HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Le délais de la justice divine

εὐθὺς



Texte grec :

[222] Ἔλεγεν οὖν ἕκαστα φράζων ὁ τοῦ Θεσπεσίου συγγενὴς (οὐδὲν γὰρ οὕτω κωλύει τὰς ψυχὰς ὀνόματι τῶν ἀνθρώπων προσαγορεύειν), ὡς Ἀδράστεια μέν, Ἀνάγκης καὶ Διὸς θυγάτηρ, ἐπὶ πᾶσι τιμωρὸς ἀνωτάτω τέτακται τοῖς ἀδικήμασι. καὶ τῶν πονηρῶν οὔτε μέγας οὕτως οὐδεὶς οὔτε μικρὸς γέγονεν ὥστ´ ἢ λαθὼν διαφυγεῖν ἢ βιασάμενος. ἄλλῃ δ´ ἄλλη τιμωρία τριῶν οὐσῶν φύλακι καὶ χειρουργῷ προσήκει· τοὺς μὲν γὰρ εὐθὺς ἐν σώμασι καὶ διὰ σωμάτων κολαζομένους μεταχειρίζεται Ποινὴ ταχεῖα, πράῳ τινὶ τρόπῳ καὶ παραλείποντι πολλὰ τῶν καθαρμοῦ δεομένων· ὧν δὲ μεῖζόν ἐστιν ἔργον ἡ περὶ τὴν κακίαν ἰατρεία, τούτους Δίκῃ μετὰ τὴν τελευτὴν ὁ δαίμων παραδίδωσι· τοὺς δὲ πάμπαν ἀνιάτους ἀπωσαμένης τῆς Δίκης ἡ τρίτη καὶ ἀγριωτάτη τῶν Ἀδραστείας ὑπουργῶν Ἐρινύς, μεταθέουσα πλανωμένους καὶ περιφεύγοντας ἄλλον ἄλλως οἰκτρῶς δὲ καὶ χαλεπῶς ἅπαντας ἠφάνισε καὶ κατέδυσεν εἰς τὸ ἄρρητον καὶ ἀόρατον. | ‘τῶν δ´ ἄλλων’ ἔφη ‘δικαιώσεων ἡ μὲν ὑπὸ τῆς Ποινῆς ἐν τῷ βίῳ ταῖς βαρβαρικαῖς ἔοικεν· ὡς γὰρ ἐν Πέρσαις τῶν κολαζομένων τὰ ἱμάτια καὶ τὰς τιάρας ἀποτίλλουσι καὶ μαστιγοῦσιν, οἱ δὲ παύσασθαι δακρύοντες ἀντιβολοῦσιν, οὕτως αἱ διὰ χρημάτων καὶ σωμάτων κολάσεις ἁφὴν οὐκ ἔχουσι δριμεῖαν οὐδ´ αὐτῆς ἐπιλαμβάνονται τῆς κακίας, ἀλλὰ πρὸς δόξαν αἱ πολλαὶ καὶ πρὸς αἴσθησιν αὐτῶν εἰσιν· ὃς δ´ ἂν ἐκεῖθεν ἀκόλαστος ἐνταῦθα καὶ ἀκάθαρτος ἐξίκηται, τοῦτον ἡ Δίκη διαλαβοῦσα τῇ ψυχῇ καταφανῆ, γυμνόν, εἰς οὐδὲν ἔχοντα καταδῦναι καὶ ἀποκρύψασθαι καὶ περιστεῖλαι τὴν μοχθηρίαν ἀλλὰ πανταχόθεν καὶ ὑπὸ πάντων καὶ πάντα καθορώμενον ἔδειξε πρῶτον ἀγαθοῖς γονεῦσιν, ἄνπερ ὦσι, καὶ προγόνοις αὐτοῦ πρόσπτυστον ὄντα καὶ ἀνάξιον· ἐὰν δὲ φαῦλοι, κολαζομένους ἐπιδὼν ἐκείνους καὶ ὀφθεὶς δικαιοῦται πολὺν χρόνον ἐξαιρούμενος ἕκαστον τῶν παθῶν ἀλγηδόσι καὶ πόνοις, οἳ τοσοῦτο μεγέθει καὶ σφοδρότητι τοὺς διὰ σαρκὸς ὑπερβάλλουσιν, ὅσον τὸ ὕπαρ ἂν εἴη τοῦ ὀνείρατος ἐναργέστερον. οὐλαὶ δὲ καὶ μώλωπες ἐπὶ τῶν παθῶν ἑκάστου τοῖς μὲν μᾶλλον ἐμμένουσι τοῖς δ´ ἧσσον. ὅρα δ´’ εἶπε ‘τὰ ποικίλα ταῦτα καὶ παντοδαπὰ χρώματα τῶν ψυχῶν· τὸ μὲν ὄρφνιον καὶ ῥυπαρόν, ἀνελευθερίας ἀλοιφὴν καὶ πλεονεξίας, τὸ δ´ αἱματωπὸν καὶ διάπυρον, ὠμότητος καὶ πικρίας· ὅπου δὲ τὸ γλαύκινόν ἐστιν, ἐντεῦθεν ἀκρασία τις περὶ ἡδονὰς ἐκτέτριπται μόλις· κακόνοια δ´ ἐνοῦσα μετὰ φθόνου τουτὶ τὸ ἰῶδες καὶ ὕπουλον, ὥσπερ αἱ σηπίαι τὸ μέλαν, ἀφίησιν. ἐκεῖ γὰρ ἡ τε κακία τῆς ψυχῆς τρεπομένης ὑπὸ τῶν παθῶν καὶ τρεπούσης τὸ σῶμα τὰς χρόας ἀναδίδωσι, ἐνταῦθα δὲ καθαρμοῦ καὶ κολάσεως πέρας ἐστὶ τούτων ἐκλεανθέντων παντάπασι τὴν ψυχὴν αὐγοειδῆ καὶ σύγχρουν γίνεσθαι· μέχρι δ´ οὗ ταῦτ´ ἔνεστι, γίνονταί τινες ὑποτροπαὶ τῶν παθῶν σφυγμοὺς ἔχουσαι καὶ πήδησιν, ἐνίαις μὲν ἀμυδρὰν καὶ ταχὺ κατασβεννυμένην ἐνίαις δὲ νεανικῶς ἐντείνουσαν. ὧν αἱ μὲν πάλιν καὶ πάλιν κολασθεῖσαι τὴν προσήκουσαν ἕξιν καὶ διάθεσιν - - -, τὰς δ´ αὖθις εἰς σώματα ζῴων ἐξήνεγκε βιαιότης ἀμαθίας καὶ φιληδονίας εἶδος. ἡ μὲν γὰρ ἀσθενείᾳ λόγου καὶ δι´ ἀργίαν τοῦ θεωρεῖν ἔρρεψε τῷ πρακτικῷ πρὸς γένεσιν, ἡ δ´ ὀργάνου τῷ ἀκολάστῳ δεομένη ποθεῖ τὰς ἐπιθυμίας συρράψαι ταῖς ἀπολαύσεσι καὶ συνεπαυρέσθαι διὰ σώματος· ἐνταῦθα γὰρ οὐδὲν ἢ σκιά τις ἀτελὴς καὶ ὄναρ ἡδονῆς πλήρωσιν οὐκ ἐχούσης πάρεστι.’

Traduction française :

[222] Ce parent de Thespésius, (car rien n'empêche d'appeler les âmes de leurs noms humains), lui expliqua toutes choses en détail. «Adrastée, lui dit-il, fille de la Nécessité et de Jupiter, est constituée, par-dessus tout et dans le lieu le plus haut, comme vengeresse des méfaits. Parmi les criminels, il n'est ni si grand ni si petit malfaiteur qui puisse, soit par ruse, soit par force, éviter ses coups. Mais comme elle a sous ses ordres trois geôlières, trois exécutrices, chacune de celles-ci est, par ses attributs, chargée d'une punition particulière. Ceux qui dès cette vie sont châtiés dans leur corps et par leur corps, tombent aux mains de l'expéditive "Poena" (Peine), laquelle inflige des punitions douces, et laisse passer bien des fautes dont l'expiation serait nécessaire. Les criminels dont le traitement est une affaire plus grande sont, après la mort, livrés par leur Génie à Dicé. Enfin, ceux dont la perversité est complétement incurable et que Dicé repousse, sont dévolus à la troisième et à la plus impitoyable des acolytes d'Adrastée, à Erinnys. Erinnys s'élance à leur poursuite, quels que soient leurs détours, en quelques lieux qu'ils se réfugient; et après les avoir soumis à de lamentables et affreuses tortures, elle les fait disparaître tous, les précipitant dans un abîme dont la parole ne saurait exprimer, dont les yeux ne pourraient soutenir l'horreur. Quant à ce qui est des autres expiations, continua l'âme, celles qui, durant la vie sont infligées par "Poena", ressemblent à celles dont usent les nations barbares. De même qu'en Perse quand on veut punir des coupables, on arrache brin à brin leurs habits et leur coiffure, objets qu'on fouette devant eux, pendant qu'ils pleurent et supplient que cette exécution cesse; de même les punitions qui s'exercent sur les biens et sur les corps n'atteignent pas au vif, et ne pénètrent pas jusqu'au vice lui-même; elles ont presque toutes pour but de satisfaire l'opinion et de frapper les sens extérieurs. Mais si un mortel arrive là-bas sans avoir été châtié et purifié, alors Dicé s'empare de lui, ou plutôt de son âme. Il est mis à découvert, à nu : il n'a rien où il puisse se blottir, où cacher et dérober sa perversité. De tout côté, par tous, il est vu dans toute sa personne. Dicé le présente d'abord à ceux de qui il a reçu le jour, afin que s'ils ont été vertueux, ils le reconnaissent comme un objet méprisable et indigne d'eux, et afin que s'ils ont été méchants eux-mêmes, ils voient son supplice comme il est témoin du leur. Il est longtemps puni, expiant chacune de ses fautes par des malheurs et des tourments dont la violence et l'âpreté surpassent autant ceux du corps que les apparitions véritables l'emportent en évidence sur les songes. Du reste, les traces et les cicatrices des crimes restent plus longtemps chez certains coupables, moins longtemps chez certains autres. «Examine, ajoutait le parent, la variété et la multitude de couleurs de ces âmes. Le foncé, le noir, est la teinte qui désigne la sordide avarice et l'avidité; le rouge de sang et de feu, la cruauté et l'humeur implacable; le bleu foncé, l'intempérance dans les plaisirs ; le violet pâle et livide, tirant sur la couleur noire que rendent les sèches, est le signe de la malveillance et de la jalousie. Là-bas, en effet, lorsque les vices bouleversent une âme, l'âme, à son tour, agite le corps, et ce désordre se traduit par les couleurs du visage. Ici, au contraire, les couleurs annoncent la fin des châtiments expiatoires et des supplices. Quand elles se sont effacées, l'âme reprend son éclat lumineux et sa teinte unique ; mais tant qu'elles y restent, il se produit des retours de passions, accompagnés de tressaillements et de soubresauts, tantôt presque insensibles et bien vite apaisés, tantôt persistants et plus tenaces. De ces âmes, les unes après avoir été châtiées maintes et maintes fois, recouvrent enfin leur état primitif et la disposition qui leur appartient; mais les autres sont telles, que la brutalité de leur ignorance et leur appétit de voluptés les font entrer dans des corps d'animaux. Trop faible pour raisonner, trop inerte pour rien embrasser du regard, telle de ces âmes incline vers l'acte pratique de la génération, tandis que telle autre, privée de l'organe luxurieux, aspire à rattacher ses désirs à des jouissances et à être surexcitée au moyen d'un corps : car il n'y a rien ici qu'une ombre imparfaite, qu'un vain songe de volupté, qui jamais n'arrive à l'accomplissement.»





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Dernière mise à jour : 1/09/2005