Texte grec :
[2] II. Καθαρῶν οὖν καὶ δικαίων ἐν τοῖς πράγμασιν ἀμφοτέρων
γεγονότων, Αἰμίλιος μὲν ὑπὸ τῶν νόμων καὶ τῆς πατρίδος οὕτως ἔοικεν
εὐθὺς ἀφικέσθαι παρεσκευασμένος, Τιμολέων δὲ τοιοῦτον αὐτὸς ἑαυτὸν
παρέσχε. τούτου τεκμήριον, ὅτι Ῥωμαῖοι μὲν ὁμαλῶς ἐν τῷ τότε χρόνῳ
πάντες ἦσαν εὔτακτοι καὶ ὑποχείριοι τοῖς ἐθισμοῖς, καὶ τοὺς νόμους
δεδιότες καὶ τοὺς ἄρχοντας, Ἑλλήνων δ´ οὐδεὶς ἡγεμών ἐστιν οὐδὲ
στρατηγός, ὃς οὐ διεφθάρη τότε Σικελίας ἁψάμενος, ἔξω Δίωνος. καίτοι
καὶ Δίωνα πολλοὶ μοναρχίας ὀρέγεσθαι καὶ βασιλείαν τινὰ Λακωνικὴν
ὀνειροπολεῖν ὑπενόουν. Τίμαιος δὲ καὶ Γύλιππον ἀκλεῶς φησι καὶ ἀτίμως
ἀποπέμψαι Συρακοσίους, φιλοπλουτίαν αὐτοῦ καὶ ἀπληστίαν ἐν τῇ
στρατηγίᾳ κατεγνωκότας. ἃ δὲ Φάραξ ὁ Σπαρτιάτης καὶ Κάλλιππος ὁ
Ἀθηναῖος ἐλπίσαντες ἄρξειν Σικελίας παρενόμησαν καὶ παρεσπόνδησαν,
ὑπὸ πολλῶν ἀναγέγραπται. καίτοι τίνες ἢ πηλίκων κύριοι πραγμάτων
ὄντες οὗτοι τοιαῦτ´ ἤλπισαν; ὧν ὁ μὲν ἐκπεπτωκότα Συρακουσῶν
ἐθεράπευε Διονύσιον, Κάλλιππος δ´ εἷς ἦν τῶν περὶ Δίωνα ξεναγῶν. ἀλλὰ
Τιμολέων αἰτησαμένοις καὶ δεηθεῖσιν αὐτοκράτωρ πεμφθεὶς Συρακοσίοις,
καὶ δύναμιν οὐ ζητῶν, ἀλλ´ ἔχειν ὀφείλων ἣν ἔλαβε βουλομένων καὶ
διδόντων, πέρας ἐποιήσατο τῆς αὑτοῦ στρατηγίας καὶ ἀρχῆς τὴν τῶν παρὰ
νόμον ἀρχόντων κατάλυσιν.
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Traduction française :
[2] II. Ils se conservèrent tous deux purs et justes dans l'administration
des affaires ; mais il semble que Paul Émile y arriva tout formé à la vertu
par les lois et les murs de sa patrie, au lieu que Timoléon s'y forma lui-même.
Ce qui le prouve, c'est que du temps de Paul Émile tous les
Romains étaient également modestes, également soumis à leurs usages,
pleins de crainte pour les lois et de respect pour leurs concitoyens
mêmes. Au contraire, de tous les généraux et de tous les capitaines grecs
qui commandèrent en Sicile, il n'y en eut pas un seul qui ne se corrompît,
si l'on en excepte Dion, qui fut même soupçonné d'avoir aspiré à la
tyrannie et formé le projet chimérique d'établir à Syracuse une royauté
semblable à celle de Lacédémone. L'historien Timée rapporte que
Gylippe lui-même fut renvoyé ignominieusement par les Syracusains qui
avaient reconnu en lui, dans l'exercice de son commandement, une
insatiable avarice. Les injustices et les perfidies que l'espérance de se
rendre maîtres de la Sicile fit commettre à Pharax le Spartiate, et à
Callippe d'Athènes, nous ont été transmises par plusieurs historiens.
Cependant qu'étaient-ce que ces deux généraux, et quelles forces
avaient-ils en main, pour se livrer à une telle espérance? Le premier
faisait sa cour à Denys, déjà chassé de Syracuse; et Callipe était simple
capitaine dans les troupes étrangères de l'année de Dion. Mais Timoléon,
que les Corinthiens envoyèrent pour général aux Syracusains, sur leurs
vives instances; qui, loin d'avoir à solliciter des troupes, était assuré de
trouver une armée toute prête, qui ne désirait que de l'avoir pour chef,
Timoléon n'eut, dans son commandement, d'autre ambition et d'autre but
que de détruire ces tyrans injustes.
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