Texte grec :
[10] Καὶ μὴν ἃ τῶν ἄλλων ἀκούεις, οἳ πείθουσι πολλοὺς
λέγοντες ὡς οὐδὲν οὐδαμῇ τῷ διαλυθέντι κακὸν
οὐδὲ λυπηρόν ἐστιν, οἶδ´ ὅτι κωλύει σε πιστεύειν ὁ πάτριος
λόγος καὶ τὰ μυστικὰ σύμβολα τῶν περὶ τὸν Διόνυσον
ὀργιασμῶν, ἃ σύνισμεν ἀλλήλοις οἱ κοινωνοῦντες.
ὡς οὖν ἄφθαρτον οὖσαν τὴν ψυχὴν διανοοῦ ταὐτὸ ταῖς
ἁλισκομέναις ὄρνισι πάσχειν· ἂν μὲν γὰρ πολὺν ἐντραφῇ
τῷ σώματι χρόνον καὶ γένηται τῷ βίῳ τούτῳ τιθασὸς ὑπὸ
πραγμάτων πολλῶν καὶ μακρᾶς συνηθείας, αὖθις καταίρουσα
πάλιν ἐνδύεται καὶ οὐκ ἀνίησιν οὐδὲ λήγει τοῖς ἐνταῦθα
συμπλεκομένη πάθεσι καὶ τύχαις διὰ τῶν γενέσεων.
μὴ γὰρ οἴου λοιδορεῖσθαι καὶ κακῶς ἀκούειν τὸ γῆρας
διὰ τὴν ῥυσότητα καὶ τὴν πολιὰν καὶ τὴν ἀσθένειαν τοῦ
σώματος· ἀλλὰ τοῦτ´ αὐτοῦ τὸ χαλεπώτατόν ἐστιν, ὅτι
τὴν ψυχὴν ἕωλόν τε ποιεῖ ταῖς μνήμαις τῶν ἐκεῖ καὶ
λιπαρῆ περὶ ταῦτα καὶ κάμπτει καὶ πιέζει, τὸν σχηματισμόν,
ὃν ἔσχεν ὑπὸ τοῦ σώματος ἐν τῷ πεπονθέναι,
διαφυλάττουσαν. ἡ δὲ ληφθεῖσα μὲν - - - ὑπὸ
κρειττόνων ἔχεται, καθάπερ ἐκ καμπῆς ὑγρᾶς καὶ μαλθακῆς
ἀναχαιτίσασα πρὸς ὃ πέφυκεν. ὥσπερ γὰρ τὸ πῦρ,
ἄν τις ἀποσβέσας εὐθὺς ἐξάπτῃ, πάλιν ἀναρριπίζεται καὶ
ἀναλαμβάνει ταχέως - - -
‘ὅπως ὤκιστα πύλας Ἀίδαο περῆσαι’ ,
πλὴν ἔρωτα πολὺν ἐγγενέσθαι τῶν αὐτόθι πραγμάτων καὶ
μαλαχθῆναι πρὸς τὸ σῶμα καὶ συντακῆναι καθάπερ ὑπὸ φαρμάκων.
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Traduction française :
[10] Du reste tu en entendras d'autres répéter, et faire
croire à bien des gens, qu'après la dissolution du corps il
n'y a plus de mal et d'affliction. C'est une doctrine dont je
te sais préservée, tant par les principes que tu as reçus de
tes pères, que par les symboles sacrés des mystères de Bacchus,
que nous pratiquons et auxquels nous nous sommes
mutuellement initiés. Convaincue donc que l'âme est impérissable,
figure-toi aussi qu'elle éprouve ce qui arrive à des
oiseaux en captivité. Si elle a longtemps été nourrie dans
un corps, qu'elle se soit familiarisée avec cette vie par un
long maniement répété des affaires et par une suite d'habitudes,
elle y revient de nouveau, elle s'emprisonne derechef
dans ce corps; par diverses générations elle ne cesse
et ne discontinue jamais d'être attachée aux affections et aux
vicissitudes de ce monde. Car, crois-le bien, si l'on accuse
et si l'on blâme la vieillesse, ce n'est pas à cause de ses
rides, de ses cheveux blancs et de ses infirmités corporelles.
Ce que cet âge a de plus fâcheux, c'est qu'il fait contracter
à l'âme une sorte de décrépitude pour les souvenirs
d'autrefois. Il la rend trop affectionnée aux intérêts terrestres,
il la plie sous eux, l'en écrase ; et elle conserve la
forme et la figure que ses affections avec le corps lui ont
fait contracter. Mais l'âme qui, après avoir subi une pénible
servitude, a été dégagée au bout de peu de temps,
s'attache sans peine à une condition plus heureuse. Il semble
que, redressée du pli et de la courbure où elle s'était assujettie
d'abord, elle reprenne facilement une disposition plus
conforme à sa nature. De même que, si un feu récemment
éteint est aussitôt rallumé, il reprend une nouvelle ardeur,
que si, au contraire, il s'est refroidi depuis longtemps, il
faut plus de peine et de mal pour le ranimer; de même, une
âme qui n'a fréquenté que très peu notre séjour de mort et
de ténèbres, s'élance avec promptitude à la lumière et à
l'éclat de la vie primitive, vie toute radieuse. Mais aux âmes
qui n'ont pas eu le bonheur, selon l'expression du poète,
"De franchir promptement les portes de l'Enfer,"
il ne reste rien que des regrets perpétuels pour les choses
d'ici-bas. Le corps les amollit, et elles s'énervent complétement
sous une influence empoisonnée.
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