbuste ; de même, lorsqu'une race illustre et royale doit naître d'une tige mauvaise et criminelle, Dieu ne détruit pas cette dernière avant qu'elle ait donné le fruit qu'elle devait produire. Mieux valut pour les Phocéens la perte de milliers de génisses et de cavales appartenant à Iphitus; mieux valut la disparition d'un peu plus d'or et d'argent pillé à Delphes, que si Ulysse, que si Esculape n'étaient pas venus au monde, non plus que les autres hommes vertueux et éminemment utiles, qui naquirent d'ancêtres vicieux et corrompus.





Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Bibliotheca Classica Selecta (BCS)

 
UCL |FLTR |Itinera Electronica |Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Responsable académique : Alain Meurant
Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 1/09/2005