HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Consolation a Apollonius

λυπούμενον



Texte grec :

[114] (114a) πρὸς δ´ ἐμὲ τὸν δύστηνον ἔτι φρονέοντ´ ἐλέησον, δύσμορον, ὅν ῥα πατὴρ Κρονίδης ἐπὶ γήραος οὐδῷ αἴσῃ ἐν ἀργαλέῃ φθίσει, κακὰ πόλλ´ ἐπιδόντα, υἷάς τ´ ὀλλυμένους, ἑλκηθείσας τε θύγατρας, καὶ θαλάμους κεραϊζομένους, καὶ νήπια τέκνα βαλλόμενα ποτὶ γαίῃ, ἐν αἰνῇ δηϊοτῆτι, ἑλκομένας τε νυοὺς ὀλοῇς ὑπὸ χερσὶν Ἀχαιῶν. Αὐτὸν δ´ ἂν πύματόν με κύνες πρώτῃσι θύρῃσι ὠμησταὶ ἐρύωσιν, ἐπεί κέ τις ὀξέι χαλκῷ (114b) τύψας ἠὲ βαλὼν ῥεθέων ἐκ θυμὸν ἕληται. Ἀλλ´ ὅτε δὴ πολιόν τε κάρη πολιόν τε γένειον αἰδῶ τ´ αἰσχύνωσι κύνες κταμένοιο γέροντος, τοῦτο δὴ οἴκτιστον πέλεται δειλοῖσι βροτοῖσιν. Ἦ ῥ´ ὁ γέρων· πολιὰς δ´ ἄρ´ ἀνὰ τρίχας ἕλκετο χερσί, τίλλων ἐκ κεφαλῆς, οὐδ´ Ἕκτορι θυμὸν ἔπειθεν. Ὄντων οὖν σοι παμπόλλων παραδειγμάτων περὶ τούτων ἐννοήθητι τὸν θάνατον οὐκ ὀλίγους ἀπαλλάττειν μεγάλων καὶ χαλεπῶν κακῶν, ὧν, εἰ (114c) ἐπεβίωσαν, πάντως ἂν ἐπειράθησαν. Ἃ φειδόμενος τῆς τοῦ λόγου συμμετρίας παρέλιπον, ἀρκεσθεὶς τοῖς εἰρημένοις πρὸς τὸ μὴ δεῖν πέρα τοῦ φυσικοῦ καὶ μετρίου πρὸς ἄπρακτα πένθη καὶ θρήνους ἀγεννεῖς ἐκτρέπεσθαι. Τὸ γὰρ μὴ δι´ αὑτὸν κακῶς πράττειν ὁ μὲν Κράντωρ φησὶν οὐ μικρὸν εἶναι κούφισμα πρὸς τὰς τύχας, ἐγὼ δ´ ἂν εἴποιμι φάρμακον ἀλυπίας εἶναι μέγιστον. Τὸ δὲ φιλεῖν τὸν μεταλλάξαντα καὶ στέργειν οὐκ ἐν τῷ λυπεῖν ἑαυτούς ἐστιν, ἀλλ´ ἐν τῷ τὸν ἀγαπώμενον ὠφελεῖν· ὠφέλεια δ´ ἐστὶ τοῖς (114d) ἀφῃρημένοις ἡ διὰ τῆς ἀγαθῆς μνήμης τιμή. Οὐδεὶς γὰρ ἀγαθὸς ἄξιος θρήνων ἀλλ´ ὕμνων καὶ παιάνων, οὐδὲ πένθους ἀλλὰ μνήμης εὐκλεοῦς, οὐδὲ δακρύων ἐπωδύνων ἀλλὰ θυσιῶν ἀπαρχῶν, εἴ γ´ ὁ μετηλλαχὼς θειότερόν τινα βίον μετείληφεν, ἀπαλλαγεὶς τῆς τοῦ σώματος λατρείας καὶ τῶν ἀτρύτων τούτων φροντίδων τε καὶ συμφορῶν, ἃς ἀνάγκη τοὺς εἰληχότας τὸν θνητὸν βίον ὑπομένειν, ἕως ἂν ἐκπλήσωσι τὸν ἐπικλωσθέντα τῆς ζωῆς βίον, ὃν ἔδωκεν ἡμῖν ἡ φύσις οὐκ εἰς ἅπαντα τὸν χρόνον, ἀλλὰ καθ´ ἕκαστον ἀπένειμε τὸν μερισθέντα κατὰ τοὺς τῆς εἱμαρμένης νόμους. (114e) Διὸ τοὺς εὖ φρονοῦντας ἐπὶ τοῖς ἀποθνῄσκουσιν οὐ χρὴ πέρα τοῦ φυσικοῦ καὶ μετρίου τῆς περὶ τὴν ψυχὴν λύπης εἰς ἄπρακτα καὶ βαρβαρικὰ πένθη παρεκτρέπεσθαι καὶ τοῦθ´ ὅπερ πολλοῖς ἤδη συνέβη περιμένειν, ὥστε πρὶν ἀπώσασθαι τὰ πένθη κακουχουμένους τελευτῆσαι τὸν βίον καὶ ἐν τοῖς πενθίμοις τῆς κακοδαίμονος ταφῆς μεταλαβεῖν, ἅμα τῶν τε ἀνιαρῶν καὶ τῶν ἐκ τῆς ἀλογιστίας κακῶν συγκηδευομένων αὐτοῖς, ὥστ´ ἐπιφθέγξασθαι τὸ Ὁμηρικόν Μυρομένοισι δὲ τοῖσι μέλας ἐπὶ ἕσπερος ἦλθε. Διὸ καὶ πολλάκις αὑτοῖς προσδιαλέγεσθαι χρή, (114f) « Τί δέ; Παυσόμεθά ποτε λυπούμενοι ἢ ἀκαταπαύστῳ συμφορᾷ συνεσόμεθα μέχρι παντὸς τοῦ βίου; » Τὸ γὰρ δὴ ἀτελεύτητον νομίζειν τὸ πένθος ἀνοίας ἐστὶν ἐσχάτης, καίτοι γ´ ὁρῶντας ὡς καὶ οἱ βαρυλυπότατοι καὶ πολυπενθέστατοι πραότατοι γίγνονται πολλάκις ὑπὸ τοῦ χρόνου, καὶ ἐν οἷς ἐδυσχέραινον σφόδρα μνήμασιν ἀνοιμώζοντες καὶ στερνοτυπούμενοι λαμπρὰς εὐωχίας συνίστανται μετὰ μουσουργῶν καὶ τῆς ἄλλης διαχύσεως.

Traduction française :

[114] Qu'Achille encor sur toi remportant la victoire, (114a) Par ce nouvel exploit n'augmente pas sa gloire. Au nom de tous les dieux prends pitié de mes jours ; Que ce fier ennemi n'en tranche point le cours. Tu connais mes malheurs et tu vois ma faiblesse. A quels maux Jupiter réserva ma vieillesse! . J'ai vu périr mes fils, j'ai vu ravir mes filles; J'ai vu de nos autels profaner les asiles, Mes superbes palais détruits et saccagés, Nos plus tendres enfants lâchement égorgés, Des bras de leurs époux les femmes arrachées, Et par les mains des Grecs indignement traînées. Moi-même le dernier, quand un fer inhumain Sur ces corps tout sanglants m'aura percé le sein, Pour comble de malheur, privé de sépulture, Des plus vils animaux je serai la pâture. Est il pour un vieillard de plus cruel affront? (114b) Ces cheveux qui longtemps décolèrent mon front, Honteusement souillés de sang et de poussière, Ces membres dispersés et traînés sur la terre, Seront livrés en proie à des chiens furieux. Ainsi parlait Priam s'arrachant les cheveux. A ces discours touchants Hector est inflexible. Tous ces exemples ne prouvent-ils pas que la mort a préservé bien des gens des malheurs affreux qu'une plus longue vie leur eût fait éprouver ? (114c) Je n'en cite pas d'autres, pour ne pas trop m'étendre. Ceux que j'ai rapportés suffisent pour vous faire sentir qu'il ne faut jamais sortir de la modération que la nature nous prescrit, pour s'abandonner à une douleur excessive et à des plaintes efféminées. Crantor disait qu'un grand soulagement dans l'adversité était de n'avoir rien à se reprocher. Je crois que c'est aussi le remède le plus efficace contre la douleur. D'ailleurs, est-ce par un deuil inutile qu'on témoigne véritablement aux morts sa tendresse? Non, c'est par des services réels; (114d) et le seul qu'on puisse leur rendre, c'est d'en conserver un précieux souvenir. Un homme de bien ne mérite pas des lamentations, des gémissements et des larmes, mais des hymnes, des cantiques, un souvenir honorable, des sacrifices et des offrandes. En effet, la mort l'ayant fait passer à une vie plus heureuse, n'est-il pas affranchi de la servitude du corps et des sollicitudes sans nombre qui sont l'apanage de cette vie mortelle ? Et cette vie même, la nature nous l'a-t-elle donnée pour toujours? Ne l'a-t-elle pas distribuée à chacun de nous en portions inégales, selon les lois du destin? (114e) Les esprits raisonnables doivent donc renfermer leur douleur dans les bornes de la nature, et ne pas se livrer, comme des barbares, à un deuil immodéré. Sans cela, il pourrait leur arriver, comme à bien d'autres, de voir la fin de leur vie avant celle de leur douleur, et de descendre dans le tombeau, revêtus encore des habits de deuil, avec tout l'appareil de leur tristesse et tous les maux qui seraient la suite de leur imprudence. On pourrait alors leur appliquer ce passage d'Homère : Au milieu de leurs pleurs la nuit vient les surprendre. Il faut, dans ces sortes d'accidents, se demander souvent à soi-même : (114f) Passerai-je le reste de ma vie dans cet état misérable, ou dois-je cesser un jour de pleurer? Vouloir éterniser son deuil, c'est le comble de la folie. Eh ! combien ne voit-on pas de gens qui, d'abord accablés de tristesse et plongés dans la douleur la plus profonde, se sont si fort adoucis avec le temps, qu'au pied même de ces tombeaux, qu'ils ne pouvaient voir auparavant sans jeter des cris et se frapper la poitrine, ils font aujourd'hui des repas somptueux, accompagnés de musique et de danse ? Il est donc absolument déraisonnable de s'obstiner dans sa douleur.





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Dernière mise à jour : 8/10/2009