HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Consolation à sa femme

σεαυτῆς



Texte grec :

[8] Πειρῶ δὲ τῇ ἐπινοίᾳ μεταφέρουσα σεαυτὴν ἀποκαθιστάναι πολλάκις εἰς ἐκεῖνον τὸν χρόνον, ἐν ᾧ μηδέπω τοῦ παιδίου τούτου γεγονότος μηδὲν ἔγκλημα πρὸς τὴν τύχην εἴχομεν, εἶτα τὸν νῦν καιρὸν τοῦτον ἐκείνῳ συνάπτειν, ὡς ὁμοίων πάλιν τῶν περὶ ἡμᾶς γεγονότων. ἐπεὶ τὴν γένεσιν, ὦ γύναι, τοῦ τέκνου δυσχεραίνειν δόξομεν ἀμεμπτότερα ποιοῦντες αὑτοῖς τὰ πρὶν ἐκείνην γενέσθαι πράγματα. τὴν δ´ ἐν μέσῳ διετίαν ἐξαιρεῖν μὲν οὐ δεῖ τῆς μνήμης, ὡς δὲ χάριν καὶ ἀπόλαυσιν παρασχοῦσαν ἐν ἡδονῇ τίθεσθαι καὶ μὴ τὸ μικρὸν ἀγαθὸν μέγα νομίζειν κακόν, μηδ´ ὅτι τὸ ἐλπιζόμενον οὐ προσέθηκεν ἡ τύχη, καὶ περὶ τοῦ δοθέντος ἀχαριστεῖν. ἀεὶ μὲν γὰρ ἡ περὶ τὸ θεῖον εὐφημία καὶ τὸ πρὸς τὴν τύχην ἵλεων καὶ ἀμεμφὲς καλὸν καὶ ἡδὺν ἀποδίδωσι καρπόν, ἐν δὲ τοῖς τοιούτοις ὁ μάλιστα τῇ μνήμῃ τῶν ἀγαθῶν ἀπαρυτόμενος καὶ τοῦ βίου πρὸς τὰ φωτεινὰ καὶ λαμπρὰ μεταστρέφων καὶ μεταφέρων ἐκ τῶν σκοτεινῶν καὶ ταρακτικῶν τὴν διάνοιαν ἢ παντάπασιν ἔσβεσε τὸ λυποῦν ἢ τῇ πρὸς τοὐναντίον μίξει μικρὸν καὶ ἀμαυρὸν ἐποίησεν. ὥσπερ γὰρ τὸ μύρον ἀεὶ μὲν εὐφραίνει τὴν ὄσφρησιν πρὸς δὲ τὰ δυσώδη φάρμακόν ἐστιν, οὕτως ἡ ἐπίνοια τῶν ἀγαθῶν ἐν τοῖς κακοῖς καὶ βοηθήματος ἀναγκαίου παρέχεται χρείαν τοῖς μὴ φεύγουσι τὸ μεμνῆσθαι τῶν χρηστῶν μηδὲ πάντα καὶ πάντως μεμφομένοις τὴν τύχην. ὅπερ ἡμῖν παθεῖν οὐ προσήκει συκοφαντοῦσι τὸν ἑαυτῶν βίον, εἰ μίαν ἔσχηκεν ὥσπερ βιβλίον ἀλοιφὴν ἐν πᾶσι καθαροῖς καὶ ἀκεραίοις τοῖς ἄλλοις.

Traduction française :

[8] Tâche encore de te reporter en pensée plus d'une fois vers l'époque où, cette enfant n'étant pas encore née, nous n'avions aucun sujet d'accuser la Fortune. Tâche de rejoindre en quelque sorte ce temps-là avec le moment actuel, comme si nous étions revenus au même état. Car enfin, ma chère femme, il semblera que nous maudissions la naissance de notre fille, si nous jugeons notre situation présente moins favorable qu'elle ne l'était avant que cette fille fût venue au monde. Ce n'est pas que je veuille que de notre mémoire nous effacions ces deux années : elles nous ont procuré trop de bonheur et de jouissances pour n'être pas un souvenir délicieux. Non : ce qui a été un bien trop court ne doit pas être regardé comme un grand mal; et si la Fortune n'y a pas ajouté ce que nous espérions au delà, nous ne devons pas être envers elle ingrats pour ce qu'elle nous a donné. L'habitude de parler respectueusement des Dieux, de recevoir avec sérénité et sans se plaindre les épreuves du sort, porte toujours des fruits aussi beaux qu'agréables. Heureux celui qui, en pareilles circonstances, sait le mieux puiser à des souvenirs de bonheur, celui qui porte sa pensée sur les points radieux et brillants de son existence en la détournant des parties sombres et agitées! Il éteint complètement sa douleur; ou du moins, en la tempérant par des images contraires, il l'adoucit et la diminue. Car ainsi que le parfum, en même temps qu'il réjouit l'odorat, est un remède contre les mauvaises odeurs; ainsi, dans les afflictions, la pensée des biens offre des avantages d'un indispensable secours à ceux qui ne fuient pas le souvenir des joies passées et qui ne se plaignent pas de la Fortune en tout et partout. C'est un tort dans lequel il ne convient pas que nous donnions. Devons-nous calomnier notre propre existence, parce que dans le livre de nos destinées il se sera trouvé une seule rature, toutes les autres pages étant restées pures et nettes?





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Dernière mise à jour : 24/08/2005