[120] » Οὐκοῦν εὐποτμότερος διὰ τοῦτο καὶ κακῶν ἀπείρατός ἐστιν· ὁ (120a) « Βίος γάρ, » φησὶν Εὐριπίδης, « ὄνομ´ ἔχει μόνον πόνος γεγώς. »
Οὗτος δ´ ἐπὶ τῆς εὐανθεστάτης ἡλικίας προαπεφοίτησεν ὁλόκληρος ἠίθεος, ζηλωτὸς καὶ περίβλεπτος πᾶσι τοῖς συνήθεσιν αὐτῷ, φιλοπάτωρ γενόμενος καὶ φιλομήτωρ καὶ φιλοίκειος καὶ φιλόφιλος, τὸ δὲ σύμπαν εἰπεῖν φιλάνθρωπος, αἰδούμενος μὲν τοὺς πρεσβυτέρους τῶν φίλων ὥσπερ πατέρας, στέργων δὲ τοὺς ὁμήλικας καὶ συνήθεις, τιμητικὸς δὲ τῶν καθηγησαμένων, ξένοις δὲ καὶ ἀστοῖς (120b) πραότατος, πᾶσι δὲ μείλιχος καὶ φίλος διά τε τὴν ἐξ ὄψεως χάριν καὶ τὴν εὐπροσήγορον φιλανθρωπίαν.
Ἀλλὰ γὰρ ἐκεῖνος μὲν τῆς τε σῆς εὐσεβείας καὶ τῆς ἑαυτοῦ τὴν πρέπουσαν εὐφημίαν ἔχων πρὸς τὸν ἀεὶ χρόνον προαπεφοίτησε τοῦ θνητοῦ βίου, καθάπερ ἔκ του συμποσίου, πρὶν εἴς τινα παροινίαν ἐκπεσεῖν τὴν τῷ μακρῷ γήρᾳ παρεπομένην. Εἰ δ´ ὁ τῶν παλαιῶν ποιητῶν τε καὶ φιλοσόφων λόγος ἐστὶν ἀληθὴς ὥσπερ εἰκὸς ἔχειν, οὕτω καὶ τοῖς εὐσεβέσι τῶν μεταλλαξάντων ἔστι τις τιμὴ καὶ προεδρία καθάπερ λέγεται, καὶ χῶρός τις ἀποτεταγμένος (120c) ἐν ᾧ διατρίβουσιν αἱ τούτων ψυχαί, καλὰς ἐλπίδας ἔχειν σε δεῖ περὶ τοῦ μακαρίτου υἱέος σου, ὅτι τούτοις συγκαταριθμηθεὶς συνέσται. Λέγεται δ´ ὑπὸ μὲν τοῦ μελικοῦ Πινδάρου ταυτὶ περὶ τῶν εὐσεβῶν ἐν Ἅιδου·
Τοῖσι λάμπει μὲν μένος ἀελίου τὰν ἐνθάδε νύκτα κάτω,
φοινικορόδοις τ´ ἐν λειμώνεσσι προάστιον αὐτῶν·
καὶ λιβάνῳ σκιαρὸν καὶ χρυσοκάρποισι βεβριθός.
Καὶ τοὶ μὲν ἵπποις γυμνασίοις τε, τοὶ δὲ πεσσοῖς,
τοὶ δὲ φορμίγγεσι τέρπονται, παρὰ δέ σφισιν
εὐανθὴς ἅπας τέθαλεν ὄλβος,
ὀδμὰ δ´ ἐρατὸν κατὰ χῶρον κίδναται
αἰεὶ θύα μιγνύντων πυρὶ τηλεφανεῖ παντοῖα θεῶν
ἐπὶ βωμοῖς.
(120d) Καὶ μικρὸν προελθὼν ἐν ἄλλῳ θρήνῳ περὶ ψυχῆς λέγων φησίν·
Ὀλβίᾳ δ´ ἅπαντες αἴσᾳ λυσίπονον τελευτάν.
Καὶ σῶμα μὲν πάντων ἕπεται θανάτῳ περισθενεῖ,
ζωὸν δ´ ἔτι λείπεται αἰῶνος εἴδωλον· τὸ γάρ ἐστι μόνον
ἐκ θεῶν. Εὕδει δὲ πρασσόντων μελέων, ἀτὰρ
εὑδόντεσσιν ἐν πολλοῖς ὀνείροις
δείκνυσι τερπνῶν ἐφέρποισαν χαλεπῶν τε κρίσιν.
Ὁ δὲ θεῖος Πλάτων πολλὰ μὲν ἐν τῷ Περὶ ψυχῆς περὶ τῆς ἀθανασίας αὐτῆς εἴρηκεν, οὐκ (120e) ὀλίγα δ´ ἐν τῇ Πολιτείᾳ καὶ τῷ Μένωνι καὶ τῷ Γοργίᾳ καὶ σποράδην ἐν τοῖς ἄλλοις διαλόγοις. Ἀλλὰ τὰ μὲν ἐν τῷ Περὶ ψυχῆς διαλόγῳ ῥηθέντα κατ´ ἰδίαν ὑπομνηματισάμενός σοι παρέξομαι, ὡς ἐβουλήθης· τάδε δὲ πρὸς τὸ παρὸν καίρια καὶ χρήσιμα, τὰ λεχθέντα πρὸς Καλλικλέα τὸν Ἀθηναῖον, ἑταῖρον δὲ καὶ μαθητὴν Γοργίου τοῦ ῥήτορος. Φησὶ γὰρ ὁ παρὰ τῷ Πλάτωνι Σωκράτης·
« Ἄκουε δή, » φασί, « μάλα καλοῦ λόγου, ὃν σὺ μὲν ἡγήσῃ, ὡς ἐγὼ οἶμαι, μῦθον, ἐγὼ δὲ λόγον· ὡς ἀληθῆ γὰρ ὄντα σοι λέξω ἃ μέλλω λέγειν. Ὥσπερ γὰρ Ὅμηρος λέγει, διενείμαντο τὴν ἀρχὴν ὁ Ζεὺς καὶ ὁ Ποσειδῶν καὶ ὁ Πλούτων, ἐπειδὴ (120f) παρὰ τοῦ πατρὸς παρέλαβον· ἦν οὖν νόμος ὅδε περὶ ἀνθρώπων καὶ ἐπὶ Κρόνου, καὶ ἀεὶ καὶ νῦν ἔτ´ ἔστιν ἐν θεοῖς, τῶν ἀνθρώπων τὸν μὲν δικαίως διελθόντα τὸν βίον καὶ ὁσίως, ἐπειδὰν τελευτήσῃ, εἰς μακάρων νήσους ἀπιόντα οἰκεῖν ἐν πάσῃ εὐδαιμονίᾳ ἐκτὸς κακῶν,
| [120] C'est en cela même qu'il est plus heureux, puisqu'il n'a pas éprouvé les maux de cette vie. (120a) Car, selon Euripide :
Elle est pour les mortels un long cercle de peines.
Mais il a été enlevé à la fleur de son âge. Jeune homme accompli, estimé de tous ses condisciples, dont il était le modèle, tendre et respectueux envers ses parents, zélé pour ses amis, livré à l'étude de la philosophie, et, pour tout dire en un mot, l'ami des hommes; honorant les vieillards comme ses pères, chérissant les jeunes gens de son âge, plein d'égards pour ses maîtres, doux aux étrangers (120b) comme à ses concitoyens, cher, enfin, à tous ceux qui le connaissaient, par sa douceur et son affabilité, il nous laisse les plus vifs regrets. Tout cela est vrai; mais il est sorti de bonne heure de cette vie, et il emporte avec lui l'estime générale que lui avaient acquise sa piété envers vous et votre tendresse pour lui. Il en est sorti, comme un convive quitte la table, avant que de donner dans quelqu'un de ces écarts qu'une longue carrière rend presque inévitables.
D'ailleurs, si l'opinion des philosophes et des poètes de l'antiquité, qui fixe aux âmes vertueuses un séjour particulier, où, après la mort, elles jouissent des honneurs et des récompenses dues à leur piété ; (120c) si cette opinion, dis-je, est aussi certaine qu'elle est vraisemblable, vous devez avoir la plus juste confiance que votre fils est au nombre de ces âmes heureuses. Vous savez ce que Pindare a dit dans ses poésies, de cet état de bonheur :
Quand le soleil pour nous termine sa carrière,
Sur ces heureux mortels il fait briller ses feux ;
Ils respirent des fleurs que prodigue la terre
L'encens délicieux.
De mille arbres touffus les tiges parfumées'
Étalent le leurs fruits le mêlai précieux.
Sous des berceaux fleuris ces âmes fortunées
S'exercent à des jeux.
Les unes sur des chars partant de la barrière,
Conduisent des coursiers plus légers que les vents ;
Et d'autres, sous l'abri d'un bosquet solitaire,
Font entendre leurs chants.
Sur les autels des dieux une flamme odorante
Embaume ce séjour de sa douce vapeur.
Tout offre dans ces lieux l'image ravissante
Du plus parfait bonheur.
(120d) Il dit encore dans une autre de ses odes, où il parle des âmes heureuses :
Un bonheur pur est leur partage :
Exempts de soins et de travaux.
Sous un ciel toujours sans orage,
Ils goûtent un parfait repos.
De la mort, le corps périssable
Subit l'arrêt irrévocable;
Mais l'âme ne s'éteint jamais.
De Dieu cette image vivante,
Tandis que le corps se tourmente,
Jouit d'une profonde paix.
Mais quand le pouvoir de Morphée
Tient le corps en captivité,
L'âme des sens est dégagée,
Et respire avec liberté.
Les songes qu'alors elle enfante,
Sont la preuve la plus frappante,
Qu'il est un prix pour la vertu ;
Et que les dieux inexorables
Infligent aux âmes coupables
Le châtiment qui leur est dû.
Le divin Platon a souvent parlé de l'immortalité de l'âme dans son Phédon, (120e) sa République, son Ménon, son Gorgias, et dans plusieurs autres de ses dialogues. Je
vous enverrai quelque jour l'extrait de son traité de l'âme que vous m'avez demandé, et je l'accompagnerai de mes propres réflexions. Je ne vous propose maintenant que ce qui a rapport à mon sujet, et que je crois utile dans les circonstances. C'est le discours de Socrate à un Athénien, disciple et ami du rhéteur Gorgias. « Écoutez, dit ce philosophe, un récit très intéressant, que, sans doute, vous traiterez de fable, mais que je regarde comme très certain. Jupiter, Neptune et Pluton, (120f) suivant l'opinion d'Homère, partagèrent entre eux l'empire que Saturne leur avait laissé. Dans tous les temps il y eut parmi les dieux une loi relative aux hommes, qui subsistait sous le règne de Saturne, et qui depuis a toujours été en vigueur. Selon cette loi, l'homme qui a mené une vie juste et sainte est, après sa mort, transporté dans des îles fortunées, où, exempt de tous maux, il goûte une félicité parfaite.
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