Texte grec :
[3] III. ἐκεῖνο μέντοι τοῦ Αἰμιλίου θαυμαστόν, ὅτι τηλικαύτην βασιλείαν
καταστρεψάμενος οὐδὲ δραχμῇ μείζονα τὴν οὐσίαν ἐποίησεν οὐδ´ εἶδεν
οὐδ´ ἥψατο τῶν χρημάτων, καίτοι πολλὰ δοὺς ἑτέροις καὶ δωρησάμενος.
οὐ λέγω δ´ ὅτι Τιμολέων μεμπτός ἐστιν οἰκίαν τε καλὴν λαβὼν καὶ χωρίον·
οὐ γὰρ τὸ λαβεῖν ἐκ τοιούτων αἰσχρόν, ἀλλὰ τὸ μὴ λαβεῖν κρεῖττον, καὶ
περιουσία τις ἀρετῆς ἐν οἷς ἔξεστιν ἐπιδεικνυμένης τὸ μὴ δεόμενον. ἐπεὶ δ´,
ὡς σώματος ῥῖγος ἢ θάλπος φέρειν δυναμένου τὸ πρὸς ἀμφοτέρας εὖ
πεφυκὸς ὁμοῦ τὰς μεταβολὰς ῥωμαλεώτερον, οὕτω ψυχῆς ἄκρατος
εὐρωστία καὶ ἰσχύς, ἣν οὔτε τὸ εὐτυχεῖν ὕβρει θρύπτει καὶ ἀνίησιν οὔτε
συμφοραὶ ταπεινοῦσι, φαίνεται τελειότερος ὁ Αἰμίλιος, ἐν χαλεπῇ τύχῃ καὶ
πάθει μεγάλῳ τῷ περὶ τοὺς παῖδας οὐδέν τι μικρότερος οὐδ´ ἀσεμνότερος
ἢ διὰ τῶν εὐτυχημάτων ὁραθείς. Τιμολέων δὲ γενναῖα πράξας περὶ τὸν
ἀδελφὸν οὐκ ἀντέσχε τῷ λογισμῷ πρὸς τὸ πάθος, ἀλλὰ μετανοίᾳ καὶ λύπῃ
ταπεινωθεὶς ἐτῶν εἴκοσι τὸ βῆμα καὶ τὴν ἀγορὰν ἰδεῖν οὐχ ὑπέμεινε. δεῖ δὲ
τὰ αἰσχρὰ φεύγειν καὶ αἰδεῖσθαι· τὸ δὲ πρὸς πᾶσαν ἀδοξίαν εὐλαβὲς
ἐπιεικοῦς μὲν ἤθους καὶ ἁπαλοῦ, μέγεθος δ´ οὐκ ἔχοντος.
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Traduction française :
[3] III. Ce qu'on ne peut trop admirer dans Paul Émile, c'est qu'après
avoir détruit une si grande monarchie, il n'augmenta pas son bien d'une
seule drachme, et ne voulait toucher ni voir ces trésors immenses dont il
fit à d'autres de si grandes largesses. Je n'ai garde à blâmer Timoléon
d'avoir accepté une belle maison à Syracuse, et une autre à la campagne :
il n'y a pas de honte à recevoir le prix de si grands services ; mais il est
encore plus beau de les refuser ; et c'est le comble de la vertu que de
savoir se passer de ce qu'elle peut acquérir légitimement. Il y a des corps
qui supportent le froid et d'autres le chaud ; les meilleurs tempéraments
sont ceux qui peuvent souffrir également le chaud et le froid : de même
l'âme la plus forte et la mieux constituée est celle qui ne se laisse ni
enorgueillir par les succès, ni abattre par les revers. Sous ce rapport, Paul
Émile paraît plus parfait que Timoléon. Dans le plus grand des malheurs ;
dans la douleur extrême que lui causa la mort de ses enfants, il ne se
montra ni plus faible ni moins estimable que dans sa plus grande
prospérité. Timoléon, au contraire, après l'action généreuse à laquelle il
se porta contre son frère, ne put soumettre sa douleur à l'empire de la
raison; abattu par le chagrin et par le repentir, il n'eut pas, durant vingt
ans, le courage de paraître à la tribune et sur la place publique. Il faut
rougir, sans doute, des actions honteuses ; mais aussi, craindre toute
sorte de blâme, c'est la preuve d'un caractère doux et simple , à la vérité,
mais qui manque d'élévation et d'énergie.
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