HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Consolation à sa femme

ἥκουσα



Texte grec :

[9] Ὅτι μὲν γὰρ ἐξ ὀρθῶν ἐπιλογισμῶν εἰς εὐσταθῆ διάθεσιν τελευτώντων ἤρτηται τὸ μακάριον, αἱ δ´ ἀπὸ τῆς τύχης τροπαὶ μεγάλας ἀποκλίσεις οὐ ποιοῦσιν οὐδ´ ἐπιφέρουσι συγχυτικὰς ὀλισθήσεις τοῦ βίου, πολλάκις ἀκήκοας. εἰ δὲ δεῖ καὶ ἡμᾶς καθάπερ οἱ πολλοὶ τοῖς ἔξωθεν κυβερνᾶσθαι πράγμασι καὶ τὰ παρὰ τῆς τύχης ἀπαριθμεῖν καὶ κριταῖς χρῆσθαι πρὸς εὐδαιμονίαν τοῖς ἐπιτυχοῦσιν ἀνθρώποις, μὴ σκόπει τὰ νῦν δάκρυα καὶ τὰς ἐπιθρηνήσεις τῶν εἰσιόντων ἔθει τινὶ φαύλῳ περαινομένας πρὸς ἕκαστον, ἀλλ´ ἐννόει μᾶλλον ὡς ζηλουμένη διατελεῖς ὑπὸ τούτων ἐπὶ τέκνοις καὶ οἴκῳ καὶ βίῳ. καὶ δεινόν ἐστιν ἑτέρους μὲν ἡδέως ἂν ἑλέσθαι τὴν σὴν τύχην καὶ τούτου προσόντος ἐφ´ ᾧ νῦν ἀνιώμεθα, σὲ δ´ ἐγκαλεῖν καὶ δυσφορεῖν παρούσῃ καὶ μηδ´ ἀπ´ αὐτοῦ τοῦ δάκνοντος αἰσθάνεσθαι πηλίκας ἔχει τὰ σῳζόμενα χάριτας ἡμῖν· ἀλλ´ ὥσπερ οἱ τοὺς ἀκεφάλους καὶ μειούρους Ὁμήρου στίχους ἐκλέγοντες τὰ δὲ πολλὰ καὶ μεγάλα τῶν πεποιημένων ὑπέρευ παρορῶντες, οὕτως ἐξακριβοῦν καὶ συκοφαντεῖν τοῦ βίου τὰ φαῦλα, τοῖς δὲ χρηστοῖς ἀνάρθρως καὶ συγκεχυμένως ἐπιβάλλουσαν ὅμοιόν τι τοῖς ἀνελευθέροις καὶ φιλαργύροις πάσχειν, οἳ πολλὰ συνάγοντες οὐ χρῶνται παροῦσιν ἀλλὰ θρηνοῦσι καὶ δυσφοροῦσιν ἀπολομένων. εἰ δ´ ἐκείνης ἔχεις οἶκτον ἀγάμου καὶ ἄπαιδος οἰχομένης, αὖθις ἔχεις ἐπ´ ἄλλοις ἡδίω σεαυτὴν ποιεῖν μηδενὸς τούτων ἀτελῆ μηδ´ ἄμοιρον γενομένην· οὐ γάρ ἐστι ταῦτα μεγάλα μὲν τοῖς στερομένοις ἀγαθὰ μικρὰ δὲ τοῖς ἔχουσιν. ἐκείνη δ´ εἰς τὸ ἄλυπον ἥκουσα λυπεῖν ἡμᾶς οὐ δεῖται· τί γὰρ ἡμῖν ἀπ´ ἐκείνης κακόν, εἰ μηδὲν ἐκείνῃ νῦν ἐστι λυπηρόν; καὶ γὰρ αἱ τῶν μεγάλων στερήσεις ἀποβάλλουσι τὸ λυποῦν εἰς τὸ μὴ δεῖσθαι περιγενόμεναι. Τιμοξένα δ´ ἡ σὴ μικρῶν μὲν ἐστέρηται, μικρὰ γὰρ ἔγνω καὶ μικροῖς ἔχαιρεν· ὧν δ´ οὔτ´ αἴσθησιν ἔσχεν οὔτ´ εἰς ἐπίνοιαν ἦλθεν οὔτ´ ἔλαβεν ἐπίθυμίαν, πῶς ἂν στέρεσθαι λέγοιτο;

Traduction française :

[9] Que des raisonnements droits, qui finissent par établir le calme de l'âme, dépend la véritable félicité, contre la- quelle ne sauraient sérieusement prévaloir les revers de la Fortune et les accidents passagers de la vie, c'est ce que tu as entendu répéter bien souvent. Mais si pourtant nous aussi, comme le commun des mortels, nous devons nous diriger d'après des considérations extérieures, s'il faut que nous énumérions ce que nous avons tous deux reçu de la Fortune, prenons pour juges de notre bonheur, j'y consens, les premiers hommes venus. Sans faire attention aux larmes actuelles et aux lamentations de ceux qui viennent te visiter : formalité banale, dont un détestable usage veut que le monde s'acquitte; réfléchis plutôt combien le monde même t'estime heureuse par tes enfants, par ton intérieur, par ta condition. Eh bien, il serait honteux, quand les autres accepteraient volontiers ton sort, même avec le malheur qui nous afflige en ce moment, il serait honteux que tu fusses mécontente et impatientée de cet état; il serait honteux, que le coup même qui te frappe ne contribuât pas à te faire apprécier combien tout ce qui te reste renferme encore de jouissances. A l'exemple de ceux qui font un recueil des vers d'Homère auxquels il manque le commencement ou la fin, et qui passent par-dessus une infinité d'autres vers admirables qu'on rencontre dans ses poésies, voudrais-tu soumettre à une enquête minutieuse et accusatrice les chagrins de la vie, tandis que de ses biens tu ne ferais qu'une masse et un bloc? Ce serait imiter ces avares à l'âme basse, qui, entassant trésors sur trésors, ne jouissent point de ce qu'ils ont, mais se lamentent et se désolent de ce qu'ils viennent à perdre. Si c'est parce que notre fille est morte sans s'être mariée, sans avoir eu d'enfants, que tu plains son sort, tu as d'autres raisons pour te tenir, au contraire, comme plus heureuse, puisque tu n'as été privée et frustrée d'aucun de ces deux avantages. Car ce ne sauraient être de grands biens quand ils nous manquent, et en être de fort médiocres quand on les possède. Pour ce qui est d'elle, admise en un séjour où la douleur est inconnue, elle n'a pas besoin de notre douleur particulière. Quel mal peut nous venir de cette chère enfant, si elle-même n'a rien maintenant qui soit de nature à l'affliger? La privation des plus grands biens perd toute amertume, lorsqu'on en est venu à ne pas avoir besoin de ces biens. Ta Timoxène n'a perdu que de minces jouissances. Elle n'en connaissait, elle n'en avait pas d'autres; et quant à celles dont elle n'a pas eu le sentiment, elle n'y a pas songé, elle ne les a pas désirées. Comment pourrait-on dire qu'il y a pour elle privation ?





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Dernière mise à jour : 24/08/2005