HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Le délais de la justice divine

οἶνος



Texte grec :

[223] Ταῦτα δ´ εἰπὼν ἦγεν αὐτὸν ταχὺ μέν, ἄπλετον δέ τινα τόπον ὡς ἐφαίνετο διεξιόντα ῥᾳδίως καὶ ἀπλανῶς, οἷον ὑπὸ πτερῶν τῶν τοῦ φωτὸς αὐγῶν ἀναφερόμενον, μέχρι οὗ πρός τι χάσμα μέγα καὶ κάτω διῆκον ἀφικόμενος ὑπὸ τῆς ὀχούσης ἀπελείφθη δυνάμεως. καὶ τὰς ἄλλας ψυχὰς ἑώρα ταὐτὸ πασχούσας ἐκεῖ· συστελλόμεναι γὰρ ὥσπερ αἱ ὄρνιθες καὶ καταφερόμεναι κύκλῳ τὸ χάσμα περιῄεσαν (ἄντικρυς δὲ περᾶν οὐκ ἐτόλμων), εἴσω μὲν ὀφθῆναι τοῖς βακχικοῖς ἄντροις ὁμοίως ὕλης χλωρότητι καὶ χρόαις ἀνθέων ἁπάσαις διαπεποικιλμένον· ἐξέπνει δὲ μαλακὴν καὶ πραεῖαν αὔραν ὀσμὰς ἀναφέρουσαν ἡδονάς τε θαυμασίας καὶ κρᾶσιν οἵαν ὁ οἶνος τοῖς μεθυσκομένοις ἐμποιοῦσαν· εὐωχούμεναι γὰρ αἱ ψυχαὶ ταῖς εὐωδίαις διεχέοντο καὶ πρὸς ἀλλήλας ἐφιλοφρονοῦντο· καὶ τὸν τόπον ἐν κύκλῳ κατεῖχε βακχεία καὶ γέλως καὶ πᾶσα μοῦσα παιζόντων καὶ τερπομένων. | ἔλεγε δὲ ταύτῃ τὸν Διόνυσον ἀνελθεῖν καὶ τὴν Σεμέλην ἀναγαγεῖν ὕστερον· καλεῖσθαι δὲ Λήθης τὸν τόπον. ὅθεν οὐδὲ διατρίβειν βουλόμενον εἴα τὸν Θεσπέσιον, ἀλλ´ ἀφεῖλκε βίᾳ, διδάσκων ἅμα καὶ λέγων ὡς ἐκτήκεται καὶ ἀνυγραίνεται τὸ φρονοῦν ὑπὸ τῆς ἡδονῆς, τὸ δ´ ἄλογον καὶ σωματοειδὲς ἀρδόμενον καὶ σαρκούμενον ἐμποιεῖ τοῦ σώματος μνήμην, ἐκ δὲ τῆς μνήμης ἵμερον καὶ πόθον ἕλκοντα πρὸς γένεσιν, ἣν οὕτως ὠνομάσθαι, νεῦσιν ἐπὶ γῆν οὖσαν ὑγρότητι βαρυνομένης τῆς ψυχῆς.

Traduction française :

[223] Après avoir ainsi parlé, le parent de Thespésius le conduisit en un instant, mais à travers un espace qui semblait infini, dans un lieu autre que le premier. Ils allaient facilement et sans obstacle : on aurait dit qu'ils étaient portés sur les rayons de la lumière, comme sur des ailes. Arrivé enfin à un gouffre d'une largeur et d'une profondeur immense, Thespésius se sentit abandonné de la force qui l'avait soutenu, et il vit que les autres âmes éprouvaient la même impression. Elles se resserraient comme des oiseaux, elles volaient bas, elles tournaient à l'entour du gouffre; mais elles n'osaient aller résolûment plus loin. L'intérieur cependant était agréable à voir. On eût dit une des grottes consacrées à Bacchus, qui sont tapissées de branchages, de verdures et de fleurs de toute espèce. Il s'en exhalait un souffle délicat et suave, qui répandait une odeur de volupté merveilleuse, et l'air y avait le parfum que trouvent au vin ceux qui aiment à s'enivrer. Les âmes, se repaissant de ces délicieuses émanations, en étaient comme épanouies, et se caressaient les unes les autres. Il n'y avait aux alentours de ce lieu que transports bachiques, que rires, que chants joyeux et divertissements. C'est par là, disait le parent, que Bacchus est monté au séjour des Dieux et que plus tard il y conduisit Sémélé. Ce lieu se nomme le Lethé. Thespésius voulait s'y arrêter; mais son conducteur ne le permit pas. Il l'entraîna de force, lui disant, et c'était en même temps l'instruire, que la raison est amollie et comme fondue par la volupté; que la partie irraisonnable et animale de nous-mêmes, humectée et rendue charnelle, réveille dans l'âme le souvenir du corps; que de ce souvenir naît un désir, une envie de procéder à l'acte de la génération : or la génération est ainsi appelée parce qu'elle est un penchant qui porte vers la terre une âme appesantie par trop d'humidité.





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Dernière mise à jour : 1/09/2005