HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Consolation a Apollonius

πέλας



Texte grec :

[106] Τί οὖν πλέον ποιοῦμεν; Οὐδέν· ἡ λύπη δ´ ἔχει (106a) ὥσπερ τὰ δένδρα ταῦτα καρπὸν τὰ δάκρυα. Ὁ δὲ παραμυθούμενος τὴν Δανάην δυσπαθοῦσαν Δίκτυς φησί· Δοκεῖς τὸν Ἅιδην σῶν τι φροντίζειν γόων καὶ παῖδ´ ἀνήσειν τὸν σόν, εἰ θέλοις στένειν; Παῦσαι· βλέπουσα δ´ εἰς τὰ τῶν πέλας κακὰ ῥᾴων γένοι´ ἄν, εἰ λογίζεσθαι θέλοις ὅσοι τε δεσμοῖς ἐκμεμόχθηνται βροτῶν, ὅσοι τε γηράσκουσιν ὀρφανοὶ τέκνων, τούς τ´ ἐκ μέγιστον ὀλβίας τυραννίδος (106b) τὸ μηδὲν ὄντας. Ταῦτά σε σκοπεῖν χρεών. Κελεύει γὰρ αὐτὴν ἐνθυμεῖσθαι τὰ τῶν ἴσα καὶ μείζω δυστυχούντων, ὡς ἐσομένην ἐλαφροτέραν. Ἐνταῦθα γὰρ ἄν τις ἑλκύσειε καὶ τὴν τοῦ Σωκράτους φωνήν, τὴν οἰομένην, εἰ συνεισενέγκαιμεν εἰς τὸ κοινὸν τὰς ἀτυχίας, ὥστε διελέσθαι τὸ ἴσον ἕκαστον, ἀσμένως ἂν τοὺς πλείους τὰς αὑτῶν λαβόντας ἀπελθεῖν. Ἐχρήσατο δὲ τῇ τοιαύτῃ ἀγωγῇ καὶ Ἀντίμαχος ὁ ποιητής. Ἀποθανούσης γὰρ τῆς γυναικὸς αὐτῷ Λύδης, πρὸς ἣν φιλοστόργως εἶχε, παραμύθιον τῆς λύπης αὑτῷ ἐποίησε τὴν ἐλεγείαν τὴν καλουμένην (106c) Λύδην, ἐξαριθμησάμενος τὰς ἡρωικὰς συμφοράς, τοῖς ἀλλοτρίοις κακοῖς ἐλάττω τὴν ἑαυτοῦ ποιῶν λύπην. Ὥστε καταφανὲς εἶναι ὅτι ὁ παραμυθούμενος τὸν λελυπημένον καὶ δεικνύων κοινὸν καὶ πολλῶν τὸ συμβεβηκὸς καὶ τῶν καὶ ἑτέροις συμβεβηκότων ἔλαττον τὴν δόξαν τοῦ λελυπημένου μεθίστησι καὶ τοιαύτην τινὰ ποιεῖ πίστιν αὐτῷ, ὅτι ἔλαττον ἢ ἡλίκον ᾤετο τὸ συμβεβηκός ἐστιν. Ὁ δ´ Αἰσχύλος καλῶς ἔοικεν ἐπιπλήττειν τοῖς νομίζουσι τὸν θάνατον εἶναι κακόν, λέγων ὧδε· Ὡς οὐ δικαίως θάνατον ἔχθουσιν βροτοί, ὅσπερ μέγιστον ῥῦμα τῶν πολλῶν κακῶν. Τοῦτον γὰρ ἀπεμιμήσατο καὶ ὁ εἰπών· (106d) Ὦ θάνατε, παιὰν ἰατρὸς μόλοις. « Λιμὴν » γὰρ ὄντως « Ἀίδας ἀνιᾶν. » Μέγα γάρ ἐστι τὸ μετὰ πείσματος τεθαρρηκότος εἰπεῖν Τίς δ´ ἐστὶ δοῦλος τοῦ θανεῖν ἄφροντις ὤν; Καὶ Ἅιδην δ´ ἔχων βοηθὸν οὐ τρέμω σκιάς. Τί γὰρ τὸ χαλεπόν ἐστι καὶ τὸ δυσανιῶν καὶ ἐν τῷ τεθνάναι; Τὰ γὰρ τοῦ θανάτου μήποτε καὶ λίαν ἡμῖν ὄντα συνήθη καὶ συμφυῆ πάλιν οὐκ οἶδ´ ὅπως δυσαλγῆ δοκεῖ εἶναι. Τί γὰρ θαυμαστὸν εἰ τὸ τμητὸν τέτμηται, εἰ τὸ τηκτὸν τέτηκται, εἰ τὸ καυστὸν (106e) κέκαυται, εἰ τὸ φθαρτὸν ἔφθαρται; Πότε γὰρ ἐν ἡμῖν αὐτοῖς οὐκ ἔστιν ὁ θάνατος; Καί, ᾗ φησιν Ἡράκλειτος, « Ταὐτό γ´ ἔνι ζῶν καὶ τεθνηκὸς καὶ τὸ ἐγρηγορὸς καὶ τὸ καθεῦδον καὶ νέον καὶ γηραιόν· τάδε γὰρ μεταπεσόντα ἐκεῖνά ἐστι, κἀκεῖνα πάλιν μεταπεσόντα ταῦτα. » Ὡς γὰρ ἐκ τοῦ αὐτοῦ πηλοῦ δύναταί τις πλάττων ζῷα συγχεῖν καὶ πάλιν πλάττειν καὶ συγχεῖν καὶ τοῦθ´ ἓν παρ´ ἓν ποιεῖν ἀδιαλείπτως, οὕτω καὶ ἡ φύσις ἐκ τῆς αὐτῆς ὕλης (106f) πάλαι μὲν τοὺς προγόνους ἡμῶν ἀνέσχεν, εἶτα συνεχεῖς αὐτοῖς ἐγέννησε τοὺς πατέρας, εἶθ´ ἡμᾶς, εἶτ´ ἄλλους ἐπ´ ἄλλοις ἀνακυκλήσει. Καὶ ὁ τῆς γενέσεως ποταμὸς οὕτως ἐνδελεχῶς ῥέων οὔποτε στήσεται, καὶ πάλιν ὁ ἐξ ἐναντίας αὐτῷ ὁ τῆς φθορᾶς εἴτ´ Ἀχέρων εἴτε Κωκυτὸς καλούμενος ὑπὸ τῶν ποιητῶν. Ἡ πρώτη οὖν αἰτία ἡ δείξασα ἡμῖν τὸ τοῦ ἡλίου φῶς, ἡ αὐτὴ καὶ τὸν ζοφερὸν Ἅιδην ἄγει. Καὶ μήποτε τοῦδ´ εἰκὼν ᾖ ὁ περὶ ἡμᾶς ἀήρ, ἓν παρ´ ἓν ἡμέραν καὶ νύκτα ποιῶν, ἐπαγωγοὺς ζωῆς τε καὶ θανάτου καὶ ὕπνου καὶ ἐγρηγόρσεως;

Traduction française :

[106] Qu'y gagnerons-nous donc? rien ; le deuil ne produit, (106a) Comme tout arbre fait, que le deuil pour son fruit. Dictys, en consolant Danaé sur la mort de son fils, lui dit de même : Penses-tu que Pluton soit touché de tes larmes; Qu'à tes gémissements il rende un fils si cher? A ta douleur enfui cesse de te livrer. Regarde autour de toi : vois partout l'infortune Accabler les humains; la misère commune Doit adoucir tes maux. Rappelle-toi toujours Combien ont dans les fers uni leurs tristes jours ; Combien sont parvenus à l'extrême vieillesse, Sans avoir des enfants, objets de leur tendresse. Songe combien de rois, perdant leur dignité, Tombent dans l'indigence ou dans l'obscurité. (106b) Sur ces objets frappants porte souvent la vue. Il l'exhorte à considérer ceux qui avaient éprouvé des malheurs autant ou plus grands que les siens, afin d'adoucir sa douleur par cette vue. On peut appliquer à ce sujet ce que Socrate avait coutume de dire : que si tous les hommes mettaient en commun leurs maux pour les partager entre eux par portions égales, la plupart s'en tiendraient à leur premier lot, et s'en retourneraient contents. Le poète Antimaque, après la mort de sa femme, qu'il aimait tendrement, employa un pareil motif de consolation. Il composa une élégie qu'il intitula (106c) Lyde, du nom de sa femme, dans laquelle il rappelle tous les malheurs qu'avaient essuyé les plus grands personnages, et cherche par cette comparaison à soulager sa douleur. On voit donc que celui qui, pour consoler une personne affligée, lui représente que le malheur qu'elle éprouve est un accident ordinaire, diminue l'opinion qu'elle avait de son infortune, et lui persuade qu'elle n'est pas aussi malheureuse qu'elle croyait. Eschyle, dans les vers suivants, reprend avec raison ceux qui regardent la mort comme un mal : Les hommes, sans raison, se plaignent de la mort. Des maux les plus cruels elle est le vrai remède. Un autre poète a dit d'après lui : (106d) Ô mort ! dans tous nos maux médecin si puissant. Sois contre tant d'écueils un port sûr et tranquille. C'est un grand point que de pouvoir dire avec une ferme confiance : Qui ne craint point la mort pourrait-il être esclave? ou avec un autre poète : J'ai contre les frayeurs les enfers pour asile. En effet, qu'est-ce que la mort a de si pénible et de si affligeant? Comment, nous étant si naturelle et si familière, peut-elle nous paraître si fâcheuse? Faut-il s'étonner si des corps qui de leur nature sont sujets à se briser, à se fondre, (106e) à se brûler ou se corrompre, éprouvent ces divers accidents? Et quand est-ce que la mort n'est pas au dedans de nous? « Quelle différence y a-t-il, dit Héraclite, entre le mort et le vivant, le jeune homme et le vieillard, celui qui veille et celui qui dort? puisqu'on passe successivement par ces divers états, et que la fin de l'un est le commencement de l'autre. » Le potier peut, de la même masse d'argile, faire des animaux, leur ôter ensuite cette première forme, et les remettre en masse, pour leur donner une figure nouvelle et leur faire subir de continuelles transformations. Ainsi la nature a, de la même matière, formé d'abord nos premiers ancêtres, (106f) après eux nos parents, ensuite nous, qu'elle remplacera par d'autres ; et le fleuve de la génération suivra son cours, sans jamais s'arrêter, comme, dans un sens contraire, coulera sans interruption celui de la mort, soit le Cocyte ou l'Achéron, selon qu'il plaît aux poètes de l'appeler. La première cause qui nous a fait jouir de la lumière du soleil est donc aussi celle qui nous conduit aux ténèbres de la mort. Nous en avons un tableau sensible dans l'air qui nous environne, et qui tour à tour nous amène le jour et la nuit, image frappante de la vie et de la mort, de la veille et du sommeil.





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Dernière mise à jour : 8/10/2009