HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Le délais de la justice divine

ψυχῆς



Texte grec :

[221] Ἐπεὶ γὰρ ἐξέπεσε τὸ φρονοῦν τοῦ σώματος, οἷον ἄν τις ἐκ πλοίου κολυμβητὴς εἰς βυθὸν ἀπορριφεὶς πάθοι τὸ πρῶτον, οὕτως ὑπὸ τῆς μεταβολῆς ἔσχεν· εἶτα μικρὸν ἐξαρθεὶς ἔδοξεν ἀναπνεῖν ὅλος καὶ περιορᾶν πανταχόθεν, ὥσπερ ἑνὸς ὄμματος ἀνοιχθείσης τῆς ψυχῆς. ἑώρα δὲ τῶν πρότερον οὐδὲν ἀλλ´ ἢ τὰ ἄστρα παμμεγέθη καὶ ἀπέχοντα πλῆθος ἀλλήλων ἄπλετον, αὐγήν τε τῇ χρόᾳ θαυμαστὴν ἀφιέντα καὶ τόνον ἔχουσαν, ὥστε τὴν ψυχὴν ἐποχουμένην λείως πλοῖον ὥσπερ ἐν γαλήνῃ τῷ φωτὶ ῥᾳδίως πάντῃ καὶ ταχὺ διαφέρεσθαι. τὰ δὲ πλεῖστα τῶν θεαμάτων παραλιπὼν ἔφη τὰς ψυχὰς τῶν τελευτώντων κάτωθεν ἀνιούσας πομφόλυγα φλογοειδῆ ποιεῖν ἐξισταμένου τοῦ ἀέρος, | εἶτα ῥηγνυμένης ἀτρέμα τῆς πομφόλυγος ἐκβαίνειν τύπον ἐχούσας ἀνθρωποειδῆ τὸν δ´ ὄγκον εὐσταλεῖς, κινουμένας δ´ οὐχ ὁμοίως, ἀλλὰ τὰς μὲν ἐκπηδᾶν ἐλαφρότητι θαυμαστῇ καὶ διᾴττειν ἐπ´ εὐθείας ἄνω, τὰς δ´ ὥσπερ οἱ ἄτρακτοι περιστρεφομένας ἅμα κύκλῳ, καὶ τοτὲ μὲν κάτω τοτὲ δ´ ἄνω ῥεπούσας μικτήν τινα φορὰν φέρεσθαι καὶ τεταραγμένην καὶ πολλῷ πάνυ χρόνῳ καὶ μόλις ἀποκαθισταμένην. τὰς μὲν οὖν πολλὰς ἠγνόει τίνες εἰσί, δύο δ´ ἢ τρεῖς ἰδὼν γνωρίμους ἐπειρᾶτο προσμῖξαι καὶ προσειπεῖν· αἱ δ´ οὔτ´ ἤκουον οὔτ´ ἦσαν παρ´ ἑαυταῖς, ἀλλ´ ἔκφρονες καὶ διεπτοημέναι, πᾶσαν ὄψιν ἀποφεύγουσαι καὶ ψαῦσιν ἐρέμβοντο πρῶτον αὐταὶ καθ´ ἑαυτάς, εἶτα πολλαῖς ὁμοίως διακειμέναις ἐντυγχάνουσαι καὶ περιπλεκόμεναι φοράς τε πάσας πρὸς οὐδὲν ἀκρίτως ἐφέροντο καὶ φωνὰς ἵεσαν ἀσήμους, οἷον ἀλαλαγμοῖς θρήνου καὶ φόβου μεμιγμένας. ἄλλαι δ´ ἄνωθεν ἐν τῷ καθαρῷ τοῦ περιέχοντος ὀφθῆναί τε φαιδραὶ καὶ πρὸς ἀλλήλας ὑπ´ εὐμενείας θαμὰ πελάζουσαι τὰς δὲ θορυβώδεις ἐκείνας ἐκτρεπόμεναι διεσήμαινον ὡς ἔοικε συστολῇ μὲν εἰς αὑτὰς τὸ δυσχεραῖνον, ἐκπετάσει δὲ καὶ διαχύσει τὸ χαῖρον καὶ προσιέμενον. Ἐνταῦθα μίαν ἔφη γνῶναι συγγενοῦς τινος, οὐ μέντοι σαφῶς· ἀποθανεῖν γὰρ ἔτι παιδὸς ὄντος· ἀλλ´ ἐκείνην προσαγαγοῦσαν ἐγγὺς εἰπεῖν ‘χαῖρε, Θεσπέσιε.’ θαυμάσαντος δ´ αὐτοῦ καὶ φήσαντος ὡς οὐ Θεσπέσιος ἀλλ´ Ἀριδαῖός ἐστι, ‘πρότερόν γε’ φάναι, ‘τὸ δ´ ἀπὸ τοῦδε Θεσπέσιος. οὐδὲ γάρ τοι τέθνηκας, ἀλλὰ μοίρᾳ τινὶ θεῶν ἥκεις δεῦρο τῷ φρονοῦντι, τὴν δ´ ἄλλην ψυχὴν ὥσπερ ἀγκύριον ἐν τῷ σώματι καταλέλοιπας. σύμβολον δέ σοι καὶ νῦν καὶ αὖθις ἔστω τὸ τὰς ψυχὰς τῶν τεθνηκότων μήτε σκιὰν ποιεῖν μήτε σκαρδαμύττειν.’ ταῦτ´ ἀκούσας ὁ Θεσπέσιος ἤδη τε μᾶλλον ἑαυτὸν τῷ λογίζεσθαι συνήγαγε καὶ διαβλέψας εἶδεν ἑαυτῷ μὲν τινα συναιωρουμένην ἀμυδράν τινα καὶ σκιώδη γραμμήν, ἐκείνους δὲ περιλαμπομένους κύκλῳ καὶ διαφανεῖς ἐντός, οὐ μὴν ὁμοίως ἅπαντας· ἀλλὰ τοὺς μέν, ὥσπερ ἡ καθαρωτάτη πανσέληνος, ἓν χρῶμα λεῖον καὶ συνεχὲς ὁμαλῶς ἱέντας, ἑτέρων δὲ φολίδας τινὰς διατρεχούσας ἢ μώλωπας ἀραιούς, ἄλλους δὲ κομιδῇ ποικίλους καὶ ἀτόπους τὴν ὄψιν, ὥσπερ οἱ ἔχεις μελάσμασι κατεστιγμένους, ἄλλους δέ τινας ἀμβλείας ἀμυχὰς ἔχοντας.

Traduction française :

[221] «Dès que son esprit fut hors de son corps, il éprouva ce qu'éprouverait tout d'abord un pilote jeté de son navire au fond de la mer : ce fut le premier effet de son changement d'état. Puis, s'étant relevé peu à peu, il lui sembla qu'il respirait entièrement, et qu'il regardait autour de lui, son âme s'étant ouverte comme un oeil unique. Il ne voyait rien de ce qui s'était offert auparavant à ses regards. C'étaient des astres d'une dimension prodigieuse, séparés les uns des autres par des espaces immenses. Ces astres projetaient une clarté admirable de couleur et douée de consistance, au point que son âme mollement portée sur cette lumière, comme sur une mer calme, voguait partout avec autant d'aisance que de rapidité. Passant sous silence un grand nombre des choses qu'il avait contemplées, il disait avoir vu que les âmes des trépassés formaient, après avoir monté à travers l'air qui s'ouvrait devant elles, des bulles de feu, qui venaient ensuite à se rompre doucement, et présentaient, sous de petites proportions, une forme humaine. Toutes ne se mouvaient pas semblablement: les unes s'élançaient avec une légèreté merveilleuse, et montaient aussitôt en ligne droite; les autres tournaient en rond, comme des sabots que l'on fouette, tantôt descendant, tantôt montant. Leur allure était confuse et irrégulière, et il leur fallait beaucoup de temps et de peine avant qu'elles prissent leur assiette. «Le plus grand nombre de ces âmes lui étaient tout à fait étrangères. Il n'y en eut que deux ou trois qu'il reconnut, et il tâcha de s'approcher d'elles pour leur adresser la parole. Mais elles ne pouvaient l'entendre. Elles n'avaient pas leur bon sens; elles étaient hors d'elles-mêmes et frappées de vertige. Elles fuyaient tout regard, tout contact. Elles erraient d'abord isolées les unes des autres; puis, à mesure qu'elles en rencontraient d'affectées comme elles, et le nombre en était grand, elles s'entrelaçaient ensemble. C'étaient des élans qui ne suivaient aucune direction et aucun but; c'étaient des voix confuses, ou plutôt des vociférations mêlées de lamentations et de terreurs. D'autres âmes, celles qui occupaient la région supérieure de cette atmosphère, présentaient une apparence de sérénité. Pleines de bienveillance les unes envers les autres, elles se rapprochaient souvent; elles se détournaient, au contraire, des âmes tumultueuses. Pour indiquer d'une manière significative qu'une chose leur déplaisait, elles se contractaient sur elles-mêmes; et elles se dilataient, s'élargissaient quand une autre leur faisait plaisir et les attirait. Il aperçut, nous dit-il, parmi elles l'âme d'un de ses parents; mais il ne la reconnaissait pas d'une manière bien nette, parce que ce parent était mort quand lui-même était encore tout enfant. L'âme s'approcha de lui, et lui dit : «Bonjour, Thespésius.» Tout étonné, il lui répondit qu'il n'était pas Thespésius, mais Aridée.» -- «Oui, dit l'âme: tel était auparavant ton nom, mais désormais tu seras Thespésius, car tu n es pas mort. Grâce à une volonté divine tu es venu ici avec la partie intelligente de toi-même; le reste de ton âme, tu l'as laissée attachée à ton corps, ainsi qu'une ancre. Qu'un signe t'en convainque en ce moment, comme plus tard: c'est que les âmes des morts ne projettent point d'ombre, et que leurs yeux sont immobiles. Ayant entendu ces paroles, Thespésius se recueillit plus attentivement. Ses regards se promenèrent devant lui. Il reconnut qu'avec lui se levait en même temps une ligne vaporeuse et faisant ombre, tandis que les âmes jetaient une vive lumière autour d'elles, et qu'intérieurement elles étaient diaphanes. Toutes, cependant, n'étaient pas lumineuses de la même manière. Il y en avait qui, comme la pleine lune dans sa plus grande clarté, jetaient une lumière unie, douce, continue et répartie également; chez d'autres, il y avait comme des écailles qui couraient, ou des cicatrices clair-semées; d'autres étaient d'un aspect tout à fait confus et bizarre : elles étaient semées de taches noires, ainsi que les vipères; d'autres, enfin, présentaient de larges fissures.





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Dernière mise à jour : 1/09/2005