HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la cause du froid

κόσμῳ



Texte grec :

[953] θάλπεται δ´ ὑπ´ αὐτῶν καὶ παρέχει χλιαίνειν ἐπ´ ὀλίγον βάθος ἐνδυομένῳ τῷ θερμῷ, (953a) τὸ δὲ λαμπρὸν οὐ παρίησιν ὑπὸ στερεότητος ἀλλ´ ἐπιπολῆς περιφωτίζεται, τὰ δ´ ἐντὸς ὄρφνη καὶ χάος καὶ Ἅιδης ὀνομάζεται· καὶ τὸ ἔρεβος τοῦτ´ ἦν ἄρα, τὸ χθόνιον καὶ ἔγγαιον σκότος. Τὴν δὲ νύκτα ποιηταὶ μὲν ἐκ γῆς γεγονέναι μυθολογοῦσι, μαθηματικοὶ δὲ γῆς σκιὰν οὖσαν ἀποδεικνύουσιν ἀντιφραττούσης πρὸς τὸν ἥλιον· ὁ γὰρ ἀὴρ ἀναπίμπλαται σκότους ὑπὸ γῆς ὡς φωτὸς ὑφ´ ἡλίου· καὶ τὸ ἀφώτιστον αὐτοῦ μῆκός ἐστι νυκτός, ὅσον ἡ σκιὰ τῆς γῆς ἐπινέμεται. Διὸ τῷ μὲν ἐκτὸς ἀέρι καὶ νυκτὸς οὔσης ἄνθρωποί τε χρῶνται καὶ θηρία πολλὰ νομὰς ποιούμενα (953b) διὰ σκότους, ἁμωσγέπως ἴχνη φωτὸς καὶ ἀπορροὰς αὐγῆς ἐνδιεσπαρμένας ἔχοντος· ὁ δ´ οἰκουρὸς καὶ ὑπωρόφιος, ἅτε δὴ τῆς γῆς πανταχόθεν περιεχούσης, κομιδῇ τυφλός ἐστι καὶ ἀφώτιστος. Ἀλλὰ μὴν καὶ δέρματα καὶ κέρατα ζῴων ὅλα μὲν οὐ διίησιν αὐγὴν ὑπὸ στερεότητος, ὅταν δὲ πρισθῇ καὶ καταξεσθῇ, γίνεται διαφανῆ, παραμιχθέντος αὐτοῖς τοῦ ἀέρος. Οἶμαι δὲ καὶ μέλαιναν ἑκάστοτε τὴν γῆν ὑπὸ τῶν ποιητῶν καλεῖσθαι διὰ τὸ σκοτῶδες καὶ τὸ ἀφώτιστον· ὥστε καὶ τὴν πολυτίμητον ἀντίθεσιν τοῦ σκοτεινοῦ πρὸς τὸ λαμπρὸν ἐπὶ τῆς γῆς μᾶλλον ἢ τοῦ ἀέρος ὑπάρχειν. Ἀλλ´ αὕτη μὲν ἀπήρτηται τοῦ ζητουμένου· πολλὰ (953c) γὰρ δέδεικται ψυχρὰ τῶν λαμπρῶν ὄντα καὶ θερμὰ τῶν ἀμαυρῶν καὶ σκοτεινῶν. Ἐκεῖναι δὲ συγγενέστεραι δυνάμεις ψυχρότητός εἰσι, τὸ ἐμβριθὲς τὸ πυκνὸν τὸ μόνιμον τὸ ἀμετάβλητον· ὧν ἀέρι μὲν οὐδεμιᾶς, γῇ δὲ μᾶλλον ἢ ὕδατι πασῶν μέτεστι. Καὶ μὴν ἐν τοῖς μάλιστα τὸ ψυχρὸν αἰσθητῶς σκληρόν ἐστι καὶ σκληροποιὸν καὶ ἀντίτυπον. Ἰχθῦς μὲν γὰρ ἱστορεῖ Θεόφραστος ὑπὸ ῥίγους πεπηγότας, ἂν ἀφεθῶσιν ἐπὶ τὴν γῆν, κατάγνυσθαι καὶ συντρίβεσθαι δίκην ὑελῶν ἢ κεραμεῶν σωμάτων. Ἐν δὲ Δελφοῖς αὐτὸς ἤκουες ὅτι τῶν εἰς τὸν Παρνασὸν ἀναβάντων (953d) βοηθῆσαι ταῖς Θυιάσιν, ἀπειλημμέναις ὑπὸ πνεύματος χαλεποῦ καὶ χιόνος, οὕτως ἐγένοντο διὰ τὸν πάγον σκληραὶ καὶ ξυλώδεις αἱ χλαμύδες, ὡς καὶ θραύεσθαι διατεινομένας καὶ ῥήγνυσθαι. Ποιεῖ δὲ καὶ νεῦρα δυσκαμπῆ καὶ γλῶτταν ἄναυδον ἀκινησίᾳ καὶ σκληρότητι τὸ ἄγαν ψῦχος, ἐκπηγνύον τὰ ὑγρὰ καὶ μαλακὰ τοῦ σώματος. Ὧν βλεπομένων, σκόπει τὸ γιγνόμενον οὕτω· πᾶσα δήπου δύναμις, ἂν περιγένηται, πέφυκε μεταβάλλειν καὶ τρέπειν εἰς ἑαυτὴν τὸ νικώμενον· τὸ μὲν γὰρ ὑπὸ θερμοῦ κρατηθὲν ἐκπυροῦται, τὸ δ´ ὑπὸ πνεύματος ἐξαεροῦται, (953e) τὸ δ´ εἰς ὕδωρ ἐμπεσόν, ἂν μὴ διαφύγῃ, καθυγραίνεται συνδιαχεόμενον. Ἀνάγκη δὴ καὶ τὰ ψυχόμενα κομιδῇ μεταβάλλειν εἰς τὸ πρώτως ψυχρόν· ἔστι δ´ ὑπερβολὴ ψύξεως πῆξις, πῆξις δ´ εἰς ἀγνωσίαν τελευτᾷ καὶ λίθωσιν, ὅταν, παντάπασι τοῦ ψυχροῦ κρατήσαντος, ἐκπαγῇ μὲν τὸ ὑγρὸν ἐκθλιβῇ δὲ τὸ θερμόν. Ὅθεν ἡ μὲν ἐν βάθει γῆ πάγος ἐστὶν ὡς εἰπεῖν καὶ κρύσταλλος ἅπασα· τὸ γὰρ ψυχρὸν ἄκρατον οἰκουρεῖ καὶ ἀμάλακτον ἀπεωσμένον ἐκεῖ τοῦ αἰθέρος ἀπωτάτω· ταυτὶ δὲ τὰ ἐμφανῆ, κρημνοὺς καὶ σκοπέλους καὶ πέτρας, Ἐμπεδοκλῆς μὲν ὑπὸ τοῦ πυρὸς οἴεται τοῦ ἐν βάθει τῆς γῆς ἑστάναι καὶ ἀνέχεσθαι διερειδόμενα φλεγμαίνοντος· ἐμφαίνεται δὲ μᾶλλον, (953f) ὅσων τὸ θερμὸν ἐξεθλίβη καὶ διέπτατο, πάντα ταῦτα παντάπασιν ὑπὸ τῆς ψυχρότητος παγῆναι· διὸ καὶ πάγοι καλοῦνται. Καὶ τὰ ἄκρα πολλῶν ἐπιμελανθέντων, ᾗ τὸ θερμὸν ἐξέπεσε, πυρικαύστοις ἰδεῖν προσέοικε· πήγνυσι γὰρ τὸ ψυχρὸν τὰ μὲν μᾶλλον τὰ δ´ ἧττον, μάλιστα δ´ οἷς πρώτως ἐνυπάρχειν πέφυκεν. Ὥσπερ γάρ, εἰ θερμοῦ τὸ κουφίζειν, θερμότατόν ἐστι τὸ κουφότατον,

Traduction française :

[953] A la vérité, elle est échauffée par ces astres, et elle présente une petite portion de son globe à leur douce chaleur (953a) qui s'y insinue ; mais sa solidité empêche que leur clarté ne la pénètre, et sa surface seule est éclairée; ses parties intérieures s'appellent le chaos, les ténèbres, l'enfer, et l'Érèbe n'est autre chose que l'obscurité qui est dans le sein de la terre. Les poètes ont feint que la Nuit était fille de la Terre ; les mathématiciens prouvent qu'elle est l'ombre de la terre, placée entre le soleil et nous. L'air est rempli de ténèbres par la terre, comme il est rempli de clarté par le soleil; et toute la portion d'air qui n'est pas éclairée forme l'étendue de la nuit, qui est égale à l'espace qu'occupe l'ombre de la terre. Aussi les hommes et les animaux marchent-ils pendant la nuit à la faveur de l'air extérieur, (953b) qui, malgré les ténèbres, conserve toujours quelques restes de lumières. Mais l'homme enfermé dans sa maison, étant environné de tous côtés par la terre, est absolument privé de clarté et comme aveugle. Les cuirs et les cornes des animaux, tant qu'ils sont entiers, ont une solidité qui les rend impénétrables à la lumière ; mais quand ils ont été sciés ou polis, ils deviennent transparents par l'effet de l'air qui s'y mêle. Sans doute c'est à raison de son obscurité et de sa privation totale de lumière, que les poètes donnent à la terre l'épithète de noire ; en sorte que cette opposition si frappante entre les ténèbres et la lumière est bien plus sensible dans la terre que dans l'air. Mais cette preuve ne fait rien à la question présente ; car nous avons déjà remarqué que plusieurs (953c) substances froides ont de la clarté, comme il y a des corps chauds qui sont obscurs et ténébreux ; mais les qualités les plus analogues au froid sont la pesanteur, la stabilité, la densité, l'immutabilité. Or, l'air n'a aucune de ces différentes qualités, et la terre les a toutes bien plus que l'eau. D'ailleurs, à en juger par les sens, le froid est ce qu'il y a de plus dur : il communique la dureté aux autres corps et les rend capables de résistance. Théophraste dit que si on jette par terre des poissons que le froid a gelés, ils se brisent en morceaux comme des vases de verre ou d'argile. Vous avez vous-même entendu dire à Delphes que ceux qui allèrent au secours des Bacchantes, que la neige et un vent violent avaient surprises sur le sommet du Parnasse, (953d) eurent leurs manteaux tellement gelés par la rigueur du froid, qu'ils devinrent roides comme du bois, et qu'ils se déchiraient quand on voulait les étendre. Un froid excessif engourdit les nerfs et les prive de mouvement ; il suspend l'usage de la langue, et par sa dureté il glace les parties molles et humides du corps. L'expérience démontre tous ces effets, tirons-en les conséquences. Toute faculté qui a plus de force qu'une autre et qui la surmonte la change naturellement en sa substance ; ainsi un corps dompté par le feu s'embrase ; s'il l'est par le vent, il devient air : (953e) s'il tombe dans l'eau et qu'il ne puisse pas s'en retirer, il finit par se dissoudre et se fondre en eau. Il faut donc nécessairement que les substances qui sont vivement affectées par le froid se changent en ce qui est le principe du froid. Or, l'excès du froid produit la congélation, qui finit par changer les corps en pierre, lorsque le froid les ayant saisis partout, l'humidité se glace et toute la chaleur en est chassée. Voilà pourquoi la terre à une grande profondeur est en quelque sorte gelée, et, pour ainsi dire, toute de glace ; le froid excessif, qui ne s'adoucit jamais, contenu à la plus grande distance du feu élémentaire, y réside constamment. Quant aux pierres, aux rochers et aux croupes des montagnes qu'on voit à sa surface, Empédocle dit que ce sont des productions du feu qui brûle dans le sein de la terre et qui les y soutient. Mais il est plus vraisemblable (953f) que tous ces corps, dont la chaleur s'est entièrement dissipée, ont été gelés par le froid ; c'est ce qu'indique le nom qu'on leur donne et qui signifie glace. Plusieurs même paraissent noirs à leur cime dans les endroits par où la chaleur s'est évaporée; il semble que le feu les ait calcinés. Le froid congèle certains corps plus que d'autres, mais surtout ceux auxquels il est inhérent comme premier principe; car si le propre de la chaleur est de rendre les corps légers, si l'effet de l'humidité est de les amollir, les corps les plus chauds seront les plus légers, et les plus humides seront les plus mous ;





Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle

 
UCL |FLTR |Itinera Electronica |Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Responsable académique : Alain Meurant
Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 24/01/2008