Texte grec :
[5] 45. Τῶν τοίνυν ἐγκλημάτων τῶν κατὰ Τιβερίου μέγιστόν ἐστιν, ὅτι τὸν συνάρχοντα τῆς δημαρχίας ἐξέβαλε καὶ δευτέραν αὐτὸς αὑτῷ δημαρχίαν μετῄει· Γαΐῳ δὲ τὸν Ἀντυλλίου φόνον οὐ δικαίως οὐδ' ἀληθῶς προσετρίβοντο· διεφθάρη γὰρ ἄκοντος αὐτοῦ καὶ ἀγανακτοῦντος. Κλεομένης δ', ἵνα τὰς σφαγὰς τῶν ἐφόρων ἐάσωμεν, ἠλευθέρωσε μὲν ἅπαντας τοὺς οἰκέτας, ἐβασίλευσε δὲ τῷ μὲν ἔργῳ μόνος, τῷ δ' ὀνόματι δεύτερος, Εὐκλείδαν τὸν ἀδελφὸν ἐκ μιᾶς οἰκίας αὑτῷ προσελόμενος, Ἀρχίδαμον δ', ᾧ προσῆκον ἦν ἀπὸ τῆς ἑτέρας οἰκίας ὄντι συμβασιλεύειν, ἔπεισε μὲν ἐκ Μεσσήνης κατελθεῖν, ἀποθανόντος δὲ τὸν φόνον οὐκ ἐπεξελθών, ἐβεβαίωσε τὴν αἰτίαν καθ' αὑτοῦ τῆς ἀναιρέσεως. Καίτοι Λυκοῦργος, ὃν προσεποιεῖτο μιμεῖσθαι, τὴν μὲν βασιλείαν ἑκὼν ἀπέδωκε τῷ παιδὶ τοῦ ἀδελφοῦ Χαρίλλῳ, φοβούμενος δὲ μή, κἂν ἄλλως ἀποθάνῃ τὸ μειράκιον, αἰτία τις ἐπ' αὐτὸν ἔλθῃ, πολὺν χρόνον ἔξω πλανηθεὶς οὐ πρότερον ἐπανῆλθεν, ἢ παῖδα τῷ Χαρίλλῳ γενέσθαι διάδοχον τῆς ἀρχῆς. Ἀλλὰ Λυκούργῳ μὲν οὐδ' ἄλλος τις Ἑλλήνων παραβλητὸς οὐδείς· ὅτι δὲ τοῖς Κλεομένους πολιτεύμασι καινοτομίαι καὶ παρανομίαι μείζονες ἔνεισι, δεδήλωται.
Καὶ μὴν οἵ γε τὸν τρόπον αὐτῶν ψέγοντες, τούτοις μὲν ἐξ ἀρχῆς τυραννικὸν καὶ πολεμοποιὸν αἰτιῶνται γενέσθαι, τῇ δ' ἐκείνων φύσει φιλοτιμίας ἀμετρίαν, ἄλλο δ' οὐδέν, οἱ φθονοῦντες ἐπικαλεῖν εἶχον, ἐκριπισθέντας δὲ τῷ πρὸς τοὺς ἐνισταμένους ἀγῶνι καὶ θυμῷ παρὰ τὴν αὑτῶν φύσιν, ὥσπερ πνοαῖς ἐφεῖναι περὶ τὰ ἔσχατα τὴν πολιτείαν ὡμολόγουν. Ἐπεὶ τῆς γε πρώτης ὑποθέσεως τί κάλλιον ἢ δικαιότερον ἦν, εἰ μὴ κατὰ βίαν καὶ δυναστείαν ἐπιχειρήσαντες ἐξῶσαι τὸν νόμον οἱ πλούσιοι περιέστησαν ἀμφοτέροις ἀγῶνας, τῷ μὲν φοβουμένῳ περὶ αὑτοῦ, τῷ δ' ἐκδικοῦντι τὸν ἀδελφόν, ἄνευ δίκης καὶ δόγματος οὐδ' ὑπ' ἄρχοντος ἀναιρεθέντα;
Συνορᾷς μὲν οὖν καὶ αὐτὸς ἐκ τῶν εἰρημένων τὴν διαφοράν· εἰ δὲ δεῖ καὶ καθ' ἕκαστον ἀποφήνασθαι, Τιβέριον μὲν ἀρετῇ πεπρωτευκέναι τίθημι πάντων, ἐλάχιστα δ' ἡμαρτηκέναι τὸ μειράκιον Ἆγιν, πράξει δὲ καὶ τόλμῃ Γάιον οὐκ ὀλίγῳ Κλεομένους ὕστερον γεγονέναι.
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Traduction française :
[5] Le plus grand reproche quon puisse faire à Tibérius, cest davoir déposé du tribunat un de ses collègues, et davoir brigué pour lui-même un second tribunat. Quant à Caïus, cest faussement et à tort quon lui impute la mort dAntyllius : Antyllius fut tué contre son gré, et à son grand regret. Au lieu que Cléomène, sans parier du meurtre des éphores, affranchit tous les esclaves, et régna réellement seul ; car ce ne fut que pour la forme quil se donna pour collègue son frère Euclidas, qui était de la même maison que lui. Il rappela de Messène Archidamus, à qui le trône appartenait, comme étant de lautre maison royale ; mais Archidamus fut tué en arrivant à Lacédémone ; et lindifférence que Cléomène mit à venger sa mort confirma le soupçon quon avait que cétait lui-même qui lavait fait tuer. Bien différent en cela de Lycurgue, quil semblait vouloir imiter ; car Lycurgue rendit volontairement à Charilaüs, fils de son frère, la royauté qui lui avait été confiée ; et, dans la crainte où il était que, si lenfant venait à mourir, on ne laccusât dy avoir contribué, il se bannit lui-même de sa patrie, et ny revint que lorsque Charilaüs eut un fils pour lui succéder. Mais où trouver dans la Grèce un seul homme comparable à Lycurgue ? Nous avons donc fait voir, dans la conduite politique de Cléomène, de grandes innovations, et des transgressions formelles des lois.
Du reste, ceux qui blâment les caractères des uns et des autres accusent Cléomène davoir montré, dès les commencements, un esprit tyrannique et passionné pour la guerre, et reprochent aux Gracques une ambition démesurée ; mais cest la seule imputation dont aient pu jamais les charger leurs envieux ; et lon convient quils ne se laissèrent aller, dans leur administration, à de fâcheux excès, quemportés hors de leur naturel par la chaleur de la lutte quils soutenaient contre leurs adversaires, et par la colère que leur inspirait, la résistance : ils furent maîtrisés, pour ainsi dire, par le vent de leurs passions. Quoi de plus beau, en effet, quoi de plus juste que leur premier plan, si les riches neussent mis en uvre tout ce quils avaient de force et de puissance, pour faire rejeter la loi, réduisant ainsi tous les deux à combattre, Tibérius pour défendre sa vie, et Caïus pour venger la mort dun frère quon avait fait périr sans quil y eût eu contre lui ni jugement, ni décret, ni même aucun ordre émané dun magistrat !
Tu vois maintenant toi-même, par ce qui vient dêtre dit, les différences qui distinguent ces quatre personnages. Que sil faut les caractériser chacun en particulier, je puis dire que Tibérius lemporte sur les trois autres par sa vertu ; quAgis, tout jeune quil fût, est celui qui a fait le moins de fautes ; et que Caïus fut très-inférieur à Cléomène par lactivité et laudace.
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